Analyse de cas : Quels enjeux pour les restavèk en Haïti ?

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🏫 Université d'Ottawa - École de Service Social
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Maîtrise - Septembre 2020
🎓 Auteur·trice·s
Taïna Frazil
Taïna Frazil

L’analyse de cas restavèk Haïti révèle une réalité troublante : malgré l’ampleur de l’exploitation des enfants, le gouvernement reste inactif. Quelles sont les implications de cette indifférence sur le bien-être des plus vulnérables ? Une exploration essentielle pour comprendre cette tradition persistante.


Le manque d’interventions et de prévention pour les restavèk

Bien que la situation soit jugée comme étant grave, le gouvernement haïtien demeure toutefois passif et ne semble mettre aucune mesure en place afin de mettre fin à l’exploitation des enfants (Breyer, 2016). En effet, le gouvernement haïtien ignore la situation en indiquant que le système restavèk fait partie de la réalité haïtienne et que plusieurs ne sont pas au courant qu’ils violent la loi.

Le manque de réaction du gouvernement haïtien dans ce dossier, est la preuve qu’il a échouée dans son travail de protéger ses enfants (Breyer, 2016). Selon la convention relative aux droits de l’enfant des Nations Unies, l’enfant est un individu âgé de moins de 18 ans, sauf dans le cas où la législation qui lui est applicable en décide autrement (Nations Unies, 1989).

Haïti adhère à l’idéologie des Nations-Unis. Toujours selon la Convention, aucun enfant ne devrait être traité de manière injuste et ne devrait en aucun cas être victime de discrimination basée sur la race, la religion, le sexe ou du type de famille dont il provient (riche ou pauvre) (Nations Unies, 1989).

Dans une recherche datant de 2014 et qui a permis d’écoute la perspective des victimes du restavèk, Simona Morganti, déplore le nombre peu élevé, voire minime, d’organisation qui interviennent auprès de ce groupe. De plus elle mentionne, qu’en raison du manque de moyens les intervenants n’ont pas la capacité et les outils nécessaires leur permettant de répondre efficacement aux demandes, aux besoins criants et grandissants de ces personnes vulnérables.

L’auteure avance que les écrits ne prennent pas en considération les récits et témoignages des enfants et que leurs voix ne sont pas prises en considération lorsque vient le temps de mettre en place les mesures qui serviront à corriger la situation (Morganti, 2014). Hatloy fait part de la difficulté de poser des questions directement aux enfants restavèk en raison de la délicatesse de la situation et au fait que plusieurs des enfants interrogés ne sont pas conscients qu’ils sont restavèk et/ou qu’ils ne l’admettront pas.

Il n’y a pas que les enfants qui n’admettent pas la situation, mais aussi les familles « d’accueil » (Hatloy, 2005). Pour s’en sortir, l’enfant restavèk fera preuve de créativité, car celui- ci trouvera des moyens astucieux lui permettant de soulager sa faim, il cachera de la nourriture qu’il mangera une fois les membres de la famille couchés (Jean Baptiste, 2016).

De plus, il prendra l’habitude de s’attarder lorsqu’il ira faire les courses. Il profitera aussi de ces moments pour socialiser et s’amuser avec ses amis qui sont souvent sont dans la même situation. Pour éviter la violence et les coups, ces enfants apprendront à mentir. Les jeunes filles iront même jusqu’à vendre leur corps en échange de paiement ou de nourriture (Jean Baptiste, 2016).

À l’heure actuelle, il existe très peu d’écrits sur les employeurs ainsi que sur les familles biologiques des restavèk (Hatloy,2005). Les enfants qui vivent dans cette situation en Haïti sont vus comme étant moins intelligents ou inférieurs comparativement aux enfants de leurs employeurs. Les recherches ont permis de démontrer que les enfants restavèk ne jouissent pas de leurs droits en tant qu’enfants.

Ils sont maltraités et la société dans laquelle ils vivent ne les protège pas (Jean Baptiste, 2016). Une des principales raisons pour lesquelles les parents acceptent de donner leurs enfants aux familles d’accueil c’est pour avoir accès à l’éducation. Cependant, on constate que la promesse d’une scolarisation est de nos jours de moins en moins tenue et que la pratique du restavèk de plus en plus assimilée à la servitude (Fabre, 2015).

Selon la littérature, Haïti a plusieurs lois qui sont mises en place et dans le but est de protéger les enfants de la pratique restavèk. Cependant, ces lois ne sont pas mises en pratique ou sont sous-utilisées. La loi 2003 est un bon exemple de loi non utilisé puisque celle-ci parle de « l’interdiction et l’élimination de toutes les formes de maltraitance, de violence et de traitement dégradant contre les enfants ».

L’État haïtien s’est pourvu d’un code du travail ayant pour but de protéger les enfants de l’exploitation, cependant on constate que cette loi n’est pas appliquée (Hatloy, 2005). Par ailleurs, la Constitution haïtienne stipule qu’une fois les traités et/ou accords internationaux approuvés et ratifiés par la Constitution, ils doivent être mis en place et intégrés dans la Constitution du pays, pourtant les traités et accords internationaux relatifs à la protection des enfants et qui sont signés par Haïti, ne sont pas mis en application.

Les lois qui interdisent le placement des enfants restavèk existent, mais aucune sanction n’est prévue en cas de violation de ces lois (Hatloy, 2005). Les recherches démontrent que plusieurs autres lois ne sont pas respectées en Haïti et que cela fait en sorte que les abus et les mauvais traitements faits aux enfants perdurent.


Questions Fréquemment Posées

Qu’est-ce que la pratique du restavèk en Haïti ?

La pratique du restavèk en Haïti consiste à placer des enfants comme domestiques dans des familles aisées par des parents en situation de pauvreté.

Pourquoi le gouvernement haïtien ne réagit-il pas face à la situation des restavèk ?

Le gouvernement haïtien demeure passif et ignore la situation, indiquant que le système restavèk fait partie de la réalité haïtienne.

Quels sont les droits des enfants restavèk en Haïti ?

Les enfants restavèk ne jouissent pas de leurs droits en tant qu’enfants, sont maltraités et la société ne les protège pas.

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