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Comment le non amateurisme transforme-t-il le sport tunisien ?

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🏫 Université de la Manouba - Institut Supérieur de Comptabilité et d'Administration des Entreprises
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Diplôme National d'Expert Comptable - 2002 – 2003
🎓 Auteur·trice·s
Haikel SLAMA
Haikel SLAMA

L’analyse de cas sur le sport tunisien révèle que le non amateurisme, en vigueur depuis 1996, a profondément transformé la gestion des associations sportives. Quelles leçons peut-on tirer des expériences internationales pour surmonter les défis budgétaires et managériaux actuels ?


Le non amateurisme en Tunisie : Un professionnalisme déguisé

Dans ce qui suit, nous essayerons de retracer l’entrée en vigueur en Tunisie de la notion de non amateurisme. Pour ce, nous allons revenir sur le non amateurisme et les raisons qui ont poussé les instances sportives à adopter ce nouveau système.

Ensuite, une étude détaillée sera axée sur ce nouveau régime en vigueur depuis 19963 et dont le bilan est en train d’être dressé par les organismes chargées du sport et par le ministère de tutelle.4

L’amateurisme en vigueur en Tunisie

Le cadre juridique régissant les associations sportives avant l’instauration de la notion de non amateurisme était classique et cachait un professionnalisme déguisé. Durant cette période, l’on pourrait dégager les points suivants :

  • Inflation croissante des dépenses notamment de la section football ;
  • Augmentation progressive des enjeux financiers rattachés au sport de façon générale, et au football précisément ;
  • Mauvaise répartition des tâches entre les divers intervenants dans l’association sportive ;
  • Manque de compétences des responsables qui dirigent l’association sportive ;
  • Non spécialisation des dirigeants sportifs. En effet, on est souvent confronté à des dirigeants n’ayant eu aucune formation théorique sur la gestion du sport ;
  • Ressources financières assez limitées ;

Durant cette période, les joueurs étaient payés sous forme de primes de victoire qui figuraient aux budgets des clubs sous une rubrique dénommée « Aide sociale ». On est passé ensuite à des termes comme « primes de signatures » et « indemnités diverses ».

Les joueurs, considérés jusque là comme des amateurs, pratiquaient le football avec un engagement digne de professionnels. En outre, ils n’avaient pas de statut juridique les protégeant contre les abus éventuels, et leur permettant de s’adonner pleinement à l’activité sportive sans aucun souci pour les aléas et les risques susceptibles d’affecter leur carrière.

Il s’agit là d’une contradiction avec le cadre amateur qui interdit toute sorte de contre partie matérielle, même si les aides et primes ne sont pas octroyées sous forme de salaires dont les dirigeants s’abstiennent de les nommer.

Or d’après les règlements de la F.I.F.A., sont réputés amateurs les joueurs qui, pour toute participation au sport football association ou activité quelconque en relation avec celui-ci, n’ont jamais perçu une indemnité supérieure au montant des frais effectifs qu’ils encourent dans l’exercice de cette activité.1

En effet, on assistait parfois à des joueurs en grève car leurs primes ne leurs ont pas été octroyées à temps. Ces actes nous affirment qu’il s’agit de pratiques de salariés et non pas d’amateurs.

Au cours de cette période, on a été confronté à des faits qui mettaient en péril la notion d’amateurisme exigée par la réglementation en vigueur, dont notamment :

  • Les joueurs passent plus de 30 heures par semaine au sein de l’association entre entraînements et rencontres officielles ou amicales ;
  • Beaucoup de joueurs ont sacrifié leurs études ou leurs emplois pour se consacrer pleinement à l’exercice exclusif du sport ;
  • Les clubs sportifs accordent souvent des rémunérations assez importantes atteignant parfois des milliers de dinars ;
  • Les transferts des joueurs s’effectuent parfois contre des centaines de milliers de dinars ;
  • Les recettes des rencontres sont de plus en plus importantes et constituent des revenus assimilés à un chiffre d’affaire pour une société classique ;
  • Les budgets de certains clubs dépassent largement quelques millions de dinars ;
  • Les joueurs exerçaient dans l’insécurité totale contre les accidents qui pourraient mettre fin à leur carrière ou les affectaient sensiblement.

Par conséquent, « sans stratégie claire, organisation adéquate et moyens appropriés, la performance ne peut être qu’accidentelle et artificielle »2

Selon le rapport de la Fédération Tunisienne de Football sur le non amateurisme, deux idées principales sont la cause de l’échec du système actuel3 :

  • L’anachronisme de l’idéologie sportive de la loi du 6 Août 19844 prônant un amateurisme pur et dur ;
  • La nécessité de légaliser les pratiques des clubs et de responsabiliser les joueurs.

Objectifs du non amateurisme

En instaurant le non amateurisme, les instances sportives ont voulu changer les pratiques anciennes, réglementer davantage la situation des joueurs et mettre en place un cadre juridique prospère et répondant aux aspirations des dirigeants.

Une des pratiques anciennes qui a contribué à l’échec du système est le paiement des salaires déguisés aux joueurs. Ces montants atteignaient parfois le quart du budget global du club et ne cessent d’augmenter d’une année à une autre. Et l’on devine qu’une meilleure transparence financière ferait ressortir l’importance des transactions et celle des sommes encaissées par les joueurs à l’occasion des opérations de transfert dont les pratiques se généralisent à tous les niveaux.

La deuxième raison qui a poussé à l’instauration du non amateurisme, c’est la situation juridique des joueurs. En effet, considérés auparavant comme amateurs, ils pratiquent le football avec un engagement identique en terme de temps et d’avantage à ceux des professionnels. Ils n’avaient pas de statut juridique sécurisant et leur permettant de s’adonner pleinement à l’activité sportive sans aucun souci pour les aléas et les risques susceptibles de briser leur carrière.

________________________

1 Loi organique n° 95-11 du 6 Février 1995 relative aux structures sportives.

2 Loi n° 94-104 du 3 Août 1994 portant organisation et développement de l’éducation physique et des activités sportives.

3 1996-1997 était la première saison sportive où le football est pratiqué selon le régime non amateur.

4 En Novembre 2002, une consultation nationale sportive a été ordonnée par le président de la république afin d’évaluer la situation globale du sport en Tunisie.


Questions Fréquemment Posées

Qu’est-ce que le non amateurisme dans le sport tunisien?

Le non amateurisme en Tunisie est un système instauré pour remplacer le cadre juridique classique des associations sportives, qui cachait un professionnalisme déguisé.

Quels sont les principaux défis auxquels font face les associations sportives tunisiennes?

Les associations sportives tunisiennes font face à des déficits budgétaires, une mauvaise répartition des tâches, un manque de compétences des responsables et des ressources financières limitées.

Pourquoi les joueurs de football en Tunisie sont-ils considérés comme des amateurs malgré leur professionnalisme?

Les joueurs étaient considérés comme des amateurs car ils étaient payés sous forme de primes de victoire et n’avaient pas de statut juridique les protégeant, bien qu’ils consacraient beaucoup de temps et d’efforts au sport.

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