L’analyse comparative des risques d’inondation révèle que Douala, avec son climat de mousson, est particulièrement vulnérable aux inondations récurrentes. Cette étude innovante propose un système d’information géographique crucial pour identifier les zones à risque et protéger les résidents menacés.
LA PLUVIOMETRIE
Le site de Douala est situé dans un climat de mousson Atlantique B. Suchel (1988) cité par Tchiadeu G. (2000) parce qu’il est constamment balayé par la mousson atlantique fortement humidifiée. Ces auteurs attestent que la proximité de l’océan atlantique et la géométrie des côtes ont des effets directs sur l’étalement et la hauteur des précipitations décadaires dans la région. Le régime pluviométrique de la ville est uni-modale et les précipitations s’abattent sur la ville presque la quasi-totalité de l’année. Au total, on enregistre en moyenne 3 734,93mm de pluies par an sur le régime décadaire 2006-2015.
La variabilité pluviométrique à Douala
De prime à bord, les précipitations varient considérablement en fonction des années, ce qui contribue à rendre les opérations de prévision très dépendent des stations météorologiques et pluviométriques et de leurs mesures journalières. Dans l’objectif de définir un standard de régime pluviométrique pour les semis au Cameroun, Tchiadeu G. (2000) a analysé une série chronologique couvrant plus de quarante années de précipitations. Ses analyses ont permis de tabler sur les dates moyennes de début et de fin de la saison des pluies dans certaines villes du Cameroun. En date moyenne, le début des saisons de pluies est ainsi observé le 7 Mars à dans la zone d’étude.
Par ailleurs une analyse du régime pluviométrique décadaire de la ville nous a fournis de plus amples informations relatives au comportement des pluies dans le site sur la période allant de 2006 à 2015. Le graphe ci-dessous évalue les précipitations moyennes à Douala sur la décade en question.
Source : ASECNA Relevés ASECNA, Direction de la météorologie
D
N
O
S
A
J
J
M
A
M
F
J
700
600
500
400
300
200
100
0
Décade (2006-2015)
800
Précipitations (mm)
Figure 19 : Régime pluviométrique décadaire annuel à Douala
Le régime pluviométrique obtenu permet d’observer deux périodes : la période d’indigence pluviométrique et la période de prodigalité des pluies. La période qui va de Novembre à Mars est dite d’indigence et se caractérise par une diminution drastique des pluies. Cette période est quasiment dépourvue d’évènements inondables. Alors que la période allant d’Avril à Octobre est marquée par des abats pluvieux et constitue l’essentielle de la période à forte occurrence des inondations.
Il serait intéressant de distinguer sur notre graphe la petite et la grande saison des pluies. La petite saison des pluies va d’Avril à Juin, cette période contribue fortement à l’infiltration et la sursaturation du sol en eau, et la grande saison de pluies va de Juillet à Octobre. C’est la période du règne de la mousson caractérisée par des pluies incessantes, qui, doublées à la sursaturation en eau du sol, occasionnent des inondations catastrophiques à l’instar de la crue de référence d’Août 2000.
Toutefois, rappelons que l’interprétation faite ci-dessus est strictement dans une approche de synthèse globale. Une approche plus détaillée nous permet de comprendre les divergences de précipitations au sein des mêmes mois en fonction des années. Parfois, le mois d’Août réputé comme le plus pluvieux est souvent « sec » certaines années. Autant d’éléments qui peuvent influencer la fréquence et la périodicité des crues. Les graphes ci-dessous illustrent les divergences de précipitations au sein de mêmes mois en fonctions des années.
86
800
2015
600
400
200
0
J F M A M J J A S O N D
800
2014
600
400
200
0
J F M A M J J A S O N D
800
2013
600
400
200
0
J F M A M J J A S O N D
800
2012
600
400
200
0
J F M A M J J A S O N D
800
2010
600
400
200
0
J F M A M J J A S O N D
1000
800
600
400
200
0
2009
J F M A M J J A S O N D
800
2008
600
400
200
0
J F M A M J J A S O N D
1000
800
600
400
200
0
2007
J F M A M J J A S O N D
Précipitations (mm)
Précipitations (mm)
Précipitations (mm)
Précipitations (mm)
Précipitations (mm)
Précipitations (mm)
Précipitations (mm)
Précipitations (mm)
Source : ASECNA Relevés ASECNA, Direction de la météorologie
1000
800
600
400
200
0
2011
J F M A M J J A S O N D
800
2006
600
400
200
0
J F M A M J J A S O N D
Précipitations (mm)
Précipitations (mm)
Figure 20 : Régime pluviométrique décadaire mensuel à Douala
[18_analyse-comparative-des-risques-inondation-a-douala_17]
100
AOUT SEPTEMBRE OCTOBRE NOVEMBRE DECEMBRE
JUILLET
JUIN
MAI
AVRIL
MARS
FEVRIER
JANVIER
0
200
300
400
500
600
700
800
900
1000
Source : ASECNA Relevés ASECNA, Direction de la météorologie
Figure 21 : Variabilité pluviométrique moyenne à Douala sur dix ans (Sources : Relevés ASECNA, Direction de la météorologie)
87
Une lecture minutieuse du diagramme des précipitations recouvrant la décade 2006-2015 laisse immédiatement entendre que la plus forte hauteur de précipitation mensuelle enregistrée dans la décade est celle de Juin 2007 (894,4mm) tandis qu’une absence totale de précipitation est enregistrée Janvier 2007, faisant ainsi de ce mois le mois le plus sec de la décade.
Par ailleurs, on remarque qu’en Aout 2013, il y a eu une baisse drastique des précipitations au point où, ce mois habituellement le plus pluvieux n’a enregistré que 317,8mm de pluies, transmettant ainsi à cette période un régime semblable aux régimes des mois habituellement secs. Un cas très similaire est également remarqué en Juillet 2009 ou on n’enregistre que 266mm de précipitation dans un mois comme celui-là habituellement très pluvieux.
En novembre 2013, mois habituellement très sec, il a plu jusqu’à 348,5 mm de d’eau etc… Cette irrégularité annuelle des hauteurs de précipitation rend les prévisions des crues plus complexes, et impose une maitrise du système pluviométrique et une vigilance très accrue indépendamment des saisons, du moment où l’on constate que même dans les mois habituellement les moins pluvieux, il peut à un moment donnée survenir une séquence d’inondation éclair.
Toutefois, dans le souci de mieux cerner le contraste pluviométrique du BVTB, il nous a semblé plus raisonnable de décliner un indice de précipitation et de l’interpréter.
L’indice de Précipitation Normalisé ou Indice Standardisé de Précipitation (SPI)
L’indice standardisé de précipitation (Standardised Precipitation Index) a été développé en 1993 par McKee et Al, et adopté par l’Organisation Mondiale de la Météorologie (OMM) en 2009 en vue de caractériser les déficits et les extrêmes de précipitation pour une période donnée. Il est exprimé mathématiquement comme suit.
Où, Pi est la hauteur de précipitation annuelle Pm la hauteur moyenne annuelle des précipitations 3734,93mm Et σ l’écart-type de la série de précipitation 405,97mm
𝑺𝑷𝑰 = (𝑷𝒊−𝑷𝒎)
𝝈
Les indices SPI du BVTB durant la décade 2006-2015 sont distribués comme suit
Tableau 11 : distribution de l’indice SPI à Douala sur la décade 2006-2015
distribution de l’indice SPI à Douala sur la décade 2006-2015 | |
---|---|
Parameter/Criteria | Description/Value |
Indice SPI | Valeur de l’indice SPI |
Source : Relevés ASECNA, Direction de la météorologie
Relativement à la situation géographique d’un site, les qualifications météorologiques sont déclinées selon le tableau suivant.
Tableau 12 : Echelle d’interprétation de l’indice SPI
Echelle d’interprétation de l’indice SPI | |
---|---|
Parameter/Criteria | Description/Value |
Indice SPI | Interprétation de l’indice SPI |
Source : Organisation météorologique mondiale
Le cumul des indices annuels successifs permet de dégager les grandes tendances en faisant abstraction des faibles fluctuations d’une année à l’autre. Quand la somme des indices croît, il s’agit d’une tendance humide et à l’inverse il s’agit d’une tendance sèche. Dans la décade actuellement analysée elle est dite « Proche de la normale », plus qu’elle décline une valeur totale de -0,02. Le graphique suivant illustre la fréquence de distribution de l’indice SPI.
1.5
1
0.5
2006
2008 2009
2014 2015
0
2007
2010 2011 2012 2013
-0.5
-1
-1.5
-2
Années
IPS
Source : ASECNA Relevés ASECNA, Direction de la météorologie
Figure 22 : Déficit et excédent de pluie sur la décade 2006-2015 selon l’indice SPI
Il en ressort donc que, même si le site du BVTB appartient à un climat de mousson atlantique caractérisé par des précipitations abondantes, et que la tendance climatique à ce niveau soit globalement près de la normale, on remarque cependant une très grande fluctuation dans les régimes pluviométriques avec des successions brusque d’années parfois « très sèches » (2008) et très humides. Cette succession se fait d’une façon chaotique. Quoi qu’il en soit, les indices SPI de la décade et les évènements observés sur le terrain nous éclaire sur le fait que, les années
« sèches » tout comme les années « humides » sont caractérisées par l’occurrence des inondations dans la zone d’étude mais à des fréquences variables. Le comportement chaotique de cet indice montre qu’il est impossible de prévoir à l’avance si une année sera globalement sèche ou humide réduisant ainsi toute espérance de prévention sur les prévisions journalières.
Questions Fréquemment Posées
Quel est le régime pluviométrique à Douala?
Le régime pluviométrique de la ville est uni-modale et les précipitations s’abattent sur la ville presque la quasi-totalité de l’année, avec une moyenne de 3 734,93 mm de pluies par an.
Quand commence la saison des pluies à Douala?
Le début des saisons de pluies est observé en moyenne le 7 mars dans la zone d’étude.
Quelles sont les périodes de forte occurrence des inondations à Douala?
La période allant d’Avril à Octobre est marquée par des abats pluvieux et constitue l’essentielle de la période à forte occurrence des inondations.