Comment l’analyse comparative révèle les facteurs des inondations à Douala ?

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🏫 Université de Douala - Faculté des Lettres et Sciences Humaines - Département de Géographie
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - Août-2020
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L’analyse comparative des inondations révèle des données alarmantes sur la vulnérabilité des populations face aux risques hydrologiques. En examinant les impacts des précipitations et l’occupation des sols, cette recherche offre des solutions innovantes pour la prévention des inondations dans le bassin versant du Tongo-Bassa à Douala.


Approche sur les impacts des inondations

Kamgho K.C. (2012), adopte une approche de l’analyse des variantes et des conséquences des inondations. Pour lui, les risques hydrologiques restent le produit des caractéristiques physiques du milieu et la vulnérabilité socio-économique des populations. Il s’intéresse aux hauteurs de précipitations et aux propriétés physiques du sol modifiées par l’occupation de l’homme qu’il analyse en laboratoire. Ses travaux comme ceux des auteurs ci-dessus permettent de comprendre que les inondations et les remontées de capillarité ne sont pas déterminées seulement à partir des hauteurs de précipitations, mais que le relief, les propriétés du sol, et les formes d’occupation doivent êtres croisés pour extraire une synthèse du risque.

Ndjounguep J. (2013) Suivra avec une approche d’analyse des facteurs et des conséquences des inondations dans l’arrondissement de Douala 4e (Bonabéri). Son travail vise à apporter une contribution à la connaissance des facteurs et des impacts des inondations dans l’arrondissement de Douala 4e. Il s’agit de déterminer le degré et les conditions de la vulnérabilité des habitants aux avènements des inondations.

Pour lui, les inondations dans le site de Douala 4e sont également le résultat d’un croisement des hauteurs de précipitation, de la topographie plane et des caractéristiques physiques du sol, ajouté aux formes d’occupations anarchiques du sol par les habitats précaires. Il attire l’attention sur le potentiel de la végétation comme facteur limitant les inondations par absorption de l’eau et par rétention du ruissèlement.

Selon lui, un espace bâtit gagné par déforestation double le risque d’inondation. Ce phénomène est observable dans tous les bassins versants de la ville ou l’homme a progressivement repoussé les limites des espaces verts pour les remplacer par des bâtis ce qui a pour conséquence la réduction de l’imperméabilité du sol et l’augmentation des ruissellements de surface.

Pola M. et Mbeng Dang G., (2015) par une approche santé s’intéresseront plutôt aux répercutions psychologiques sur les résidents exposés à ce risque dans la ville. Ces auteurs dressent un bilan de l’endommagement causé par les inondations dans la ville depuis les années 1990 jusqu’aux années 2010. Le dépouillement de leurs statistiques révèle qu’après une scène d’inondation, plus de 40,6% des résidents en zone inondable expriment un sentiment d’anxiété, 37,5% des résidents reconnaissent que l’entièreté de leur sommeil est perturbée pendant longtemps, 42,2% ont des problèmes de concentration de mémoire, etc…

Pour pallier au problème des inondations dans la ville, et donc au problème de trouble psychologique lié aux inondations, les auteurs recommandent un PPRI (Plan de Prévention de Risques d’Inondation) qui spatialisera le risque d’inondation selon le degré de vulnérabilité à l’aléa. Ainsi quatre zones sont proposées pour réglementation : Une zone rouge dite « zone A » zone à forts aléas, une zone bleue dite « zone B » de Centre urbain, une zone orange dite « Zone C » Zone urbaine dense, une zone violette « dite Zone D » Zone de mutation urbaine.

Ndjouondo G. P. et Al, (2016) par une approche écologiste mènent leurs enquêtes dans les vallées inondables des rivières Kambo et Longmayagui au Sud de la ville de Douala. Ces auteurs tentent de montrer l’impact des activités anthropiques sur les zones humides. Leur analyse prouve que les comportements des résidents sont un facteur aggravant le risque d’inondation d’autant plus que la plupart des résidents ne considèrent pas les inondations comme un réel danger malgré les perturbations engendrées, ils ne sont donc pas prêts à quitter lesdites zones même si 98,04% des enquêtés attestent que les inondations surviennent à chaque averse et causent des dégâts matériels et humains considérables.

Ces auteurs insisteront également sur la vulnérabilité des écosystèmes humides influencés négativement par les activités anthropiques.

Approche sur les perspectives de lutte contre les inondations

Fogwe Z.N. et Tchotsoua M. (2007) traitent des inondations par une approche d’action sur l’aléa. Dans un bilan de deux décennies de lutte contre les inondations dans la ville de Douala, ces auteurs évoquent les limites des méthodes très éphémères mises au point successivement par le « crash programme » (début des années 1980) et le « programme de curage des drains » (débuté en Aout 2001) basée sur le drainage sectoriel et la démolition des ménages pour réduire les impacts des inondations dans la ville.

Pour eux, l’espérance des résultats meilleurs doit prendre en compte tout le profil en long du cours d’eau jusqu’aux confluents puis jusqu’à l’estuaire du Wouri. Comme les auteurs cités plus hauts, ils rattachent la causalité des inondations de Douala au patrimoine climatique, à la morpho-hydrologie du site doublé de son rapprochement avec le niveau de la mer, et aux formes d’occupations et d’aménagement déployés par la population.

Les auteurs proposeront d’agir sur l’aléa par un système de curage des drains prenant en compte le profil en long des cours d’eaux, et l’élévation du niveau de la mer pour ne pas renvoyer les eaux du Wouri dans la ville.

Table des inondations
Paramètre/CritèreDescription/Valeur
SourceSDAU avril 2006

Source : SDAU avril 2006

Approche SIG sur les inondations

Nsegbe A. P. et Pottier P. (2014) par une approche SIG montreront comment les pressions urbaines sur l’eau et sur la couverture forestière dans la ville de Douala détruisent l’environnement et exposent la population citadine à la pollution et aux maladies hydriques.

Approche sur les solutions opérationnelles de lutte contre les inondations

Un regard croisé sur les différents travaux cités ci-dessus montre clairement que les auteurs traitent particulièrement des facteurs et des conséquences des inondations dans la ville, même si les facteurs évoqués sont presque tous similaires (hauteurs de précipitation, topographie plane, propriété du sol et de la végétation, gouvernance, pression démographique et foncière, occupation anarchique, formes de pratiques agricoles, mauvaise gestion des déchets et des drains, mauvaise culture du risque par les résidents), les domaines de répercutions qui intéressent les auteurs varient parfois (Santé, environnement, matériel, économiques, agricole…)

Les mêmes facteurs étant énumérés presque partout dans la ville, il est donc fort probable que les conséquences, quel que soit le domaine, soient également très rapprochés selon la loi de la causalité : « Tout effet a une cause […] et les mêmes causes produisent les mêmes effets ». Il semble donc que la question de facteurs et des conséquences des inondations dans la ville de Douala n’est plus un réel mystère.

Il se pose en quelque sorte maintenant un problème de concrétisation des solutions palliatives.

Cependant, certains auteurs ont proposés des solutions palliatives à ce problème. Ces solutions sont successivement les suivantes :

  • Curage du profil en long des drains jusqu’à l’exutoire (Fogwe Z. et Tchotsoua M.)
  • Mise en place d’un CBV (Meva’a Abomo D. et Al)
  • Création d’un Observatoire des risques hydrologiques… (Kamgho K.C.)
  • Gouvernance participative du risque, Gestion durable, sensibilisation et culture du risque chez les résidents. (Olinga Olinga J.)
  • Canalisation, collecte et réutilisation des excès de pluies (Meva’a Abomo D.)
  • Etablissement d’un PPRI (Pola M. et Mbeng Dang G.)
  • Déguerpissement des lits d’eaux et préservation des zones humides ainsi que des espaces verts. (Ndjouondo G. P. et Al)

Certaines de ces solutions s’apparentent, et beaucoup d’entre elles peuvent être à la fois introduites dans un PPRI puis annexées au PDU – POS. Après un arrêt, signalons que toutes ces propositions méritent d’être strictement prises au sérieux plus que l’une ou l’autre de ces solutions, ou plusieurs d’entre elles combinées à la fois, ont produits des résultats très appréciables dans d’autres villes du monde notamment le déguerpissement, le curage, les canalisations, la réglementation et la sensibilisation.

Néanmoins, certaines parmi elles ne sont pas socialement attendues par les résidents des zones inondables notamment celles qui intègrent le déguerpissement et les démolitions (à moins qu’il y ait un recasement ou un dédommagement complet : chose très rare dans nos pays en développement). D’autres le sont mais nécessitent un coût financier trop élevé, ce qui impose parfois des dizaines d’années pour réunir le financement nécessaire (Curage et canalisation).

Certaines de ces solutions socialement attendues semblent être impossibles à appliquer sur l’ensemble de la ville notamment le curage en raison de la planéité du site (à Bonabéri, il y a un risque très élevé du retour de l’eau des criques et du Wouri dans la ville et la nappe phréatique est presque affleurante).

Notre proposition s’est déjà laissée ressentir dans les solutions proposées par Meva’a Abomo D. et Al, (2010). C’est une solution reproductible, socialement attendue, financièrement abordable, et temporellement réalisable sur une courte période. Son application n’impose pas des actions physiques dans la mesure où ces actions peuvent entraver les espaces verts et les zones humides à écosystème fragile. Elle n’impose non plus le déguerpissement ou la démolition des ménages.

Les résultats de traitement peuvent immédiatement servir de fichier d’appuis à la sensibilisation permanente des personnes résidents en zone inondable, et des mesures à prendre avant, pendant, et après la catastrophe, ce qui contribue au développement de la culture du risque chez les résidents. Cette solution enfin, peut renforcer tout PPRI qui viendrait à être pensé, et faire l’objet de mise à jour progressive pour intégrer les changements en terme de travaux publics, ou les changements socio-spatiaux effectués sur le terrain. C’est une solution évolutive, qui a tout de même l’inconvénient de ne pas pouvoir agir directement sur l’aléa.


Questions Fréquemment Posées

Quels sont les facteurs contribuant aux inondations à Douala?

Les inondations à Douala sont le résultat d’un croisement des hauteurs de précipitation, de la topographie plane, des caractéristiques physiques du sol, et des formes d’occupations anarchiques du sol par des habitats précaires.

Comment les inondations affectent-elles la santé mentale des résidents à Douala?

Après une inondation, plus de 40,6% des résidents en zone inondable expriment un sentiment d’anxiété, 37,5% rapportent que leur sommeil est perturbé, et 42,2% rencontrent des problèmes de concentration.

Quelle est la recommandation pour la gestion des risques d’inondation à Douala?

Les auteurs recommandent un Plan de Prévention de Risques d’Inondation (PPRI) qui spatialisera le risque d’inondation selon le degré de vulnérabilité à l’aléa, en proposant quatre zones de réglementation.

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