Accueil / Gestion du Sport / LA NECESSAIRE TRANSFORMATION DES ASSOCIATIONS SPORTIVES TUNISIENNES EN SOCIETES / Quelles leçons tirer de l’analyse comparative des clubs sportifs tunisiens ?

Quelles leçons tirer de l’analyse comparative des clubs sportifs tunisiens ?

Pour citer ce mémoire et accéder à toutes ses pages
🏫 Université de la Manouba - Institut Supérieur de Comptabilité et d'Administration des Entreprises
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Diplôme National d'Expert Comptable - 2002 – 2003
🎓 Auteur·trice·s
Haikel SLAMA
Haikel SLAMA

L’analyse comparative des clubs sportifs révèle une réalité surprenante : malgré des budgets dépassant cinq millions de Dinars, les associations sportives tunisiennes luttent contre des déficits budgétaires alarmants. Cette étude met en lumière la nécessité cruciale de leur transformation en sociétés sportives pour optimiser leur gestion et performances.


CONCLUSION GENERALE

En Tunisie, le sport est pratiqué par un nombre de plus en plus croissant de sportifs, et se caractérise davantage par la recherche de performances et de résultats traduisant les efforts consentis. L’on observe depuis quelques années la montée en puissance des transactions liant les clubs sportifs aux joueurs, aux entraîneurs, aux médias, ce qui laisse apparaître des budgets annuels dépassant pour plusieurs clubs les cinq millions de Dinars.

Au vu de ces budgets assez importants, l’on pourrait s’interroger sur la fiabilité et la rigueur des méthodes appliquées par les clubs pour les gérer. D’ailleurs, l’Etat ne cesse d’encourager les associations sportives et les sportifs de façon générale en investissant dans plusieurs unités et complexes sportifs chargés d’assurer aux athlètes les meilleures conditions de succès dans les différentes compétitions sportives, que ce soient nationales ou internationales.

Le non amateurisme mis en place depuis la saison sportive 1996-1997, et suite aux divers encouragements de l’Etat, a permis sans doute aux clubs sportifs tunisiens de connaître un essor certain au vu des divers titres intercontinentaux remportés durant cette période. Cependant, on ne peut pas nier quelques points faibles qui suscitent un intérêt particulier :

  • Le non amateurisme a causé une inflation dans les salaires et primes des joueurs et des entraîneurs, ce qui a causé un déficit budgétaire chronique pour plusieurs clubs ;
  • Les revenus provenant de la publicité et des sponsors se sont avérées insuffisantes pour satisfaire toutes les dépenses courantes et investissements des clubs ;
  • L’absence de statuts types pour les toutes associations réglementant l’organisation interne, la structure et les méthodes de gestion administrative et financière ;
  • La situation financière des associations sportives ne leur permet point de créer des centres de formation conformes aux normes internationales modernes.

Le tissu juridique actuel, comme on l’a étudié, est axé sur la volonté du législateur d’assurer et de faire respecter l’éthique sportive lors de la pratique du sport. Les ressources des clubs sportifs étant constituées principalement des subventions de l’Etat et des collectivités publiques, et suite au désengagement progressif de ceux-ci, les clubs se trouvent souvent en difficultés financières et rencontrent de sérieux problèmes de financement de leurs exploitation et investissements.

L’analyse des réglementations étrangères et notamment européennes en matière de gestion du sport et des activités physiques et sportives nous a montré que l’amateurisme dans le sport est entrain de disparaître pour laisser la place au professionnalisme, notion non encore reconnue totalement en Tunisie.

Depuis plusieurs années, les pays européens ont promulgué des textes juridiques permettant aux clubs sportifs de se doter d’un régime juridique spécifique mais très semblable de celui des sociétés commerciales classiques et ce, afin de :

  • Leur permettre de bénéficier de plusieurs autres sources de financement autres que les subventions publiques ;
  • De mettre en place un système de gestion efficace et répondant aux attentes des instances sportives ;
  • Assurer un contrôle encore plus rigoureux que celui appliqué auparavant pour les associations sportives à but non lucratif ;
  • Permettre aux investisseurs privés de placer leurs fonds dans des capitaux de clubs sportifs afin de pouvoir dégager d’éventuels bénéfices distribuables ;
  • Laisser aux petits porteurs la possibilité d’investir dans leur club préféré par leur introduction en bourse.

Toutes ces mesures ont permis aux clubs sportifs européens (surtout de football) de se doter de moyens financiers très importants qui leur facilitent de gros investissements dans des équipements ou des ressources humaines et notamment les joueurs qui s’achètent et se vendent par des dizaines de millions d’euros.

L’on pourrait s’interroger sur la raison pour laquelle le législateur tunisien n’a pas pensé à la promulgation de telles lois qui pourraient rehausser le sport tunisien à des rangs meilleurs. En effet, le manque de ressources financières ne leur facilite pas la tâche et les empêche de procéder aux investissements requis à même de contribuer pleinement à leur essor.

En plus de nouvelles ressources financières, les clubs sportifs devraient se doter de moyens de gestion plus efficaces et répondant aux attentes des financeurs et des sponsors. En effet, » si l’arrivée en force du capital dans la sphère sportive paraît irréversible, il met en évidence les dérives qu’entraîne une domination arbitraire de l’argent- roi. »1

Des contrôles rigoureux seraient également exigés afin de préserver les droits des actionnaires et d’assurer la transparence dans l’utilisation des fonds injectés dans la société. D’ailleurs, et dans le but de permettre aux associations sportives de diversifier leurs sources de financement et d’assurer une gestion plus rigoureuse, l’Etat devrait prendre les décisions suivantes :

  • Permettre aux clubs sportifs l’exercice d’activités économiques sous réserve de respecter les dispositions légales en vigueur et après accord du ministère chargé des sports ;
  • Le club sportif doit prévoir une structure administrative permanente sous la responsabilité d’un secrétaire général chargé des affaires administratives ;
  • Les clubs sportifs exerçant des activités sportives dans le cadre du non amateurisme sont tenus de nommer un commissaire aux comptes membre de l’Ordre des Experts Comptables de Tunisie ;
  • Mettre en place un système de contrôle de la comptabilité de l’association sportive par les ministères des sports et des finances ;
  • Les activités exercées dans le cadre du non amateurisme sont contrôlées par des commissions spéciales rattachées aux fédérations correspondantes ;
  • La comptabilité des activités exercées dans le cadre de non amateurisme doit être tenue distinctement de toutes les autres.

Lors de la mise en place de ces nouvelles mesures, il faudrait tenir compte de la situation actuelle des associations sportives et des difficultés réelles qu’elles sont en train de rencontrer.

En conclusion, le sport doit être en mesure d’assimiler le nouveau cadre commercial dans lequel il doit évoluer sans perdre pour autant son identité ni son autonomie qui soulignent les fonctions qu’il remplit dans les domaines social, culturel, sanitaire ou éducatif.2

________________________

1 Christian De Brie : L’argent fou du sport. Le Monde diplomatique. Juin 1994

2 Rapport de la commission au conseil européen : Dans l’optique de la sauvegarde des structures sportives actuelles et du maintien de la fonction sociale du sport dans le cadre communautaire. Bruxelles le 10 Décembre 1999.


Questions Fréquemment Posées

Pourquoi les associations sportives tunisiennes doivent-elles se transformer en sociétés sportives ?

La transformation des associations sportives en sociétés sportives est nécessaire pour pallier les insuffisances du cadre juridique actuel et pour permettre aux clubs de bénéficier de plusieurs autres sources de financement autres que les subventions publiques.

Quels sont les principaux défis financiers auxquels font face les clubs sportifs tunisiens ?

Les clubs sportifs tunisiens rencontrent des défis financiers tels que des déficits budgétaires chroniques, des revenus insuffisants provenant de la publicité et des sponsors, et l’absence de statuts types pour réglementer leur organisation interne.

Comment le non amateurisme a-t-il impacté les clubs sportifs en Tunisie ?

Le non amateurisme a causé une inflation dans les salaires et primes des joueurs et des entraîneurs, entraînant un déficit budgétaire chronique pour plusieurs clubs.

Quelles leçons peuvent être tirées des expériences étrangères en gestion sportive ?

Les expériences étrangères montrent que le professionnalisme dans le sport est en train de remplacer l’amateurisme, permettant aux clubs de se doter d’un régime juridique spécifique similaire à celui des sociétés commerciales, ce qui leur permet d’attirer des investissements privés.

Rechercher
Télécharger ce mémoire en ligne PDF (gratuit)

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to Top