L’analyse comparative des circuits de poissons révèle que 85 % des acteurs de la commercialisation à Kinshasa sont des femmes, défiant les stéréotypes traditionnels. Cette étude met en lumière les enjeux cruciaux du marché de Kingabwa-Uzam, avec des implications significatives pour le développement local.
Discussion
Au cours de ces dernières années plusieurs études ont été conduites sur les ressources halieutiques, particulièrement sur la commercialisation des poissons frais d’eau douce. Cette discussion est l’occasion de faire un rapprochement entre les résultats de ces études et ceux de notre étude.
La commercialisation du poisson est une activité dominée par des femmes (85%) ces résultats corroborent selon les résultats de Bongeba (2012) qui avait souligné que la pêche était une affaire d’hommes tandis que la vente est dominée par des femmes. La classe d’âge (41 – 50 ans) est dominante chez les commerçants.
La prédominance des personnes âgées sur le marché peut s’expliquer par un nombre élevé des instruits basiques révélé par notre échantillon (46,67%) ces résultats corroborent avec ceux de Bandi et al (2009). La grande majorité des commerçants du poisson frais sont des mariés (43,33%), cela suppose à quel point cette activité peut procurer de revenus dans la prise en charge familiale.
Ce qui explique le degré d’importance de cette activité lucrative comme source de revenus et contribue à la lutte contre la pauvreté les résultats de Mory (1997). Cependant, les Bangala sont majoritaires dans le commerce de poissons frais au marché de Kingabwa-uzam. Ces résultats corroborent avec les résultats de Oumarou (2014).
Circuits commerciaux
Il existe donc quatre (4) circuits commerciaux de poisson frais dans le cadre de cette étude, la figure 2 ci-haut récapitule les circuits commerciaux de commercialisation des poissons frais dans le cadre de cette étude. Un même commerçant de poisson peut avoir plusieurs circuits d’écoulement différents.
Plus le nombre d’opérateurs est important plus le circuit devient long, ce résultat va de pair avec le résultat de Oumarou (2014). Nous avons considéré comme intermédiaire d’un circuit commercial tout agent économique qui opère entre le pêcheur et le consommateur final de la chaîne de commercialisation.
Approvisionnement
Les résultats obtenus de cette étude par rapport à la source d’approvisionnement des enquêtés, coïncident avec les résultats issus des études de Bimpe (2018) à Kingabwa-uzam et à Petro-Congo sur la commercialisation des poissons frais dans la Ville province de Kinshasa montrent que la plupart des poissons commercialisés à Kinshasa provient du Pool Malebo et des affluents (rivière de Mukweme, rivière N’sele, rivière N’djili, rivière Nkao et la rivière Ntsuenge).
La fréquence d’approvisionnement journalière est généralement chez ceux qui s’approvisionnent chez le pêcheur au Pool-Malebo. Pour ce dont la fréquence d’approvisionnement est bihebdomadaire de l’ensemble des agents économiques est de 2 fois par mois sauf pour les détaillants du petit marché qui s’approvisionnent en quantités suffisantes à écouler de façon journalière.
Commercialisation
Les poissons se commercialisent le plus souvent entier pour les poissons de petite taille et en morceau pour ceux de gros.
Les études de Masirika (2015) affirment que la vente et l’achat se font presque toujours au comptant entre le mareyeur et le grossiste puis entre le détaillant et le consommateur (ménage). Ce qui explique pourquoi les détaillants de poisson frais arrivent à écouler leurs produits dans la même journée.
Par rapport à l’organisation du marché, plusieurs études Luhusu et Micha (2013) ; Bongeba (2012) ; Oumarou (2014) et Nation unis (2006) font ressortir un manque d’organisation dans la filière pêche en RDC. Ce manque d’organisation ne se limite pas seulement au niveau de la capture des poissons mais également au niveau de la commercialisation.
Cela est dû à l’absence de l’Etat, si non à la non implication de l’Etat dans ce secteur si important.
En ce qui concerne l’espèce le plus vendue, Ngolo, mongusu et Nzombo, Mabundu, sont des espèces de poissons les plus commercialisés avec respectivement 17,14% ; 16,57% ; 13,71% et 9,14%. Ces résultats collaborent à ceux d’Oben (2016) qui a répertorié 16 espèces de poissons dans le marché d’Uzam, Kinkole et Matete où le Clarias suivi d’Auchenoglanis et de tilapia sont les plus représentatifs avec 27%; 18%, 18% respectivement.
Les agents économiques de la commercialisation du poisson frais utilisent plus les circuits courts et intégrés contrairement aux détaillants, où tout le monde emprunte les circuits longs. Par ailleurs, même si le circuit long pourrait être le plus rentable, il n’est pas exclu qu’il pourrait souvent être le plus risqué car l’ensemble de cargaison peut s’altérer à cause de la distance ou si non en cas de mortalité des poissons.
Ce résultat corroborent ceux de CAE (2001), qui affirme que la denrée étant hautement périssable, l’immobilisation de ces véhicules en cours de route par des pannes ou autres causes peut entraîner la détérioration et la perte de toute la cargaison.
Rentabilité
L’analyse comptable permet de savoir si les acteurs tirent des profits ou tournent en pertes dans la commercialisation du poisson frais. Les résultats issus de cette étude font savoir que 61,67% des enquêtés trouvent l’activité rentable.
Le compte d’exploitation nous montre que le commerçant achète des produits et effectue aussi des dépenses. Suite à cela il réalise un bénéfice net de 5029080 FC durant l’année autour d’un taux de marge brute de 63,1% ; les résultats de Mory (2002).
Les résultats nets des comptes d’exploitation des opérateurs de la commercialisation sont positifs : les chiffres d’affaires issus de la vente des produits couvrent toutes les charges. C’est pourquoi la marge brute de chaque opérateur lui permet de tirer un revenu assez consistant pour continuer son activité.
- Forces, faiblesses, menaces et opportunités
Tableaux 20 : Forces, faiblesses, menaces et opportunités.
| Forces | Faiblesse |
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| Opportunités | Menaces |
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CONCLUSION
Le présent travail avait pour objectif de déterminer le circuit de commercialisation de poisson frais d’eau douce afin de connaître leur source de provenance ; déterminer les différents acteurs qui sont impliqués à la commercialisation des poissons frais d’eau douce et identifier les contraintes que les acteurs font face. Pour y arriver, l’enquête s’est déroulée pendant 3 jours, a été sur le marché de Kingabwa-uzam.
L’étude révèle une typologie d’acteurs (opérateurs) qui se répartissent en quatre (4) circuits commerciaux. Ces opérateurs sont : les pêcheurs, les mareyeurs et/ou commerçants voyageurs, les grossistes et les détaillants. En ce qui concerne les consommateurs, nous avons les restaurateurs et les ménages qui constituent les consommateurs finaux, dernier maillon de la chaîne de commercialisation.
Cependant, le résultat de l’étude fait savoir que le Pool Malebo constitue la principale source d’approvisionnement des poissons frais commercialisés sur le marché de Kingabwa-uzam (40%). L’étude nous informe que la majorité des commerçants sur le marché de Kingabwa-uzam sont des femmes (85%), ils sont en majorité des personnes âgées et mariées (43,33%).
Cette étude nous révèle que l’exercice de cette activité ne nécessite pas un niveau d’instruction élevé. L’essentiel des acteurs ont pour activité principale cette commercialisation de poisson frais (85%). Il existe des liens solides de commercialisation entre les différents acteurs ; ce qui entraîne, dans certains cas, une interdépendance de l’un envers l’autre.
L’analyse de la rentabilité de cette activité montre qu’un commerçant réalise un bénéfice net mensuel moyen de 419000 FC. En effet, le commerce du poisson frais est une activité économiquement rentable et contribue à la lutte contre la pauvreté chez les différents opérateurs (acteurs) de ce secteur.
A l’issue de l’analyse et de l’interprétation des données, nous avons confirmé les hypothèses selon lesquels : qu’il existe plusieurs circuits commerciaux des poissons frais d’eau douce à Kinshasa ; Le Pool Malebo constitue la principale source d’approvisionnement des poissons frais commercialisés dans le marché de Kingabwa-uzam ; La commercialisation des poissons frais des eaux douces implique plusieurs acteurs (les pêcheurs, les mareyeurs, les grossistes, les détaillants, les restaurateurs et les ménages), et ces acteurs sont confrontés à plusieurs contraintes entravant ainsi l’exercice de leur activité.
Eu égard à cette situation, nous formulons les recommandations suivantes aux différents acteurs :
1° Pouvoirs publics :
- D’assurer des infrastructures de base nécessaires notamment les routes de dessertes agricoles, les infrastructures frigorifiques adéquates de conservations des poissons durant leur acheminement ;
- Allégement des taxes, si non suppression des taxes et les tracasseries policières ;
- Doter le marché Kingabwa-uzam par une inspection sanitaire ;
- Doter le marché par une chambre froide qui permettra de limiter la pourriture de poissons.
2° Aux acteurs de la filière :
- Faire respecter rigoureusement les règles élémentaires d’hygiène sur les étals ;
- D’essayer d’organiser le système de commercialisation en collaboration avec tous les acteurs et aussi avec les institutions de tutelle ;
- De réviser à la baisse les prix de vente de poisson au consommateur ;
- Créer des associations de différents acteurs de la filière.
Questions Fréquemment Posées
Quels sont les principaux circuits commerciaux de poissons frais à Kinshasa?
Il existe quatre circuits commerciaux principaux de poisson frais dans le cadre de cette étude.
Qui sont les principaux acteurs de la commercialisation des poissons frais à Kinshasa?
La commercialisation du poisson est dominée par des femmes (85%), et la classe d’âge (41 – 50 ans) est dominante chez les commerçants.
D’où proviennent principalement les poissons commercialisés à Kinshasa?
La plupart des poissons commercialisés à Kinshasa proviennent du Pool Malebo et des affluents comme la rivière de Mukweme, la rivière N’sele, la rivière N’djili, la rivière Nkao et la rivière Ntsuenge.
Comment se déroule la vente des poissons frais sur le marché de Kingabwa-Uzam?
Les poissons se commercialisent le plus souvent entier pour les poissons de petite taille et en morceau pour ceux de gros, et la vente et l’achat se font presque toujours au comptant.