Quelle est la diversité des arbres ? Analyse comparative à Katale

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🏫 Université de Goma - Faculté des Sciences Agronomiques - Département de Phytotechnie
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Ingénieur Agronome - 2014-2015
🎓 Auteur·trice·s
Tumaini Hatangi Yves
Tumaini Hatangi Yves

L’analyse comparative des agroécosystèmes de Katale révèle une diversité surprenante des arbres et arbustes, avec un indice de Shannon de 2,77 dans les champs vivriers, surpassant celui des plantations caféières. Ces résultats, révélateurs d’une richesse écologique, ont des implications cruciales pour la gestion durable des ressources.


Diversité des ligneux dans les champs et dans la plantation

La diversité des arbres et arbustes dans les plantations caféières de Katale a été calculée selon deux indices notamment celui de Shannon et celui de Piélou. Les résultats y relatifs sont présentés par les figures 8 et 9 :

Indices de Shannon des champs et des plantations caféières

Les résultats des indices de diversité de Shannon présentés respectivement par les champs vivriers et les plantations caféières de Katale sont globalement repris par la figure 8.

Shannon_H

3

2,5

2

1,5

Shannon_H

1

0,5

0

CHAMP

SITES

PLANTATION

Indices de Shannon

Fig 8 : Diversité des ligneux dans les champs vivriers et les plantations caféières

De la lecture de la figure 8, il ressort qu’entre les champs vivriers et les plantations, l’indice de diversité de Shannon prouve que la diversité est très grande dans les champs que dans les plantations car ces premiers présentent un indice de 2,77 alors que les plantations n’ont atteint que 2,11.

En effet, sur un total de 549 individus étudiés, 282 appartenant à 32 espèces se trouvaient dans les champs vivriers alors que 267 individus appartenant à 21 espèces se trouvaient dans la plantation. Cette situation est due à la sélection des espèces agroforestières dans la plantation alors que certaines de ces espèces sont spontanées dans les champs des agriculteurs.

Les espèces communes dans les deux agroécosystèmes sont notamment le Grevillea robusta (Proteaceae), le Cedrela odorata (Meliaceae), retrouvées en grandes proportions tant dans les champs vivriers que dans les plantations caféières de Katale. A côté de ces deux espèces, d’autres se retrouvaient également dans les deux agroécosystèmes sous forme de trace.

Il s’agit notamment de Mangifera indica (Anacardiaceae), Carica papaya (Caricaceae), Ricinus communis (Euphorbiaceae), Cassia siamea (Fabaceae), Persea americana (Lauraceae), Eucalyptus globulis (Myrtaceae), Psidium guajava (Myrtaceae), et Trema orientalis (Cannabaceae). En somme, 11 espèces d’arbres et arbustes étaient communes aux deux systèmes agricoles.

Indice d’équitabilité de Piélou

0,82

0,8

0,78

0,76

0,74

0,72

0,7

0,68

0,66

0,64

Série1

CHAMP PLANTATION

SITES

Indices d’équitabilité de Piélou

Fig 9 : Diversité des ligneux dans champs vivriers et les plantations caféières

La figure 9 présente la régularité des champs et celle des plantations caféières par rapport à la diversité maximale pouvant être obtenue avec le même nombre des taxons (42 espèces). Les champs présentent une régularité supérieure à celle des plantations soit 0,79 contre 0,69. Ceci est dû au fait que les champs renferment 32 espèces en leur sein alors que les plantations n’en renferment que 21 sur le total de 42 espèces recensées lors de cette étude.

Ainsi, l’ensemble des résultats en rapport avec la diversité de la population des arbres et arbustes pousse à dire que la première hypothèse qui stipulait que les ligneux seraient très diversifiés dans les deux agrosystèmes est confirmée. De même, la deuxième hypothèse selon laquelle la biodiversité des ligneux serait très différente dans les deux agrosystèmes est également confirmée ;

Cultures vivrières retrouvées dans les champs

Les résultats des observations faites sur terrain lors de la présente étude concernant les cultures vivrières de Katale sont consignés dans le tableau 8.

Tableau 8 : Cultures vivrières de Katale

CHAMP

SYSTEME DE CULTURE

CULTURE

Maïs

Haricot

Manioc

Autres

CHAMP 001

Association des cultures

+

+

+

CHAMP 002

Association des cultures

+

+

CHAMP 003

Association des cultures

+

+

CHAMP 004

Association des cultures

+

+

+

CHAMP 005

Jachère temporaire

CHAMP 006

Association des cultures

+

+

CHAMP 007

Monoculture

+

CHAMP 008

Association des cultures

+

+

CHAMP 009

Monoculture

+

CHAMP 010

Association des cultures

+

CHAMP 011

Association des cultures

+

+

CHAMP 012

Monoculture

+

CHAMP 013

Association des cultures

+

+

CHAMP 014

Association des cultures

+

+

CHAMP 015

Association des cultures

+

+

CHAMP 016

Association des cultures

+

+

CHAMP 017

Association des cultures

+

CHAMP 018

Monoculture

+

CHAMP 019

Association des cultures

+

+

CHAMP 020

Association des cultures

+

+

Légende : + : présence, – : absence

Du tableau 8, il ressort que les cultures les plus exploitées dans la localité de Katale sont par ordre d’importance le haricot (Phaseolus vulgaris) de la famille des Fabaceae (présent dans 13 champs sur 20), le maïs (Zea mays) de la famille des Poaceae (présent dans 11 champs sur 20) et le manioc (Manihot esculenta) de la famille des Euphorbiaceae (présent dans 6 champs sur 20). A côté de ces trois cultures qui constituent les aliments de base dans la contrée, il y a d’autres cultures d’importance secondaire dont le sorgho (Sorghum vulgaris) de la famille des Poaceae, le piment (Capsicum frutescens) et l’aubergine (Solanum melongena) de la famille des Solanaceae que nous avons rencontrées sporadiquement dans les champs investigués.

Il sied également d’apercevoir par le biais du même tableau 8, les systèmes de culture les plus appliqués dans la localité de Katale. Il s’aperçoit que l’association des cultures prime sur la monoculture. C’est une affaire qui mérite d’être encouragée en agriculture étant donné ses multiples avantages.

L’étude menée dans les villages riverains de la réserve forestière de Yoko (Kambasu, 2013) a montré que les cultures les plus exploitées dans ce milieu étaient le maïs (Zea mays) et le riz (Oryza sativa) de la famille des Poaceae, suivies du manioc (Manihot esculenta) de la famille des Euphorbiaceae et du palmier à huile (Elaeis guineensis) de la famille des Arecaceae. La présence du riz et du palmier à huile dans cette région se justifie par l’écologie qui leur est propice à Yoko alors qu’à Katale, elles ne peuvent pas prospérer.

CONCLUSION ET SUGGESTIONS

Dans le but de participer à la connaissance des arbres et arbustes agroforestiers choyés par les paysans et les planteurs des caféiers de Katale, une étude a été menée dans les champs vivriers et les plantations caféières de Katale en vue d’inventorier et identifier systématiquement ces ligneux.

Les résultats obtenus montrent à travers la liste floristique que 42 espèces appartenant à 35 genres regroupés en 20 familles représentent les ligneux de la localité de Katale.

Après analyse des paramètres, il ressort que l’espèce Grevillea robusta de la famille des Proteaceae vient en tête de toutes les autres espèces avec une fréquence relative de 31,51

% comme repris dans le tableau 2 ; une densité de 3,15 comme présenté dans le tableau 3 ; une surface terrière de 7,04 m2/ha comme nous pouvons le constater par le biais du tableau 4 ; une dominance relative de 48,79 % comme nous le montre clairement le tableau 5 ; et un effectif de 173 individus sur le total de 549 individus répertoriés.

Elle est suivie par l’espèce Eucalyptus saligna de la famille des Myrtaceae qui, à son tour, présente des valeurs de 8,56% de fréquence relative ; 0,85% de densité ; 1,95 m2/ha de surface terrière ; 13,5% de dominance relative ; et un effectif de 47 individus ; les références des tableaux étant les mêmes que les premières.

Il sied de signaler ici que d’autres espèces apparaissent sous forme de traces notamment Artocarpus heterophyllus de la famille des Moraceae, Elaeis guineesnsis de la famille des Arecaceae, Citrus limon de la famille des Rutaceae, Euphorbia candelabrum de la famille des Euphorbiaceae, Ficus toningi de la famille des Moraceae, et Moringa oleifera de la famille des Moringaceae ; avec des valeurs de 0,18 de fréquence relative ; 0,02 de densité ; une surface terrière ≤ 0,08 m2/ha ; et une dominance relative ≤ 0,53%. Toutes ces espèces ne disposent que d’un seul individu chacune.

Le calcul de l’indice de diversité de Shannon montre que la diversité des ligneux est très grande dans les champs vivriers apportant au premier rang le champ C04 qui présente un indice de Shannon de 2,21 et celui de Piélou de 2,0 alors qu’elle devient faible dans la plantation caféière, où la parcelle P14 s’avère être la plus diversifiée en ligneux avec un indice de Shannon de 1,37 et celui de Piélou de 0,99.

L’entretien menée avec les propriétaires des champs vivriers et les responsables du Domaine de KATALE prouve que les ligneux sont maintenus ou introduits dans les champs ou la plantation pour la production des bois énergie notamment les bois de chauffe pour les ménages et bois de combustion pour l’usine de séchage du café respectivement. Cette situation prouve à suffisance que la troisième hypothèse est infirmée.

Qu’il nous soit permis avant de clore le présent travail d’adresser nos recommandations et suggestions par le biais de ces quelques lignes aux intervenants du secteur agricole ci-après :

Aux agriculteurs :
    • De bien vouloir adopter les pratiques de l’agroforesterie sous toutes leurs formes car étant pourvoyeuses de plusieurs biens et services susceptibles de révolutionner leur activité agricole ;
    • D’intensifier la plantation des ligneux dans leurs régions de vie afin d’en tirer le maximum de bénéfice et contribuer ainsi indirectement à la lutte contre le changement climatique, fléau qui frappe le monde entier et dont ils seraient inéluctablement les premières victimes étant donné la misère dans laquelle ils croupissent conduisant au manque de moyens nécessaires pour se prémunir des conséquences désastreuses de celui-ci.
  1. Aux responsables du Domaine de KATALE :
    • De bien collaborer avec la population riveraine de la plantation qui nécessite leurs conseils techniques.
  2. Aux autres chercheurs :
    • De mener des études similaires à celle-ci dans d’autres coins de la province du Nord-Kivu en particulier et dans toute la République Démocratique du Congo en général pour mettre en place une base de données exhaustive sur de telles espèces choyées par la population agricole du pays ;
    • De mener les études expérimentales sur ces espèces inventoriées afin de déterminer leur potentiel agroforestier en déterminant leur croissance, phytomasse et minéralomasse dans le but de passer à leur vulgarisation à grande échelle.

Questions Fréquemment Posées

Quelle est la diversité des arbres dans les champs vivriers de Katale?

La diversité des arbres dans les champs vivriers de Katale est plus grande, avec un indice de diversité de Shannon de 2,77, comprenant 282 individus appartenant à 32 espèces.

Quelles espèces d’arbres sont communes aux champs vivriers et aux plantations caféières à Katale?

Les espèces communes aux deux agroécosystèmes incluent Grevillea robusta et Cedrela odorata, ainsi que d’autres comme Mangifera indica et Carica papaya.

Quel est l’indice d’équitabilité de Piélou pour les champs vivriers et les plantations caféières?

L’indice d’équitabilité de Piélou est de 0,79 pour les champs vivriers et de 0,69 pour les plantations caféières, indiquant une régularité supérieure dans les champs.

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