Quelles technologies agricoles innovantes pour le Mayo Dallah en 2023 ?

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🏫 UNIVERSITÉ DE DSCHANG - ÉCOLE DOCTORALE - DSCHANG SCHOOL OF ARTS AND SOCIAL SCIENCES
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master recherche - Juillet 2022
🎓 Auteur·trice·s
REOUNODJI ELOGE
REOUNODJI ELOGE

Cette étude révèle comment les technologies agricoles innovantes transforment l’adaptation des agriculteurs face à la variabilité pluviométrique dans le Département de Mayo Dallah. Découvrez les stratégies clés qui pourraient améliorer la résilience économique des communautés agricoles locales.


CHAPITRE 2 : CARACTERISATION DES PRATIQUES AGRAIRES DANS LE MAYO DALLAH

Situé dans la partie Sud-ouest Tchadienne et plus précisément dans la zone soudanienne dite ‘‘Tchad utile’’ (Baohoutou, 2007), le Département de Mayo Dallah est une zone dont l’économie est essentiellement agricole avec une large part accordée aux cultures vivrières (maïs, sorgho, arachide, le mil, le sésame), aux oléagineux (arachide) et aux légumineuses (le haricot ou niébé et les courges).

L’agriculture industrielle porte essentiellement sur le coton avec l’implantation de l’usine d’égrenage ‘‘COTON TCHAD’’. L’agriculture dans cette zone emploie plus de 80% de la population. Doté d’un certain nombre de facteurs favorables pour son développement économique à savoir un climat favorable (une pluviométrie varie entre 1000 à 1200mm), une végétation variée et des sols généralement propices à toutes les variétés de cultures. L’agriculture dans cette localité se pratique, pour l’essentielle à un niveau familiale, avec des moyens techniques rudimentaires.

Le présent chapitre présente l’état des lieux des pratiques agraires dans le Département de Mayo Dallah notamment le paysage agraire, les types de cultures, les techniques culturales et pratiques culturales, les moyens utilisés, la main d’œuvre employée et les acteurs impliqués.

PRESENTATION DU PAYSAGE AGRAIRE ET DU SYSTEME

AGRICOLE

L’espace agraire dans la zone soudanienne en générale, et dans le Mayo Dallah en particulier, est modelé par l’homme à travers ses actions au fil du temps. L’habitat soit isolé ou groupé est l’élément le plus visible élaboré suivant une structure qui diffère d’une ethnie à une autre. L’organisation de cet espace s’établie en fonction des objectifs, des usages et selon les activités en présence.

L’exploitation du milieu à travers l’agriculture, la pèche ou la cueillette, l’exploitation du bois s’exerce sur des espaces différentes et en fonction des saisons. L’espace cultivé est constitué des champs ouverts et des jachères de courtes durées. Les modalités d’accès à ces terres sont définies par le chef de terre et repose sur les principes de gestion collective. Par contre, dans les villages à forte pression anthropique ou la terre devient un bien rare, le statut des espaces cultivés est passé de statut collectif à un domaine individuel (Reoungal, 2018). Seul, le domaine forestier appelé brousse représente à la fois un réserve agricole et de bois, un endroit de chasse ou de cueillette par la communauté villageoise.

Notons également que l’augmentation de la densité de l’occupation de l’espace et le caractère extensif des activités agricoles et pastorales de ces dernières décennies ne permettent plus de perpétrer une agriculture sur brûlis dans certains villages.

Le système agricole par contre est extensif et repose principalement sur l’agriculture pluviale et très diversifiée. Mais la production agricole est dominée ses dernières années par l’arachide et le maïs. La crise de la filière coton ayant affecté la rotation des cultures qui devient sésame /mil pénicillaire-sorgho blanc/maïs –arachide. Le maïs demeure la céréale le plus appréciée, cultivée non seulement en jardin de case mais aussi jusqu’à 2hectares de surface loin du village. Notons également que l’élevage est très peu représenté dans le système agricole bien que quelques agriculteurs disposent de quelques têtes de bœufs d’attelage et des petits ruminants.

DES ACTIVITES DOMINEES PAR LES CEREALES, OLEAGINEUX ET LES TUBERCULES

Dans le Mayo Dallah, les cultures vivrières sont diverses et pratiquées par l’ensemble de la population. Elles sont constituées à dominance par les céréales, les oléagineux, les légumes et les tubercules. (Baohoutou, 2007).

Les céréales, base de l’alimentation des paysans

Elles regroupent :

Le sorgo qui constitue la base de l’alimentation de la population. On rencontre dans cette localité les deux variétés de sorgho à savoir le sorgho blanc, le sorgho rouge (Sorghum elegans ou membracecum) dont les cycles varient de l’extra précoce au tardif (100-150) qui constituent la principale source d’alimentation des populations, aussi bien par sa quantité produite annuellement que par sa proportion dans les repas quotidiens. Elles sont aussi employées en grande partie dans la préparation d’une boisson locale appelée ‘‘bili-bili’’.

Le mil pénicillaire, appelé aussi petit mil qui joue également un rôle important dans l’alimentation. Ils sont cultivés sur des sols pauvres ou sablonneux.

Le maïs occupe la 3e place après le mil et le sorgho des céréales les plus cultivées dans le Mayo Dallah. La quasi-totalité de cette production est constituée par des variétés locales, majoritairement à grains blancs. Il est trop sensible à la fertilité et ainsi sans les apports d’engrais organiques ou minéraux sur le sol appauvris, il est difficile d’obtenir de rendements satisfaisants. Il n’est cultivé généralement que sur les champs de case ou sur les champs de brousse ayant reçu de la fumure organique ou de l’engrais minéral. Sa culture hors des champs de case est donc rarement le fait des petits paysans pauvres.

La production est souvent destinée à une autoconsommation des épis en frais (bouillies ou grillées) ou à être vendue également en épis frais (Reoungal, 2018). Ainsi, par moment les ONG et l’Etat à travers ANADER procèdent à la distribution variétés de semences de maïs aux cultivateurs de la localité pour leur permettre de riposter contre les caprices des pluies. Mais malheureusement les quantités sont toujours en dessous des attentes des paysans.

En fin, la culture du riz est moins développée à cause du manque d’eau en quantité suffisante dans certains endroits. Il est le plus souvent utilisé comme une alternative en cas d’inondation des champs.

Les oléagineux : des cultures vivrières aux cultures de rentes

Ce groupe est composé d’arachide et du sésame.

La culture d’arachide dans Le Département de Mayo Dallah tient une place importante et fait de cette localité l’un des grands producteurs d’arachide du Tchad. Avec la crise cotonnière et du débouché de vente vers le Cameroun de ces dernières années, elle est devenue comme le coton l’une des principales cultures vivrières marchandes pour l’ensemble des agriculteurs (Reoungal, 2018).

Elle est traditionnellement cultivée par les femmes. Dans chaque ménage une femme a droit à un hectare pour cultiver l’arachide soit en culture associée avec pénicillaire soit uniquement sur des petites parcelles isolées. La fonction de vivrier marchand de l’arachide est assez marquée dans le Département. L’arachide cultivée peut-être en culture pure ou en association avec le mil pénicillaire ou le sorgho.

Les cycles végétatifs varient d’une variété à une autre. Ce cycle peut aller à 90-120 jours. Suite aux péjorations pluviométriques, La variété améliorée à cycle court (90 jours) est la plus recherchée par les agriculteurs. L’arachide produite est exportée vers les centres urbains et vers les pays voisins comme le Cameroun et le Nigeria.

Le sésame par contre, est cultivé beaucoup plus pour les besoins de consommation interne des exploitations agricoles, soit en culture pure ou soit en association avec d’autres cultures. Tout comme l’arachide, elle est devenue en ces dernières années une filière très porteuse pour les agricultures du Mayo Dallah.

Aux cultures vivrières s’ajoutent les oléagineux : le niébé appelé souvent le haricot, les courges, concombres qui sont cultivés en association avec les céréales et tiennent une place importante dans les consommations des ménages.

Les tubercules, une alternative au déficit alimentaire lors des périodes de soudure

Les principales plantes à tubercules cultivées dans le Département sont le manioc (Manioc esculens crantz), l’igname (Discorea dutbiera) et le taro (Arum esculentum).

Le manioc est une culture originaire de la RCA introduite en 1930 à l’extrême sud du Tchad, suite aux attaques acridiennes qui ont affecté la production céréalière. Sa production est destinée à la consommation familiale, mais de plus en plus elle alimente les marchés urbains et est génératrice des revenus pour beaucoup de ménages.

On distingue le manioc doux, souvent mangé cru ou cuit du manioc amer dont on se sert de la farine pour préparer la boule ou les galettes après rouissage et séchage. Par ailleurs, La culture du manioc est redoutée par certains agriculteurs comme un facteur d’appauvrissement des sols. L’igname et le taro sont cultivés de façon isolée dans certains villages et occupent des petites superficies autour des cases.

Les restes des cultures constituées de la patate, le gombo, le poids de terre et l’oseille, sont destinés à la consommation familiale et aussi de plus en plus sollicitées par les marchés urbains situés dans la commune de Pala. Les tiges de patates sont plantées sur des buttes où elles se développent.

Elles sont souvent en culture pure et nécessitent un bon entretien pour un bon rendement. A la récolte, la patate douce est consommée et aussi vendu à cause du problème de conservation. Quant au gombo et oseille, ils constituent l’essentiel de la sauce et mangé au couscous appelé « boule » par la population de la zone.

Leur culture est en association avec le mil, le sorgho ou l’arachide. Pour le poids de terre, il demeure la culture la moins exigeante et supporte les dates de semis très échelonnées. Sa culture se fait sur des terres exclusivement exondées et quelques fois en association avec le mil.

Cette liste n’est pas exhaustive car d’autres cultures secondaires existent mais moins importantes que celles décrites ci haut.

MAIN D’ŒUVRE LOCALE ET ESSENTIELLEMENT FAMILIALE

Selon les résultats des enquêtes, les travaux agricoles sont majoritairement réalisés par les actifs familiaux soit 91%. Le recours à la main d’œuvre extérieur est réservé à seulement 3% et cela se justifie premièrement par le sous-effectif de la famille, ensuite par le souci de réaliser les travaux champêtres à des bonnes dates, car les bons rendements dépendent parfois aussi du respect du calendrier agricole. L’emploi de la main d’œuvre extérieure (2%) n’est pas forcement payante car elle intègre les mécanismes d’entraide à travers les relations sociales.

Ainsi, la pratique la plus courante est de mobiliser un groupe constitué des associations des hommes, des groupes des femmes, membres d’une église etc…tout en mettant à leur disposition des boissons sucrés (thé) ou alcoolisés (Reoungal, 2018), cette pratique permet de travailler des grandes surfaces en une seule journée. Par contre pour la main d’œuvre salariale employée, les tarifs varient en fonction du type de travail (laboure semis, sarclage, récolte, transport par charrette, traction animale…).

En fin, la main d’œuvre constituée uniquement du père (4%) s’explique par le fait d’avoir des enfants ne pouvant pas constituer encore une main d’œuvre. Bref, la main d’œuvre mobilisée dans les travaux champêtres demeure abondante mais la question de la mécanisation de cette agriculture associée aux péjorations pluviométriques de ces dernières années constituent un obstacle majeur pour les agriculteurs du Mayo Dallah.

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4%

2%

3%

91%

Famille Uniquer le père Emploi de la main d’oeuvre Famille/ emploi de main d’oeuvre

Figure 6: Répartition de la main d’œuvre agricole dans le Mayo Dallah

Source : Enquête de terrain, 2022

LES MATERIELS AGRICOLES ENTIEREMENT

RUDIMENTAIRES

Dans le Département de Mayo Dallah en générale, la force du travail dépend en majorité de la force physique avec l’utilisation d’outils manuels comme : les machettes, la houe, le daba, la charrue,…pour l’exécution des différentes opérations culturales. Ces outils ont des potentiels limites en termes culturales et cela se traduit parfois par la baisse de la productivité enregistrée.

Selon Yuan (2016), c’est l’investissement dans les équipements agricole qui a permis aux agriculteurs d’intensifier, la production, d’améliorer leurs revenus et leurs qualités de vies dans les pays comme : l’Inde, la Chine, la Turquie et le Brésil. Ces derniers sont devenus actuellement des grands producteurs, des grands exportateurs et des grands leaders mondiaux en exportations des machines agricoles.

Cette situation est possible, si l’Etat Tchadiens intensifier les activités dans cette partie du pays aux conditions physiques propices aux cultures vivrières grâce à une grande mécanisation. Mais malheureusement, le faible niveau d’équipement est surprenant malgré la proximité du Département avec le Cameroun qui a les coûts d’acquisition des intrants et des matériels agricoles inférieurs à ceux du Tchad.

En plus, le programme de la mécanisation agricole (SIMATRAC), notamment à travers le montage et la diffusion des tracteurs agricoles, mis en œuvre par l’Etat tchadien en 20016 et qui étaient perçu dans ses débuts comme une aubaine a obtenu des résultats en dessous des attentes, car après quelques années de fonctionnement le projet a connu un échec total.

L’inadaptation des équipements à des besoins des agriculteurs et d’autre part le manque des pièces de rechanges (Fonteh, 2010), conduisant à l’incapacité d’entretenir et de renouveler les équipements en sont les raisons qui ont conduit à l’échec de ce programme.

Ainsi, les agriculteurs du Département n’échappent pas à la continuelle pénibilité du travail. La productivité des cultures chez les agriculteurs ne disposant pas d’équipement est amoindrie par les couts des prestations des travaux de labours qui peuvent absorber plus de la moitié des produits. La planche 2 ci-dessous, présente les différents matériels agricoles dans le Mayo Dallah.

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Planche 2: présentation du matériel utilisé dans le Mayo Dallah

Crédit photo : WAYANG Brice, 2021

Cette planche nous présente les différents matériels utilisés par les agriculteurs dans le Mayo Dallah. L’image 1, nous montre la charrue qui est utilisée pour le labour des terres cultivables et d’enfouir les résidus de précédentes cultures. L’image 2, nous montre le tracteur mis à la disposition des agriculteurs par le PNSA pour permettre de labourer rapidement les champs et limiter le travail manuel mais malheureusement inopérant et garé.

L’image 3, nous montre la houe qui est un instrument servant à ameublir le sol. En fin, l’image 4 nous montre la charrette qui transporte les fagots. Elle n’est pas réservée qu’aux travaux agricoles mais aussi à l’acheminement des bois, eau, briques et produits alimentaires vers les villages et les marchés.

Elle constitue le matériel de base de la mécanisation en dans cette zone et très donc active durant la saison sèche.

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2 Définition donnée par l’article 62 de la loi sur les nouvelles régulations économiques (NRE) du 15 mai 2001.

3 Auchan Les 4 Temps, La Défense.


Questions Fréquemment Posées

Quelles sont les principales cultures pratiquées dans le Département de Mayo Dallah?

Les principales cultures pratiquées dans le Département de Mayo Dallah incluent le maïs, le sorgho, l’arachide, le mil, le sésame, ainsi que des légumineuses comme le haricot et les courges.

Comment les agriculteurs du Mayo Dallah s’adaptent-ils à la variabilité pluviométrique?

Les agriculteurs du Mayo Dallah s’adaptent à la variabilité pluviométrique en diversifiant leurs sources de revenus et en modifiant leur calendrier agricole.

Quel est l’impact de la variabilité pluviométrique sur l’agriculture dans le Mayo Dallah?

La variabilité pluviométrique a un impact significatif sur l’agriculture dans le Mayo Dallah, entraînant une baisse des rendements agricoles et des effets socio-économiques négatifs.

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