Les stratégies d’implémentation du paludisme révèlent que le climat n’explique que 52% de l’incidence de la maladie à N’Djamena, laissant entrevoir des facteurs socio-économiques cruciaux. Cette étude met en lumière des dynamiques inattendues, essentielles pour comprendre et combattre le paludisme dans cette région.
Vecteurs du paludisme
Le vecteur du paludisme est le moustique femelle anophèle. Il y a plusieurs types d’anophèles : Anophèle funestus, An. gambiae, An arabiensis, An mascarensis…
Propriétés du vecteur
Les propriétés des Anophèles sont variables d’une espèce à une autre mais
globalement les Anophèles:
- Ont besoin de prendre des repas sanguins pour la maturation des œufs,
- Ont une espérance de vie de 3 à 12 semaines,
- Restent près de leur lieu de naissance (< 300 m),
- Piquent le plus souvent la nuit entre le coucher et le lever du soleil, mais aussi pendant la journée.
- Vivent dans ou hors des maisons (endophile / exophile),
- Préfèrent l’homme ou les animaux (anthropophile / zoophile),
- Abondent dans des gîtes préférentiels.
Le cycle de vie de l’Anophèle
Les moustiques ont un cycle biologique qui met en évidence le rôle direct et
indirect du climat et précisément de l’eau.
Selon Carnevale, et al (2009) le cycle biologique des anophèles comprend deux phases :
- Une phase aquatique pour les stades immatures, œuf, larves (avec 4 stades larvaires entrecoupées chacun d’une mue) et nymphe ; les stades larvaires concernent une période de croissance avec une augmentation notable de taille. Ce phénomène d’accroissement ne se retrouvera plus dans la phase ultérieure.
- Puis une phase aérienne pour le stade adulte ou imaginal. C’est la période de reproduction et de dispersion. Le male se nourrit exclusivement de jus sucres, tandis que la femelle s’alimente non seulement de jus sucres (qui procurent l’énergie nécessaire pour le vol) mais aussi de sang humain et (ou) animal qui permet le développement des ovaires. Chez les anophèles, seule la femelle est hématophage, et c’est au cours d’un repas de sang qu’elle peut ingérer et/ou transmettre le parasite.
Fig. 3 : cycle biologique des anophèles
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Source : Carnevale P, Robert V et al, 2009
Ce cycle est fondamentalement similaire pour tous les moustiques, mais avec des variations éthologiques selon les espèces et les conditions écologiques.
Cycle du plasmodium
Le plasmodium falciparum est l’un des eucaryotes unicellulaires causant le paludisme.
Caractéristique du parasite
Plasmodium falciparum est, avec d’autres parasites du genre Plasmodium (Plasmodium ovale, P. vivax, P. malariae…) l’un des agents pathogènes à l’origine du paludisme. Il s’agit d’un Eucaryote unicellulaire appartenant au taxon des Api complexés. La compréhension de son cycle de vie est indispensable pour maitrise de la maladie et aussi à la mise en place de moyens de lutte adaptés. Les caractères dérivés propres à ce groupe sont24 :
- La présence d’un complexe apical, qui correspond à un regroupement d’organites au niveau du pôle apical de la cellule (microtubules, vacuoles, ainsi que des organites sécréteurs spécialisés, les rhoptries, les micronèmes et les granules denses) ;
24 Pascal COMBEMOREL (2019) « Le cycle de vie de plasmodium falciparum » (article). planète Vie, Microbiologie. Version web : https://planet-vie.ens.fr/thematiques/microbiologie/eucaryotes- unicellulaires/le-cycle-de-vie-de-plasmodium-falciparum , publier le 02.09.19 et consulté 04. 06. 21
- Des centrioles, quand ils existent, constitués de neufs singulets de
microtubules (l’état ancestral étant la présence de neuf triplets) ;
- Un cycle de vie incluant une forme sporozoïte, produite par sporogonie
à l’intérieur de l’ookyste (ou oocyste).
Fig. 4 – Structure du sporozoïte des parasites du genre Plasmodium
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Auteur : Friedrich Frischknecht et Kai Matuschewski, 2020
Schéma montrant la position et la taille relative des organites d’un sporozoïte de Plasmodium. PRR : anneau polaire proximal, Mito : mitochondrie, PM : membrane plasmique (en bleu), ER : réticulum endoplasmique, IMC : complexe membranaire interne (en jaune), NPC : complexes des pores nucléaires, Ap : apicoplaste, MT : microtubules (en vert), DG : granules denses, Rho : rhoptries, Mic : micronèmes (en bleu), APR : anneau polaire apical. L’apicoplaste est un organite dérivé de l’endosymbiose d’une cyanobactérie et impliqué dans la synthèse d’isoprénoïdes.
Le cycle de vie du plasmodium falciparum
Le cycle de P. falciparum fait intervenir deux hôtes : un moustique anophèle femelle et un être humain. Avant un repas de sang, le moustique femelle injecte à l’être humain de la salive qui empêche la coagulation du sang. Ce faisant, le moustique peut également, s’il est infecté, injecter des sporozoïtes.
D’abord présents dans le derme, ces parasites rejoignent le sang puis le foie et pénètrent à l’intérieur des hépatocytes. S’ensuit alors un processus de reproduction asexuée par schizogonie. Le noyau subit de nombreuses divisions, sans qu’il y ait accroissement de la taille de la cellule. La forme multi nucléée qui en résulte subit alors une division du cytoplasme.
Cela aboutit à la formation de mérozoïtes uninucléées à l’intérieur de l’hépatocyte. La structure résultante est appelée schizonte.
Fig. 5 – Cycle de vie de Plasmodium falciparum
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Auteur : Pascal Combemorel, 2020
Lors d’un repas de sang, un moustique anophèle femelle peut être contaminé par ces gamétocytes. Ceux-ci vont, dans l’intestin de l’animal, se transformer en gamètes. Suite à la fécondation, le zygote obtenu devient un oocinète (ou ookinète), une forme mobile capable de franchir l’épithélium intestinal. Au niveau la lame base de cet épithélium, un ookyste à paroi épaisse se forme. C’est à l’intérieur de ce dernier que se déroule la méiose, puis une série de mitoses par sporogonie (divisions nucléaires rapides, suivies d’une division du cytoplasme), qui donne naissance aux sporozoïtes. Ces derniers, mobiles, migrent vers les glandes salivaires.
Le cycle de Plasmodium falciparum fait donc intervenir des étapes de reproduction asexuée par mitoses (schizogonie et sporogonie) et une étape de reproduction sexuée impliquant méiose et fécondation. Dans la mesure où la
fécondation se déroule chez les anophèles femelles, ce sont elles, au sens biologique, les hôtes définitifs du parasite. L’être humain devrait être considéré comme un vecteur. Cependant, au sens médical, on considère que l’être humain correspond à l’hôte tandis que les moustiques sont les vecteurs.
Une autre caractéristique de ce cycle est que le parasite est essentiellement haploïde au cours de celui-ci. La phase diploïde va du zygote jusqu’à l’ookyste uniquement. Il faut également noter que si certaines étapes du cycle sont intracellulaires (à l’intérieur des hépatocytes et des globules rouges), le reste du cycle de vie est constitué de formes extracellulaires.
La connaissance précise du cycle de Plasmodium falciparum, et notamment des acteurs moléculaires impliqués au niveau de chaque étape, est fondamentale pour la mise en place de moyens de prévention et de traitements efficaces.
De tout ce qui ressort de l’analyse de ce cycle, l’être humain devrait être considéré comme un vecteur. Cependant, au sens médical, on considère que l’être humain correspond à l’hôte tandis que les moustiques sont les vecteurs.
Facteurs de transmission et déterminants du paludisme
La transmission
Le paludisme étant une maladie vectorielle, sa transmission dépend d’un équilibre entre tous les éléments du cycle : le parasite, le vecteur, l’homme mais aussi leur environnement.
L’immunité humaine est un facteur important dans la transmission, en particulier chez les adultes dans les zones de transmission modérée à intense. Comme mentionné plus haut, l’immunité de type prémunition se développe après des années d’exposition et, bien qu’elle ne confère jamais une protection totale, elle réduit le risque que l’infection palustre cause des troubles sévères. C’est la raison pour laquelle la plupart des décès par paludisme en Afrique surviennent chez de jeunes enfants, tandis que, dans les zones de faible transmission et où la population est peu immunisée, tous les groupes d’âge sont exposés (S. AURELIA, 2011, p49).
Dans beaucoup d’endroits, la transmission est saisonnière avec un pic pendant ou juste après la saison des pluies. Des épidémies de paludisme peuvent survenir lorsque le climat et d’autres conditions favorisent soudainement la transmission dans des régions où les populations sont peu ou pas immunisées. Elles peuvent aussi survenir lorsque des personnes
faiblement immunisées se déplacent vers des régions de transmission intense, par exemple pour trouver du travail ou en tant que réfugiées25.
En bref, La transmission du paludisme est exclusivement liée aux piqûres de moustiques Anophèles. L’intensité de la transmission dépend de facteurs liés au parasite, au vecteur, à l’hôte humain et à l’environnement (OMS, 2014). Parmi ces facteurs nous pouvons citer :
- La durée de vie des espèces de vecteurs ;
- La dynamique vectorielle
- Les espèces d’anophèles
- Les conditions climatiques;
- Les environnements propices au développement des moustiques
Anophèles.
Partant de tout ce qui précède, nous allons contextualiser l’effet du climat sur le paludisme dans la ville de N’Djaména pour dégager la responsabilité étiologique du climat à l’échelle de la ville.
25 Fiche d’information et guide pratique de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour les
voyageurs, 2017
Questions Fréquemment Posées
Quels sont les vecteurs du paludisme?
Le vecteur du paludisme est le moustique femelle anophèle, avec plusieurs types comme Anophèle funestus, An. gambiae, An arabiensis, et An mascarensis.
Comment se déroule le cycle de vie de l’Anophèle?
Le cycle biologique des anophèles comprend deux phases : une phase aquatique pour les stades immatures (œuf, larves, nymphe) et une phase aérienne pour le stade adulte.
Quelle est la caractéristique principale de Plasmodium falciparum?
Plasmodium falciparum est un eucaryote unicellulaire et l’un des agents pathogènes à l’origine du paludisme, avec un cycle de vie incluant une forme sporozoïte.