Quelles stratégies d’implémentation pour les agriculteurs de Mayo Dallah en 2023 ?

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🏫 UNIVERSITÉ DE DSCHANG - ÉCOLE DOCTORALE - DSCHANG SCHOOL OF ARTS AND SOCIAL SCIENCES
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master recherche - Juillet 2022
🎓 Auteur·trice·s
REOUNODJI ELOGE
REOUNODJI ELOGE

Les stratégies d’implémentation agricole révèlent comment les agriculteurs du Mayo Dallah s’adaptent à la variabilité pluviométrique. Découvrez les méthodes innovantes qu’ils adoptent pour surmonter les défis climatiques et améliorer leur résilience socio-économique face à des rendements en baisse.


Les autres stratégies d’adaptations paysannes

4.1- Organisation des prières et des sacrifices

Face au retard et à l’arrêt brusque des pluies, les réactions des paysans varient en fonction de leurs croyances. Selon les résultats de l’enquête, en cas d’arrêt brusque des pluies 27% ont affirmé qu’à chaque fois que cette situation arrive, ils se tournent vers Dieu tout puissant à travers des prières non seulement individuelles, mais aussi, collectives dans les mosquées et églises.

34% font des sacrifices qui consistent à collecter les mil par ménage pour ensuite préparer pour offrir aux divinités du village. Cette offrande est accompagnée par des cris et des battements des mains et des objets par les enfants du village. Ensuite 22% procèdent au réémis et au repiquage et 13% font appel aux faiseurs des pluies chargé de faire des rites pour attirer la pluie en fin 4% procèdent à l’arrosage surtout pour la culture du sorgho.

La figure 37 ci-dessous présente les réactions des agriculteurs.

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Arrosage 4%

Offrandes/sacrifices aux divinités de la pluie

34%

Contribution des faisseurs de pluie 13%

Priére dans les églises et mosquées 27%

Ré-semis et repiquage 22%

Figure 36: comportement des agricultures face au retard des pluies

Source : Enquête de terrain, 2022

– Intensification de l’utilisation des intrants

Selon les résultats des enquêtes, 85,9% des agriculteurs utilisent les intrants. Selon eux, les chances de tirer une production acceptable ou de tirer profil des champs de maïs, sorgho, arachide et mil sans l’usage des engrais agricoles sont minimes voire difficiles. Ainsi, la part des engrais chimiques est 52%, celle des engrais chimiques et organiques est de 43% et celle des engrais organiques est seulement de 5%.

La variabilité des précipitations constitue un supplément aux problèmes de la fertilité des sols qui se pose dans cette localité. Pour les agriculteurs, pour que le maïs, le sorgho, l’arachide et le mil puissent achever leur cycle végétatif avant l’arrêt brusque des pluies, il faut leur ajouter des intrants. Ces derniers sont soit achetées dans les marches locaux avec tous les risques possibles et parfois vendu régulièrement aux producteurs par le secteur ANADER pour leur permettre d’augmenter les rendements.

La figure ci-dessous présente les pourcentages d’utilisation des engrais par les agriculteurs dans le Mayo Dallah.

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Engrais chimique et organique 43%

Engrais Organique 5%

Engrais Chimique 52%

Figure 37: Usage des intrants

Source : Enquête de terrain, 2022

– Cultures des variétés à cycle court

Pour contrecarrer les péjorations pluviométriques (raccourcissement de la saison des pluies) de ces dernières années, les agriculteurs du Département de Mayo Dallah expriment de plus en plus un intérêt pour les variétés précoces comme une bonne réponse. Ces semences sont soient produites et sélectionnées par les agriculteurs, eux-mêmes, soient achetées dans les centres de productions semencières tels que : ILOD et CECADEC.

Mais les risques sont énormes à cause du manque de tests de germination et de leurs exigences en termes de fertilité du sol et en eau. Selon le rapport mensuel de la DSA (2020), cette situation augure les paysans à ressemer les cultures. Parmi ces variétés, le maïs, le sorgho et l’arachide sont les plus sollicités.

Par contre le mil est utilisé en grande partie en variété à cycle longue à cause de ta tolérance à la sècheresse.

– Pratique du maraichage

Bien qu’elle soit moins développée dans la localité du fait du manque des moyens financiers et techniques adéquates. Les activités maraichères sont développées dans certains villages (Erdé, Doutlap, Rawaika, Zabi…) avec les appuis des partenaires au développement que sont : FAO et les ONG intervenant dans la Province. Ce sont des appuis en matériels agricoles pour les cultures de contre saison et le renforcement des capacités des bénéficiaires.

Plusieurs espaces maraichères ont été aménagés pour la mise en place des cultures dont les principales sont : les légumes, les tomates, l’ognon, les carottes…. (Planche 11)

Planche 11: Pratique du maraichage

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Cette planche montre le maraîchage dans le Mayo Dallah plus précisément dans le de Doutlap pour compléter la production agricole pluviale déficitaire. L’image 1 présente une branche du cours d’eau Mayo Dallah qu’on s’en sert pour arroger les cultures, l’image 2 présente un jardin de gombo vert et en fin l’image 3, montre un agriculteur entrain de déterrer les oignons

Crédit photographique : Eloge, 2022

– Changement progressive du calendrier agricole

Elle est la première réponse spontanée pour faire correspondre le cycle des cultures avec la configuration actuelle des saisons. En général, la date de semis est déterminée par le début des pluies. Nombreux (74,4%) sont les agriculteurs qui affirment que la tendance est au retard dans le démarrage des pluies. Ainsi, les perturbations entrainent le retard des travaux champêtres notamment le labour, le semis et le sarclage.

La date de semis a connu un décalage comparativement à la situation ancienne. En effet, 65,2% des agriculteurs enquêtés affirment faire le semis entre mi-juin et début juillet et 82,5% affirment le faire jadis entre mai et début juin. Les poches des sècheresses répétées, les arrêts précoces des pluies et la fréquente mauvaise répartition des pluies ont rendu difficile le respect du calendrier.

Tableau 21: Calendrier agricole dans le Mayo Dallah

Ancien Calendrier
ActivitésJan.Fév.MarsAvrilMaiJuinJuil.AoûtSept.Oct.Nov.Déc.
Défrichement
Labour
Semis
Sarclage
Recolte
Nouveau Calendrier
Defrichement
Labour
Semis
Sarclage
Recolte

Source : Enquête de terrain, 2022

– Stratégie d’association des cultures

En réponse à la dégradation de la fertilité des sols et surtout de l’attaque du striga, mais aussi pour parer aux péjorations pluviométriques, les agriculteurs du Mayo Dallah associent d’avantages les cultures dans le but de réduire leur dépendance économique et alimentaire. Ces association sont faites dans le but de réduire les risques mais aussi d’améliorer la fertilité des sols par la fixation de l’ajout atmosphériques, car le niébé et l’arachide associés sont des légumineuses.

Dans le Mayo Dallah, 70,4% des agriculteurs contre 29,7% associent les cultures. Les associations les plus fréquentes sont : sorgho-arachide, arachide-pénicillaire, maïs-haricot ou l’arachide est semé en premier lieu etc….Par ailleurs, 93% contre 7% des agriculteurs diversifient les cultures dans le but de réduire leur dépendance économique et alimentaire.

– Diversification des activités génératrices des revenues

La mise en œuvre d’activités complémentaires génératrices de revenus agricoles ou extra agricoles, est un mécanisme mis en place par les petits agriculteurs pour subvenir aux besoins de leurs familles. Dans notre zone d’étude 63,2% des agriculteurs ont déclarés exercer une activité secondaire à cause de l’instabilité notoire des revenus, qui leur permet de gérer les petites charges familiales.

Diverses activités sont menées comme le développement du petit élevage ou de cultures de maraichères, le tressage des secco, le tissage des nattes en saison sèche, la transformation des produits, et la fabrication des briques. Il faut préciser également que le revenu de ces activités secondaires reste toujours faible et ne permet toujours pas de combler la baisse de revenus.

– Solidarité dans les travaux champêtres et entraide

Ces stratégies sont employées pendant les périodes des soudures et pendant les périodes ou commencent les activités agricoles.

Pendant les périodes des activités agricoles, des associations des jeunes appelées « Groupe des jeunes » et certaines associations villageoises s’organisent à tour de rôle pour s’aider dans les travaux champêtres et aussi aider les personnes les plus vulnérables du village. Par ailleurs, pendant les périodes de soudures et familles ou les ressources alimentaires deviennent rares, les personnes se trouvant dans l’insécurité reçoivent l’entraide dans le cercle restreint de leur famille ou auprès des voisinages.

Notons également que le manque des mécanismes de soutien au niveau des structures de l’Etat pouvant leur permettre d’accéder facilement à la nourriture constitue un manque à gagner dans cette localité.

LES LIMITES ET CONTRAINTES LIEES AUX STRATEGIES D’ADAPTATIONS PAYSANNES

Face aux effets induits par la variabilité pluviométrique, Les agricultures du Mayo Dallah avec les petits moyens dont ils disposent, s’adaptent comme ils peuvent car, avant tout, il est d’abord question de l’agriculture don de leur survie. Ainsi, ils ont initié plusieurs mesures afin de réduire leur vulnérabilité. Malgré, les appuis des organismes étatiques et privés, la situation semble être toujours inquiétante car les revenus des ménages demeurent toujours très instables.

Cette persistance de la vulnérabilité est due à un certains nombres de contraintes :

  • Le manque d’une franche collaboration entre les agricultures, les associations villageoises et les structures d’intervention dans la concrétisation des actions d’adaptation aux changements climatiques ;
  • Le manque d’un bon système d’échange de savoir et de savoir -faire entre agriculteurs,
  • La pauvreté ; c’est sans doute la principale contrainte qui limite les agriculteurs dans leurs efforts d’adaptation. Les agriculteurs enquêtés affirment être manqués des moyens techniques et financiers pour l’achat des matériels, des semences améliorées, des produits phytosanitaires, les intrants homologués etc…
  • La dépendance en majeure partie des travaux par des matériels rudimentaires, comme par exemple la houe, témoigne du non mécanisation effective de l’agriculture dans le Mayo Dallah. l’usage d’engrais chimique non homologué entraine à long terme la baisse de la fertilité des sols. L’adoption des nouvelles variétés culturales exige non seulement une technique appropriée mais aussi, la dépendance des paysans vis-à-vis du personnel des services agricoles (ITRAD, ANADER) et les récoltes sont difficiles à conserver.
  • Le manque d’encadrement des paysans dû à la défaillance des structures d’encadrement (ANADER) l’encadrement des paysans dont les actions sur le terrain est malheureusement insuffisant et limitées. Certains paysans ignorent parfois l’existence d’une structure d’encadrement agricole dans leur localité. Le personnel, notamment les agents de vulgarisation agricoles ne disposent généralement pas assez des moyens de locomotion adéquate et du personnel pour faire les descentes sur le terrain et aller au contact des paysans et font face également à un manque du personnel.
  • La récurrence des conflits fonciers et agriculteurs/éleveurs

Questions Fréquemment Posées

Quelles sont les stratégies d’adaptation des agriculteurs face à la variabilité pluviométrique à Mayo Dallah ?

Les agriculteurs de Mayo Dallah ont développé diverses stratégies d’adaptation, notamment la diversification des sources de revenus, la modification du calendrier agricole, l’intensification de l’utilisation des intrants, et la culture de variétés à cycle court.

Comment les agriculteurs de Mayo Dallah réagissent-ils au retard des pluies ?

Face au retard des pluies, 27% des agriculteurs se tournent vers Dieu par des prières, 34% font des sacrifices, 22% procèdent au réémis et repiquage, et 13% font appel aux faiseurs de pluie.

Quel est l’impact de l’utilisation des intrants sur la production agricole à Mayo Dallah ?

85,9% des agriculteurs utilisent des intrants, car ils estiment que les chances de produire des rendements acceptables sans engrais sont minimes. L’utilisation d’engrais chimiques est de 52%, tandis que les engrais organiques représentent seulement 5%.

Pourquoi les agriculteurs choisissent-ils des variétés à cycle court ?

Les agriculteurs choisissent des variétés à cycle court pour faire face au raccourcissement de la saison des pluies, car ces semences permettent d’achever le cycle végétatif avant l’arrêt brusque des pluies.

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