Comment les agriculteurs de Mayo Dallah s’adaptent-ils aux défis climatiques?

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🏫 UNIVERSITÉ DE DSCHANG - ÉCOLE DOCTORALE - DSCHANG SCHOOL OF ARTS AND SOCIAL SCIENCES
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master recherche - Juillet 2022
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REOUNODJI ELOGE
REOUNODJI ELOGE

L’adaptation des agriculteurs au climat est cruciale face à la variabilité pluviométrique dans le Département de Mayo Dallah. Cette étude révèle comment les agriculteurs innovent pour surmonter les défis climatiques, soulevant la question : quelles stratégies garantiront leur résilience à long terme ?


PRODUCTION AGRICOLES DEPENDANTE DE LA VARIABILITE PLUVIOMETRIQUE

Dans la zone tropicale, le paramètre climatique ‘’la pluviométrie’’ est un déterminant de la croissance et des rendements des cultures vivrières, car elle constitue la principale source d’humidité des sols. Sa variation (stress hydrique) entrave la croissance des plantes dans leurs différents stades de croissances.

Les cultures d’arachide et de maïs dans le Mayo Dallah se pratiquent annuellement et dépendent en grande partie du début de la saison des pluies, de leur quantité et de leur intensité qui tombent durant la saison de croissance et en fin du moment où les pluies s’arrêtent. Les cultures d’arachide et de maïs présentent trois principaux phases de croissances : la phase végétative, la phase reproductive et enfin la phase de maturation.

Les besoins en eau de ces deux cultures varient en fonction de stade de croissance. Pour des raisons de la tendance à l’utilisation des plantes à cycle court comme une stratégie palliative aux variations saisonnières des pluies et de l’insuffisance des données sur les besoins de ces cultures à cycle longues, l’attention sera accordée à une variété d’arachide à cycle court et une variété à cycle longue de maïs.

Variabilité saisonnière et productions d’arachide

1.1- Les effets observables de la variabilité pluviométriques sur la culture d’arachide

L’arachide est une plante relativement résistante à la sècheresse comme mentionné ci-dessus. Toutefois ses bonnes performances sont très liées à une bonne réserve en eau du sol au moment du semis suivie d’une bonne répartition des pluies. Pour un cycle de 90 jours, il faut à l’arachide pour boucler son cycle végétatif à une hauteur d’eau comprise de 300-500 mm de pluie pour les variétés hâtives à petites graines et 800-1200 mm pour les variétés tardives à grosses graines.

Les besoins en eau de l’arachide varient en fonction de stade de croissance ou du cycle de la plante qui peut être découpé en quatre phases correspondant à des besoins variables en eau. Ainsi, pour une variété de 90 jours et dans les conditions sahéliennes, les besoins en eau ont été évalués dans le tableau 13 ci-dessous.

Tableau 13: besoin en eau d’une variété d’arachide de 90 jours

Tableau 13: besoin en eau d’une variété d’arachide de 90 jours
Phases du cycleBesoins en eau
Semis-levée (0-20 jours)3,5 mm/jour
Floraison (21-40 jours)5,2 mm/jour
Formation de gousses et remplissage (41-70 jours)4,4 mm/jour
Maturation3,9 mm/jour

Source : Mayeux, (2021)

L’arachide présente des stades de sensibilité variables à la sécheresse : les besoins en eau sont élevés au moment de l’imbibition de la graine qui, une fois la germination amorcée, craindra l’excès d’eau. La période de floraison-formation des gousses (30-70 JAS) correspond à une phase de sensibilité à la sécheresse, alors que la phase finale de maturation sera favorisée par une sécheresse relative, des pluies à ce stade pouvant en outre provoquer des germinations sur pied chez les variétés non dormantes.

Le tableau ci-dessous présente les niveaux de sensibilités de l’arachide en fonction des stades de croissance.

Tableau 14: stades de croissance d’arachide sensibles au stress hydrique et leur durée de 1991 à 2021

ActivitésStades de croissanceMoisOptimum de pluiePluie enregistréeBesoin en eauObservation de la situation
Nettoyage des champsMars avril1,8 mmPas besoin d’eau
LabourAvril/ mai27- 105 mmNécessite un peu dans les champsQuantité suffisante dans les champs pour débuter le labour (manuel ou mécanique)
Semis et 1er sarclagePhase végétative (semis-levée)Mai/ juin (30 jours)Au moins 100 mm de pluie105-141 mmExige beaucoup d’eau dans les champsQuantité d’eau assez suffisante dans les champs.
Traitement et 2e sarclagePhase reproductive (Floraison et remplissage de gousses)Juillet et Août (45 jours)200 mm200-278 mmPlus d’eau dans les champsQuantité légèrement supérieure par rapport aux besoins de la plante en août (des champs observés en 2020, 2021, 2018, 2016, 2012), beaucoup d’eau dans les champs.
Traitement et récoltePhase de maturationAoût et Septembre (30 jours)Ne requiert pas d’eau191 mmPas d’eau dans les champsQuantité d’eau assez importante dans les champs, ce qui peut entrainer le prolongement de la saison susceptible d’entrainer à ce stade la germination sur pieds chez les variétés non dormantes et le développement des champions.

Source : Travail de terrain, 2022

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1.2- Corrélation entre les précipitations et la production d’arachide.

L’identification de l’influence des paramètres climatiques (précipitations et température) sur la variation des productions observée dans le Mayo Dallah durant la période de la croissance des cultures sera faite grâce au coefficient de corrélation de Pearson. Ainsi, les valeurs du coefficient varient de -1 à +1 (r=-1 explique une corrélation négative parfaite, r=+1 représente une corrélation parfaite et positive et r=0 le lace de corrélation).

Elle permettra également de déterminer la force des relations qui existe, ensuite le calcul du coefficient de détermination qui mesure les proportions de la variance d’une variable qui est expliqué par une autre variable à l’étude. Cette méthode a été appliquée par plusieurs chercheurs dont nous retenons ici, Amawa et al, (2015) et Moyé (2015) pour étudier la relation entre les éléments climatiques sur les rendements des cultures.

La variabilité pluviométrique étudiée le Mayo Dallah a une relation directe avec la production culture d’arachide. Cette corrélation est établie grâce à la corrélation de Pearson et présentée dans le tableau 15 ci-dessous.

Tableau 15: résumé des résultats du test de corrélation de Pearson (production d’arachide et précipitations)

Variables testésCorrélation de PearsonCoefficient (r)Coefficient de détermination (r²)Proportion de la précipitation dans le changement
Pluie de la saison de croissance et production d’arachide0,150,0242, 40%

Corrélation significative au seuil de 0,05 (test bilatéral)

Source : Travail de terrain, 2022

La variabilité pluviométrique étudiée dans le Mayo Dallah sur la période de 1990-2021, marquée par des fluctuations saisonnières et mensuelles qui constituent les moments cruciaux pour la croissance des plantes de cette agriculture pluviale, n’est pas sans conséquence sur la production. L’analyse de la corrélation a révélé qu’il existe une relation positive (+0,15) avec la production d’arachide, ceci explique que la pluie a très peu contribué à assurer une augmentation de la production d’arachide.

Le coefficient de détermination qui est 0,024 indique lui que les précipitations n’avaient contribué qu’à la hauteur de 2,4% aux variations de la production. Par ailleurs, les fluctuations de la production de cette culture peuvent être imputées à d’autres facteurs explicatifs non climatiques (les techniques agricoles, les semences utilisées, l’utilisation des engrais, l’augmentation des superficies des cultures suite à la croissance démographique,…).

L’utilisation de la fonction régression a montré une forte corrélation entre la production d’arachide et la variabilité pluviométrique (figure 28).

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Régression de la pluie et la production

50000

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y = -20,205x + 36657 R² = 0,024

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10000

0

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Précipitations de la saison de croissance

Production d’Arachide

Figure 28: Nuage des points montrant l’analyse de la régression entre la pluie de la période de croissance et avec la production d’arachide de 2017 à 2021.

Source : ANADER, DREM, 2022

Il ressort de l’analyse de la régression, que le prédicteur ne représente que 2,40% des variations de la production et était significatif à un intervalle de confiance de 95%. Les autres facteurs explicatifs non climatiques dans le modèle représentent une proportion de 97,6% de variation observée de la production d’arachide. Ainsi, le changement de la production moyenne était de -20,205 + 36657 tonnes/an pour la période à l’étude.

Ainsi, les décalages saisonniers sont également responsables de la baisse régulière de productions (Gerald et al. 2009). Mais, ce faible niveau d’indication du prédicateur peut s’expliquer aussi par l’intervention des autres facteurs non climatiques. C’est ce que confirment les travaux de Noufé et al, (2015), Bertrand (2014) et Sosa (2001), pour qui, le choix variétal, l’utilisation d’engrais, la fertilité des sols, l’articulation des pratiques, les ravageurs et ennemis de cultures constituent des facteurs déterminants des rendements.

Variabilité saisonnière et productions du maïs

2.1- Les effets observables de la variabilité pluviométriques sur la culture du maïs

Il a été estimé qu’il faut une moyenne mensuelle de 100 mm d’eau durant toute la période de sa végétation. Le maïs est une plante exigeante en eau, surtout en phase de germination, croissance, floraison, fécondation et grossissement des grains. Mais la période la plus critique s’étend sur les 15 jours qui précèdent et les 15 jours qui suivent l’apparition des inflorescences mâles (Hubert, 1978 ; Cirad-gret, 2002). Le tableau 16 et la planche 10 ci-dessus présentent les niveaux de sensibilité du maïs en fonction des stades de croissances.

Tableau 16 : Stades de croissance du maïs sensibles au stress hydrique et leur durée de 1991 à 2021

ActivitésPhaseMoisOptimum de pluiePluie enregistréeBesoin en eauObservation de la situation
Nettoyage des champsMars avril1,8 mmPas besoin d’eau
LabourAvril et mai (arrivée des premières pluies)27- 105 mmNécessite un peu dans les champsQuantité d’eau nécessaire pour les labours (manuel ou mécanique)
Semis et 1er sarclagePhase (végétation croissance)végétativeJuin et juillet (45 jours ou deux premiers mois de début de croissance)200 mm de pluie141-200 mmExige d’eau champsbeaucoup dans lesMoins d’eau par rapport aux besoins de la plante pendant le mois de juin, susceptible de limiter la croissance de la plante, par contre le mois de juillet est normal
Traitement sarclageet2ePhase reproductive (floraison et fructification)Juillet à Août (45 jours après la phase de croissance)200 mm de pluie200 -278 mmPlus d’eau dans les champsQuantité d’eau normale pour le mois de juin et par contre quantité légèrement supérieure aux besoins de la plante en juillet (inondations des champs observés en 2020, 2021, 2018, 2016, 2012)
Traitement et récoltePhase de maturation (Maturation et récolte)Septembre à octobre (30 jours suivie de la récolte)Ne demande pas de pluie67- 191 mmPas d’eau dans les champsQuantité importante d’eau dans les champs, susceptible d’affecter la qualité et le rendement du maïs.

Source : Travail de terrain, 2022

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Planche 10: Champs de maïs et arachide sensible au stress hydrique dans le canton Lamé

Source : Brice, 2021 et Alwida infos 2022

Cette planche présente trois champs de maïs dont l’un en association avec l’arachide de différents stades de croissances face au stress hydrique. Comme présenté dans le tableau 16, les besoins en eau du maïs varient en fonction de stade de croissance. L’image 1 nous montre un champ de maïs en phase végétative qui a été lessivé par une grosse pluie en 2021. Les images 2 et 3 montrent deux champs de maïs, l’un en association avec l’arachide, complètement inondés par des grosses pluies dans le canton Lamé en juillet 2022.

Cette inondation avait détruit des dizaines d’hectares de terres de champs, emporté plusieurs animaux et aussi plusieurs familles sinistrées se retrouvent sans abris. Lors des enquêtes, 95% des agricultures affirment que l’inondation complète des champs de maïs entraîne l’asphyxie des racines et se solde par l’abandon des champs, par contre les champs de maïs soumis aux fortes précipitations pendant les phases critiques se soldent par une mauvaise formation des épis et la baisse des rendements considérables.

2.2- La corrélation entre les précipitations et la production du maïs

Tout comme l’arachide, la variabilité pluviométrique a une relation directe avec la production culture du maïs. Cette corrélation est établie grâce à la corrélation de Pearson et présentée dans le tableau 17 ci-dessous.

Tableau 17: Résumé des résultats du test de corrélation de Pearson (production du maïs et précipitations)

Variables testésCorrélation de PearsonCoefficient (r)Coefficient de détermination (r²)Proportion de la précipitation dans le changement
Pluie de la saison de croissance et production du maïs0,3650,1313, 15%

Corrélation significative au seuil de 0,05 (test bilatéral)

Source : Travail de terrain, 2022

L’analyse de la corrélation a révélé qu’il existe une relation positive (+0,36) avec la production d’arachide, ceci explique que la pluie a peu contribué à assurer une augmentation de la production du maïs. Le coefficient de détermination qui est 0,131 indique lui que les précipitations n’avaient contribué qu’à la hauteur de 13,15% aux variations de la production.

Cependant, il existe d’autres facteurs susceptibles de contribuer à l’augmentation de la production de maïs (les techniques agricoles, les semences utilisées, l’utilisation des engrais, l’augmentation des superficies des cultures suite à la croissance démographique,…).

En effet, l’application de la régression linéaire révèle une corrélation forte entre les précipitations et la production du maïs. (Figure 29).

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régression entre la pluie et la production

y = 50,959x + 15413 R² = 0,1315

0,00 100,00 200,00 300,00 400,00 500,00

Précipitations de la saison de croissance

Production du maïs

Figure 29: Nuage des points montrant l’analyse de la régression entre la pluie de la période de croissance et avec la production du maïs de 2017 à 2021.

Source : ANADER et DREM, 2022

Pour la production du maïs, le prédicateur représente 13,15% des variations de la production et était significatif à un intervalle de confiance de 95%. L’interception de la régression représente le changement moyen avec les précipitations de période de croissance maintenues constantes. Ainsi, le changement de la production moyenne était de 50,959 ± 15413 tonnes/an pour la période à l’étude. Ainsi, les décalages saisonniers ont pour corollaire une baisse régulière et effective de rendements ou de productions (Gerald et al. 2009, PAM et FAO 2009).

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2 Définition donnée par l’article 62 de la loi sur les nouvelles régulations économiques (NRE) du 15 mai 2001.

3 Auchan Les 4 Temps, La Défense.


Questions Fréquemment Posées

Comment la variabilité pluviométrique affecte-t-elle la culture d’arachide dans le Mayo Dallah?

L’arachide est une plante relativement résistante à la sécheresse, mais ses bonnes performances dépendent d’une bonne réserve en eau du sol au moment du semis et d’une bonne répartition des pluies.

Quels sont les besoins en eau de l’arachide durant son cycle de croissance?

Pour une variété d’arachide de 90 jours, les besoins en eau varient de 3,5 mm/jour lors de la phase de semis-levée à 5,2 mm/jour durant la floraison.

Quelles stratégies d’adaptation les agriculteurs de Mayo Dallah utilisent-ils face aux défis climatiques?

Les agriculteurs ont développé diverses stratégies d’adaptation, notamment la diversification des sources de revenus et la modification du calendrier agricole.

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