Le développement durable au Tchad est au cœur de cette étude qui révèle comment les aménagements maraîchers soutenus par le PAM favorisent la résilience face aux défis climatiques. Découvrez les facteurs clés qui transforment ces initiatives en véritables leviers de durabilité pour les communautés locales.
- Position géographique : l’aménagement est implanté dans le terroir villageois et dans les limites plus proches du village. Cela facilite en termes de distance à parcourir pour se déplacer sur les périmètres. L’aménagement peut aussi être réalisé à la frontière de plusieurs villages, ce qui permet aussi la co-exploitation entre plusieurs villages.
- Opérer l’implantation du site, de préférence sur l’espace littoral, ou de géologie favorisant la mobilisation des eaux de surface ou de profondeur ;
- Faire une étude ou de choix de sols aux conditions écologiques facilement maîtrisable et favorable à la diversification de cultures ;
- Privilégier l’usage de matériels de moindre impact sur le sol et sur l’environnement et accessible localement ou dans les marchés locaux aux coûts abordables.
- Privilégier la pratique de la culture intensive par association ou rotation de cultures.
- Choisir de variétés de court cycle, et dont les produits répondent aux habitudes alimentaires locales et sollicités sur les marchés locaux ;
- Préconiser l’association de l’élevage, surtout de petits ruminants et de volailles, dont on se sert de la bouse comme fertilisant, …
- Les Groupements d’exploitants et les comités de gestion nécessitent d’être formés régulièrement pour une bonne maîtrise de techniques de travail ;
- Encourager et vulgariser les initiatives en matière de création de coopératives d’épargne et de banques de céréales ;
- Consolider les bases de développement intercommunautaire et de renforcement de la cohésion sociale nés de la co-exploitation des aménagements communautaires ;
- Encourager l’essor de la gente féminine et l’organisation en groupements qui sont une libération de forces de lutte contre la pauvreté, et dont on peut utiliser le cadre,
également au service de la lutte contre les pesanteurs sociales que sont l’analphabétisme, le mariage précoce, la surnatalité, le complexe sexiste, etc.
- Soutenir la vulgarisation de la stratégie de Jardin de Vie, c’est-à-dire, l’exploitation des aménagements maraîchers par les parents d’élèves pour avoir de produits alimentaires pour la prise en charge de cantine scolaire qui est un instrument qui favorise la réussite scolaire des enfants dans le département du Guéra ;
- Par rapport à la commercialisation, il importe de répandre la spécialisation par de sites de production, afin d’éviter la saturation des marchés par les mêmes produits et leur conséquence de mévente.
- Répandre la complémentarité de la polyculture, offrant à la fois, le foin pour l’élevage de petits ruminants et de la bouse pour les cultures.
- Vulgariser l’arboriculture fruitière qui est d’un grand potentiel nourricier et favorable au développement de la biodiversité.
- Pratiquer les techniques d’enherbement et de haies vives en vue de la protection d’ouvrages contre l’érosion et l’ensablement, et de recouvrement du couvert végétal qui est un récepteur de rayonnement incident et facteur limitant d’évaporation.
Le ravalement de margelles de bassins de rétention par enherbement ou par reboisement ; la réalisation de canalisations maçonnées ; le pavage de marge de puits, le curage régulier de boue de décantation, etc. sont utiles pour la stabilité des ouvrages. Pour une exploitation durable, les producteurs doivent manœuvrer les techniques appropriées de production, mais ils doivent également assurer la protection des ouvrages et de l’espace de manière générale.
- Former et doter les exploitants en matière de production de semences.
- Former et doter les exploitants en matière de conditionnement et de transformation de leurs produits.
- Développer les techniques de serre, les haies et l’arboriculture pour protéger les cultures de l’ensoleillement.
- Former les exploitants en matière de comptabilité et de statistiques pour la gestion de leurs activités.
- Faire de forages mécaniques et éoliens qui pompent la nappe phréatique, pour pallier aux problèmes de tarissement de bassins et de puits, qui limite les activités.
AXES FAVORABLES À LA PÉRENNISATION DE L’EXPLOITATION
- Former et doter les exploitants en matière de production de semences.
- Former et doter les exploitants en matière de conditionnement et de transformation de leurs produits.
- Développer les techniques de serre, les haies et l’arboriculture pour protéger les cultures de l’ensoleillement.
- Former les exploitants en matière de comptabilité et de statistiques pour la gestion de leurs activités.
- Faire de forages mécaniques et éoliens qui pompent la nappe phréatique, pour pallier aux problèmes de tarissement de bassins et de puits, qui limite les activités.
CONCLUSION GÉNÉRALE
L’appropriation par les acteurs locaux est la condition fondamentale pour la durabilité des projets et actions de développement. Il est admis que, le manque de viabilité qui caractérise les projets réalisés en Afrique subsaharienne, résulte du fait que les destinataires desdits projets ne les ont pas appropriés.
Les acteurs locaux et les populations manquent de capacités et de compétences, ni pour la pérennisation de résultats de projets qui leurs sont réalisés, ni pour valoriser et utiliser de manière rationnelle et durable les potentialités de leurs terroirs. Pour cause, il a été indexé l’approche dite centraliste et verticale des agents institutionnels, excluant les acteurs locaux de l’élaboration de projets territoriaux et ne leur faisant pas ou peu de place dans leurs exécutions. Ce qui, en elle, déresponsabilise les populations vis-à-vis des réalisations, et leur est sans apport professionnalisant.
L’implication des populations dans les projets territoriaux de développement par de méthodes dites participatives est vue comme gage, d’abord de leur réussite, puis de leur pérennisation.
Les projets de renforcement de la résilience réalisés dans le département du Guéra ont été préparés et exécutés conjointement entre les structures de l’Etat, les Organisations Non Gouvernementales et les populations bénéficiaires. Les producteurs ont témoigné de leur participation à l’ensemble des activités, et ont confirmé la pertinence de la stratégie d’empowerment et de ce système multi-acteur qui a déclenché leur autopromotion.
Les ouvrages ont amélioré les conditions de travail et l’accès à l’eau de production. Pratiqué en contre-saison, le maraîchage pourvoit aux besoins alimentaires, économiques et monétaires des ménages, pour lesquels la plupart avait pour seul moyen sûr de subsistance l’agriculture hivernale. L’exploitation d’aménagements maraîchers impulse le développement local et renforce la cohésion intercommunautaire, grâce à l’élan participatif.
Les exploitants, quels qu’ils soient, se reconnaissent par la propriété commune de périmètre maraîcher, de structures inclusives de gestion et d’épargne. Les aménagements maraîchers sont devenus un cadre local de dialogue et d’émancipation des femmes qui ont le monopole de l’activité de maraîchage.
La détermination des bénéficiaires que démontre leur organisation pour la pérennisation des activités prouve que la méthode participative a été à même de les insuffler de l’énergie de vouloir et de pouvoir, et que, la pertinence du maraîchage de contre-saison est le facteur principal de leur motivation.
Il est question que l’Etat participe véritablement au développement de ces aménagements maraîchers en déléguant de services techniques et de moyens nécessaires pour soutenir l’effort des producteurs en vue de la meilleur bonification d’appui apporté par les partenaires privés. Car les défis restent encore grands en termes d’insuffisances matérielles, techniques et institutionnelles. L’appui de partenaires privés a, certes, contribué au renforcement des capacités des producteurs, mais, il est d’un apport ponctuel et discontinu, auquel il est nécessaire de lui substituer une intervention continue pour éviter la déliquescence d’investissement ainsi réalisé. C’est le rôle dévolu à l’Etat. C’est pourquoi, la part du budget public qui revient au développement de maraîchage, doit être investi de manière rationnelle au service d’aménagement maraîcher, et servir pour la consolidation d’ouvrages et la professionnalisation des producteurs.
En effet, l’appropriation par les bénéficiaires, n’exclut nullement l’interventionnisme extérieur, dont celui de l’Etat et d’autres partenaires. En appuyant ces activités, le gouvernement, le PAM et les ONGs, ne font que remplir leur responsabilité. Ils sont les dépositaires des engagements et objectifs globaux comme la lutte contre la pauvreté, l’adaptation au changement climatique ou le développement durable. Pour cela, ils ont l’obligation de les traduire en actes les engagements pris et les ressources perçues au nom de ces objectifs. C’est le cas des projets de renforcement de la résilience réalisés dans le département du Guéra, qui sont la traduction des objectifs issus de l’accord de Paris30 sur le changement climatique et de sommet mondial sur l’action humanitaire d’Istanbul31.
Les rendements issus de l’exploitation des aménagements maraîchers dans le Guéra, sont relativement faibles et proportionnels aux capacités et aux techniques de travail. Parvenir à l’autosuffisance alimentaire dans le Guéra exige encore de gros investissements pour la réhabilitation de facteurs de production (sol, eau, professionnalisation.) PROULX et BRIÈRE (2014)32 ont affirmé que le problème d’appropriation de projets en Afrique relève du manque d’éthique dans l’action de développement, d’insuffisance institutionnelle et du manque de soutien de l’Etat en faveur des initiatives locales. Les fonds destinés aux actions de développement rencontrent de problèmes de leur gestion et de la corruption. Et les structures de l’Etat manquent largement à leur mission d’assister techniquement les populations.
Les communautés du département du Guéra ne sont pas intransigeantes aux aménagements qui sont réalisés. Ils en exploitent, comme ils le peuvent. Comme partout au Tchad, les aménagements hydroagricoles peinent, depuis de dizaines d’années de leur création à résoudre le problème d’insécurité alimentaire. Souffrant de problèmes de gestion, de la rareté d’investissement étatique et de la sous-valorisation de leurs productions.
30 Accord de Paris sur le changement climatique (2015), Cf. p.45
31 Sommet mondial sur l’action humanitaire d’Istanbul (2016), Cf. p.45
32Denis PROULX et Sophie BRIÈRE, ibid. p.32
Les aménagements maraîchers sont adaptés à la lutte contre l’insécurité alimentaire récurrente dans le Sahel et au Tchad de manière générale. Ils existent de grandes potentialités en matière d’accès à l’eau de production et de surfaces aménageables. Les populations, comme celles du département du Guéra reconnaissent l’utilité du maraîchage pour les ménages et ne cessent de solliciter d’aménagements adéquats pour améliorer les conditions d’une exploitation pérenne et pour accroître leurs productions. C’est pourquoi, l’Etat doit orienter des investissements conséquents dans le domaine d’aménagement maraîcher qui comporte de grands atouts pour la réalisation de ses objectifs de développement local durable et d’autosuffisance alimentaire.
Enfin, cette étude nous a donné l’occasion d’aborder la recherche dans le domaine de Gestion de Territoires de Développement, et de comprendre comment, en tant qu’outil de développement, l’Aménagement des territoires est utilisé dans la lutte contre la pauvreté et pour l’adaptation des populations aux aléas du dérèglement climatique. L’aménagement du territoire permet de valoriser les ressources locales, ainsi que leur utilisation rationnelle et durable. Entrepris dans une approche participative, l’aménagement est une action fédératrice de forces et de stratégies. Régis par la propriété commune d’espace aménagé, les producteurs agissent par de principes de participation, de péréquation, de partenariat et de coordination.
L’étude a également renforcé l’envie de poursuivre la recherche sur les projets territoriaux et d’approfondir la connaissance sur le développement par l’Aménagement des territoires.