L’impact de l’humidité sur le paludisme à N’Djamena révèle une relation complexe, où seulement 52% de l’incidence de la maladie est expliquée par des facteurs climatiques. Cette étude met en lumière l’importance cruciale des variables socio-économiques et environnementales dans la dynamique du paludisme.
Humidité relative
En examinant la fig. 20, on observe que l’humidité atmosphérique est quasi faible tout au long de l’année dans la ville de N’Djaména. En janvier, l’humidité relative est de moins 30% et en février elle est autour de 26%. Mars est le mois ou la sécheresse moyenne de l’air est la plus accentuée, elle est dans l’ordre de 31% : c’est la période pendant laquelle l’harmattan domine la ville de N’Djaména.
L’humidité commence par monter exponentiellement à partir du mois d’avril où elle n’est que de 38% pour atteindre son pic en aout avec près de 90% : cette période coïncide avec le retour progressif de la mousson pour installer la saison de pluies. L’humidité relative commence par baisser doucement de septembre à octobre où elle passe de 85 à 66%.
C’est à partir de novembre que l’air commence par s’assécher vraiment (42%) pour atteindre son point le plus bas en jusqu’en mars.
Fig. 20: Humidité relative mensuelle de 1991 à 2020
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre
Humidité relative
Source : Brahim B. A, 2021
Le rôle de l’humidité sur la prolifération des moustiques est important car elle influe sur la survie des adultes. En insectarium on cherche à maintenir une humidité relative de 80%, ce qui est favorable à la survie des Anophèles. Même de faibles écarts autours de cet ordre de gradeur (> ±5 %) ont un impact négatif sur la survie des Anophèles. Dans la ville de N’Djaména, cette réalité est perçut à travers la variation de l’incidence du paludisme pendant les mois de l’année. L’humidité de l’air dans la ville de N’Djaména n’est favorable à la vie et à la croissance des Anophèles que pendant les mois de de la saison de
pluie (juillet, aout et septembre). Cependant, cet impact de l’humidité sur les Anophèles et par extension sur l’incidence du paludisme est réduit par la disposition des gites larvaires qui offre des conditions optimum aux moustiques en dehors des conditions climatiques ambiantes.
Régime et rythme thermométrique.
D’une manière générale, les rythmes des températures de la ville de N’Djaména se présentent comme ceux de la bande sahélienne. Mais les spécificités locales et l’objectif de l’étude que nous menons exigent que l’on présente les conditions thermiques réelles de la ville pour en déduire plus tard sa responsabilité dans l’affection du paludisme.
Variation interannuelle des températures
A partir des données mensuelles, nous avons analysé la température de la ville de N’Djaména à travers des traitements descriptifs. Ce qui nous permet de présenter un aperçu des valeurs importantes de la température dans le tableau ci-dessous :
Tableau 4 : Statistiques thermométriques principales de 1991-2020 de la ville
de N’Djaména
Maximale | Minimale | Moyenne | Ecart-type | |
Température (°C) | 43, 67 | 12, 31 | 29, 03 | 22, 13 |
Ce tableau présente, par abstraction de détails, qu’il fait en moyenne 29,03 °C dans la ville de N’Djaména. Cette moyenne cache cependant les valeurs extrêmes dont les conséquences sur la prolifération des moustiques peuvent être importantes. 43,67°C est la plus haute température enregistrée par la station de la DMN: c’était en avril 2010. La plus basse température est enregistrée en janvier 2001, 12,31°C. Ces extrêmes laissent un écart assez important (22,13°C). Cet écart met en évidence la variabilité interannuelle et inter mensuelle des températures, chose importante pour la vie des moustiques, vecteurs du paludisme qui ne naissent et croissent qu’en une température dépassant les 18°C32.
32 J-M AMAT-ROZE (2002), « Aspect de la géographe du paludisme » (article). Revue de
l’information géographique, Vol 66, n°3, pp 236-243
Source : Brahim B. A, 2021
[11_solutions-essentielles-pour-comprendre-humidite-et-le-paludisme_19]
Fig 21: Evolution thermométrique interannuelle de 1991 à 2020
50
45
40
35
30
25
20
15
10
Température Moy.
Température maxi
Température mini
Température en °C
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
Variation inter mensuelle des températures
Fig 22: Températures mensuelles de 1991 à 2020
50
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre
Température Moy.
Température maxi
Température mini
Température en °C
Source : Brahim B. A, 2021
Les maximas, les minimas et les moyennes évoluent de manière synchrone. En janvier les températures minimales sont basses (12,3°C). Elles commencent à remonter brutalement à partir de février (14°C) jusqu’en avril (24,5°C). Cette augmentation correspond à la généralisation de la saison sèche sur l’ensemble de la ville. A partir du mois de mai (25°C), la température minimale commence à décroitre jusqu’en août avant de se stabiliser sur septembre et octobre. Cette décroissance est expliquée par la montée progressive de l’humidité de l’air et l’installation de la saison des pluies, ce qui adoucit la température de l’air. Juste après le mois d’août, l’on commence à enregistrer une baisse de pluies (Voir les diagrammes pluviométriques ci- haut).
Les températures maximales suivent quasiment le même rythme mais avec des valeurs croissantes de janvier à mars (36,39 et 43°C). Elles se stabilisent jusqu’en mai à 43°C avant de baisser juin (40°C) car c’est début de la saison des pluies. Puis on observe un léger rebond en juillet avec 42°C et une chute brutale en aout pour atteindre 35°C. A partir de septembre, les températures augmentent parce que les pluies baissent, elles vont jusqu’à atteindre 38°C avant de baisser en décembre.
D’une manière générale, le mois le chaud est le mois d’avril dont la température maximale est de 43,6°C, et la température minimale est de 24,5°C pour une moyenne qui tourne autour de 34°C. Le mois de mai se rapproche également de celui d’avril avec une légère différence de 0,7 écart-type. Et le mois de janvier est le mois pendant lequel les températures sont les plus basse.
Il fait en moyenne 24°C en janvier et le record de la température minimale (12,3°C) est aussi enregistré en ce mois en 2001. Avec ces caractéristiques, le mois de janvier se rapproche à celui de décembre dont le minima est de 13,4°C. Ces températures basses s’expliquent par le fait que les mois de décembre et celui de janvier coïncident avec le début de l’hiver dans l’hémisphère nord et l’arrivé de l’Harmattan.
En somme, l’analyse de la variation pluviométrique et thermométrique ainsi que l’identification des saisons réalisées dans ce chapitre résument les caractères du climat de la ville de N’Djaména. La caractérisation du climat est une étape importante en climatologie et par extension en Géographie. Nous l’avons menée dans cette étude pour comprendre le comportement des différentes variables climatiques avant de les mettre en relation avec les cas de paludisme et établir leur véritable responsabilité dans le cours de la maladie : c’est l’objet du chapitre suivant.
Questions Fréquemment Posées
Quel est l’impact de l’humidité sur le paludisme à N’Djamena?
L’humidité de l’air dans la ville de N’Djamena n’est favorable à la vie et à la croissance des Anophèles que pendant les mois de la saison des pluies (juillet, août et septembre).
Comment varie l’humidité relative à N’Djamena au cours de l’année?
L’humidité relative est faible tout au long de l’année, atteignant son pic en août avec près de 90%, et commençant à baisser de septembre à octobre.
Quelle est la température moyenne à N’Djamena et son impact sur les moustiques?
La température moyenne à N’Djamena est de 29,03 °C, et les moustiques, vecteurs du paludisme, ne naissent et ne croissent qu’à des températures dépassant les 18°C.