Quels résultats pour les aménagements maraîchers au Tchad ? Analyse des impacts et des défis

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🏫 Université de N’Djaména - Faculté des Sciences Humaines et Sociales - Département de Géographie/ Français
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - 2015-2016
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CHAPITRE 4 : AMÉNAGEMENTS HYDROAGRICOLES AU TCHAD

Les résultats des aménagements maraîchers révèlent comment les bénéficiaires du Programme Alimentaire Mondial au Tchad s’approprient ces infrastructures pour renforcer leur résilience face aux défis climatiques. Découvrez les impacts concrets sur la durabilité et la sécurité alimentaire dans le département du Guéra.


CHAPITRE 4 : AMÉNAGEMENTS HYDROAGRICOLES AU TCHAD

Dans ce chapitre, on a évoqué dans un premier temps l’état des aménagements hydroagricoles au Tchad, l’organisation des producteurs sur ces différents périmètres irrigués ; et en deuxième position, sont décrits les aménagements maraîchers appuyés par le PAM dans le département du Guéra, ainsi que leurs systèmes de production.

GRANDS AMÉNAGEMENTS HYDROAGRICOLES

Au Tchad, les premiers aménagements hydroagricoles sont créés depuis les années 1960. La SODELAC, créée depuis 1967, s’occupe jusqu’à nos jours de l’aménagement des polders dans la région du Lac. La SODELAC est sous la tutelle du ministère de la production agricole. Elle fonctionne grâces aux fonds publics de l’Etat et du financement des bailleurs d’aide au développement.

Elle aménage les polders du Lac-Tchad pour la production du blé et de maïs. Les aménagements de Guéni, de Berim et de Mamdi, le tout sur plus de 3000 hectares, sont issus des initiatives de la SODELAC. Parallèlement, on compte plus de 2100 hectares (à Brandal, Kolorom et Kagou) de polders traditionnels et 9340 polders semi- modernes dans 19 villages.

La SODELAC s’occupe de projets d’aménagement de sol, d’octroi de matériels et d’encadrement des producteurs. (MAI, 2016)17.

Le PNSA, fonctionnant également grâces aux subventions publiques de l’Etat et des partenaires internationaux, s’occupent des aménagements hydroagricoles. Ils concernent principalement la riziculture dans les plaines inondables drainées par le système Chari- Logone, il s’agit des casiers A (2000 hectares) et B (800 hectares) de Bongor dans le Mayo- Kébi-Est, les casiers de Satégui-Déréssia (2100 hectares) dans la Tandjilé et le Casier C de Nya (250 hectares) dans le Logone oriental. Il s’occupe de la production en apportant l’appui technique et du matériel aux producteurs.

Il existe également l’aménagement industriel sur plus de 3750 hectares avec irrigation par aspersion pour la production du sucre par la Compagnie Sucrière du Tchad (CST) à Banda/Sarh.

Ces aménagements sont les initiatives de l’Etat qui, à travers ces investissements, veut améliorer la sécurité alimentaire et les revenus économiques. Ce sont des aménagements fonctionnant grâce au financement, à la mécanisation par l’usage d’engins motorisés pour l’ameublement, le pompage et des grandes canalisations. Ils sont sous la supervision des agents techniques et institutionnels de l’Etat. Les problèmes de financement, la mauvaise gestion et les conflits que connait le Tchad de manière récurrente sont cités comme entraves au bon fonctionnement de ces structures et des périmètres irrigués, et rendent difficiles l’atteinte de objectif qui est celui d’assurer la sécurité alimentaire au niveau local et national.

PETITS AMÉNAGEMENTS HYDROAGRICOLES

Les petits aménagements hydroagricoles sont des exploitations familiales ou de groupements, exploités en modes de faire-valoir direct et indirect.

On distingue au plan technique, plus de 2000 hectares de périmètres irrigués, exploités en agriculture périurbaine aux alentours de N’Djaména, et 1200 hectares de petits périmètres irrigués villageois emblavées en riz et le maraîchage. Les ONGs AFRICARE et SWISSAID ont réalisé dans la région du Ouaddaï d’aménagements de décrue, estimés à 600 hectares en micro barrage et en diguettes qui permettent les cultures de bérébéré et de la tomate.

L’irrigation traditionnelle en maîtrise totale d’eau pour la culture du riz exploitant en moyenne 8000 hectares/an existe dans les régions du Ouaddaï, de Biltine, du Kanem et du Lac. L’irrigation traditionnelle en maîtrise partielle de l’eau pour le maraichage se pratique sur une grande partie du territoire national et couvre entre 70000 et 100000 hectares par an en année de bonne pluviométrie.

Ces aménagements fonctionnent grâces aux eaux atmosphériques ou fluviales.

Dans le département du Guéra, les formes d’aménagements hydroagricoles sont de techniques antiérosives en cordons pierreux et micros barrages pour la culture de décrue et la protection des sols. Les aménagements maraîchers appuyés par le PAM répondent ainsi à la vision des populations de valoriser leurs terroirs en vue d’améliorer les productions. Chaque localité a bénéficié d’aménagement d’au moins 1 hectare sur son terroir. Ce qui permet aux habitants de pratiquer le maraîchage en période de saison sèche froide. Les aménagements maraîchers que nous avons eu à visiter sont équipés en bassin de rétention et en puits modernes qui servent de collecteurs et de réservoirs d’eaux de production.

ORGANISATIONS DES PRODUCTEURS

Cogestion

L’exploitation des aménagements hydroagricoles qui sont sous l’égide de l’Etat est régie par les subventions et les redevances qui constituent l’essentiel de termes qui lient les structures de l’Etat aux exploitants. Les activités dépendent d’investissements publics, périodiques et annuels. L’octroi de matériels de travail, de crédits ou d’intrants, marque le début de l’exploitation. Les agents de l’Etat organisent les producteurs en groupements et suivent leurs activités. Les statistiques d’exploitation de la SODELAC en 2004 ont dénombré 1265 groupements (895 groupements masculins, 261 groupements féminins et 109 groupements mixtes.) Les groupements ont à leurs têtes les bureaux exécutifs et les comités de gestion.

Autogestion

Dans le cas de petits périmètres d’exploitation familiale ou de groupements privés, l’action des exploitants est autonome et dépend de leur organisation, hormis les appuis d’ONGs de développement dont ils bénéficient. Les exploitations sont autogérées. L’organisation des exploitants sur les aménagements a pour but le développement socioéconomique de tous les producteurs par la mise en valeur et l’exploitation de chaque périmètre irrigué. Ils désignent également à leurs têtes le comité de gestion, chargé du bon fonctionnement des activités.

Groupement Villageois

Le groupement villageois est le type d’organisation qui existe sur ces périmètres. Les exploitants en constituent l’Assemblée Générale, qui à son tour, désigne le Comité de gestion, composé généralement du Président, du secrétaire, du trésorier, du commissaire aux comptes et de deux à trois conseillers. Presque toutes les exploitations fonctionnent sous ce type d’organisation. Ils mènent leurs actions collectivement, c’est-à-dire, l’exploitation, l’entretien d’ouvrages et le déblayage de terrain. Les ressources financières ou la constitution de banque de céréales sont réalisées par la participation et la cotisation de tous les membres.

Modes d’exploitation

Ils se dégagent deux modes de l’exploitation de périmètres privés. Le mode d’exploitation directe est le fait que le propriétaire de la terre participe lui-même à la mise en valeur de son espace et aux activités d’exploitation. Le métayage, c’est fait que le propriétaire loue son espace à un particulier qui l’exploite et à la récolte le propriétaire et l’exploitant se partage les produits à part égale.

Enfin, par le mode de fermage, le propriétaire fournit les intrants et sollicite la main d’œuvre locale. A la récolte, le propriétaire déduit la charge de production et le reste est partagé à part égale. Ces pratiques s’observent sur les périmètres irrigués qui jonchent les périphéries de la ville de N’Djaména (Périmètres irrigués de Ndhou par exemple dans le 9ème arrondissement au sud-ouest de la ville).

Ces exploitations ont en commun la pauvreté technique qui affecte leur capacité de fonctionnement et les rendements. (MAI, 2016, p.77).


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