Les perspectives d’avenir pour le maraîchage dans la région sahélienne du Tchad révèlent comment les bénéficiaires s’approprient les aménagements soutenus par le PAM. Découvrez les facteurs clés qui renforcent leur résilience face aux défis climatiques et socio-économiques.
DISCUSSION
- RÉPONSE À LA QUESTION DE RECHERCHE
La population locale s’est appropriée l’activité de maraîchage de contre-saison appuyée par le PAM dans le cadre de renforcement de résilience. D’une part, l’implication dans le projet d’aménagement, la réalisation de quelques ouvrages adéquats, et l’accompagnement, etc., sont de facteurs qui ont favorisés l’incitation et la mobilisation des bénéficiaires pour développer et mettre en valeur les aménagements maraîchers.
D’autres part, l’organisation des producteurs, leurs efforts à faire d’ouvrages complémentaires, à se fabriquer des matériels de travail, à développer d’initiatives d’épargne, etc. grâce aux activités et produits de l’exploitation maraîchère, sont autant de facteurs et d’indicateurs attestant la volonté de ces derniers de perpétuer l’exploitation des aménagements maraîchers. Cela justifie l’hypothèse que pour avoir permis l’implication des bénéficiaires dans toutes les phases de projet et l’intégration du maraîchage de contre-saison au système local de production, l’approche participative et la stratégie d’empowerment sont de facteurs
favorables à l’appropriation d’actions de développement par les acteurs locaux. En leur permettant de produire et d’avoir de ressources alimentaires, surtout en période sèche, les aménagements maraîchers répondent aux aspirations de la population du département du Guéra d’accroitre leurs productions et de diversifier leurs moyens d’existence.
Les insuffisances s’observent dans la pratique. Mais en usant de leurs possibilités pour tirer profit d’aménagements maraîchers, les bénéficiaires témoignent leur volonté et d’intérêt qu’ils ont de perpétuer leur exploitation. Cette attitude approuve l’hypothèse que, l’accompagnement des producteurs dans ce genre d’activité, nécessite d’être maintenue dans une dynamique de long terme, pour amener lesdits producteurs-bénéficiaires à acquérir de plus en plus mieux de compétences et de capacités pour une bonne maîtrise.
Les insuffisances et les difficultés répercutent sur le fonctionnement de l’activité d’exploitation et l’obtention de rendement. Le manque de matériels adéquats, l’incompatibilité de techniques de travail et l’absence d’un auto-investissement nécessaire, sont de signes réels de la pauvreté économique qui caractérise la population et le système local de production. La faiblesse de techniques de culture et de bonification du terroir aménagé et l’absence de conditionnement de produits, sont défavorables à la durabilité des activités. Cela confirme l’hypothèse que le rendement de l’exploitation est proportionnel aux capacités techniques et structurelles existantes, qui sont encore faibles.
- ACTEURS ET LEURS RÔLES
Il est de sens également de discuter l’appropriation des aménagements maraîchers au travers de réalisations et le fonctionnement des activités, et par rapport aux charges et rôles de chacun des acteurs, prédéfinis, de la mise en œuvre de projets d’aménagement à l’exploitation de leurs résultats. La durabilité des aménagements ne peut être liée à l’appropriation, uniquement de bénéficiaires. Par leurs actions respectives et, pour de raisons liées à l’accomplissement de leurs rôles, les organismes de l’Etat et les partenaires privés peuvent être plus ou moins favorables à la durabilité des aménagements maraîchers dans le département du Guéra.
Le PAM, a bien choisi d’orienter une partie de ses interventions de lutte contre l’insécurité alimentaire sur le renforcement de résilience des populations. L’option portée sur l’aménagement de terroirs locaux pour améliorer l’accès des communautés aux facteurs de production – par la restauration des sols et la gestion de l’eau de production – est pertinemment évidente. Les aménagements maraîchers sont un moyen d’existence de plus pour les populations et un outil de plus pour la lutte contre l’insécurité alimentaire dans le département du Guéra.
L’appui du PAM, est cependant, limité à la réalisation d’ouvrages principaux que sont les bassins de rétention d’eau de surface et des puits maraîchers. La réalisation d’équipements accessoires tels que la clôture, les puits d’alimentation, les canalisations, le ravalement des margelles, etc., et même l’accompagnement des producteurs, sont laissés à la charge des ONGs locales et des bénéficiaires.
Ces derniers ont pour la plupart des cas été incapables de mener à bout la réalisation de ces équipements. Plusieurs des sites maraîchers n’ont pas bénéficié de la réalisation d’ouvrages accessoires, alors que sur d’autres sites les travaux d’implantation de ces équipements n’ont pas achevé. La viabilité et les rendements d’un périmètre de ce type dépendent d’une part de son niveau d’équipement et de la qualité des ouvrages réalisés, et d’autre part de la capacité et de savoir-faire des acteurs qui l’exploite.
Ainsi, le fait de ne pas tenir compte de l’équipement complet et adéquat d’un périmètre maraîcher, l’investissement, peut de cette manière, comporter de risque de dégradation précoce du site et constituer un handicap à l’exploitation durable.
Les ONGs locales sont chargées de l’exécution de projets d’aménagement et d’accompagnement des bénéficiaires dans la phase d’exploitation. Ils ont accepté d’appuyer la population par la réalisation d’équipements accessoires. L’accompagnement se traduit par des apprentissages techniques, de suivi et de soutien en semences et petits matériels de travail. L’absence ou la non finalisation de quelques équipements et le manque de professionnalisme
des exploitants qui s’observent sur la plupart des aménagements maraîchers, sont imputables à la faiblesse des acteurs de ce maillon d’accompagnement qui ont pour charges de les réaliser.
Les bénéficiaires à qui revient la propriété et la prise en charge de la gestion des aménagements maraîchers sont plus préoccupés par des tâches (préparation et emblavement de sol) qui se rapportent directement à la production qu’aux travaux d’entretien d’ouvrages. Ils se préoccupent peu de l’entretien des bassins et de puits qui sont souvent d’un ensablement et d’une érosion énorme. Cette attitude n’est pas favorable pour la durabilité de ces ouvrages.
L’Etat tchadien a toujours misé sur les aménagements hydroagricoles pour stimuler le développement local durable. L’appui du PAM, à travers les aménagements maraîchers, s’harmonise ainsi avec les projets gouvernementaux de mobilisation et de responsabilisation des populations autour de la valorisation de terroirs locaux. Ce qui est une stratégie, à la fois, d’adaptation au changement climatique et de lutte contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire.
Cependant, les services techniques de l’Etat manquent à leur rôle, d’apport technique et de suivi à l’endroit des producteurs. Ils interviennent rarement sur les aménagements pour participer à l’accompagnement des producteurs. Le suivi régulier des services de l’Etat permettrait de complémenter les interventions intermittentes des partenaires privés, en renforçant l’encadrement technique des producteurs, et facilitant la bonification et la vulgarisation des acquis.
Avec les organismes privés, le partenariat est structuré autour du dispositif financier, et à l’instant où ce dernier arrive à terme, ils marquent la fin de leur intervention. La dynamique des producteurs nécessite d’appuis progressifs pour recycler les pratiques, réhabiliter les ouvrages, remplacer le matériel, etc. Ce qui semble être, d’une grande partie, une responsabilité de l’Etat.
Le risque est que l’absence de suivi et d’appui réguliers n’entraînent à l’usure des ouvrages, rendant difficile les travaux et l’obtention de rendements satisfaisants.
BARREAU29disait que : « l’appui aux initiatives locales ne peut être que ponctuel dans le temps. Cette démarche n’est donc pas envisagée dans une perspective de pérennité et de durabilité alors même que certains des objectifs visés, notamment la responsabilisation des acteurs et par là même la structuration des groupes, le renforcement des capacités des acteurs locaux, la création et ou consolidation d’institutions, d’apprentissages sont pertinents dans une approche ‟durable ». »
29 Émelie BARREAU, ibid., p.30
RECOMMANDATIONS
En s’appuyant sur les résultats de ce travail, nous recommandons à l’ensemble des acteurs ces quelques points, que nous pensons, essentiels pour la durabilité des aménagements maraîchers.
Au PAM :
- De prendre à sa charge l’équipement complet de périmètres maraîchers, et non se limiter à la réalisation d’ouvrages principaux que sont le bassin et le puits. Sans les équipements accessoires adéquats, dont les canalisations, les micros bassins, etc., l’utilisation de l’eau, de manière artisanale fait plutôt perdre une grosse quantité de cette ressource qui est le facteur principal de production. La remarque est que, les ONGs partenaires, bien qu’acceptant cette charge, ne parviennent finalement pas à l’accomplir comme il le faut. Comme résultat, les conditions de travail restent encore difficile, en matière, surtout d’usage de l’eau de production. On note, soit le manque de puits, de canalisations, de clôture, de micros bassins, etc., soit que leur réalisation ne soit suspendue. C’est pourquoi, le PAM doit être plus exigeant à envers des partenaires qui se sont engagés pour réaliser ce volet de projet, pour plus d’efficacité de leurs actions.
- Il est nécessaire que le PAM participe également de manière active à l’accompagnement des producteurs dans la phase d’exploitation, en soutenant une présence régulière et durable des techniciens et agronomes sur les sites d’aménagements maraîchers. Ce qui est favorable à la professionnalisation des producteurs et pour favoriser l’équilibre du terroir local. Car, les ONGs locales qui se sont engagés pour ce volet également, n’ont pas de capacités pour le conduire convenablement. ils n’ont pas assez de moyens pour engager suffisamment et régulièrement de superviseurs et d’ingénieurs agronomes au service des producteurs, qui, pour la plupart de temps bricoler par eux-mêmes les techniques de travail.
- Le PAM ferait mieux d’étaler ses programmes d’intervention sur de périodes relativement longue (2 à 3 ans, au moins) pour permettre de réaliser ou de réhabiliter effectivement l’équipement de périmètres maraîchers. En procédant par de projets de
courte durée (1 à 2 trimestres), les acteurs expliquent qu’il n’est pas facile de finaliser les projets d’aménagements, ce par lequel ils justifient l’arrêt de certaines activités.
Les ONGS (partenaires d’exécution) doivent :
- Faire preuve de la bonne gestion des moyens alloués pour l’exécution de projets et l’accompagnement de producteurs ;
- Réaliser commodément les équipements qui permettent aux usagers de travailler dans de bonnes conditions et de manière durable ;
- Engager en nombre des techniciens et agronomes, qualifiés et compétents, afin que par leur présence régulière et permanente sur les sites et par leurs orientations, ils amènent les producteurs à développer de techniques appropriées, les permettant d’obtenir de meilleurs rendements et pour la préservation de leurs ouvrages.
Les bénéficiaires doivent :
- S’engager véritablement dans tous les aspects de développement de leur exploitation. Ils doivent abandonner l’attitude attentiste en pensant au PAM et aux autres acteurs externes pour l’entretien de leurs ouvrages. L’appui de ces derniers est, certes nécessaire, mais ils doivent initier et avoir en interne d’outils et de moyens pour l’entretien régulier et la préservation de leurs actifs productifs. Cette attitude attentiste n’est pas favorable à la durabilité des ouvrages qui sont sous le coup permanent d’intempéries.
- Entreprendre dans l’autoproduction de semences et de pépinières de plants pour se débarrasser de la dépendance de dons, qui souvent retarde le démarrage des activités.
- Augmenter le montant de cotisations pour leur permettre d’avoir de fonds nécessaires à la réalisation de charges liées au fonctionnement de leur activité (alimentation et la maintenance de motopompe, achat de semences et produits phytosanitaires, réalisation de clôture, réhabilitation d’ouvrages, achat de matériels adéquats, etc.)
Les services de l’Etat doivent :
- Mettre à la disposition d’exploitants maraîchers des techniciens agronomes pour les aider dans leurs activités.
- Renforcer les interventions apportées par les partenaires privés en dotant les exploitants par de matériels, de techniques et d’ouvrages complémentaires.
- Disposer d’un outil stratégique d’appui au développement d’aménagements maraichers, conformément à l’engagement de l’Etat en matière d’aménagements hydroagricoles et de lutte contre l’insécurité alimentaire
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