Les perspectives d’avenir à Kikula révèlent comment les Églises de réveil interviennent face à la vulnérabilité des familles. Découvrez les mécanismes de précarité et les recommandations stratégiques pour renforcer l’impact social de ces institutions dans un contexte urbain congolais.
CHAPITRE III VULNERABILITES DES FAMILLES ET ACTIONS SOCIALES DES ÉGLISES DE REVEIL DANS LA COMMUNE DE KIKULA
La commune de Kikula, située au cœur de la ville de Likasi dans la province du Haut- Katanga, est le théâtre de dynamiques sociales complexes, marquées par une précarité persistante, un chômage élevé, des difficultés d’accès aux services de base, et une forte dépendance économique. Ces facteurs contribuent à une vulnérabilité multidimensionnelle qui affecte profondément les familles, tant sur le plan matériel que psychologique.
Dans ce contexte, les Églises de réveil émergent comme des acteurs sociaux de proximité, dont le rôle dépasse largement la sphère spirituelle. Initialement centrées sur la prédication et la vie religieuse, ces institutions ont progressivement intégré des fonctions sociales, en réponse aux besoins criants de leurs fidèles. Leurs interventions prennent la forme d’aides matérielles, de soutien éducatif, d’accompagnement sanitaire, de microcrédit et de réconfort moral. Ce chapitre vise à analyser en profondeur les vulnérabilités vécues par les familles de Kikula, en les cartographiant selon leur nature
(économique, sociale, sanitaire, psychologique), tout en évaluant les actions sociales menées par les Églises de réveil. Il s’appuie sur une double enquête : l’une menée auprès de 46 familles, permettant de recueillir des données objectives sur leurs conditions de vie et leurs stratégies de survie ; l’autre réalisée auprès de plusieurs dirigeants d’Églises, afin de comprendre leurs perceptions, leurs motivations et les dispositifs qu’ils mettent en œuvre.
L’objectif est de croiser les regards, d’identifier les convergences et les écarts entre les besoins réels exprimés par les familles et les réponses apportées par les institutions religieuses. Cette approche permet de proposer une lecture critique mais constructive du rôle des Églises à Kikula, en vue d’améliorer la synergie entre spiritualité, solidarité et développement local.
- Ce chapitre est structuré en plusieurs sections :
- La cartographie des vulnérabilités familiales
- L’analyse des actions sociales des Églises de réveil
- L’évaluation de leur impact et de leurs limites
- Les recommandations stratégiques
- Les perspectives d’avenir pour les familles vulnérables
À travers cette analyse, il s’agit de mettre en lumière les enjeux sociaux majeurs de la commune de Kikula et de réfléchir aux conditions nécessaires pour bâtir une résilience communautaire durable.
NOTE METHODOLOGIQUE GENERALE DU CHAPITRE III
Le présent chapitre s’inscrit dans une démarche empirique visant à analyser les formes de vulnérabilité familiale observées dans la commune de Kikula, ainsi que les réponses sociales apportées par les Églises de réveil implantées dans cette localité. L’approche adoptée repose sur une articulation entre enquête de terrain, analyse qualitative et mise en perspective sociologique.
CADRE ET SOURCES DE DONNEES
Les données mobilisées dans ce chapitre proviennent de deux corpus distincts mais complémentaires :
- Corpus familial : constitué de 46 familles sélectionnées selon un échantillonnage stratifié couvrant les dix quartiers de la commune. Les informations ont été recueillies à l’aide de questionnaires semi-structurés, d’entretiens approfondis et d’observations directes.
- Corpus institutionnel : composé d’entretiens réalisés auprès de dix responsables d’Églises de réveil, chacune implantée dans un quartier différent. Ces entretiens ont permis de documenter les actions sociales menées par ces institutions religieuses.
L’ensemble des données a été collecté entre octobre 2023 et juillet 2025, dans le respect des principes éthiques de la recherche en sciences sociales, notamment en matière de consentement éclairé et de confidentialité.
METHODOLOGIE D’ANALYSE
L’analyse des données repose sur une démarche de triangulation, croisant les perceptions des familles, les discours des acteurs religieux et les observations du chercheur. Les tableaux, présentés dans ce chapitre visent à synthétiser les tendances empiriques tout en rendant compte de la diversité des situations observées.
Les indicateurs de vulnérabilité ont été construits à partir des dimensions suivantes : alimentaire, sanitaire, psychosociale et économique. Les réponses religieuses ont été analysées en termes d’actions sociales, de modalités d’intervention et de portée perçue par les bénéficiaires.
LIMITES ET PRECAUTIONS
Il convient de souligner que les données présentées relèvent de déclarations subjectives et n’ont pas fait l’objet d’une vérification externe. Les témoignages ont été anonymisés afin de préserver la confidentialité des personnes interrogées. Les typologies proposées ne prétendent pas à l’exhaustivité, mais visent à rendre compte des formes dominantes de vulnérabilité et des dynamiques d’intervention religieuse dans le contexte étudié.
Ce chapitre a pour objectif de fournir un socle empirique à l’analyse sociologique de la vulnérabilité familiale à Kikula, tout en évaluant la contribution des Églises de réveil en tant qu’acteurs sociaux. Il prépare ainsi les fondements des discussions théoriques et des recommandations formulées dans les chapitres suivants.
SECTION 1:
CARTOGRAPHIE DES VULNERABILITES FAMILIALES
PROFIL SOCIO-ECONOMIQUE DES MENAGES ENQUETES
Profil socio-économique des ménages enquêtés | ||||
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Indicateur | Catégorie / Réponse | Nombre de familles | Pourcentage (%) | Explication |
Taille moyenne du ménage | — | — | — | Moyenne calculée sur les 46 familles : 6,2 personnes par ménage |
Lien au chef de ménage | Chef lui-même | 21 | 45,7 % | Familles où le répondant est le chef de ménage |
Enfant du chef | 17 | 37,0 % | Familles où le répondant est un enfant majeur vivant dans le ménage | |
Autre membre (épouse, frère…) | 8 | 17,3 % | Autres cas (épouse, frère, sœur, etc.) | |
Niveau d’instruction du chef | Aucun | 2 | 4,3 % | Chef de ménage sans instruction formelle |
Primaire | 7 | 15,2 % | Instruction de base | |
Secondaire | 27 | 58,7 % | Instruction moyenne (niveau dominant) | |
Supérieur | 10 | 21,7 % | Études universitaires ou techniques | |
Source principale de revenu | Commerce informel | 18 | 39,1 % | Activités de vente, petit commerce, informel |
28,3 % | Emploi formel ou rémunéré régulièrement | |||
Agriculture | 10 | 21,7 % | Cultures vivrières ou maraîchères | |
Dons / aide extérieure | 5 | 10,9 % | Soutien de proches, Églises, ONG, etc. | |
TOTAL | — | 46 familles | 100 % | Échantillon total utilisé pour les calculs |
Méthodologie de calcul
- Les pourcentages sont calculés sur la base de 46 familles enquêtées.
- Exemple : 18 familles sur 46 vivent du commerce informel → 18/46×100=39,1%
- Les données ont été recueillies via des questionnaires semi-structurés, administrés directement aux ménages dans les 10 quartiers de la commune de Kikula.
Commentaire :
La majorité des familles sont dirigées par des chefs ayant un niveau d’instruction secondaire, ce qui montre une certaine capacité à comprendre les enjeux sociaux, mais pas toujours à les surmonter. Le commerce informel domine, révélant une économie de survie. L’analyse du profil socio-économique des ménages enquêtés révèle plusieurs éléments clés qui permettent de mieux comprendre les dynamiques de vulnérabilité dans la commune de Kikula.
- Structure familiale La taille moyenne des ménages est de 6,2 personnes, ce qui témoigne d’une forte densité familiale, typique des milieux urbains à faible revenu. Cette configuration peut accentuer la pression sur les ressources disponibles, notamment alimentaires et éducatives.
- Lien au chef de ménage Dans 45,7 % des cas, le répondant est le chef de ménage lui- même, tandis que 37 % sont des enfants du chef. Cette répartition suggère une implication croissante des jeunes adultes dans la gestion familiale, parfois en raison de l’absence ou de l’incapacité du chef de ménage.
- Niveau d’instruction Le niveau d’instruction des chefs de ménage est relativement élevé
: 58,7 % ont atteint le secondaire et 21,7 % le supérieur. Cela pourrait constituer un levier potentiel pour l’amélioration des conditions de vie, bien que l’accès à des emplois formels reste limité.
- Sources de revenu Le commerce informel constitue la principale source de revenu (39,1
%), suivi du salariat (28,3 %) et de l’agriculture (21,7 %). La dépendance au secteur
informel expose les ménages à une forte précarité économique, en raison de l’instabilité des revenus et de l’absence de protection sociale.
Témoignage :
“Je vends des légumes au marché, mais parfois je rentre sans rien. C’est difficile de nourrir six personnes avec ça.”
ACCES AUX SERVICES ESSENTIELS
Accès aux services essentiels | ||||
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Service / Indicateur | Catégorie / Réponse | Nombre de familles | Pourcentage (%) | Observations / Explication |
Eau potable | Accès via puits de forage | 36 | 78,3 % | Approvisionnement majoritaire par puits communautaires ou privés |
Pas d’accès direct | 10 | 21,7 % | Dépendance à des sources éloignées ou non sécurisées | |
Électricité | Accès au réseau | 29 | 63,0 % | Présence de courant mais avec coupures fréquentes |
Pas d’accès | 17 | 37,0 % | Zones non couvertes ou incapacité de paiement | |
Gestion des déchets | Brûlage ou puits perdus | 22 | 47,8 % | Méthodes informelles, risques sanitaires |
Collecte municipale | 12 | 26,1 % | Présente mais irrégulière | |
Aucun système | 12 | 26,1 % | Déchets abandonnés ou dispersés | |
Type de logement | Semi-durable | 46 | 100 % | Murs en briques non crépis, toiture en tôle |
Densité d’occupation | Moyenne de 3,4 pers./pièce | — | — | Calculée sur l’ensemble des ménages |
Méthodologie de calcul
- L’échantillon est toujours composé de 46 familles.
- Les pourcentages sont obtenus par la formule : Nombre de familles concernées/46×100
Exemple : 36 familles ont accès à l’eau potable → 36/46×100=78,3%
- Les données ont été recueillies par observation directe, entretiens semi-structurés et
questionnaires.
Commentaire
L’accès à l’eau est relativement bon grâce aux efforts communautaires, mais l’électricité reste instable. La gestion des déchets est préoccupante, avec des pratiques qui nuisent à la santé publique. L’accès aux services essentiels dans la commune de Kikula reste marqué par des disparités importantes, révélatrices de la vulnérabilité structurelle des ménages.
- Eau potable Avec un taux d’accès de 78,3 %, l’eau potable est relativement disponible, principalement via des puits de forage. Toutefois, l’absence de traitement et la distance de certaines sources posent des risques sanitaires.
- Électricité Seulement 63 % des familles bénéficient d’un accès au réseau électrique, souvent instable. Les coupures fréquentes limitent l’usage des appareils domestiques et affectent les activités économiques.
- Gestion des déchets La gestion des déchets est préoccupante : près de la moitié des familles (47,8 %) recourent au brûlage ou aux puits perdus, pratiques nuisibles à l’environnement et à la santé. L’absence de système formel pour 26,1 % des ménages accentue cette vulnérabilité.
- Type de logement et densité Tous les ménages vivent dans des habitations semi-durables, avec une densité moyenne de 3,4 personnes par pièce. Cette promiscuité peut favoriser la propagation de maladies et reflète un déficit en infrastructures de logement.
Témoignage :
“Quand il pleut, les déchets débordent dans la rue. On brûle ce qu’on peut, mais ça sent mauvais et les enfants tombent malades.”
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2 Définition donnée par l’article 62 de la loi sur les nouvelles régulations économiques (NRE) du 15 mai 2001. ↑
3 Auchan Les 4 Temps, La Défense. ↑
4 Cf. Annexe 1, p.96, lHistorique des Marques de distributeurs, par la Fédération des entreprises du Commerce et de la Distribution. ↑
5 Biographie extraite de distripédie, 20 Aout 2007. ↑
Questions Fréquemment Posées
Quelles sont les vulnérabilités des familles à Kikula?
Les familles de Kikula font face à une vulnérabilité multidimensionnelle, marquée par une précarité persistante, un chômage élevé, des difficultés d’accès aux services de base, et une forte dépendance économique.
Quel rôle jouent les Églises de réveil dans la commune de Kikula?
Les Églises de réveil émergent comme des acteurs sociaux de proximité, intégrant des fonctions sociales telles que des aides matérielles, du soutien éducatif, de l’accompagnement sanitaire, et des microcrédits.
Comment les actions sociales des Églises de réveil sont-elles évaluées?
Les actions sociales des Églises de réveil sont évaluées à travers une analyse des perceptions des familles et des discours des acteurs religieux, ainsi que par des observations directes.