La méthodologie d’appropriation communautaire révèle comment les bénéficiaires des aménagements maraîchers au Tchad renforcent leur résilience face aux défis climatiques. Découvrez les clés d’une participation efficace qui transforme les compétences et l’autonomie des communautés locales.
Faire participer les bénéficiaires dans les phases du projet
La participation conduit à l’habilitation, l’amélioration des compétences, redonne de la confiance aux bénéficiaires et les autonomise, même après la fin du programme. Elle décrit une relation avec toutes les parties prenantes dont les gouvernements, les ONGs et dirigeants communautaires. Le PAM s’appuie sur la participation16 telle qu’établie par l’ONU.
TABLEAU N°3 : TYPES DE PARTICIPATION
Type de participation | Description |
Participation passive | Les gens participent en étant informés sur ce qui est arrivé ou qui va arriver. |
Participation par la fourniture d’informations | Les populations participent en fournissant des réponses à des questions posées. |
Participation par consultation | Les populations participent en étant consultées, et les agents extérieurs écoutent et tiennent compte de leurs opinions. Cependant, elles ne participent pas aux prises de décisions. |
Participation liée à des avantages matériels | Les gens participent en fournissant des ressources, mais là encore, ils ne participent pas au processus de prise de décisions. |
Participation fonctionnelle | Les gens participent en fonction d’activités prédéterminées et après que les stratégies des projets ainsi que leur planification aient été décidées. |
Participation interactive | Les populations participent au diagnostic des situations aboutissant à des plans d’actions et à la formation ou le renforcement de groupements d’intérêts. Ces groupes s’approprient les décisions locales, en vue d’une pérennisation des activités et/ou structures mises en place. |
L’Auto- mobilisation/Participation active | Les populations participent en prenant des initiatives indépendamment de structures extérieures. |
Source : Revue Algérienne d’Économie et de Management, N°08-Avril 2016, p.2.
16 Techniques et outils participatifs – Guide du PAM, p.20.
Auto-mobilisation communautaire
L’auto-mobilisation est le type de participation privilégié dans le cadre des activités de renforcement de résilience dans le département du Guéra. Les stratégies du PAM et des ONGs locales ont suscité la mobilisation des populations locales. Les réunions tenues sous la direction des dirigeants locaux et responsables de groupements ont exposé l’importance de l’aménagement de terroirs communautaires.
Ce qui incita l’ensemble de la communauté à prendre d’initiatives dans le cadre de l’aménagement des espaces locaux, notamment pour les périmètres maraîchers. L’approche par la demande devint alors la procédure d’expression de projet communautaire et de la volonté de la communauté à développer l’activité de résilience sur son terroir. Ainsi, le projet, accompagné de la demande d’appui est expédié au PAM par l’intermédiaire de l’ONG qui assure le parrainage.
Concertation entre acteurs
L’approbation de la faisabilité du projet par le PAM, donne lieu à l’atelier interactif de validation, regroupant les représentants des différentes parties prenantes dont celle de la communauté, porteuse du projet. La concertation consiste aussi à obtenir les avis des autorités locales et des responsables des parties prenantes sur des questions d’ordres administratifs et techniques. Convoqué par le PAM, cet atelier marque le lancement du processus et permet de programmer la planification communautaire participative⃰ (PCP).
Planification Communautaire Participative.
La PCP est l’outil participatif du PAM à l’échelle local (canton, communauté villageoise) et découle du PSME et de l’AIC qui sont respectivement à l’échelle régionale et nationale. La PCP est une échéance au cours de laquelle tous les acteurs, responsables des ONG et leurs équipes techniques, bénéficiaires et leurs leaders, services déconcentrés de l’Etat, autorités locales, etc.
se réunissent en Assemblée dans le village porteur du projet pour identifier, de manière participative et inclusive les priorités de la communauté. La PCP est l’occasion pour les partenaires et les communautés de participer à une analyse conjointe aboutissant sur une action, à la formation de nouveaux groupes locaux ou au renforcement des groupes existants.
Au sortir du PCP, un plan d’action est élaboré en vue de la mise en œuvre. Dans le plan d’action, y sont reparties les activités et les rôles. Il est établi en fonction du calendrier des activités ordinaires des populations. C’est ainsi que sont tenu les PCP dans les villages de Mallah, de Baro, de Gamé, de Bara et d’Amdakour.
Participation fonctionnelle ou la mise en œuvre
Ce stade de participation s’est traduit par la constitution des groupes chargés de réaliser des objectifs prédéterminés. Sous l’impulsion de parties prenantes de l’extérieur ou de manière autonome, les bénéficiaires ont mis sur pied les organes de gestion, tels que les comités ; et sont consultés dans la définition et l’adoption de modalités et d’outils de travail, tel que l’usage de Vivres et/ou Cash contre Travail (Biens alimentaires et/ou coupons, équivalent de la consommation journalière, donnés aux bénéficiaires pendant le travail de création d’actif.)
Un exemple de participation des acteurs
L’approche ayant abouti à la mise en œuvre des aménagements à Mallah/Mormo a commencé par la formation en salle des facilitateurs à Mongo. Le terroir villageois est constitué des villages de Mallah et Mormo, dans le canton Migami. Les participants à l’atelier sont l’équipe de la Planification Communautaire, composée de chefs des deux villages et une quarantaine de villageois(e)s, l’équipe du PAM ; Services étatiques déconcentrés (ONDR, Génie Rural, Education nationale ; Élevage ; Santé) ; ONGs et associations partenaires (MOUSTAGBAL, ASRADD, PEDC, ATVP, APSE, CAF, AMTINE.)
PHOTO N°1 : ASSEMBLÉE LORS DE LA PCP DE MALLAH.
[13_img_1]
Source : PAM, Sous-bureau de Mongo : Rapport de la PCP de Mallah, 2017
La PCP est assortie d’un plan d’action prioritaire.
ENCADRE N°1 : EXTRAIT DU PLAN D’ACTION INDICATIF
[13_img_2]
Source : PAM, Sous-bureau de Mongo : Rapport de la PCP de Mallah, 2017
Il faut retenir que plusieurs points contenus dans ce plan d’action n’ont pas été réalisé, telles que la protection des berges, ou l’amendement du périmètre, la réalisation de la zone de compost et la construction de micro-bassins et de canalisations. Sur la plupart des sites, la réalisation de ces équipements accessoires n’est pas effective parce que laissée à la charge des bénéficiaires et des acteurs locaux qui manquent de capacité pour les faire.
Il ressort que, le cadre socio-économique et environnemental du département du Guéra reste fragilisé. Les moyens d’existences dépendent de facteurs édaphiques et des eaux atmosphériques qui, pour leur amincissement et mauvaise répartition, exigent des populations plus d’apports techniques dans leur utilisation. C’est l’objectif que la population et l’ensemble des acteurs de développement se sont donnés à travers les aménagements maraîchers. Le chapitre suivant nous présente les Aménagements hydroagricoles, et comment les populations se les approprient comme moyen d’adaptation au dérèglement climatique et de production.