L’innovation dans l’aménagement maraîcher révèle comment les bénéficiaires du Programme Alimentaire Mondial au Tchad s’approprient des aménagements durables. Découvrez les stratégies qui renforcent la résilience face aux défis climatiques et socio-économiques : comment ces pratiques transforment-elles les communautés locales ?
MÉTHODOLOGIE
La Géographie qui s’intéresse aux paysages aménagés, aux courant spatialistes et aux acteurs, privilégie la théorie par la démarche déductive pour atteindre les règles générales d’explication, (BIKPO, 2017)9. La démarche déductive ne part pas directement des faits observés dans le monde pour ensuite les mettre en relation et les comprendre. Elle élabore une construction théorique des processus qu’elle présume explicatifs du monde réel et elle la confronte ensuite avec la réalité étudiée afin d’en vérifier la validité.
En identifiant l’Aménagement du territoire à ce courant de pensée, nous avons attelé à la méthode hypothético-déductive les techniques qualitatives et quantitatives pour conduire notre recherche. Nous sommes partis du postulat que, les mis en valeur d’espaces, tel que l’aménagement des terroirs locaux à des fins culturales, sont le résultat de démarches, de facteurs et d’actions, que nous pensons être explicatifs de transformations ainsi survenues, tant au plan physique que de la dynamique d’acteurs.
En procédant par la démarche déductive, nous avons voulu vérifier la théorie que l’appropriation d’aménagements maraîchers dans le département du Guéra, est le fait d’application de l’approche participative et de maîtrise d’activités de production au moyen de stratégies dynamiques et de techniques appropriées.
Paramètres d’appréciation
Il s’agit de facteurs et descripteurs pris en compte dans l’observation de notre hypothèse, ce qui nous a permis de ressortir les éléments plus ou moins favorables à l’appropriation d’aménagements dans le département du Guéra. Il est important de souligner qu’au sujet de l’appropriation, il n’existe, nulle part, de critères et de variables standards préétablis à partir desquels il faudra obligatoirement s’appuyer pour l‘étudier et pour l‘évaluer.
Toutefois, elle s’interprète par le comportement et l’évolution, plus ou moins dynamique d’une entreprise ayant pour but le développement. Cette dynamique s’observe dans l’implication des populations, plus ou moins remarquable ; dans les pratiques, plus ou moins maîtrisées ; et dans le fonctionnement général des activités, plus ou moins bon, par rapport à la qualité des techniques, au niveau des ressources disponibles et aux capacités même de gestion.
Ainsi, l’appropriation peut être appréciée selon que les acteurs locaux, en activité sur un aménagement maraîcher s’emploient à obtenir de meilleurs résultats que cela est possible, et de manière à assurer la viabilité de leur périmètre maraîcher et de son terroir d’implantation.
9BIKPO : Cours de Méthodologie de Recherche en Géographie.
L’appropriation au bout du compte, doit s’indiquer dans la capacité et la volonté des communautés à conserver et à bonifier les acquis, et à perpétuer les activités. Et si, les facteurs économiques, institutionnels et cognitifs, ont longtemps servi pour l’évaluation de l’appropriation par les bénéficiaires, nous pensons qu’autant les pratiques et savoir-faire soucieux de l’environnement et du territoire le sont aussi importants pour sa détermination. Nous avons ainsi relevé un certain nombre d’éléments que nous considérons être des facteurs pouvant déclencher ou susciter la mobilisation locale et insuffler de l’énergie aux populations pour innover ou embrasser les actions communautaires, tel que l’aménagement des terroirs locaux, en réponse aux problèmes d’ordre socioéconomiques, démographiques et écologiques.
Facteurs d’appropriation
Dans le cadre des activités d’aménagement dans le département du Guéra, le PAM a adopté les principes de la démarche participative, considérée comme le principal facteur d’appropriation. La démarche participative, telle que prônée, est une démarche qui, se veut inclusive, et qui s’exécute par les stratégies d’empowerment, d’implication et d’accompagnement, visant l’incitation, l’habilitation et l’augmentation de la capacité des populations à assurer la durabilité des actions de développement dont ils sont bénéficiaires. Ce travail nous permit de déterminer la pertinence et la résultante de la démarche employée par le PAM, au travers de témoignages de bénéficiaires, de l’observation des ouvrages réalisés et le fonctionnement des activités d’exploitation.
Empowerment : on l’a observé au travers d’extrants issus de la mise en œuvre de projets. L’empowerment, c’est rendre capable de vouloir et de faire, puis de faire ensemble, c’est-à- dire le faire-faire et le faire-avec. Il s’agit de donner du pouvoir (power) à l’autre sur lui- même. Il est ce travail d’accompagnement qui consiste à libérer et donner à l’autre sa capacité à décider et entreprendre par lui-même.
Il redonne du pouvoir, de la liberté, de l’autonomie et des moyens pour construire son propre chemin soi-même, en coopération libre avec d’autres. C’est ainsi que l’empowerment, dans le cadre des activités appuyées par le PAM, consiste en la mise en œuvre des aménagements maraîchers, à travers l’implication des bénéficiaires à toutes les étapes de leurs réalisations.
Implication : Il s’agit de la vérification, premièrement, de l’importance accordée aux populations bénéficiaires à participer de manière active à la mise en œuvre des projets, par la co-élaboration, la co-décision et la co-action ; et, deuxièmement, le dynamisme de l’ensemble des acteurs au moment des activités d’exploitation d’aménagements réalisés.
Apprentissage : Il est question de déterminer les outils professionnalisant employés dans le but d’acquisition de savoir-faire par les bénéficiaires et d’amélioration de leurs compétences. Incitation : C’est de décrire le mécanisme de conscientisation et de motivation qui avait été développé pour susciter la mobilisation locale.
Accompagnement : Il consiste à vérifier les types d’actions, de services et de ressources mis à la disposition des exploitants pour leur assurer consolidation et ancrage des acquis.
Indicateurs d’appropriation
Nous avons identifié un certain nombre d’indicateurs que nous estimions être la résultante des facteurs cités ci-dessus. Ces indicateurs sont observés au travers des pratiques et de la dynamique générale des acteurs en activité d’exploitation sur les aménagements maraîchers. Ces indicateurs sont :
Autonomie de gestion (de périmètres) : d’après ABOU KARIM (1995, p.22), c’est l’appropriation par le groupement des producteurs des techniques de gestion à même de permettre la pérennisation de leurs périmètres au cas où l’assistance qui leur est fournie se retirerait. Pour ce faire, les membres du groupement doivent comprendre leurs comptes du groupement et créer des conditions de fonctionnement sain.
Habilitation : Elle est vérifiée par le professionnalisme des bénéficiaires au moment de l’exploitation des périmètres maraîchers.
Autosuffisance : Elle est évaluée par la capacité en matière d’autogestion, c’est-à-dire la capacité des exploitants à assurer par eux-mêmes les charges de fonctionnement grâce aux ressources qu’ils disposent.
Sont prises en compte également dans cette étude, l’observation de considérations accordées à la valorisation des territoires et à l’entretien des sols d’implantation de périmètres maraîchers.
La durabilité des impacts des projets communautaires dépendra de la capacité des bénéficiaires à conduire les activités (autonomie de gestion). Cette capacité doit provenir, d’une part, de compétences capitalisées tout au long de processus du projet, et d’autre part, de la capacité à maintenir une bonne dynamique interne et à adapter les techniques adéquates de travail. Ainsi l’approche participative par l’empowerment est un processus qui a pour objectif de conduire à l’autosuffisance et à l’autonomie de gestion des bénéficiaires, tel qu’il est schématisé ci-après.
GRAPHIQUE N°2 : PROCESSUS D’APPUI ET D’AUTONOMISATION
Empowerment
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Autosuffisance Autonomie de gestion
Habilitation
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Implication
Apprentissage
Accompagnement
Koutte Moussa, 2017
Recherche documentaire
Elle nous a permis d’obtenir des données secondaires à travers l’étude de rapports d’activités. Il s’agit des informations principales tirées sur l’approche participative développée par le PAM et ses partenaires, l’identification des bénéficiaires, le nombre d’exploitants, les activités préexistantes, etc. Elle est menée avant et après la visite du terrain.
Visite de terrain
Nous nous sommes rendus sur les sites pour constater de visu les aménagements réalisés, l’organisation des producteurs. Nous avons observé les qualités d’équipements et les différentes techniques employées par les acteurs. Nous avons aussi porté notre attention sur les superficies aménagées et les différentes spéculations cultivées par les exploitants. Nous nous sommes ainsi rendus sur huit (08) sites en exploitation, un (01) site en cours d’aménagement, et sur les marchés locaux où l’on vend les produits maraîchers.