Quelles implications politiques pour l’agriculture à Mayo Dallah en 2023 ?

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🏫 UNIVERSITÉ DE DSCHANG - ÉCOLE DOCTORALE - DSCHANG SCHOOL OF ARTS AND SOCIAL SCIENCES
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master recherche - Juillet 2022
🎓 Auteur·trice·s
REOUNODJI ELOGE
REOUNODJI ELOGE

Les implications politiques de l’agriculture dans le Département de Mayo Dallah révèlent comment les agriculteurs s’adaptent à la variabilité pluviométrique. Découvrez les stratégies innovantes qui pourraient transformer la résilience agricole face aux défis climatiques. Quelles solutions durables émergent de cette crise ?


LES ITINERAIRES TECHNIQUES DANS LE DEPARTEMENT DE

MAYO DALLAH

L’itinéraire technique est ‘‘la combinaison logique et ordonnée des techniques mises en œuvres sur une parcelle en vue d’obtenir une production’’ (Sebillote, 1978). Ainsi, l’itinéraire technique dans notre zone débutent par le défrichement en passant par le brûlis, le labour, le semis, le sarclage pour aboutir à la récolte.

Nettoyage des parcelles avant semis et le labour

Dans le Département de Mayo Dallah, les premières pluies annoncent la préparation des champs qui débute jadis au mois d’avril dans tous les villages. Mais aujourd’hui avec le décalage du calendrier cultural, les préparations des champs commencent en mois de mai.

Pour un champ ayant été cultivé l’année précédente, le nettoyage consiste à couper au moyen de la machette les plantes arbustives, les résidus de la culture précédente présent dans les parcelles, les rassemblés en tas et à les brûler sur place.

Mais s’il s’agit d’un nouveau champ ou d’un champ mis en jachère durant plusieurs années (ce qui est rare ce dernier temps à cause de la pression démographique), le défrichage sera conduit nécessitera plus de travail et d’énergie. Dans certains cas les paysans décident de mettre simplement le feu aux champs qui s’étend parfois sur des longues distances et occasionnant des grands dommages sur l’environnement.

Ainsi, après l’arrivée des premières pluies (mai et juin), les agriculteurs procèdent au labour qui se fait manuellement à la houe ou à la traction des animaux. Les agricultures ne disposant pas des animaux de trait et des équipements de culture attelée font recours à la location des prestations dont les tarifs dépend de la densité des arbres rendant le laboure à la charrue très pénible mais globalement ½ hectare varie entre 7000 FCFA à 10.000 FCFA.

Notons également que, les prestations offertes par les tracteurs gérées par les agents de la PNSA étaient de 10.000F par hectare, mais malheureusement ces services ne sont appréciés par certains paysans que les tracteurs appauvrissements rapidement les terres d’une part et d’autre la pauvreté croissante dans le Département limite son accès à certains agriculteurs.

La planche 3 ci-dessous présente les différentes techniques de labour.

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Planche 3: Les types de labours

Crédit photographique : Eloge, 2022

La planche nous présente les types de labours dans le Mayo Dallah. L’image 1 nous montre le labour à traction animale et l’image 2, nous montre le labour de la terre en mode manuel à l’aide des houes. Le labour consiste à retourner la terre afin de ramener en surface la partie inférieure. Le mouvement permet d’éliminer les anciennes cultures ainsi que les racines des mauvaises herbes, afin de préparer une terre meuble pour les prochains ensemencements.

Les semis

Il consiste à mettre en terre les graines ou semences dans un trou. Dans le Département, cette opération est échelonnée entre le début du mois mai avec les premières pluies utiles (15 à 20mm) et fin juillet. Le semis est entièrement manuel et les cordeaux sont utilisés pour marquer les lignes et les écartements variables selon l’agriculteur (de 0,80m à 1.5m), qui ouvre les poquets alignés à la daba.

Dans certains cas, les agriculteurs procèdent au semi à sec. En général, l’ordre des semis se présente comme suite : sorgho-pénicillaire-arachide-coton-maïs-niébé-sésame.

Sarclages

La destruction des mauvaises herbes par sarclage, est la principale opération d’entretien des champs. Cette opération culturale consiste aussi à ameublir le sol et à détruire les plantes adventices qui se multiplient dans une récolte. Il commence généralement dès que les plantes atteignent environ 10 à 15cm de hauteur mais aussi en fonction de la disponibilité de la main d’œuvre.

Le sarclage mécanique est trop rare dans le Département de Mayo Dallah, même si beaucoup d’agriculteurs le confondent souvent avec le buttage qui est une pratique assez bien connue. La traction animale est utilisée que pour le labour et pour le transport.

La pratique du sarclage se fait manuellement (houe) par la mobilisant de toute la famille, mais pour les familles en sous-effectif ou disposant de moyen, le recours à la main d’œuvre salariale dont le tarif varie de 3500 à 5000 pour 1/2 hectare démurent la solution.

En culture manuelle, il faut 2 à 3 sarclages selon le cycle de chaque culture (cf. tableau). La mécanisation du sarclage et du semis pourrait avant tout alléger la souffrance des agriculteurs qui mobilisent les moyens, l’énergie et le temps pendant cette phase.

Tableau 7 : les différentes dates de sarclages des cultures vivrières

Tableau 7 : les différentes dates de sarclages des cultures vivrières
Type de culturesDate du 1er sarclageDate du 2e sarclage
Arachide21 jours après levée27 jours après le premier sarclage
Maïs23 jours après levée32 jours après le 1er sarclage
Sorgho30 jours après levée50 jours après le 1er sarclage
Mil20 à 30 Jours après levée50 jours après le 1er sarclage

Source : Enquête de terrain, 2022

La récolte manuelle et les conservations des produits agricoles

La récolte s’effectue dès que les graines atteignent leur maturité ou après un temps plus ou moins longue de séchage sur pieds aux champs. Elle commence généralement entre septembre et octobre pour les variétés hâtives et entre novembre et décembre pour les variétés tardives.

Dans le Mayo Dallah, toutes les opérations de récolte sont entièrement manuelles c’est-à-dire à l’aide d’un couteau et assemblées en bottes. Cette opération s’étend pendant des jours en fonction des surfaces cultivées.

Les bottes séchées sont transportées au moyen des charrettes jusqu’au village et le placées dans des greniers en banco surélevés par rapport au niveau du sol (cf. planche 4 ci-dessous). Notons également que ces dernières années le stockage dans les greniers est de plus en plus rare, car les quantités produites permettent rarement des utilisations au-delà d’une année.

Les épis et les panicules de sorgho et de pénicillaire sont battus et les grains sont mis en sac et conservés. Les épis de maïs sont égrainés et conservés en sac également. Par contre, la récolte d’arachide est de plus en plus exigeante en main d’œuvre est destinée aussi à la consommation ou à la vente est également conservé en graine dans des sacs.

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Planche 4: Techniques de séchage et de conservation des cultures

Cette planche nous présente les techniques de séchage et de conservations des épis après la récolte. Les images 1 et 2 nous montrent le séchage des épis du maïs et du sorgho rouge au soleil avant le stockage dans le grenier. L’image 3 par contre, nous montre le grenier en banco. Il est construit à base du mélange de terre crue et de pailles et reposent sur les grosses pierres pour éviter les remontés d’humidité et protéger les épis contre les attaques des rongeur et le toit en chaume. L’intérieur est divisé en plusieurs compartiments pour stocker les aliments différents.

Crédit photographique : Eloge, 2022

Tableau 8: calendrier agricole des cultures vivrières

Tableau 8: calendrier agricole des cultures vivrières
CulturesOpérationculturales
SorghoPréparation du terrain
Semis
Sarclage
Récolte
Mil pénicillairePréparation du terrain
Semis
Sarclage
Récolte
ArachidePréparation du terrain
Semis
Sarclage
Récolte
MaïsPréparation du terrain
Semis
Sarclage
Récolte

Source : Enquête de terrain, 2022

Les techniques d’entretiens de la fertilité des sols

Dans un contexte de baisse de rendement agricole multifactorielle, les agriculteurs ont développé plusieurs pratiques culturales. Les techniques d’entretien des champs dans le Département ont évolué dans le temps et en fonction des villages.

Jadis, sur les plans techniques culturaux, les pratiques sont restées traditionnelles avec une utilisation très faible d’intrants et de mécanisation. Tant que les jachères pouvaient être assez longues pour restaurer la fertilité et rompre le cycle des bios agresseurs, ces systèmes fonctionnent bien (Reoungal D, 2018).

Mais ces dernières décennies, avec l’augmentation de la densité de la population et le raccourcissement de la durée des jachères qui en résulte, ces systèmes se dégradent dans certains villages.

Il y a que les agriculteurs détenteurs de plusieurs parcelles qui pratiquent des longues jachères mais généralement la durée moyenne actuelle des jachères est de 2 ans.

A la jachère, s’ajoute les autres pratiques liées à la gestion de la fertilisation des parcelles qui reposent sur le dépôt des ordures ménagères déposés dans les jardins de case, le compostage, le parcage des animaux pour augmenter le taux des matières organiques du sol.

Notons également que le faible niveau d’équipement ne permet pas aux agriculteurs de produire le compost et le fumier pour maintenir ou améliorer la fertilité des sols ainsi, les apports organiques sont très insuffisants.

Or, les apports organiques pourraient constituer une alternative pour l’amélioration de la fertilité des sols eu égard aux pris des engrais et leur indisponibilité. Ensuite, l’épandage des déchets du coton, les coquilles d’arachides, les brûlis des tiges des mil et de sorgho contribuent à la fertilisation des parcelles.

Pour une agriculture attelée ou manuelle à faible intrant et faible productivité, les restitutions et apports organiques sont un facteur majeur d’intensification (Grancrey et al, 2006).

Par ailleurs, l’extraction constante par les cultures, sans approvisionnement ou avec un réapprovisionnement insuffisante en éléments nutritifs des plantes, cause un appauvrissement constant de la fertilité des sols (Michel, 2010).

En fin, l’utilisation des engrais vendu par les services d’ANADER, les engrais fournis à crédit aux coton-culteurs par la coton Tchad et les engrais vendus dans les marchés locaux.

En dehors de ces derniers, la filière engrais est quasiment inexistante au Tchad et ceci rend pratiquement impossible l’application d’engrais minéraux sur les cultures. Selon Sedago (1993), l’utilisation des engrais minéraux sans la fumure organique entraine l’acidification des sols.

Malgré la diversité de ces techniques d’entretien des sols, les rendements dans cette localité et donc susceptible d’avoir des impacts négatifs sur les productions.

La planche ci-dessous présente les différentes techniques d’entretiens des sols dans le Mayo Dallah.

La planche ci-dessous présente les techniques d’entretien des sols

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Planche 5: Techniques d’entretien et fertilité des sols

Crédit photographique : Eloge, Wayang (2021, 2022)

Cette planche nous présente les quatre techniques traditionnelles d’entretiens des champs et de fertilité à défaut des engrais chimique des champs dans le Mayo Dallah. L’image 1, nous montre le dépôt des ordures du coton dans un champ, ce dépôt s’est fait, il y a une semaine dans le champ et attend les pluies pour se décomposer pour donner la fertilité au champ.

L’image 2, nous montre les coques d’arachides après décorticage qui doivent normalement être brulés mais stocker et pour être après étalée dans le champ permettant d’augmenter le rendement.

L’image 3, nous montre la bouse des bœufs qui sont dans l’enclos, qui sont balayés ensuite répandus dans les champs pendant la saison sèche en attendant l’arrivée des premières pluies.

En fin, l’image 4, nous montre un champ en feu. Cette technique est utilisée par les agriculteurs du Mayo Dallah comme un moyen de défrichement et de fertilisation des champs.

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2 Définition donnée par l’article 62 de la loi sur les nouvelles régulations économiques (NRE) du 15 mai 2001.

3 Auchan Les 4 Temps, La Défense.


Questions Fréquemment Posées

Quelles sont les étapes de l’itinéraire technique dans le département de Mayo Dallah ?

L’itinéraire technique dans le département de Mayo Dallah commence par le défrichement, suivi du brûlis, du labour, du semis, du sarclage, et se termine par la récolte.

Quand les agriculteurs de Mayo Dallah commencent-ils à préparer leurs champs ?

Dans le département de Mayo Dallah, la préparation des champs commence généralement au mois de mai avec le décalage du calendrier cultural.

Comment se déroule le semis dans le département de Mayo Dallah ?

Le semis dans le département de Mayo Dallah est entièrement manuel et s’échelonne entre le début du mois de mai avec les premières pluies utiles et fin juillet.

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