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Comment les facteurs environnementaux modifient-ils le paludisme à N’Djamena ?

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🏫 UNIVERSITE DE BANGUI - FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES - DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - 2021-2022
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Bichara About BRAHIM
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L’impact environnemental sur le paludisme à N’Djamena révèle que seulement 52% de l’incidence de la maladie est attribuable au climat. Cette étude met en lumière des facteurs socio-économiques et environnementaux cruciaux, transformant notre compréhension des dynamiques de transmission du paludisme.


Facteurs environnementaux

On entend par facteur environnemental, tout élément de la nature ou fait humain qui constitue un gite larvaire susceptible de favoriser la propagation du paludisme le plus souvent en dehors de l’influence direct du climat. Il peut être un point d’eau naturel ou artificiel, permanent ou temporaire, soit encore un espace vert, une végétation ou un maraichage. Ces éléments sont très importants pour expliquer d’abord la présence des moustiques et en conséquence du paludisme dans la ville de N’Djaména en dehors du climat.

Les gites larvaires

La ville de N’Djaména est bâtie sur un sol argileux, située sur un terrain plat, sujette à de fréquentes inondations pendant la saison de pluie40. Ces inondations sont déterminées par les propriétés de l’argile qui se compose d’éléments colloïdales fins, sans porosités dans lesquels l’eau ne s’infiltre pas facilement. Les inondations sont favorisées aussi par le débordement du Chari. Les eaux stagnées peuvent durer plusieurs mois après la saison de pluies.

Ces zones inondables constituent des gîtes larvaires qui favorisent la prolifération des moustiques et la propagation du paludisme en dehors du rythme climatique. Nous pouvons constater leur disposition sur la carte ci- dessous (fig. 38).

40 T. N’DILBE & al ?? (2015), « Occupation des sols et risques d’inondation dans la ville de N’Djaména, Tchad » (article). Revue des sciences sociales (RSS-PASRES). pp95-108

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Source : GEGOUBE Victoire, 2020

Sur la carte des gites larvaires, nous avons l’implantation linéaire en bleu foncé qu’est le Chari et les autres points de même couleur quiconstituent des points d’eau permanent repartis tous dans toute la zone périphérique (1er, 7ème, 8ème, 9ème et 10ème arrondissement). Les points en turquoise sont les points d’eaux existantes exclusivement pendant la saison des pluies. Et les implantations en bleu clair constituent les espaces d’extension autours de points d’eaux qui s’étend sur un kilomètre.

Ces points et cours d’eaux constituent les gites larvaires par excellence de la ville de N’Djaména. Les plus importants de ces gites se situent à la périphérie et exposent donc la population aux piqures quasi permanentes des moustiques aussi bien en saison de pluies qu’en saison sèche, aussi en période sèche qu’en période humide, aussi bien en période chaude qu’en période fraiche. C’est ce qui explique la fréquence élevée des affections palustres (près de 97% des répondants ont contracté plus d’une fois le paludisme dans l’année). Ce qui fait aussi que la maladie existe même en dehors de la saison des pluies et peut expliquer les cas non corrélés aux rythmes climatiques.

Les eaux pluviales qui débordent des ouvrages de voirie se répandent régulièrement dans les quartiers et causent une stagnation d’eau (Photo 1). La création des carrières dans les quartiers pour prélever les matériaux devant servir à fabriquer des briques de construction favorisent également la stagnation des eaux. Les retenues d’eau ainsi constituées, forment des gîtes

larvaires pour plusieurs espèces de moustiques. La simple présence de l’eau, quel que soit sa forme ou sa quantité, favorise le développement du vecteur et augmente le risque d’infection. Les grandes flaques d’eau, les eaux dans les empreintes de pneus de véhicule constituent autant des gîtes larvaires (permanent ou temporaire).

Photo 1 : Photo des eaux stagnantes sur un terrain non bâtis (1), sur un canal de drainage (2), sur les empreintes des pneus (3) et sur les galeries de fabrication des briques (4)

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(1) (2)

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(3) (4)

Source : Zakaria H. A, septembre 2021

Ces images nous donnent des parfaites illustrations de la nature des gites larvaires et aussi de leurs proximités avec les habitations.

Dans la première image, c’est une mare d’eau temporaire dans le 7ème

arrondissement situé à moins de 20m des habitations. Elle constitue, en

fonction de ses caractéristiques visibles, un véritable gite larvaire. La seconde image est un canal de drainage d’eau urbain situé dans le quartier Ngabo au 8ème arrondissement et étant non couvert, ensoleillé et colonisé par les herbes, il constitue un biotope idéal pour la naissance et la cachette des moustiques. La troisième nous présente l’empreinte des pneus des véhicules occupée par les eaux des pluies. Ces petites stagnations, peu considérées, sont pourtant des gites prisés par les Anophèles gambiae, vecteurs dominant dans la ville de N’Djaména. Nous avons dernière position la quatrième photo (4) qui illustre comment les galeries creusées pour la fabrication des briques qui se transforment en des véritables mares et constituent des gites larvaires de grande envergure.

Malgré la proximité de ces points d’eaux avec les habitations, plus de 40% des populations ne savent pas d’où viennent les moustiques auxquels elles sont exposées. Cette affirmation laisse croire que la connaissance joue également un rôle important dans l’identification des gites et la salubrité environnementale qui permettent de lutter efficacement contre le paludisme. Près de 80% des répondants dans l’enquête ont signalé l’existence de ces gites larvaires à moins de 300m de leur domicile.

L’importance du nombre et de la répartition des gites larvaire est évidente. Elles déterminent la taille de populations d’anophèles adultes et par suite, le nombre de piqures que sera susceptible de recevoir chaque habitant, donc le risque d’être affecté par le paludisme.

Ces gites existent même en saison sèche et continue de faire évoluer l’incidence du paludisme sans qu’un facteur climatique n’agisse directement. De ce fait, les malades sont enregistrés tous les mois de l’année. Les abats pluviométriques mensuels maintiennent en permanence les gîtes larvaires divers qui entretiennent la prolifération du vecteur du paludisme et un niveau d’infection paludéenne élevée41. Plus les événements pluvieux sont fréquents et intenses (saison de pluies), plus les surfaces inondables vont augmenter et le nombre de gîtes larvaires submergés vont se multiplier et parallèlement le nombre d’anophèles, donc des cas d’infection : c’est qui rehausse le nombre des cas entre juillet et septembre et perturbe la mise en évidence des corrélations climat – paludisme.

41 J-C BOMBA & al (2021), « Impact de la variation des paramètres du climat sur la prévalence du paludisme dans la ville de Bangui (République centrafricaine) » Revue Espace, Territoires, Sociétés et Santé. Vol. 4, N° :7. p9-24.


Questions Fréquemment Posées

Quels sont les facteurs environnementaux qui favorisent le paludisme à N’Djamena ?

Les facteurs environnementaux incluent les points d’eau naturels ou artificiels, les zones inondables, et les espaces verts qui constituent des gîtes larvaires pour les moustiques.

Comment les inondations influencent-elles la propagation du paludisme à N’Djamena ?

Les inondations, causées par les propriétés du sol argileux et le débordement du Chari, créent des gîtes larvaires où les moustiques se reproduisent, favorisant ainsi la propagation du paludisme.

Pourquoi le climat n’explique-t-il que 52% de l’incidence du paludisme à N’Djamena ?

Le climat n’explique que 52% de l’incidence du paludisme car d’autres facteurs, comme les conditions socio-économiques et environnementales, jouent également un rôle significatif.

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