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Analyse des résultats sur l’impact des facteurs socio-environnementaux sur le paludisme à N’Djamena

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🏫 UNIVERSITE DE BANGUI - FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES - DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - 2021-2022
🎓 Auteur·trice·s
Bichara About BRAHIM
Bichara About BRAHIM

Les facteurs socio-environnementaux paludisme jouent un rôle crucial dans l’incidence de cette maladie à N’Djamena, révélant que seulement 52% de son évolution est attribuable au climat. Cette étude met en lumière des dynamiques souvent négligées, essentielles pour comprendre et combattre le paludisme dans cette région.


CHAPITRE 5 : IMPACT DES FACTEURS SOCIO- ENVIRONNEMENTAUX SUR LE PALUDISME

Nous avons compris à travers le chapitre précédent que le climat n’est pas le seul facteur qui expliquent l’évolution du paludisme dans la ville de N’Djaména. Ce qui nous conduira à présenter dans ce chapitre, les conditions environnementales et sociales qui participent également à la dynamique paludéenne. Pour ce faire, nous avons mené une enquête auprès de la population et effectué des observations terrain dont les résultats seront l’objet de ce chapitre.

Dans le chapitre 4, les résultats montrent que le climat n’explique que 52% de l’incidence du paludisme. Ce qui signifie que les causes des 48% restants ne dépendent pas forcément du climat. Cela signifie aussi qu’en dehors du climat, d’autres facteurs interviennent, à des degrés divers, dans la dynamique du paludisme. Il est alors important de rechercher les causes dans les autres compartiments de la société notamment, les gites larvaires qui existent quelques fois en déphasage avec le climat et les comportements individuels ou de groupe.

Aspects sociodémographiques

Nous avons mené une enquête terrain auprès de 246 personnes pour essayer de comprendre les aspects relatifs aux facteurs sociétaux et environnementaux qui sont susceptible d’exercer une influence sur le cours de la maladie et à l’appréhension de l’effet du climat sur le paludisme perçus de manière empirique par les concernés. Ces informations auront l’avantage de déceler les informations qui ne peuvent être expliquées par les corrélations ou les formules statistiques.

Fig. 34: Répartition géographique des répondants

[14_impact-des-facteurs-socio-environnementaux-sur-le-paludisme-a-djamena_21]

10ème arrond

20%

1er arrond

5% 2ème arrond

8%

3ème arrond

2%

9ème arrond

2%

4ème arrond

21%

8ème arrond

20%

7ème arrond

12%

6ème arr 5ème arrond

2%

ond 8%

Source : enquête de terrain, Brahim B. A, 2021

Le 7ème, 8ème et 10ème arrondissement se situent à la périphérie et ceinturent la ville de N’Djaména. Ils constituent 52% de nos répondants contre 48% pour les quartiers centraux. Cette répartition nous a permis de mettre en évidence les contrastes sociaux et environnementaux entre le centre-ville et la périphérie pour avoir une compréhension représentative de l’ensemble de la ville de N’Djaména.

Mobilité des populations et accessibilité aux centres de soins

Mobilité des populations

On retrouve des malades qui, pour des facilités d’accès aux soins ou de gratuité38, se font consulter dans des structures de santé différentes de leur lieu de résidence. Ils sont comptabilisés dans le lieu de consultation. Ils échappent donc à la comptabilité de leur lieu de résidence mais augmentent les chiffres de l’hôpital d’accueil. En d’autres termes, ces déplacements affectent les statiques du paludisme. Une personne ayant reçu une piqure de moustique et contractée le paludisme à un instant T et en lieu donnée parfois en dehors même de N’Djaména pourrait être enregistrée plus tard dans un autre un lieu et sera donc comptabiliser dans ce district.

Dans la ville de N’Djaména, il y a en moyenne au moins 2 ménages par concession, ce qui signifie près de 11 personnes par concession39. En saison sèche, où la population de moustiques baisse, cette concentration humaine permet à un seul moustique d’effectuer un ravage sur l’ensemble des habitants de la concession. Il va avoir de nombreux cas d’affections de paludisme mais ne pourront être corrélés au climat.

Toutes ces situations ont pour rôle de perturber la comptabilité du paludisme dans un sens comme dans l’autre et peuvent à un certain niveau perturber donc la responsabilité du climat.

Pour cela, nous avons parmi les personnes enquêtées (dont 67% sont des femmes), plus de 39% sont résident de leurs quartiers depuis plus de 15 ans, indicateur important pour la compréhension de l’évolution de l’environnement climatique, de la dynamique des gites et de l’évolution de la prolifération des moustiques.

38 Il y a des centres de santé pour la plupart communautaires qu’administrent gratuitement des soins pour le paludisme.

39 Résultat du RGPH2 (2009) par l’Institut National des Statistiques, des Etudes

Economiques et Démographique (INSEED).

Modes de soins et accessibilité aux centres de santé

L’enquête nous démontre qu’à peu près la moitié des personnes affectées par le paludisme ne se soignent pas forcément dans des structures sanitaires. Ils attendent d’abord que l’affection disparaissent comme elle est arrivée, si ce n’est pas le cas, ils ont recours à l’automédication. Ce choix s’explique par diverses raisons notamment par les difficultés financières, la conception populaire d’auto rétablissement…

(fig. 36). Si les malades guérissent, ils ne se présenteront pas dans un centre de santé pour être pris en compte par les statistiques. De ce fait, ils échappent à la comptabilité. Par contre, si l’affection s’aggrave, c’est en ce moment, qu’ils vont se faire consulter dans une structure sanitaire. Pour les statistiques sanitaires, le jour de consultation marque le début de l’affection du paludisme.

Les corrélations sont effectuées avec les informations climatiques de ce jour. Or, la maladie a été contractée bien avant, dans des conditions climatiques différentes. L’origine de la maladie ne correspond pas à la date de leur consultation. Ce décalage peut affecter directement la mise en corrélation entre le climat et le paludisme dans lequel on suppose que la date de l’enregistrement des malades dans les registres sanitaires est celle de la contraction du paludisme.

En réalité, les affections sont corrélées aux conditions climatiques de date différente.

70%

60%

50%

40%

30%

20%

10%

0%

Dans un centre de santé

Achat de médicament pharma

Ecorse

Fig 35: Les modes de soin du paludisme

Fig 36: Raisons de choix de modes de soin

Efficacité 33%

Difficultés financières 35%

Confiance 24%

Assurance maladie 8%

Source : enquête de terrain, Brahim. B. A, 2021

En plus de ces raisons (fig.36), il y a aussi une inégale répartition des centres de santé dans la ville de N’Djaména. Les quartiers périphériques de la ville sont ceux qui rassemblent le plus des populations et concentrent aussi les plus des gites larvaires. Ces dispositions rendent vulnérables les habitants de cette partie de la ville au paludisme, mais en même temps on observe dans la carte ci-dessous (fig. 37) une faible répartition des centres de santé par rapport aux quartiers centraux. En plus de cela, les routes sont difficilement praticables notamment pendant la saison de pluies. Tous ces éléments concourent à décourager les populations de saisir les centres de santé pour se soigner en cas d’une affection au paludisme.

[14_impact-des-facteurs-socio-environnementaux-sur-le-paludisme-a-djamena_22]

Source : GEGOUBE Victoire, 2020

Cette carte (fig. 37) montre bien que les centres de santé privés et publics sont concentrés à 80% dans le 1er, 2ème, 3ème, 4ème, 5ème et 6ème arrondissement, pourtant ces 6 arrondissements réunis constituent à peine 20% du territoire de la ville et moins de 40% de sa population.

Tous ces facteurs allant des comportements individuels, sociaux et structurels concourt d’une manière à une autres à mettre en évidence la face cachée du paludisme qui ne ressort pas forcement dans les statistiques et qui peut expliquer en partie la non significativité de corrélation climat-paludisme dans la ville de N’Djaména. Nous allons voir en plus, les facteurs environnementaux notamment ceux liées aux gites larvaires et leur distribution.


Questions Fréquemment Posées

Quels sont les principaux facteurs influençant le paludisme à N’Djamena?

Les résultats montrent que le climat n’explique que 52% de l’incidence du paludisme, les autres facteurs étant socio-économiques et environnementaux.

Comment la mobilité des populations affecte-t-elle les statistiques du paludisme?

La mobilité des populations affecte les statistiques du paludisme car les malades peuvent consulter dans des structures de santé différentes de leur lieu de résidence, ce qui perturbe la comptabilité du paludisme.

Quelle est l’importance des enquêtes terrain dans l’étude du paludisme?

Les enquêtes terrain permettent de déceler des informations qui ne peuvent être expliquées par les corrélations ou les formules statistiques, en comprenant les aspects relatifs aux facteurs sociétaux et environnementaux.

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