L’impact de la température sur l’arachide révèle des enjeux cruciaux pour les agriculteurs du Tchad. Découvrez comment les variations thermiques influencent les rendements et quelles stratégies d’adaptation peuvent garantir la sécurité alimentaire face aux défis climatiques.
La variabilité de la température et production d’arachide et de maïs
Tout comme la pluie, la température est un facteur essentiel pour le rendement des cultures. Les températures influencent fortement les processus physiologiques des cultures et partant les différents stades de leur croissance.
3.1-Variabilité de la température et production d’arachide
L’arachide est souvent classée comme plante résistante à la sécheresse avec des performances qui en font une des principales cultures de la zone tropicale sèche. L’arachide est peu sensible à la photopériode. Selon Robert (2001), les températures inférieures à 15 degrés et supérieures à 45 degrés ralentissent ou bloquent la croissance.
Les déséquilibres se traduisent fréquemment par un rapport fanes/gousses défavorable. L’analyse de la corrélation (tableau 18) permet d’apprécier l’influence des températures pendant la saison de croissance des pluies sur les rendements. L’optimum se situant entre 25°C et 35°C. Il faut une moyenne optimum qui varie de 28 à 35° durant son cycle végétatif.
Le tableau ci-dessous présente les effets induits par la variation de la température mensuelle de la saison de croissance sur la croissance d’arachide.
Tableau 18: effets de la température mensuelle de la saison de croissance sur la croissance d’arachide
Tableau 18: effets de la température mensuelle de la saison de croissance sur la croissance d’arachide | ||||||
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Paramètre/Critères | Description/Valeur | |||||
Mois de l’année | Mai/juin | |||||
Stade de croissance | Germination | |||||
Ecart de température | 21-40 | |||||
Optimum de température | 32-34°C | |||||
Températures observées | 29-31 | |||||
Observation | Condition favorable à la germination et la levée de la plante | |||||
Mois de l’année | Juillet/Août | |||||
Stade de croissance | Floraison | |||||
Ecart de température | 20-33 | |||||
Optimum de température | 24-33°C | |||||
Températures observées | 25-27 | |||||
Observation | Faible température. Vulnérabilité élevée. Ralentissement de la croissance de la plante. | |||||
Mois de l’année | Septembre | |||||
Stade de croissance | Maturation | |||||
Ecart de température | 20-31 | |||||
Optimum de température | 24-33°C | |||||
Températures observées | 26 | |||||
Observation | L’arachide fini sa dernière phase de cycle légèrement en dessous de sa tolérance. |
Source : Travail de terrain, 2022
La variabilité thermique dans le Mayo Dallah analysé chapitre 3 est caractérisé par des évolutions interannuelles. Ainsi, il ressort de l’analyse de ce tableau que cette variation de température influence la croissance des plantes et affecte les processus physiologiques : germination, floraison et maturation. Le stade végétatif durant la période (1990-2021) est favorable à la germination et la levée de la plante, par contre le stade reproductif et de maturation s’exécutent en dessous de leur tolérance, ce qui pourrait affecter les rendements de la culture d’arachide. Lorsque la plage optimale de valeurs de température par cette culture n’est pas atteinte, la culture d’arachide a tendance à réagir négativement, ce qui entraîne une baisse de rendement.
Le tableau 18 suivant présente la corrélation entre les températures maximales et minimales de la saison de croissance avec le rendement d’arachide.
Tableau 19 : Résumé des résultats pour la corrélation de Pearson entre température et production d’arachide de 2015 à 2021
Tableau 19 : Résumé des résultats pour la corrélation de Pearson entre température et production d’arachide de 2015 à 2021 | |||
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Paramètre/Critères | Description/Valeur | ||
Variables testés | Corrélation de Pearson Coefficient (r) | Coefficient de détermination (r²) | Proportion de la précipitation dans le changement |
Tmax et production | 0,23 | 0,05 | 5,6% |
Tmin et production | 0,18 | 0,03 | 3,5% |
Source : ANADER et DREM, 2022
La régression linéaire utilisant les températures maximales et minimales de 2015 à 2021 a révélé que le rendement d’arachide était faiblement corrélé aux variables températures et maximales et minimales. (Figure 30)
23
22,5
22
21,5
21
20,5
y = 1E-05x + 21,193
R² = 0,0356
20
10000 20000 30000 40000 50000
Production en tonnes/ha
37
36,5
36
35,5
35
y = 3E-05x + 35,082
R² = 0,0561
34,5
10000 20000 30000 40000 50000
Production en tonnes/ha
Température maximale en °C
Température minimale en °C
Figure 30: nuage des points montrant l’analyse de régression entre les températures maximales et minimales de la période de croissance avec les rendements de (2015-2021)
Source : ANADER et DREM, 2022
Il ressort de l’analyse de ces deux figures, le prédicateur pour les températures maximales représentait que 5% des variations de la production et était significatif à un intervalle de 95%, tandis que dans les changements de 3% d’arachide était expliqué par les températures minimales. Pour les températures maximales, le changement de la production moyen était de 3E-05 ± 35,082t/ha pour la période à d’étude tandis que celui pour les températures minimales était de 1E-05± 21,193t/ha.
3.2- Variabilité de la température et production de maïs
Les besoins en température du maïs varient en fonction de stade de croissance. Le tableau ci-dessous (18) présente la corrélation entre la production et les températures de la saison de croissance du maïs.
Tableau 20: Résumé des résultats pour la corrélation de Pearson entre température et production de maïs 2015 à 2021
Tableau 20: Résumé des résultats pour la corrélation de Pearson entre température et production de maïs 2015 à 2021 | ||||
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Paramètre/Critères | Description/Valeur | |||
Variables testés | Corrélation de Pearson | Coefficient (r) | Coefficient de détermination (r²) | Proportion de la précipitation dans le changement |
Tmax et production | 0,37 | 0,139 | 13,96% | |
Tmin et production | 0,34 | 0,11 | 11% |
Source : ANADER et DREM, 2022
L’utilisant de la régression linéaire des températures maximales et minimales de 2015 à 2021 a révélé que le rendement du mais était corrélé variables températures et maximales et minimales. (Figure 32)
37
36,5
36
35,5
y = -5E-05x + 37,363
35 R² = 0,1396
34,5
10000 20000 30000 40000 50000
Production en tonnes/ha
22,2
22
21,8
21,6
21,4
21,2
21
20,8
20,6
y = -2E-05x + 22,29
R² = 0,1195
10000 20000 30000 40000 50000
Production en tonnes/ha
Température maximale en °C
Température minimale en °C
Figure 31: nuage des points montrant l’analyse de régression entre les températures maximales et minimales de la période de croissance avec les rendements de (2015-2021).
Source : ANADER et DREM, 2022
Le prédicateur pour les températures maximales représentait 13,96% des variations de la production et était significative à un intervalle de 95%, tandis que dans les changements de 11,95% du maïs étaient expliqués par les températures minimales. Pour les températures maximales, le changement de la production moyen était de 5-E-05 ± 37,363t/ha pour la période à d’étude tandis que celui pour les températures minimales était de -2E-05± 22,29t/ha.
Impacts de la variation des précipitations interannuelles et de la production d’arachide et du maïs dans le Mayo Dallah.
Les paramètres climatiques dans leur manifestation agissent sur les productions agricoles à divers niveaux d’évolution de la campagne agricole, mais ces effets sont plus visibles dans la production agricole des cultures vivrières. Pour comprendre les liens entre la pluie et les paramètres agricoles, il est nécessaire de faire recours à la présentation de la courbe de la production qui est réalisée en fonction de l’indice pluviométrique annuel.
Elle donne un aperçu global de cette relation et permettent de comprendre aussi les liens qui existent entre la pluie et les productions. Par l’indisponibilité des données de la production agricole couvrant la période à l’étude qui est fixée à 32 ans, nous faisons usage des données agricoles de la période allant de 2005 à 2021 avec l’absence des données agricoles des années 2006 et 2007.
L’analyse de la variabilité pluviométrique dans le Mayo Dallah a montré une tendance générale à la stabilité. Mais les variations interannuelles sont marquées par l’alternance d’années sèches et pluvieuses comme le présente le chapitre 3. Cette situation affectera évidemment les productions des cultures du maïs et d’arachide. La relation entre les productions d’arachide, de maïs et les indices pluviométriques interannuels est représentée par les figures (32, 33) ci-dessous afin d’évaluer le niveau d’implication d’une variable sur l’autre.
Figure 32: courbes de corrélation entre les indices pluviométriques et de la production du maïs de 2005-2021
Tendance des production
Tendance des précipitations
Production du maïs
IPA
0
-2,00
5000
-1,00
15000
10000
0,00
20000
1,00
30000
25000
2,00
35000
3,00
45000
40000
4,00
Indice pluviometrique annuel
2005
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
Production en tonnes/ha
Source : ANADER et DREM, 2022
L’analyse de cette figure 32, nous montre que les courbes de tendance (production et pluviométrie) évoluent dans le même sens. Ce qui témoigne d’une influence certaine de la pluviométrie sur la production du maïs. Ainsi, les années 2005, 2008, 2009, 2010, 2011, 2014, et 2021 avec des indices annuels négatifs c’est-à-dire les années dont les précipitations sont au-dessous de la moyenne (1004mm) correspondent directement à une production élevée en tonnes.
L’année 2015, avec un indice de -0,56 (855,9 mm) et une production élevée de 35867 tonnes, illustre plus mieux cette situation. Par contre, les années 2012 et 2013 avec des indices positifs c’est-à-dire des années ou les précipitations sont supérieures à la moyenne, sont marquées par des baisses drastiques de la production.
En fin, les années 2016, 2018, 2019 et 2020 se distinguent complètement comme des années qui contrastent avec la production. Ces années bien que présentant des indices positifs (années plus humides) ont enregistrée des productions plus élevées avec le pic atteint en 2020 (39198 tonnes). Cela pourrait indiquer que la production est déterminée par d’autres facteurs que la variabilité pluviométrique.
Figure 33: courbes de corrélation des indices pluviométriques et de la production d’arachide
Tendance des productions
Tendance des précipitations
Production d’arachide
IPA
0
-2,00
10000
-1,00
20000
0,00
30000
1,00
40000
2,00
50000
3,00
60000
4,00
Indice pluviometrique annuel
2005
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
Production en tonnes/ha
Source : ANADER et DREM, 2022
Il ressort de l’analyse de cette figure (33), une évolution contrastée avec des tendances linéaire de production et de la pluviométrie en augmentation. Le croisement observé durant cette période traduit le fait que la pluviométrie augmente tandis que la production est en diminution. Nous constatons que les campagnes agricoles des années 2005, 2009, 2011, 2014, 2015, 2017 et 2021 bien qu’ayant connues des déficits pluviométriques ont enregistrés une hausse de production. Par ailleurs, la hausse de la pluie de la compagne de l’année 2020 est caractérisée par une baisse drastique de la production. En fin, les campagnes des années 2012, 2013, 2016 et 2019 on constate que la production évolue au rythme des fluctuations de la pluie.
CONCLUSION
Ce chapitre a présenté les effets de la variabilité pluviométriques sur les stades de croissance et les rendements d’arachide et de maïs. Ce sont surtout les inondations, les sécheresses, les séquences sèches, les hausses de températures qui perturbent les stades critiques de la croissance. Les impacts indirects sont liés à l’apparition de ravageurs et de maladies. Tout ceci conduit à une baisse des rendements, comme l’indique l’analyse de corrélation.
La corrélation de Pearson entre les températures maximales et minimales avec les rendements d’arachide a montré une relation positive modérée et une relation très significative pour la culture du maïs. Les résultats ce travail sont conformes à ceux obtenus par plusieurs auteurs, Ogouwalé (2006) pour qui, les excès et les insuffisances des hauteurs des pluies sont très préjudiciables aux cultures.
Pour Afouda et al, (2014), la rareté des pluies prolongées, les poches de sècheresses, les excès d’eau font baisser le rendement des cultures. Dans la même logique, pour Allé (2013), la perturbation qu’enregistre les systèmes culturaux s’explique par l’irrégularité pluviométrique, la mauvaise répartition spatio-temporelle des précipitations, la variabilité intra et inter-saisonnières des pluies, l’occurrence des phénomènes extrêmes (inondations, sécheresses et vagues de chaleur) et les séquences sèches limite les productions agricoles.
Toutefois, la quantité de pluie tombée ne détermine pas à elle seule la production agricole. D’autres facteurs expliquent les variations de rendements. C’est ce que montrent les résultats du test de régression dont le prédicateur représente 13% des variations de la production du maïs et 2% pour la culture d’arachide. Ces résultats confirment les travaux de Sossa (2001), Noufé (2010) et Septime (2008). La variabilité pluviométrique demeure le facteur déterminant pour cette agriculture essentiellement pluviale. La chute des rendements affecte les moyens de subsistance des agriculteurs et leurs exigent des adaptations conséquentes présentées dans le chapitre suivant.
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Questions Fréquemment Posées
Quel est l’impact de la température sur la croissance de l’arachide à Mayo Dallah?
La température influence fortement les processus physiologiques des cultures, avec un optimum situé entre 25°C et 35°C pour la croissance de l’arachide.
Quelles sont les températures optimales pour la germination de l’arachide?
Pour la germination de l’arachide, l’optimum de température se situe entre 32°C et 34°C.
Comment la variabilité de la température affecte-t-elle les rendements d’arachide?
Lorsque la plage optimale de valeurs de température n’est pas atteinte, la culture d’arachide a tendance à réagir négativement, entraînant une baisse de rendement.