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Analyse des stratégies essentielles sur l’impact climatique du paludisme à N’Djamena

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🏫 UNIVERSITE DE BANGUI - FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES - DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - 2021-2022
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Bichara About BRAHIM
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L’impact climatique sur le paludisme à N’Djamena révèle une corrélation surprenante : seulement 52% de l’incidence de la maladie est expliquée par des facteurs climatiques. Cette étude met en lumière l’importance cruciale des éléments socio-économiques et environnementaux dans la dynamique de cette pathologie.


CHAPITRE 5 : RYTHMES CLIMATIQUES ET RYTHMES DU PALUDISME

Nous allons présenter dans ce chapitre les relations entre les rythmes des paramètres climatiques et l’incidence33 du paludisme. Il s’agit d’établir les corrélations quantitatives entre la pluie, l’humidité et la température et l’incidence du paludisme.

Corrélation pluviométrie et incidence du paludisme

La pluie est l’élément déterminant pour la naissance, la croissance et la prolifération des moustiques, vecteur du paludisme. Ce qui fait que la pluviométrie influence l’état des gites larvaires34 en quantité et en qualité. Elle détermine le nombre de piqures de moustiques qui transmettent l’affection ; du nombre de piqures dépend le nombre d’affection. Elle détermine également en grande partie le faciès palustre. Tous ces éléments concourent au profilage épidémiologique du paludisme. Il est donc capitale de voir si l’instabilité pluviométrique saisonnière (Voir chapitre 3) de la ville de N’Djaména a un impact direct ou indirect sur l’incidence du paludisme.

L’indice de corrélation est la meilleure manière de tester la relation entre deux variables (pluviométrie et l’incidence du paludisme) quantitatives.

Tableau 5 : Récapitulatif des indices de corrélations entre la pluviométrie et les affections du paludisme.

2013

2014

2015

2016

2017

2018

2019

2020

ρ=

0.3309

0.1337

0.3506

0.7934

0.4129

0.1464

0.876

0.6417

P- value

0,00293

0,06787

0,02638

0,00207

0,01822

0,0065

0,00018

0,02448

Source : Brahim B. A, 2021

Les coefficients de corrélation ci-haut sont calculés entre la quantité de pluie et l’incidence du paludisme sur les douze mois de chaque année. Il ressort comme on peut l’observer que durant les huit ans, les corrélations sont toutes positives. Ce qui établit l’existence d’une liaison entre la variation des quantités de pluies et le nombre de cas de paludisme avec p-value de 0,0198, ce qui est statistiquement significative au seuil de 0,05 retenue pour le test. On peut déjà déduire à ce stade de la réflexion que le nombre d’affections du

33 Le terme incidence signifie en épidémiologie le nombre de nouveaux cas d’une

maladie ou des malades présents à un moment données dans une population

34 Le gite larvaire désigne l’ensemble des points d’eau naturels ou artificiels dans lesquels les moustiques peuvent pondre leurs larves et se développer.

paludisme est lié aux pluies notamment aux mois d’aout, septembre et

octobre.

Cependant, d’une manière générale, les corrélations sont faibles sauf en 2016, 2019 et 2020 ou elles sont très fortes. Cette différence s’explique par les faits que durant ces trois années, la répartition des pluies s’étale sur au moins six mois : c’est ce qui renforce la disponibilité en eau et donc le nombre de moustiques et le nombre de piqures et donc du nombre des cas d’affections palustres. Il est important de préciser à ce sujet que le nombre des affections du paludisme corrélés avec les pluies ici sont enregistrés pendant tous les mois de l’année. Mais en générale, les abats pluviométriques se réduisent à seulement trois ou quatre mois dans l’année.

Pour mettre en évidence les liaisons entre la pluviométrie et l’incidence du paludisme et voir la concordance avec les coefficients de corrélation calculés, nous allons présenter les graphiques de ces deux paramètres sur un même repère.

Fig 23: Evolution mensuelle de cas de paludisme par

rapport à la pluviométrie en 2013

Fig 24: Evolution mensuelle de cas de paludisme par

rapport à la pluviométrie en 2014

300

18000

200

12000

16000

180

250

10000

14000

160

140

200

12000

8000

120

10000

150

100

6000

8000

80

100

6000

4000

60

4000

50

40

2000

2000

20

0

0

0

0

Pluvimétrie

Cas de palu

Pluviométrie

Malades

Pluviométre en mm

Nombre decCas de palu

Pluviométrie en mm

nombre de cas de palu

Source : Brahim B. A, 2021

Fig 25: Evolution mensuelle de cas de paludisme par

rapport à la pluviométrie en 2019

Fig 26: Evolution mensuelle de cas de paludisme par

rapport à la pluviométrie en 2020

180

12000

350

12000

160

10000

300

10000

140

250

120

8000

8000

100

200

6000

6000

80

150

60

4000

4000

100

40

2000

50

2000

20

0

0

0

0

Pluviométrie

Malades

Pluviométrie

Malades

Pluviométrie en mm

Nombre de cas de palu

Pluviométrie en mm

Nombre de cas de palu

Nous avons choisi quatre années de manière aléatoire pour l’illustration graphique afin de permettre une analyse comparative avec les valeurs de la corrélation. Il s’agit de l’an de 2013 (ρ = 0,3309) et l’an 2014 (ρ = 0,1337) représentant les corrélations positives faibles et les années 2019 (ρ=0,8760) et 2020 (ρ=0,6417) pour les très fortes corrélations.

En 2013 la représentation de la pluie et le nombre d’affections prennent une allure trimodale, le premier pic paludéen s’installe en avril, le deuxième en juin et le troisième, le plus important entre septembre et octobre. Ces trois pics sont séparés par des reculs de l’incidence. Le pic des pluies s’installe en août tandis que le pic des affections s’installe entre septembre et octobre.

Ils ont un écart d’un mois. Le mois de mai qui en 2013 a enregistré un recul important dans l’incidence palustre, connait une importante augmentation en 2014. La pluviométrie maximale est enregistrée en août et le record de l’incidence palustre se situe en octobre : c’est ce qui a affaiblit la valeur de la corrélation.

Mais si l’on prend en compte la période de disponibilité des gites larvaires, le développement des vecteurs ainsi que la période d’incubation qui peut prendre un mois, on arrive à une corrélation positive, significative par intervalle.

Pour 2014, l’incidence du paludisme est bimodale tandis que la pluviométrie conserve son rythme uni modale. Le premier pic paludéen s’installe en mai et le deuxième, le plus important s’installe en octobre. Les deux sont séparés par un profond recul de l’incidence situé au mois de juillet. Cette disparité a donné un important écart dans le calcul de corrélation linéaire. Le premier pic du paludisme qui a eu lieu en mai ne peut être déterminé par la pluviométrie, car cette dernière est nulle durant les six mois précédents le mois de mai. On

remarque tout de même que le mois de juillet qui reçoit une importante quantité de pluies a une incidence moins marquée.

Concernant les deux derniers graphiques, on observe une évolution en phase des pluies et du nombre des cas d’affections. Pour 2019, on observe une évolution en forme de dôme de la prévalence du paludisme qui se superpose à la courbe de la pluviométrie. La pluie et le paludisme atteignent leur pic ensemble au mois d’Aout puis déclinent rapidement à partir du mois d’octobre pour atteindre leurs valeurs les plus faibles en novembre et décembre. Ce sont ces liaisons ponctuelles (mois par mois) qui ont fait que la corrélation soit très forte (ρ=0,8760).

En 2020 nous observons une évolution discordante entre janvier et mai puis, une concordance entre la pluie et les affections du paludisme de juin à décembre. A partir de janvier, l’incidence décroit doucement jusqu’au mois de mai. A partir de mai, l’incidence augmente régulièrement en suivant la courbe de la pluviométrie pour atteindre son point le plus élevé en septembre alors que le pic de la pluviométrie se situe en août.

La concavité tracée par l’incidence du paludisme coïncide avec le début de pluies et son profil montant avec l’augmentation de la pluie entre juin et juillet pour former une convexité légèrement écartée du maximum pluviométrique du mois d’août. La corrélation schématique vérifie deux faits : l’indice de corrélation qui s’élève à 0,6417 et l’écart d’au moins un mois pour la mise en place des gites qui entretiennent le développement de moustiques et la prise en compte de la période d’incubation.

Le teste de significativité p-value est de 0,0198, ce qui est nettement inférieur 0,05 qui est le seuil maximal de significativité de la relation entre la pluviométrie et le paludisme.

Cette mise en relation quantitative entre la pluviométrie et l’incidence du paludisme nous montre qu’il y a globalement une corrélation linéaire positive entre les deux paramètres. Mais la corrélation par un écart d’au moins un mois est plus élevée par rapport à la liaison mois par mois. Puis l’existence des cas peu concordants nous révèle que la pluviométrie, à elle seule, ne peut expliquer tous les cas de paludisme.


Questions Fréquemment Posées

Quel est l’impact de la pluviométrie sur l’incidence du paludisme à N’Djamena?

La pluie est l’élément déterminant pour la naissance, la croissance et la prolifération des moustiques, vecteur du paludisme. Elle influence l’état des gîtes larvaires et détermine le nombre de piqûres de moustiques qui transmettent l’affection.

Comment les variations de pluie affectent-elles le paludisme à N’Djamena?

Les corrélations entre la quantité de pluie et l’incidence du paludisme montrent que durant les années où la répartition des pluies s’étale sur plusieurs mois, il y a une augmentation du nombre de moustiques et donc des cas d’affections palustres.

Quelle proportion de l’incidence du paludisme est expliquée par le climat à N’Djamena?

Les résultats montrent que le climat n’explique que 52% de l’incidence du paludisme, les autres facteurs étant socio-économiques et environnementaux.

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