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Comment les rythmes climatiques influencent-ils le paludisme à N’Djamena ?

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🏫 UNIVERSITE DE BANGUI - FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES - DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - 2021-2022
🎓 Auteur·trice·s
Bichara About BRAHIM
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L’impact climatique sur le paludisme à N’Djamena révèle une réalité surprenante : seulement 52 % de l’incidence de la maladie peut être attribuée aux facteurs climatiques. Cette étude met en lumière l’importance des éléments socio-économiques et environnementaux dans la dynamique de cette maladie.


JUSTIFICATION

La Climatologie est définie par l’OMM comme « l’étude du climat, de ses variations et de son impact sur diverses activités dont celles qui affectent la santé humaine, la sécurité alimentaire et le bien-être ». Partant de cette définition, comprendre l’influence des rythmes saisonniers du climat sur le paludisme, est une application de la climatologie que la présente étude tente de mener. Il s’agit de questionner le climat et les modalités de son implication dans le comportement du paludisme dans la ville de N’Djaména.

Cette étude se justifie surtout par l’envergure que prend le paludisme au Tchad. Sur le plan épidémiologique, le taux de morbidité dû au paludisme représente 41.88% de l’ensemble des affections répertoriées et le taux de mortalité dû au paludisme représente 32% de l’ensemble des décès en 2019. En 2020, 571 258 cas ont été enregistrés pour 16 244 513 habitants avec plus de 1 280 décès dans tout le pays.

La ville de N’Djaména, à elle seule, enregistre 53 976 cas (PNLP). Ce sont les taux les plus élevée dans le temps et dans l’espace (2020). Dans le tableau ci-dessous (tableau 1), nous avons une hiérarchisation des motifs de consultations en fonction du nombre des cas. Le paludisme vient en tête et loin (avec 32%) devant les autres pathologies.

Tableau 1 : dix premiers motifs de consultations au Tchad en 2014

Pathologies

Nombre des cas

Proportion (%)

1

Paludisme

1 102 657

32,59

2

IRA

413 372

12,22

3

Diarrhée

216 564

6,40

4

Traumatisme

115 642

3,42

5

Infections de la peau/dermatose

108 512

3,21

6

Malnutrition

82 526

2,44

7

Dysenterie

60 406

1,79

8

Conjonctivite

55 538

1,64

9

Infections ORL

48 130

1,42

10

Infections urinaires

39 654

1,17

Source : annuaire des statistiques sanitaires de 2014/MSP.

En plus du fait que le paludisme soit la première cause de morbidité, elle l’ai aussi pour la mortalité. Le paludisme représente 32% des causes de mortalité annuelle loin devant les autres pathologies (PNLP, 2018). Annuellement, 13 à 17% de la population de N’Djaména affectés par le paludisme décèdent. Le tableau ci-dessous (tableau 2) nous présente un classement des causes de mortalité en 2017 pendant que le paludisme occupe toujours la première place.

Tableau 2 : Classement des causes de mortalité en 2017

Problème de santé

Nombre des cas

Pourcentage

1

Paludisme

1 581 42

26,88%

2

Accidents de la voie publique

58139

9,88%

3

Paludisme grave

39008

6,63%

4

Traumatisme

31810

5,41%

5

Fièvre typhoïde

30468

5,18%

6

Ulcère/gastrite

20441

3,47%

7

Affection bucco dentaires

17424

2,96%

8

Infection génitale

15094

2,57%

9

Conjonctivite

13745

2,34%

10

Diarrhée

12558

2,13%

Source: ASN, 2017

Le paludisme est donc la première cause de morbidité et de mortalité au Tchad et dans la ville de N’Djaména. Cette situation fait que tout état fébrile, de fièvre, de fatigue ou de fléchissement dans l’état de santé, fait penser immédiatement au paludisme. C’est dire l’importance de la maladie qui monopolise le subconscient des Tchadiens.

Sur le plan institutionnel, en plus de l’urgence que constitue la lutte contre le paludisme au Tchad et dans bon nombre des pays du monde, les structures sanitaires, le développement des études ainsi que le programme national de lutte contre le paludisme ne sont pas à la dimension du problème à résoudre.

Sur le plan économique, les conséquences sanitaires et socioéconomiques du paludisme dépassent la résilience de la population tchadienne7. Chaque affection, d’un adulte ou d’un enfant, entraine des dépenses financières directes. Le traitement du paludisme est payant et l’accessibilité des infrastructures de soins pose encore de nombreux problèmes. La population dépense dans les cabinets privés pour se soigner : ces dépenses supportées exclusivement par les ménages augmentent leur précarité.

Plus de 75% de la population tchadienne vit des revenus obtenus au jour le jour et issus des activités informelles (INSEED, 2014 p6). Cette dépendance fragilise les ménages et le revenu s’annule à cause de l’indisponibilité causée par le paludisme d’un actif. La convalescence se traduit par des jours sans revenus.

Et c’est toute la famille qui sera affectée sur le plan alimentaire et scolaire.

Sur le plan spatial, la ville de N’Djaména constitue le cadre géographique de l’étude. Ce choix se justifie par la taille de sa population (avec 1 454 671 habitants en 2020 la Ville de N’Djaména est la plus peuplée de tout le pays) et en conséquence par le record de la prévalence du paludisme. Les analyses épidémiologiques ont mis en évidence que 98% de la population vie dans des zones à risque. Et de point de vue structurel, la Ville de N’Djaména dispose des données cliniques et climatologiques fiables. Ce qui est un élément déterminant et fondamental dans la réalisation de cette étude.

Scientifiquement, la présente étude suit le chemin actuel de la recherche scientifique qui se veut beaucoup plus opérationnelle. Essayer autant que possible à travers les travaux de recherche de faire avancer les connaissances

7 80% de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté, soit avec un revenu de mois de 2 $/jour selon la Banque mondial en 2018

et en même temps participer à solutionner les problèmes d’ordre social, économique, technique et environnemental.

La présente étude s’inscrit dans le domaine de la bioclimatologie humaine. Cette discipline a pour objet d’étudier les rapports entre le climat et les êtres vivants. Dans une période où le climat est devenu une préoccupation majeure dans la recherche, nous allons à la fois participer à la production des connaissances dans les domaines d’impacts climatiques et aussi contribuer à l’essor de la bioclimatologie qui est encore une science en construction. La faiblesse de productions scientifiques sur la bioclimatologie humaine dans la ville de N’Djaména justifie cette recherche.

Cette étude consiste donc à établir la responsabilité du climat dans la transmission des affections du paludisme. Et elle se fonde sur une approche multisectorielle. Nous sommes dans un espace où le développement socioéconomique et technique est embryonnaire et tous les systèmes de production et de développement sont directement influencés par les caprices du climat.

OBJECTIF DE RECHERCHE

L’objectif de cette étude est de répondre à la question suivante : Comment les rythmes climatiques saisonniers affectent t – ils l’évolution du paludisme dans la ville de N’Djaména ? À travers cette question, nous voulons comprendre les relations d’effets entre les différentes pulsations saisonnières du climat (pluviométrie, humidité et température) et les variations quantitatives de l’incidence du paludisme. Il s’agit en d’autres termes de comparer la variation chronologique des affections palustres en lien avec les paramètres du climat.

Délimitation spatiale de l’étude

Nous avons choisi d’analyser les relations les rythmes climatiques et le rythme saisonnier du paludisme dans la ville de N’Djaména. La présente étude s’inscrit, à la base, dans le domaine de la Géographie. Ce qui rend la mise évidence de l’assise spatiale du problème fondamentale et incontournable.

La ville de N’Djaména est la capitale de la République du Tchad, pays de l’Afrique Centrale peuplé de 16 244 5138 habitants en 2020. La ville s’étend sur 100 ha, découpée en 10 arrondissements et 4 districts sanitaires transcendants 64 quartiers. La ville de N’Djaména est située sur la rive du Chari et entre 12°00’49’’ et 12°6’59’’ de latitude Nord et entre 14°54’00’’ et

8 Chiffre obtenu sur la base de projection du nombre de la population issue du RGPH2 de 2009 par

l’INSEED. p6

15°32’59’’ de longitude Est. Elle est peuplée de 1 454 671 habitants en 2020, ce qui lui confère la place de la ville la plus peuplée du pays loin devant les autres.

La ville de N’Djaména est donc choisie pour servir de socle à cette étude du fait qu’elle est la première ville du Tchad sur le plan démographique et spatial et de la disponibilité de données fiables. Cette concentration humaine lui confère le record de l’incidence et de la mortalité due au paludisme (+10% de prévalence annuelle nationale selon le PNLP en 2020).

La carte ci-dessous (figure 1) est une représentation du découpage administrative et de la disposition des gites larvaire de la ville de N’Djaména

[2_impact-climatique-sur-le-paludisme-a-djamena-analyse-approfondie_1]


Questions Fréquemment Posées

Quel est l’impact climatique sur le paludisme à N’Djamena ?

Les résultats montrent que le climat n’explique que 52% de l’incidence du paludisme, les autres facteurs étant socio-économiques et environnementaux.

Pourquoi le paludisme est-il une préoccupation majeure au Tchad ?

Le paludisme représente 41.88% de l’ensemble des affections répertoriées et 32% des décès au Tchad en 2019.

Comment les rythmes climatiques influencent-ils la dynamique du paludisme ?

Cette étude met en lumière l’importance des rythmes climatiques dans la dynamique de la maladie.

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