Cet article révèle les défis et solutions au Tchad liés à l’appropriation des aménagements maraîchers soutenus par le PAM. Découvrez comment ces initiatives renforcent la résilience des communautés face aux enjeux climatiques et socio-économiques, et pourquoi leur succès est crucial pour l’avenir.
CADRE STRATÉGIQUE D’INTERVENTION DU PAM
Nécessité de renforcement des capacités locales
La question d’appropriation par les populations locales préoccupe au niveau national aussi bien qu’international. Pour les instances internationales, l’appropriation des projets de développement par les acteurs locaux passe par le renforcement de leurs capacités et de leurs moyens de production. La Communauté Internationale ne cesse de réitérer son engagement et de prôner la nécessité de rechercher des stratégies adaptées au renforcement des capacités. C’est-à-dire de donner de la force aux populations pour lutter plus efficacement et de manière durable contre la pauvreté et les défis locaux.
L’Accord de Paris (décembre 2015) de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CNUCC) stipule que : « le fait que les personnes en situation d’insécurité alimentaire pâtissent de manière disproportionnée des changements climatiques. Lesquels pourraient accroître le risque de voir la faim et la malnutrition augmenter dans une proportion pouvant atteindre 20 pour cent d’ici à 2050.
Et que la vulnérabilité des personnes et des systèmes de production alimentaire face aux changements climatiques exige un surcroît d’efforts et un renforcement des capacités dans les domaines conjoints tels que le renforcement de la résilience des communautés, des moyens d’existence et des écosystèmes. » En outre, les crises (économiques, humanitaires, environnementales, etc.) vont croissantes, alors que l’Aide Publique au Développement est en régression.
Le Sommet mondial sur l’action humanitaire qui s’est tenu à Istanbul (mai 2016), a mentionné que : « l’analyse des tendances des catastrophes liées au climat, des conflits internes, de l’urbanisation et des déplacements tend à montrer que le monde aura à affronter un nombre croissant de crises complexes et prolongées au cours des prochaines décennies. Or, les ressources et les financements dont dispose actuellement le système humanitaire ne suffisent plus à satisfaire les besoins des populations les plus vulnérables. D’où la diversification des intervenants dans les contextes humanitaires, le renforcement des capacités locales et les progrès technologiques constituent autant de chances à saisir que de mises à l’épreuve pour les interventions humanitaires. »
De l’assistance vers l’auto-prise en charge
L’assistance par la distribution gratuite de vivres est une des principales stratégies par lesquelles le PAM porte secours aux populations touchées par la crise alimentaire. Ce sont des interventions ponctuelles connues sous le nom d’Aide d’Urgence, apportée aux populations
victimes de crises climatiques, des conflits armés ou de toute autre catastrophe. La zone du sahel connait ces crises de manières récurrentes et les habitants se voient secourir régulièrement par l’aide d’urgence. L’appui en faveur du développement a pour but de rendre les populations de plus en plus autonomes, moins dépendantes de l’assistanat et capables d’améliorer leur production et l’accès aux sources alimentaires au niveau local.
Aménagements communautaires comme stratégies du PAM
Au cours des dix dernières années, l’insécurité alimentaire au Tchad est le fait des effets conjugués des aléas climatiques (déficits pluviométriques récurrents, inondations, sécheresse, etc.), des ennemis des cultures, des troubles politiques dans les pays voisins, et également des facteurs socio-économiques tels que le manque de débouchés, la non appropriation des politiques agricoles par les acteurs, etc. (ENSA, 2016.)13. Cette situation fait que le PAM intervient dans presque toutes les provinces du Tchad où il déploie son programme d’urgence à l’Est dans le Ouaddaï et le WadiFira, et au Sud dans le Logone oriental et le Moyen Chari.
Comme l’observe MABONDZO (2017, p.2), le Guéra est une des régions du pays qui a le plus, souffert des conséquences des sécheresses et des dérèglements climatiques. Elle reste encore confrontée aujourd’hui à une insécurité alimentaire conjoncturelle du fait des sécheresses récursives et de la forte pression des prédateurs des cultures tels que les sautereaux, les oiseaux et les parasites. Le PAM s’est installé dans la province du Guéra depuis les années 1980 à la suite des crises de sécheresses de cette période, où il continue d’œuvrer en faveur de la sécurité alimentaire.
En 2011, après une évaluation de la sécurité alimentaire menée par le Service de l’Analyse de la Sécurité Alimentaire (VAM) du PAM dans la bande Ouest du sahel (les régions du Kanem, Bahr El Ghazal, Batha, Guéra, Lac et de Hadjer-Lamis) il apparaît qu’un ménage sur deux est en insécurité alimentaire.
Ces mêmes régions détiennent les taux de malnutrition aiguë globale les plus élevés du pays. Les résultats de l’enquête nutritionnelle (SMART) de février 2011 dans la bande sahélienne montrent que les taux de malnutrition aiguë globale sont très élevés (plus de 15%) dans trois régions : Kanem (20,2%), Bahr El Ghazal (24,7%) et le Batha (20,3%).
Les taux sont aussi élevés dans le Guéra (14,0%) et le Lac (13,5%). Parmi les réponses proposées pour en faire face, le PAM avait retenu l’utilisation de vivres et de cash contre travail (VCT/CCA) pour aider les bénéficiaires à construire ou à réhabiliter leurs infrastructures de services sociaux de base et leurs actifs productifs.
13République du Tchad, Enquête Nationale sur la Sécurité Alimentaire des ménages ruraux du Tchad (ENSA), 2016.
Depuis 2014, le « Programme Résilience du PAM » s’occupe des projets de renforcement de la résilience communautaire dans le Guéra. Les activités 3A permettent aux bénéficiaires de réaliser des aménagements communautaires parmi lesquels les périmètres maraîchers équipés de bassins de rétention et de puits pour le maraîchage de contre-saison.