Comment le cadre théorique transforme-t-il l’aménagement communautaire au Tchad ?

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🏫 Université de N’Djaména - Faculté des Sciences Humaines et Sociales - Département de Géographie/ Français
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - 2015-2016
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Le cadre théorique d’aménagements communautaires révèle comment les bénéficiaires au Tchad s’approprient les aménagements maraîchers soutenus par le PAM. Découvrez les impacts sur la durabilité et la résilience face aux défis climatiques et socio-économiques : comment ces projets transforment-ils les vies locales ?


Alignement des actions du PAM sur la vision et les potentialités nationales

Au Tchad, l’appropriation des projets de développement par les acteurs locaux était devenue une des préoccupations du gouvernement dans le cadre de la promotion du développement local durable. Dans le domaine de l’hydraulique agricole, la question de l’appropriation s’était traduite dans la volonté du gouvernement de miser sur les microréalisations et sur l’implication et la responsabilisation des populations pour leur gestion. Pour le gouvernement, les potentialités en matière d’hydraulique agricole sont énormes, leur appropriation par les populations permettrait de faire baisser l’incidence de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire. Le Tchad dispose d’un potentiel des terres cultivables de 39 millions d’ha, représentant 30% du territoire national et 5.6 millions d’ha de terres irrigables. Les superficies cultivées annuellement sont d’environ 3 millions d’ha, avec une estimation de plus de 20000 ha d’aménagements hydroagricoles. Les superficies cultivées représentant ainsi à peine 1% de potentialités agricoles. (PQDAT)3,

Le gouvernement exprime toujours son intention d’appuyer l’initiative et la responsabilisation des populations pour les aider à mieux faire face aux problèmes de changement climatique. C’est ainsi qu’on peut noter qu’à l’issu du Plan National de Développement (PND, 2013), il est élaboré le Programme national d’investissement du secteur rural (PNSIR)4, dans lequel on retrouve les projets :

  • Mobilisation et gestion des eaux de surface pour les activités agropastorales ;
  • Diversification et intensification des cultures adaptées aux risques climatiques extrêmes dans les zones soudanienne et sahélienne ;
  • Réalisation des ouvrages de défense et de conservation des sols et des eaux pour le développement des activités agricoles ;
  • Renforcement des capacités des intervenants en suscitant la motivation et la participation active des populations,
  • Sensibilisation et animation des populations rurales sur tous les thèmes techniques de protection et restauration des sols,
  • Vulgarisation des techniques culturales,
  • Création d’un réseau de communication.

3Plan Quinquennal de Développement de l’Agriculture au Tchad (PQDAT) Ministère de l’Agriculture et de l’Irrigation, rapport, 2013, p.17

4 République du Tchad et UNCCD : Rapport pays sur la Neutralité de la Dégradation des Terres, 2015, p.33.

En conséquence, plusieurs projets gouvernementaux se sont succédés dans la zone du sahel, y compris la région du Guéra. Parmi ces projets, on peut citer le projet « Hydraulique pastorale en zone sahélienne » (PROHYPA), mis en œuvre de 2010 à 2014 dans les régions du Guéra, du Batha, du Chari Baguirmi, d’Hadjer-Lamis, de Barh-El-Gazal, du Kanem et du Lac.

Durant cette même période, précisément de 2011 à 2014, intervenait aussi le « Projet d’Appui au Développement Rural dans le Guéra » (PADER-G). Le Guéra a aussi bénéficié du « Projet d’Amélioration de la Résilience des Systèmes Agricoles au Tchad » (PARSAT) de 2015-2018, un projet issu du partenariat entre le FIDA et le gouvernement.

Ces projets ont accordé une bonne place aux équipements agricoles, à la participation et au renforcement des capacités des populations. Ils ont conduit à la réalisation des activités dites de CES/DRS (Conservation des Eaux et des Sols/Défense et Restauration des Sols) pour la restauration des sols dégradés et à la maîtrise des eaux de ruissellement.

Le projet « Renforcement de la Productivité des Exploitations agropastorales familiales et Résilience » (RePER) élaboré pour couvrir la période 2018-2021, est né du partenariat entre le FIDA et le Tchad. RePER est le prolongement du projet PARSAT. Il concerne les régions sahéliennes au centre du pays au nombre desquels la région du Guéra. Dans le cadre du projet RePER, il est clairement énuméré dans la sous-composante « aménagement hydroagricole » d’aménager environ 25000 ha pour assurer la disponibilité et la gestion efficace de l’eau. Et pour d’autres composantes il est fait mention de :

  • Amélioration de la nutrition,
  • Accès à l’eau,
  • Professionnalisation des organisations des producteurs, etc.

Les interventions du RePER se basent sur un certain nombre de principes parmi lesquels :

  • Appui au démarrage et accompagnement de proximité,
  • Ancrage des interventions sur un mécanisme de planification territoriale et de gestion participative et inclusive,
  • Investissements plus soutenus dans l’appui à l’organisation des producteurs des femmes et des jeunes,
  • Intégration des questions environnementales et de nutrition au centre des interventions du projet.

Adéquation entre actions et capacités locales

Les projets mis en œuvre au profit des populations du sahel ont mis l’accent sur le renforcement des capacités des bénéficiaires afin qu’ils s’approprient les actions de développement et qu’ils soient à même d’assurer la durabilité des résultats de projets réalisés. Il en est ainsi des projets PROHYPA, PADER-G, PARSAT et RePER.

Cette nouvelle donne est le fait d’un constat que, les actions privilégiant de hautes mécanisations dans l’agriculture n’ont guère apporté de solutions idoines aux problèmes de pauvreté et d’insécurité alimentaire, parce que n’étant pas à la maîtrise des populations. C’est pourquoi la réalisation de micro-ouvrage à la capacité des producteurs leur permettrait de mener l’exploitation de manière durable.

Comme le souligne MAGRIN (2013, p.2), « En réponse à la crise de ces modèles de développement (c’est-à-dire de hautes mécanisations dans l’agriculture), on explore des voies alternatives autour de la participation, de la décentralisation et du développement local, avec des fortunes diverses, en tirant des leçons des échecs du passé et à identifier des principes d’aménagement plus proches du niveau de développement des capacités locales, ce qui semble le bon sens même.

[…]

De manière générale, en Afrique subsaharienne, la situation des projets de développement reste problématique. Les actions de développement entreprises partout sur des territoires, ne parviennent, ni à se perdurer dans le temps, ni à transformer les conditions de vie des populations comme ils prétendent. À ce propos, plusieurs auteurs ont souligné des problèmes qui empêchent la pérennisation des actions de développement réalisées en Afrique.

L’appropriation des projets de développement par les bénéficiaires est considérée comme facteur de réussite du développement durable. En insistant sur l’appropriation des aménagements par les bénéficiaires, le PAM pense avoir trouvé une stratégie plus adaptée à la lutte contre l’insécurité alimentaire. Or, il est à noter que l’on continue de constater que les populations peinent à pérenniser les projets réalisés çà et là, malgré l’insistance des prôneurs de l’appropriation et de la montée de sa pseudo-application. L’étude que nous avions conduire sur les aménagements maraîchers appuyés par le PAM dans le département du Guéra, nous permit de déterminer, à partir de la dynamique générale des acteurs et des pratiques, les facteurs plus ou moins favorables à l’appropriation par les bénéficiaires.

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