Analyse approfondie du cadre théorique des soins enfants à Bomborokuy

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🏫 UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU - UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE EN SCIENCES HUMAINES (UFR/SH) - DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de MAITRISE - 2008-2009
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TRAORE Symphorien
TRAORE Symphorien

Le cadre théorique des soins enfants révèle comment les itinéraires thérapeutiques des enfants de moins de 15 ans à Bomborokuy sont influencés par la médecine moderne, traditionnelle et l’automédication. Quelles implications cela a-t-il pour les choix des parents en matière de traitement ?


2. Aspects humains

2. 1. Organisation administrative

Le 24 avril 1996, le Burkina Faso est découpé en 45 provinces et 350 départements par ordonnance n° 09/96/ADP.

Le département de Bomborokuy fut créé par ordonnance N° 85-046/CNR/PRES du 29 Août 1985, et composé de 15 villages. Bomborokuy est érigé en commune de moyen exercice par la ZATU N° AN IV de Mai 1987 et en commune rurale en Mai 2006 avec la décentralisation et la communalisation intégrale. Le département s’étend sur cinq cent km2 environ.

2. 2. Données démographiques

Peuplé d’environ 13298 habitants, le département de Bomborokuy a une densité moyenne de 27 habitants au km2.

Selon le RGPH de 19961 on notait un léger déséquilibre en faveur des femmes (50,7% contre 49,3 %). Les moins de 15 ans représentaient environ 53 % de la population en 1996.

Tableau 1. 1 : Population par village en 1996 et 2004

Département de BOMBOROKUYPopulation en 1996Population en 2004
Groupe d’ages en annéeHFTotalTotal
0-1415-1920-6465 et +
Banakoro465135439375065681074996
Bogo3598327317383349732374
Bomborokuy18142321130941423148829113837
Borékuy3857028022335422757992
Danékuy175231129166153319415
Gombélé3246428228354344698765
Komonkuy*******528
Mariasso1833415617180211391431
Niankouini*******638
Sadigan1873715715207189396481
Sacko178331168168167335406
Souankuy*******480
Tirakuy3596623320350329679845
Yabana112288510116119235221
Yallo3735525125356348704735
Yévédougou5291143614452452410481154
Total54439743875346506852111027913298

* Données manquantes à l’INSD ; H : Homme ; F : Femme

La composition ethnique est dominée par les Bwaba, les Peuls, les Rimaïbés. Les Mossis, les Samos, les Dogons et les Bolons constituent les ethnies minoritaires émigrées respectivement des régions du Yatenga, du Passoré, du Sourou et des régions de San et de Mopti au Mali. La langue qui permet à tous ces groupes ethniques de communiquer est le dioula.

L’habitat y est groupé et est caractérisé par la concentration de la population dans un espace bâti au sein duquel il y a un enchevêtrement d’îlots d’habitats en banco. L’habitat traditionnel en briques de banco dont le toit en terrasse sert pour le séchage des récoltes est typique de la région. La majeure partie des ménages habite dans des maisons en banco. On y trouve quelques maisons en dur et semi-dur. L’habitat traduit le plus souvent l’aisance économique du ménage, facteur influençant la prise en charge des cas de maladie.

2. 3. Données socio-économiques

  • Activités agricoles

Le département en effet, possède d’immenses potentialités agricoles. Les principales productions sont constituées des produits vivriers et des produits de rente. Les céréales cultivées sont le mil, le sorgho, le riz, le maïs et le fonio. Il faut signaler qu’un accent particulier est mis sur la culture et la commercialisation du fonio, et une foire existe à cet effet. Le secteur agricole est marqué par un accroissement important des productions et des revenus agricoles.

Cette extension est dûe à la culture des produits de rente tels que le coton, le sésame, l’oseille (Hibiscus sabdarifa), l’arachide, grâce à la diffusion à une large échelle de la culture attelée et de l’utilisation des engrais.

Les productions rizicoles et maraîchères y sont très peu développées du fait de l ‘absence de points d’eau permanents et d’aménagements conséquents.

Le fonio, le sésame et l’oseille permettent d’accroître le revenu des paysans et contribuent à la réduction de la pauvreté dans la zone.

L’élevage

Le mode d’élevage est traditionnel. Celui-ci est de type extensif, caractérisé par la transhumance. L’effectif du cheptel est assez important mais la couverture sanitaire est insuffisante de même que l’alimentation. L’insuffisance des pâturages conduit à un élevage extensif. Outre le manque de pâturage, il y a une pénurie grave d’eau alors que l’eau est la première cause de départ provisoire ou définitif des éleveurs vers les pays voisins. Hormis la consommation locale, une partie de la production animale est destinée à la commercialisation. Une importante partie du bétail est conduite sur pied par les éleveurs pour être vendue dans les pays voisins notamment la Côte-d’ivoire.

A ces activités, il convient d’ajouter le commerce et l’artisanat qui constituent les activités secondaires des populations.

De par sa position de carrefour, Bomborokuy constitue une véritable plaque tournante dans les échanges avec les marchés voisins de Djibasso, Doumbala, Barani, Kombori, Kiénikuy, Nouna et même avec les régions voisines du Mali.

Bomborokuy est un pôle économique de la province de la Kossi à travers le petit commerce saisonnier, le commerce de céréales et vente du dolo par les femmes.

Les principales activités artisanales sont la poterie, le tissage, la teinture, la menuiserie…

Ces activités sont sources de revenus permettant aux ménages de faire face à leurs besoins notamment en matière de soins de santé.

3. Aire sanitaire de Bomborokuy

Le CSPS de Bomborokuy est l’un des vingt-huit (28) CSPS du district sanitaire de Nouna et l’un des trois (3) CSPS du département. Il se situe dans la partie Nord du district sanitaire de Nouna sur la route nationale 14, à 40 km de Nouna et 25 km de Djibasso.

L’aire sanitaire de Bomborokuy va au delà des limites administratives du département et comprend huit villages qui sont Banakoro, Bomborokuy, Gombélé, Niankouini, Yabana, Yallo, Sacko et Gninanou (département de Barani).

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Carte 2 : Aire sanitaire de Bomborokuy

La population de l’aire sanitaire est de 9 774 habitants (MATD, 2004).

Tableau 1. 2 : Population et distance du centre sanitaire

Village de l’aireDistance du CSPSPopulation en 2004
Banakoro3 km996
Bomborokuy0 km3 837
Gombélé8 km765
Gninanou10 km638
Niankouini4 km406
Sacko6 km221
Yabana4 km735
Yallo2 km735
Total9 774

Source : (MATD, 2004)

La population à laquelle se rapporte notre étude est celle de quatre villages de la zone de couverture du CSPS. Ces villages sont Bomborokuy, Niankouini, Gombélé et Sacko. Tous les villages relevant du CSPS sont à moins de dix kilomètres de celui-ci, ce qui est en deçà du seuil d’accessibilité géographique théorique tel que défini par la politique sanitaire du pays qui est de 10km.

3. 1. Infrastructures et personnel

Le CSPS se compose d’un dispensaire pour les soins curatifs, d’une maternité, de deux salles d’hospitalisation, d’un dépôt pharmaceutique, d’un magasin et d’un bureau.

Le service est doté également d’une motocyclette affectée à l’infirmier chef de poste (I.C.P.). A cela, il convient d’ajouter les deux logements pour le personnel soignant et quatre latrines. Ce qui leur permet de prendre en charge les cas d’urgence qui peuvent survenir la nuit du fait de leur proximité du CSPS. Seulement le centre ne dispose pas d’une ambulance pour faciliter les évacuations sanitaires vers le CMA de Nouna ou le CHR de Dédougou voire le CHUSS de Bobo-Dioulasso. Le matériel sanitaire est insuffisant et vétuste surtout pour ce qui est des lits d’hospitalisation de la maternité qui sont dans un état piteux.

Le personnel se compose d’un Infirmier Diplômé d’Etat (IDE), d’un Agent Itinérant de Santé (AIS), d’une Accoucheuse auxiliaire, d’un gérant du dépôt pharmaceutique, d’un manœuvre et d’un gardien. Le CSPS bénéficie de certaines commodités telles que le téléphone et l’électrification par le biais des panneaux solaires.

Toutefois, on observe dans l’aire sanitaire deux autres systèmes de soins.

La médecine traditionnelle désigne des prestataires de santé officiant dans le contexte traditionnel. Elle est pratiquée par des tradipraticiens et des guérisseurs.

Les médecines traditionnelle et moderne ont besoin l’une de l’autre. Cela ne fait plus l’ombre d’aucun doute aujourd’hui et c’est conscient de cette réalité que les acteurs de ces deux types de médecine multiplient, depuis quelque temps, les rencontres de concertation en vue d’une meilleure collaboration. Ainsi, des rencontres périodiques sont organisées entre autorités administratives du système de santé moderne de Bomborokuy et les acteurs de la médecine traditionnelle, encore appelés tradipraticiens. Il est recommandé aux tradipraticiens de s’associer et d’avoir des autorisations d’exercice afin de distinguer le tradipraticien de santé du charlatan qui promet monts et merveilles aux patients et retarde bien souvent malheureusement leur prise en charge adéquate dans les formations sanitaires.

L’autre système de soins est animé par les vendeurs de médicaments illicites, communément appelés « médicaments de la rue ». Le nombre des acteurs dans ce domaine s’est accru durant ces dernières années.

3. 2. Prestations sanitaires

Le CSPS est relativement peu utilisé. En effet, le taux de fréquentation est de 31,76%2. Celui des consultations prénatales varie de 74,74% pour les CPN13 à 62% pour les CPN2. Le taux de prévalence contraceptive est de 12,46%. Ces indicateurs de santé sont sensiblement bons comparativement à ceux du district sanitaire de Nouna qui présente un taux de fréquentation de 16% pour les soins curatifs. Les taux de CPN1 et CPN2 sont respectivement de 52% et 34% tandis que celui des accouchements est 21% et celui de la prévalence contraceptive est de 10%.

3. 3. Profil épidémiologique

Les principales causes de morbidité générale sont le paludisme, les affections respiratoires, les dermatoses et plaies.

Tableau 1. 3 : Principales pathologies rencontrées dans le CSPS de Bomborokuy

MaladiesNombre de cas
20042005
Paludisme14531369
Affections respiratoires797865
Dermatoses et plaies458418
Diarrhées186167
Parasitoses257126

Source : CSPS de Bomborokuy, Plan d’action 2006

Les causes de mortalité les plus récurrentes sont le paludisme, les affections respiratoires, les maladies diarrhéiques, la malnutrition. Cette mortalité est favorisée par l’insalubrité du fait des points d’eau stagnante, du manque de latrines ou de puits perdus dans les concessions, les consultations tardives, l’automédication et la non utilisation de moustiquaires imprégnées.

________________________

1 Source : INSD RGPH 1996 Fichiers village et Préfecture de Bomborokuy, recensement administratif 2004

2 District sanitaire de Nouna, Plan d’action 2007

3 CPN 1 c’est la consultation prénatale qui s’effectue au premier trimestre et CPN 2 c’est celle qui a lieu au second trimestre

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