Le cadre théorique de l’agriculture révèle comment les agriculteurs du Département de Mayo Dallah s’adaptent à la variabilité pluviométrique. Découvrez les stratégies innovantes qu’ils mettent en œuvre pour surmonter les défis climatiques et améliorer leur résilience socio-économique. Quelles solutions durables émergent de cette crise ?
CHAPITRE 4 : BAISSE DE LA PRODUCTIVITE, DETERIORISATION DES SYSTEMES PRODUCTIFS ET DEGRADATIONS DES CONDITIONS DE VIE DES POPULATIONS.
Selon le PNUE, 95% de la culture africaine est pluviale. Ainsi, cette agriculture est extrêmement sensible au changement climatique. L’irrégularité des saisons, l’excès de chaleur, la modification des régimes de précipitations diminuent les rendements, augmentent la probabilité de mauvaises récoltes et entrainent une prolifération des parasites et des maladies des cultures.
Ce présent chapitre vise à la présentation des exigences écologiques des différentes cultures vivrières, à l’analyse de l’évolution des rendements de ces cultures vivrières (maïs, arachide), ensuite à l’explication des impacts de la variabilité pluviométrique et thermiques sur les cultures vivrières. Une attention sera aussi portée sur les ennemis des cultures vivrières, les maladies cryptogamiques et l’envahissement de mauvaises herbes qui d’une manière ou autre perturbent les productions agricoles.
ECOLOGIE DES CULTURES VIVRIERES DANS LE DEPARTEMENT DE MAYO-DALLAH
Maïs : exigences écologiques
Le maïs de son nom scientifique Zea mays, Maize en anglais, est une plante herbacée tropicale annuelle de la famille des proacées (graminées) et la sous-famille des panicoidées, largement cultivée comme céréale pour ses graines riches en amidon, mais aussi comme une plante fourragère. Le maïs est surtout réservé à la consommation humaine directe, sous forme d’épis immatures, de farine ou de semoule.
Il a des exigences en température assez élevées à la germination : optimum de 25°C, impossible en dessous de 10°C ; en eau, le maïs de 120 jours en climat soudanien demande au moins 600 mm de pluies bien réparties. Ainsi, le Mayo Dallah est une zone très propice à la culture du maïs, dont le semis se fait entre les mois de mai et juin et la récolte entre août et septembre.
En fertilité, il est très sensible aux carences et répondant bien aux apports d’engrais et notamment d’azote. La sécheresse est particulièrement dommageable au moment du semis mais sa plus forte influence négative sur le rendement se situe au moment de la floraison. L’excès d’eau peut provoquer l’asphyxie ou même la pourriture des racines.
Le maïs exige pour sa croissance et sa production, des éléments minéraux qu’il puise dans le sol (memento, 2009).
L’arachide : exigences écologiques
Arachis hypogaea, en Anglais Peanut (USA), est une plante tropicale et subtropicale qui appartient à la tribu des Aeschynomena, la sous-tribu des stylosanthenae et au genre Arachis. Elle est de la famille des légumineuses annuelle de 30 à 70 cm de haut, érigée ou rampante. Elle est consommée soit en graine (cacahuète), soit sous forme d’huile.
Elle se développe sur des sols suffisamment meubles pour permettre la pénétration des gynophores puis l’arrachage des gousses mûres. Les conditions environnementales pour sa croissance et sa productivité sont entre autre : les températures inférieures à 15°C et supérieures à 45°C ralentissent ou bloquent la croissance, l’optimum se situant entre 25°C et 35°C degrés.
Une pluviométrie comprise entre 500 et 1 000 mm pendant la saison de culture permet généralement d’obtenir une bonne récolte, mais la bonne répartition des pluies, en fonction du cycle de la variété, est plus importante que le total pluviométrique (memento, 2009). Le Mayo Dallah, présente plusieurs conditions qui sont propices à la culture d’arachide.
[15_cadre-theorique-de-agriculture-face-a-la-variabilite-climatique_35]
2
1
Planche 8: les cultures vivrières dans le Mayo Dallah
Source : Wayang Brice, 2021
Cette planche nous présente deux champs de cultures vivrières qui occupent une place importance dans la consommation des ménages de cette localité. L’image A, nous montre un champ de maïs, l’image B, un champ d’arachide.
EVOLUTION DES RENDEMENTS DES CULTURES DE MAÏS, ARACHIDE, DANS LE MAYO-DALLAH DE 2005 -2021.
Les rendements agricoles dans le Département de Mayo Dallah ne sont pas statiques. Ils varient de manière considérable année après année. Les différentes cultures vivrières (maïs et arachide) sont représentées graphiquement de 2005 à 2021 suite aux difficultés d’avoir les données agricoles de 1990 à 2021 comme les données pluviométriques. Les données situationnelles obtenues ne concernent qu’une période de dix-sept (17) ans avec l’absence des données des années 2006 et 2007 ce qui revient à 15ans. Les deux graphiques 21, 22 ci-dessous montrent globalement que l’évolution interannuelle des rendements agricoles dans le Mayo Dallah se fait en dents de scie.
1400
y = -7,5607x + 1130,6
R² = 0,0659
1200
1000
800
600
400
200
0
Années
Rendement de l’arachide
Tendance des rendements
Rendement en (kg/ha)
Figure 23: Evolution du rendement d’arachide de 2005 à 2021
Source : ANADER, 2022
Cette figure illustre l’évolution de rendement d’arachide dans le Département de Mayo- Dallah. En effet, la courbe de tendance indique une légère baisse moyenne durant la période de 2005 à 2021. Toute fois le rendement reste variable selon les années. La campagne agricole de 2008/2009 a enregistré le maximal de rendement (1303kg/ha), contrairement à l’année 2017 qui a enregistré le rendement le plus faible (898 kg/ha). Cette fluctuation peut être expliquée par la dégradation des conditions naturelles notamment la fluctuation pluviométrique et l’appauvrissement des sols.
Cette figure présente l’évolution des rendements du mil pénicillaire en véritable dent de scie avec une tendance légèrement vers la baisse dans le département de Mayo-Dallah. Les rendements varient fortement en fonction des années. Le maximum des rendements est enregistré en 2008,2010 et 2011 avec respectivement 650kg/ha, et le minimal en 2009 avec 475kg/ha. Les baisses et les constances de ces rendements proviennent de la dégradation des conditions naturelles notamment la fluctuation pluviométrique et/ou l’appauvrissement des sols.
1800
1600
1400
1200
1000
800
600
400
200
0
y = 22,443x + 973,59
R² = 0,1723
Années
Rendement de mais
Tendance des rendements
Rendement en (kg/ha)
Figure 24: Evolution du rendement de maïs de 2005 à 2021
Source : ANADER, 2022
Comme le sorgho, l’analyse de cette figure nous montre que la tendance du rendement de maïs est aussi à la hausse avec une évolution en dent de scie. Les rendements varient fortement en fonction des années. Ainsi, le maximal des rendements est enregistré en 2015 et 2018 a 1543kg/ha et le minimal en 2009 avec 700kg/ha.
Tableau 12: Récapitulatif des statistiques descriptives des rendements
Récapitulatif des statistiques descriptives des rendements | |
---|---|
Parameter/Criteria | Description/Value |
Spéculation | Arachide |
Somme | 16051 |
Maximum | 1303 |
Minimum | 898 |
Moyenne | 1070,07 |
Ecart type | 127,29 |
Coefficient de variation | 11,89% |
Source : ANADER, 2022
PERCEPTIONS PAYSANNES
Perception paysanne sur cultures sensibles à la variabilité pluviométrique
Lors des enquêtes, le comportement des quatre (4) cultures vivrières face aux mutations pluviométriques n’a pas été perçu de la manière par les agriculteurs dudit Département. La figure ci-dessous illustre cette perception.
[15_cadre-theorique-de-agriculture-face-a-la-variabilite-climatique_36]
[15_cadre-theorique-de-agriculture-face-a-la-variabilite-climatique_37]
[15_cadre-theorique-de-agriculture-face-a-la-variabilite-climatique_38]
[15_cadre-theorique-de-agriculture-face-a-la-variabilite-climatique_39]
[15_cadre-theorique-de-agriculture-face-a-la-variabilite-climatique_40]
[15_cadre-theorique-de-agriculture-face-a-la-variabilite-climatique_41]
45,0
40,0
35,0
30,0
25,0
20,0
15,0
10,0
5,0
0,0
Types de speculations
Pourcentage (%)
Figure 25: perception paysanne de la sensibilité des cultures vivrières aux effets de la variabilité pluviometrique.
Source : Enquête de terrain, 2022
Il ressort de l’analyse de cette figure, que face aux péjorations pluviométriques, 40 % des agriculteurs pensent que le maïs et l’arachide présentent les mêmes comportements (sensibilité aux stress hydriques) face aux mutations pluviométriques, 20% pensent que c’est le maïs qui demeure la plus fragile à la sècheresse tout comme à l’inondation. Par contre la culture du sorgho est tolérante par rapport à la sécheresse suivie du mil pénicillaire. Les différents avis sur les comportements de ces 4 spéculations viennent confirmer les exigences écologiques de ces 4 cultures présentés dans le memento de l’agronomique (2009). Ainsi, cette perception permet d’apprécier la dépendance de l’agriculture pluviale avec les paramètres agricoles.
Perception paysanne des effets de la variabilité pluviométrique
Dans la littérature, il ressort que les perceptions paysannes sont d’une grande importance, car c’est eux qui déterminent les adaptations mises en place. Ainsi, face aux effets néfastes induits par la variabilité pluviométrique perçus et ressenties, les avis des paysans diffèrent (figure 25).
[15_cadre-theorique-de-agriculture-face-a-la-variabilite-climatique_42]
61%
29%
10%
Faiblement Moyennement
Fortement
Figure 26: Perception paysanne face aux effets de la variabilité pluviométrique
Source : Enquête de terrain, 2022
Cette figure illustre la perception que les paysans ont sur les effets qu’induisent la variabilité pluviométrique sur leurs activités agricoles. Il ressort de cette analyse que 61,4% des agriculteurs constatent que leurs activités agricoles soient affectées moyennement par les effets de la variabilité pluviométrique, 28,6% pensent que leurs activités soient affectées fortement, par contre seulement 10% pensent être affectés faiblement.
IMPACTS DE LA VARIABILITE PLUVIOMETRIQUE SUR LES CONDITIONS DE VIE DES AGRICULTEURS
Dans le Département de Mayo-Dallah, l’agriculture constitue la base de l’alimentation des ménages. Ainsi, les mutations pluviométriques entrainent tout d’abords la chute des rendements agricoles qui impacte à son tour les revues des ménages. Durant le période de 1990 à 2021, les risques majeurs observés par la population sont la famine, les maladies et la pauvreté.
Notons aussi que l’oscillation de la température et sa tendance interannuelle en hausse agissent sur le bien-être de la population. De la canicule résultent des maladies comme la méningite tandis que durant la période du froid dominent la grippe, la toux, le palu, etc. en fin,
les périodes d’inondations sont également à l’origine des maladies hydriques et épidémiques.
Pauvreté Famine Maladies
[15_cadre-theorique-de-agriculture-face-a-la-variabilite-climatique_43]
6%
6%
70%
13%
5%
Famine et maledies Famine et pauvreté
Figure 27: Conséquence de la variabilité pluviométrique sur les agriculteurs
Source : Enquête de terrain, 2022
VARIABILITE PLUVIOMETRIQUE : PROLIFERATION DES MALADIES CRYPTOGAMIQUES
Les manifestations des paramètres climatiques constituent également un facteur de propagation des maladies fongiques qui sont causées par des champignons parasitaires. Les maladies fongiques représentent 90% des affections des végétaux et touchent toutes les espèces. Ces maladies (rouille, mildiou, oïdium, sclérotiniose, septoriose….) interviennent lorsque les champs sont mal entretenus, mal exposés ou encore inadaptés au climat. Ainsi, les cultures notamment les cultures vivrières dans le Département Mayo-Dallah n’échappent pas à la croissance des maladies fongiques induite par les phénomènes climatiques extrêmes. Les moyens de luttes restent l’utilisation des produits chimiques qui ne sont pas parfois à la portée de tous les paysans.
Le Mayo Dallah est une localité aux conditions climatiques favorables (800-1200mm/an) au développement du striga. 95,7% des agriculteurs enquêtés affirment faire face à l’envahissement des mauvais herbes (Striga, les graminées annuelles, les dicotylédones annuelles) dont le plus connu et fréquent est le striga hermonthica appelé localement ‘‘Samroukoua’’ qui engendrent des énormes dégâts sur les cultures. Selon Kroschel (1998), le striga et surtout de développent dans les régions ou les pluviométries annuelles sont comprises entres entre 450-1000mm. La température favorable pour son développement se situe entre 28° – 33°C.
En plus des problèmes climatiques mentionnés plus haut, 97% des paysans enquêtés dans cette zone affirment faire face aux différents ennemies qui sont : les insectes (chenilles, termites, nématodes, vers blancs), bactéries (la rouille, le charbon, cercosporiose), les acridiens ravageurs, les oiseaux granivores. Ces ravageurs apparaissent pendant les saisons des cultures et agissent en fonction des fluctuations thermiques et pluviométriques sur les cultures.
Les termites par exemple peuvent occasionner des dégâts importants au champ plus particulièrement en situation de stress hydrique où elles s’attaquent directement aux pieds en creusant une galerie dans l’axe central de la racine principale et des tiges. Bref, ces ravageurs causent en fonction des années et des saisons des dégâts aussi bien en champ qu’en stock.
Ils peuvent occasionner une baisse importante de rendements des cultures vivrières. Face aux attaques des ravageurs, les moyens de luttes demeurent l’utilisation des variétés plus résistantes, les luttes chimiques et la luttes traditionnelles. La planche (9) ci-dessous, présente deux ravageurs des cultures.
[15_cadre-theorique-de-agriculture-face-a-la-variabilite-climatique_44]
2
1
Planche 9: les ennemies des cultures
Source : INNSPUB Journals-blog Site, 2022
Cette planche nous présente les ennemis de cultures qu’on rencontre dans le Mayo Dallah. L’image 1, montre un champ de mil envahie par le striga appelé communément ‘‘Samroukoua’’ et l’image 2 nous montre la chenille noire. Ils sont été cités par les agriculteurs comme ayant causé plusieurs dégâts.
________________________
2 Définition donnée par l’article 62 de la loi sur les nouvelles régulations économiques (NRE) du 15 mai 2001. ↑
3 Auchan Les 4 Temps, La Défense. ↑
Questions Fréquemment Posées
Quels sont les effets de la variabilité pluviométrique sur l’agriculture à Mayo Dallah?
La variabilité pluviométrique diminue les rendements, augmente la probabilité de mauvaises récoltes et entraîne une prolifération des parasites et des maladies des cultures.
Quelles cultures sont principalement affectées par la variabilité climatique dans le Département de Mayo Dallah?
Les cultures vivrières comme le maïs et l’arachide sont principalement affectées par la variabilité climatique.
Quelles stratégies d’adaptation les agriculteurs de Mayo Dallah ont-ils développées face aux défis climatiques?
Les agriculteurs ont développé diverses stratégies d’adaptation, notamment la diversification des sources de revenus et la modification du calendrier agricole.