Les applications pratiques des églises révèlent comment les Églises de réveil à Kikula s’attaquent à la vulnérabilité des familles. Découvrez les mécanismes d’intervention sociale qui transforment la précarité en opportunités, et comment ces actions peuvent inspirer d’autres communautés.
Section 2:
EGLISE
L’Église, en tant que Corps du Christ, est bien plus qu’une simple institution ou un lieu de culte ; elle est la communauté des fidèles rassemblés par la foi pour témoigner de l’Évangile et servir le monde. Le mot français église trouve son origine dans le grec ancien ἐκκλησία
(ekklēsía), un terme d’une richesse sémantique qui dépasse largement sa compréhension moderne comme simple édifice religieux23.
Étymologiquement, ekklēsía est un composé de deux éléments :
- ἐκ (ek), qui signifie hors de ou en dehors de24.
- καλέω (kaleō), qui signifie appeler25.
Ainsi, ekklēsía désignait littéralement une assemblée de citoyens appelés à se réunir pour délibérer et prendre des décisions concernant les affaires publiques de la cité (polis) dans la Grèce antique26. Il s’agissait donc d’une assemblée politique, un rassemblement civique des citoyens libres ayant le droit de vote. Avec la traduction grecque de l’Ancien Testament (la Septante) au IIIe siècle avant J.-C., le terme ekklēsía a été utilisé pour traduire l’hébreu קהל (qahal), qui désignait l’assemblée du peuple d’Israël convoquée par Dieu, notamment pour des motifs religieux ou militaires27. Cette utilisation a préparé le terrain pour l’adoption du terme par les premiers chrétiens.
Dans le Nouveau Testament, le mot ekklēsía prend un sens nouveau et spécifique. Il désigne l’assemblée des croyants en Jésus-Christ, la communauté de ceux qui sont appelés hors du monde pour former le peuple de Dieu28. Ce terme ne se réfère pas initialement à un bâtiment, mais bien à la communauté des personnes qui partagent la même foi et sont unies par le Christ 29.27Au fil du temps, et notamment avec la reconnaissance du christianisme comme religion officielle, le terme église a progressivement évolué pour désigner également le lieu de culte, le bâtiment où se rassemble la communauté chrétienne30. C’est le sens qui est le plus souvent associé au mot église dans le langage courant aujourd’hui. 28
En sociologie, l’église est appréhendée comme une institution sociale spécifique au sein du champ religieux. Elle se distingue d’autres formes d’organisation religieuse comme les sectes ou les cultes par plusieurs caractéristiques clés :
Institutionnalisation et bureaucratisation :
L’église possède une structure organisationnelle formalisée, avec des rôles et des statuts définis, des règles et des procédures établies, et souvent une hiérarchie administrative.
Cette bureaucratisation assure une certaine pérennité et une transmission structurée des croyances et des pratiques.
27 Cherlin, A. J. Marriage, Divorce, Remarriage. Cambridge, MA : Harvard University Press, 1992, p.23.
Stacey, J. Brave New Families: Stories of Domestic Upheaval in Late Twentieth Century America. New York : Basic Books, 1990, p.39. Veevers, J. E. Voluntary childlessness: A review of issues and evidence. Journal of Marriage and Family, 41(1), 1979, pp. 1-26.
28Liddell, H. G., Scott, R., Jones, H. S., & McKenzie, R. A Greek–English Lexicon. Oxford : Clarendon Press, 1940, p.78.
Intégration sociale :
L’église tend à être bien intégrée dans la société environnante et entretient des relations relativement stables avec les autres institutions sociales (État, famille, éducation, etc.). Elle est souvent considérée comme une force conservatrice, contribuant au maintien de l’ordre social.
Universalité ou forte inclusion :
L’église aspire généralement à une adhésion large et inclusive, s’adressant potentiellement à l’ensemble de la population ou à une part significative de celle-ci 34.
L’appartenance est souvent acquise à la naissance ou par des rites d’initiation largement accessibles.
Monopole ou quasi-monopole religieux :
Historiquement, et parfois encore aujourd’hui dans certains contextes, l’église peut prétendre à un monopole ou à une position dominante sur le marché religieux, exerçant une influence significative sur les croyances et les pratiques religieuses de la société35.
Doctrine et éthique établies :
L’église possède un corps de doctrines, de dogmes et de principes éthiques relativement bien définis et transmis de génération en génération par ses autorités religieuses 36. Selon l’approche sociologique, l’étude de l’église ne se concentre pas sur la vérité ou la validité des croyances religieuses elles-mêmes. Mais plutôt sur son fonctionnement en tant qu’organisation sociale, son rôle dans la société, ses interactions avec d’autres institutions, son influence sur les comportements et les valeurs, et les processus de changement qu’elle traverse 37.
Pour Durkheim, l’église (ou plus largement la religion) est avant tout un système de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées, qui unit en une même communauté morale, appelée église, tous ceux qui y adhèrent 38. L’accent est mis sur la fonction sociale de la religion, qui renforce la cohésion du groupe, transmet les valeurs sociales et contribue à la stabilité de la société. L’église est donc un agent d’intégration sociale et de reproduction de l’ordre social. Pour Peter berger, il voit l’église comme une structure de légitimation qui maintient et transmet un univers symbolique offrant un sens et une cohérence à la réalité 41. L’église joue un rôle crucial
29 Chantraine, P. Dictionnaire étymologique de la langue grecque : Histoire des mots. Paris : Klincksieck, 1968-1980, p.65.
Hansen, M. H. The Athenian Democracy in the Age of Demosthenes: Structure, Principles, and Ideology. Norman, OK : University of Oklahoma Press, 1999, p.87.
Hatch, E. & Redpath, H. A. A Concordance to the Septuagint and the Other Greek Versions of the Old Testament.
30 Oxford : Clarendon Press, 1897, p.57.
Brown, F., Driver, S. R., & Briggs, C. A. A Hebrew and English Lexicon of the Old Testament. Oxford : Clarendon Press, 1907, p.97. Thayer, J. H. A Greek-English Lexicon of the New Testament. New York : Harper & Brothers, 1886, p.67.
Davies, J. G. A Dictionary of Liturgy & Worship. London : SCM Press, 1982, p.54.
dans la construction sociale de la réalité en fournissant un cadre interprétatif pour les expériences individuelles et collectives, y compris les expériences religieuses.
Selon les auteurs Rodney Stark et William Sims Bainbridge : Ils appliquent une perspective économique à l’étude de la religion. Ils considèrent l’église comme une entreprise offrant des biens et des services religieux sur un marché où différentes organisations sont en compétition pour les consommateurs (adhérents) 42. Leur approche met l’accent sur les dynamiques de l’offre et de la demande religieuse, la formation de nouveaux mouvements religieux et les cycles de sécularisation et de renouveau.
Pour Max Weber : Il s’intéresse davantage à la rationalisation et à la bureaucratisation au sein des organisations religieuses. Il analyse l’église comme un type d’organisation religieuse caractérisé par une structure hiérarchique, des règles formelles et une administration établie 31 En combinant les découverte éclair de ces différents auteurs, nous pourrions développer une analyse sociologique riche et nuancée des églises de réveil et de leur rôle dans la vulnérabilité des familles à Kikula.
FORMES DES EGLISES
les formes d’Église ne se limitent pas à un seul modèle, mais se manifestent à travers une diversité de communautés, de dénominations et de mouvements spirituels, tous unis par la même foi en Jésus-Christ.
De l’Église primitive à l’Église locale d’aujourd’hui, l’institution s’est adaptée à différentes cultures et époques, donnant naissance à de multiples formes d’Église qui enrichissent le christianisme. Qu’il s’agisse d’Églises paroissiales traditionnelles, de communautés de base, d’Églises en ligne ou de mouvements universels, les formes d’Église témoignent de la vitalité de la foi et de sa capacité à prendre de multiples visages. Les églises ne sont pas monolithiques et peuvent prendre différentes formes en fonction de leur structure organisationnelle, de leur relation avec la société et de leur mode de fonctionnement. Voici quelques-unes des formes d’églises :
L’Église Universelle (ou Œcuménique) :
Type d’église qui prétend inclure tous les membres d’une société au sein d’une seule organisation religieuse 43.
Souvent étroitement liée à l’État et à l’ordre social dominant, exerçant une influence considérable sur la vie publique et privée. Historiquement, certaines églises nationales en Europe ont tendu vers cette forme.
Berger, P. L. & Luckmann, T. The Social Construction of Reality: A Treatise in the Sociology of Knowledge. New York : Doubleday, 1966, p. 13. Weber, M. Économie et Société : Esquisse d’une sociologie compréhensive. Paris : Pocket, 1971, p.87.
Durkheim, É. Les Formes élémentaires de la vie religieuse : Le système totémique en Australie. Paris : Presses Universitaires de France, 1912, p. 47-57.
L’Église d’État (ou Établie) :
Une forme d’église universelle qui est officiellement reconnue et soutenue par l’État44. Peut bénéficier de privilèges légaux et financiers, et exercer une influence significative sur les politiques publiques.
L’Église d’Angleterre ou certaines églises scandinaves sont des exemples historiques ou contemporains.
La Dénomination :
Une organisation religieuse bien établie qui accepte la coexistence d’autres groupes religieux et ne prétend pas au monopole 45.
Se situe entre l’église et la secte, ayant perdu certaines des caractéristiques universalistes de l’église mais étant plus institutionnalisée et moins exclusive que la secte. De nombreuses Églises protestantes aux États-Unis fonctionnent comme des dénominations (Baptistes, Méthodistes, etc.).
La Secte
Un groupe religieux plus petit, souvent en tension avec la société environnante, qui met l’accent sur l’adhésion volontaire et une expérience religieuse intense 46. Peut avoir une structure organisationnelle moins formalisée et des critères d’appartenance stricts. Les sectes peuvent émerger en rupture avec des églises établies ou en dehors du courant religieux dominant.
Le Culte :
Un groupe religieux nouveau, souvent centré autour d’un leader charismatique et proposant des croyances et des pratiques nouvelles ou peu conventionnelles47. Peut être perçu comme marginal ou déviant par la société et avoir une structure organisationnelle lâche. Les cultes peuvent être de courte durée ou évoluer vers des formes plus établies. 32
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23 Source non spécifiée. ↑
24 Source non spécifiée. ↑
25 Source non spécifiée. ↑
26 Source non spécifiée. ↑
27 Source non spécifiée. ↑
28 Source non spécifiée. ↑
29 Source non spécifiée. ↑
30 Source non spécifiée. ↑
31 Source non spécifiée. ↑
32 Source non spécifiée. ↑
34 Source non spécifiée. ↑
35 Source non spécifiée. ↑
36 Source non spécifiée. ↑
37 Source non spécifiée. ↑
38 Source non spécifiée. ↑
41 Source non spécifiée. ↑
42 Source non spécifiée. ↑
Questions Fréquemment Posées
Quelle est l’origine du mot ‘église’?
Le mot français église trouve son origine dans le grec ancien ἐκκλησία (ekklēsía), qui désignait littéralement une assemblée de citoyens appelés à se réunir pour délibérer et prendre des décisions concernant les affaires publiques.
Comment l’église est-elle perçue en sociologie?
En sociologie, l’église est appréhendée comme une institution sociale spécifique au sein du champ religieux, se distinguant par son institutionnalisation, son intégration sociale, et son aspiration à une adhésion large et inclusive.
Quelles sont les caractéristiques clés d’une église?
L’église possède une structure organisationnelle formalisée, une intégration sociale dans la société environnante, une aspiration à une adhésion large, et peut exercer un monopole ou quasi-monopole religieux.