L’analyse comparative des stratégies agricoles dans le Département de Mayo Dallah révèle comment les agriculteurs s’adaptent à la variabilité pluviométrique. Découvrez les méthodes innovantes qu’ils mettent en œuvre pour surmonter les défis climatiques et assurer leur survie économique.
CHAPITRE 5 : LES STRATEGIES PAYSANNES D’ADAPTATION DEVELOPPEES DANS LE MAYO DALLAH.
Le Département de Mayo-Dallah connait la variabilité des pluies marquée par des retards des pluies, des inondations et des séquences sèches qui affectent à leurs tours les activités agricoles. Ces mutations bouleversent les calendriers agricoles et imposent des modes de vie différentes. Face à la persistance de la crise climatique, les paysans ne sont pas restés muets.
Ils tentent en fonction des moyens dont ils disposent ou, au minimum, de « résister » grâce à leur savoir et leur savoir-faire afin de continuer à tirer profit de leur milieu. Et en mettant pour cela en jeu plusieurs mécanismes ou des solutions de court terme, souvent peu durable. Nous voulons à travers ce chapitre, présenter les stratégies mobilités par les agriculteurs pour faire à la variabilité pluviométrique, analyser les stratégies mises sur pied sur le plan national et local par les différents acteurs.
Il sera question également de présenter les limites de ces adaptations.
LES STRATEGIES D’ADAPTATIONS PAYSANNES AUX
CULTURES VIVRIERES
Stratégies d’adaptations au retard de pluie et aux séquences sèches
La variabilité pluviométrique à travers le retard de pluie et les séquences sèches gênent le développement et la croissance des différentes cultures vivrières.
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Pourriture des graines/ré-semis 96%
Drainage/Arrosage 1%
Abandon des champs
3%
.
Figure 34: stratégies d’adaptations au retard de pluie.
Source : Enquête de terrain, 2022
L’analyse de cette figure montre que face au retard des pluies, 96% des paysans procèdent à des ré-semis, 3% abandonnent leurs champs à défaut de moyen et 1% au drainage ou l’arrosage qui consiste à l’ajout des quelques gouttes d’eau aux graines semées.
Quant aux séquences pendant les phases de germination et de la croissance, il faut noter 97,2% des paysans enquêtes ne disposent que des matériels rudimentaires et en plus des contraintes hydrologiques qu’imposent la zone, ces derniers ne disposent pas des moyens techniques pour irriguer les champs. Les cultures comme le sorgho et le mil sont souvent repiqués à cause de leurs tolérances à la sécheresse par contre, le maïs et l’arachide périssent et sont donc ré-semées ou abandonnées.
Stratégies d’adaptations aux inondations
Les phénomènes d’inondations perturbent fortement la croissance des cultures et obligeant ainsi les agriculteurs aux adaptations conséquentes. La figure ci-dessous nous montre les différents comportements des agriculteurs pour surmonter les cas des inondations dans le Département de Mayo-Dallah.
2%
5%
50%
27%
16%
Abandon des champs Drainage Buttage Repiquage Drainage et buttage
Figure 35: Les techniques d’adaptations à l’inondation des champs
Source : Enquête de terrain, 2022
L’analyse de cette nous montre que face aux inondations, 50% des agriculteurs pratiquent le drainage, 26,8% abandonnent leurs champs au profit de la culture du riz en fonction des zones ou soient abandonnent juste, 16,1% font le drainage et le buttage, 5,4% font simplement le buttage et en fin 1,8% pratiquent le repiquage.
Stratégies de lutte contre les maladies cryptogamiques et ennemies de cultures
La variabilité des pluies et des températures enregistrée dans le Département de Mayo Dallah favorise également la prolifération des nombreuses maladies fongiques et l’envahissement des ennemies des cultures, qui occasionnent des pertes de rendements considérables ainsi qu’une diminution de la qualité des récoltes. Ainsi, pour limiter les pertes des rendements, les paysans font recours à plusieurs stratégies basés sur les connaissances et parfois ils font recours également aux méthodes modernes.
- Les Stratégies de lutte contre les maladies fongiques sont avant tout élaborées à partir des connaissances et expériences de quelques agricultures du Département à savoir : L’utilisation du natron : selon eux pour efficacement contre les maladies fongiques, il faut répandre 5kg de natron sur une ’’corde de champs’’, c’est-à-dire ½ hectare de parcelle de champs.
- La deuxième stratégie repose sur la fabrication de l’insecticide artisanale, qui se fait à base des feuilles du Neem (Azadirachta indica) ; du piment et du tabac. Dont la préparation se fait comme suite : mettre les feuilles dans un récipient et ajouter de l’eau et faire bouillir pendant 30 à 45 minutes. Apres cuisson, il faut une conservation de 3 jours ensuite viendra filtrage avant d’asperger ou répandre sur les cultures. Dans certains localités, les feuilles de Neem sont justes bouillis et après cuisson, filtré et asperger sur les cultures.
Selon schmutterer (1990) et Kavallieratos et al. (2007), le Neem est toxique pour plus de 500 espèces d’insectes mais aussi contre les maladies des cultures (oïdium, pourriture de la racine, virus etc….), les nématodes et les bactéries (Gevaert et al, 2012). Ainsi, le Neem constitue un insecticide naturel très puissant qui permet de protéger les cultures et les greniers.
- La lutte contre les ravageurs et l’envahissement des mauvais constitue aussi une préoccupation majeure des agriculteurs du Département de Mayo Dallah qui ont élaboré également quelques stratégies.
La lutte contre le striga et les mauvaises herbes est avant tout manuelle (sarclage). Ensuite, les paysans font usage du natron et des cendres qu’ils répandent dans les champs pour empêcher l’envahissement de leurs champs par les adventices et autres ravageurs.
Notons que ces techniques de lutte traditionnelle des maladies cryptogamiques élaborées par les agriculteurs ne sont pas vulgarisées sur toute la zone. Elles sont les propres des certains villages. A côté de ces techniques, les agriculteurs font usages également aux pesticides tels que
les DDT, connu sous le nom vulgaire de « Landrine », le Sulfate de Zinc et le « Rundung » qui est un herbicide non homologué, etc…
Selon le rapport mensuel du Service de la Statistique Agricole du Département publié en Décembre 2020, la situation phytosanitaire des cultures en générale et celles des produits en particuliers évolue en dent de scie dans la localité. Les pesticides non nuisibles et homologué par le Gouvernement Tchadien sont très indispensables dans la localité et les producteurs font usage des produits en provenance des pays voisins avec tous les risques sanitaires.
Les insecticides sont utilisés du gré par les paysans sans toutefois penser aux risques potentiels au travers la chaine de valeur. C’est ce qui est déplorable dans le milieu mais aucune action n’est envisagée pour pouvoir aider ces derniers à minimiser les risques liés à cette utilisation. Les insectes ne cessent de détruire les produits issus des récoltes et les producteurs sont obligés d’appliquer n’importe quels insecticides afin d’éliminer les ennemis puis conserver leurs produits.
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Questions Fréquemment Posées
Quelles sont les principales stratégies d’adaptation des agriculteurs face au retard des pluies à Mayo Dallah?
Face au retard des pluies, 96% des paysans procèdent à des ré-semis, 3% abandonnent leurs champs et 1% pratiquent le drainage ou l’arrosage.
Comment les agriculteurs s’adaptent-ils aux inondations dans le Département de Mayo Dallah?
Pour faire face aux inondations, 50% des agriculteurs pratiquent le drainage, 26,8% abandonnent leurs champs, 16,1% font le drainage et le buttage, et 5,4% font simplement le buttage.
Quelles stratégies les agriculteurs utilisent-ils pour lutter contre les maladies fongiques?
Les stratégies de lutte contre les maladies fongiques sont élaborées à partir des connaissances des agriculteurs, comme l’utilisation du natron pour traiter les maladies.