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Impact climatique sur le paludisme : analyse comparative essentielle

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🏫 UNIVERSITE DE BANGUI - FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES - DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - 2021-2022
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Bichara About BRAHIM
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L’analyse comparative paludisme climat révèle que seulement 52% de l’incidence du paludisme à N’Djamena est expliquée par des facteurs climatiques, soulignant l’importance cruciale des éléments socio-économiques et environnementaux. Cette étude offre des perspectives essentielles pour mieux comprendre la dynamique de cette maladie dans un contexte en évolution.


CHAPITRE 2 : PRESENTATION DU PALUDISME

Dans l’analyse des liens climat-paludisme, il convient de présenter globalement la maladie. Pour cela, nous avons axé cette présentation autour du plan suivant : Origine, propagation et géographie du paludisme, les vecteurs du paludisme, les faciès palustres dans le monde, le cycle du plasmodium et en fin les modes de transmission et déterminants du paludisme.

Origine, propagation et géographie du paludisme

Historique

Le paludisme est une maladie humaine connue depuis la nuit des temps. Il a considérablement pesé sur la vie des hommes, quelle que soit leur race ou leur origine, ainsi que sur le développement de vastes territoires13. Aussi, l’histoire de la maladie révèle-t-elle de nombreux enseignements sur les hommes, leur us et coutumes, leur environnement et climat et sur la relation qui s’est établie entre eux et cette maladie.

Les écrits rapportés de différentes périodes de l’histoire indiquent que le paludisme a été présent dans la plupart des grandes civilisations humaines, même les plus anciennes. Néanmoins, si de nombreuses hypothèses évoquent la présence de cette maladie déjà chez l’homme préhistorique, il est difficile de l’affirmer (Y. SANNI, 2013). L’apparition de la maladie pourrait remonter à l’origine même de l’homme en Afrique, avant de suivre par coévolution ses migrations vers l’Europe et l’Asie. L’origine de la maladie est peu documentée, mais les fouilles archéologiques suggèrent que l’expansion du paludisme concorderait avec l’apparition de l’agriculture. Les études génétiques rétrospectives permettent de démontrer que le paludisme a touché de façon

13 L.J BRUCE-CHWATT. (1978), « Les défis du paludisme: carrefours ou impasses? », Médecine tropical: From Romance to Reality, Clive Wood (dir.), Londres, R.-U., Academic Press.

significative les humains à partir de l’époque du développement de l’agriculture en Afrique et au Proche-Orient14.

Mais il faut remonter à l’antiquité chinoise et plus précisément à l’époque de l’empereur de Chine Huang Ti (appelé Nei Ching) pour voir les premières traces écrites évoquant les symptômes de la malaria. Connu sous le nom de l’« Empereur jaune », Nei Ching est considéré comme l’auteur des tous premiers textes médicaux chinois connus. Le paludisme à l’époque était symbolisé par un dragon à trois têtes : la première, un marteau, représente les maux de tête

; la seconde, un seau d’eau glacée, symbolise les frissons et la troisième, un

diadème de fer porté au rouge, représente la fièvre15.

La maladie a également été évoquée dans d’autres civilisations. C’est ainsi que les livres sacrés de l’Inde, notamment l’Arthavana-Ayurveda, présentent une description assez convaincante des accès palustres chez les populations à une certaine époque16.

Au IVe siècle avant J.C., Hippocrate a réalisé ses premières descriptions cliniques des fièvres palustres en évoquant la triade classique frissons-sueur- fièvre selon des séquences quotidiennes, tierces ou quartes. Quelques années plus tard, les Grecs et les Romains ont révélé une corrélation étiologique entre les fièvres intermittentes et la proximité de marécages. Le terme italien de malaria traduit bien la liaison faite par les Italiens entre les fièvres et les miasmes véhiculés dans l’air.

Après que la médecine soit développée et que les recherches sont révolutionnées par les grandes découvertes (notamment du thermomètre et du microscope) du siècle de la lumière, les connaissances sur la maladie ont connu un essor17.

  • C’est en 1880 que Laveran, médecin militaire français en Algérie, mis en évidence l’hématozoaire du paludisme.

14 C. LADERMAN. (2002), « Paludisme et progrès : quelques considérations historiques et écologiques », Science sociales & Médicine, volume 9, nos11–12, pp587-594.

15 N. MAOSHING (1995), « The yellow Emperor’s classic of Medecine: A new translation of the

Neijing Suwen with commentary » Shambhala. pp12-19

16 S. AURELIA (2011), « Epidémiologie du paludisme et environnement : étude de deux populations amérindiennes de l’est et de l’ouest guyanais », thèses en Science de la vie, santé publique, Cayenne. pp33-35

17 MANSOUR H. A. (2014), « Impact du changement climatique sur l’émergence des maladies vectorielles en Algérie » (mémoire). Biologie-entomologie médicale, Université SAAD DAHLAB BLIDA. pp12-14

  • Et c’est en 1898 que Grassi démontra que l’anophèle est le vecteur du

paludisme humain.

  • Dans les années 1950, le programme d’ «éradication» du paludisme a émergé mais il a dû rapidement faire place aux stratégies de contrôle (dans le sens de lutte ou maîtrise) au début des années 1970.
  • Aujourd’hui, l’endémie a disparu des pays tempérés où les cas décelés sont des cas importés. Elle demeure malheureusement l’affection majeure entre les 30emes parallèles Nord et Sud.

En dépit de cette évolution, depuis plusieurs années, les chercheurs continuent de mener différentes études pour comprendre la répartition et les déterminants de l’évolution du paludisme dans le monde.

Propagation et répartition géographique du paludisme

La dynamique du paludisme est liée selon P. W GETHING18 à deux séries d’événements, notamment l’évolution des climats, et l’apparition de l’homo sapiens19.

Comme nous l’avons relevé ci-haut, le paludisme est une maladie humaine et donc son évolution est liée à l’évolution de l’homme. Depuis des années, celui- ci n’a cessé de remuer la terre pour développer les cultures et l’élevage et s’est groupé en cités qui continuent de s’accroitre au point où plus de 54,9% % de la population mondiale est aujourd’hui urbaine20. Au cours des siècles, les sociétés humaines ont altéré l’écosystème local et modifié l’environnement climatique régional. De nos jours, cette influence humaine se fait sentir sur toute la planète. Ceci, du fait conjugué de l’accroissement démographique, d’une augmentation de la consommation énergétique, de l’utilisation intense des terres, du commerce, des déplacements internationaux et d’autres activités humaines.

Tous ces faits ont participé à la propagation de la maladie à partir de son foyer d’origine. Certains foyers tels que les régions tempérées ont pu éradiquer la maladie après une lutte de longues années. La distribution géographique actuelle concentre le paludisme en Afrique, en Asie du Sud, dans une grande partie de l’Amérique du Sud et aux Philippines (voir Figure 2).

18 P. W. GETHING & al. (2010), « Le changement climatique et la récession globale du paludisme

», Nature, vol. 465, No 7296, pp342-345.

19 L’homo sapiens est aussi appelé homme moderne. L’homo sapiens est originaire d’Afrique et est arrivé en Europe par la Méditerranée. Peu à peu, il s’est répandu sur toute la terre. L’homme moderne est apparu sur terre il y a environ 100 000 à 300 000 ans.

20 ONU(2014), « Révision des projections mondiales sur l’urbanisation »(Rapport). Département

de l’Economie et des Affaires Sociaux- Division Population. p1

[6_analyse-comparative-des-impacts-climatiques-sur-le-paludisme_8]Fig. 2 : Pays et territoires à risque de transmission du paludisme dans le monde

Source : OMS, 2020

Il y a deux caractéristiques communes entre les régions à risque de transmission palustre citées sur la carte : le climat et le niveau de développement. Sur cette base et sur celle d’ordre environnementales, des formes propres et locales du paludisme se développent suivants une gamme d’échelle spatiales. C’est la notion du faciès du paludisme.

Faciès palustres dans le monde

Le concept de faciès traduit parfois par celui de strate21 est utilisé pour désigner des aires géographiques de paludisme. Il doit son origine au climat. Chaque strate écologique du paludisme se spécifie par la nature du sol, la pluviométrie, la végétation, le mode de stagnation des eaux de surface, les gîtes larvaires d’anophèles, les espèces vectorielles, le profil de transmission, le style d’habitat humain…22 Une strate de paludisme peut être ainsi globalement définie comme étant une zone climato écologique de même modalité ou

21 Strate qui signifie stratum ou encore couche, bande… utilisé en bioclimatologie pour décrire

les des « zones » de caractéristiques d’espèces commune.

22 M. FANE (2011) « Impact du climat sur l’écologie et la transmission du paludisme : analyse du risque palustre dans le septentrion malien » Médecine humaine et pathologie. Université de Grenoble. p26

système de transmission. On considère que la situation du paludisme varie très peu à l’intérieure d’une strate ou faciès.

Il y a eu plusieurs classifications23 des faciès du paludisme réalisées par des chercheurs en fonction des critères pris en compte. Ici, nous allons présenter la classification selon MOUCHET et CARNEVALE (1981) et CARNEVALE et al. (1984) juxtaposée à celle de Wilson pour mettre en évidence le type et les propriétés du paludisme en fonction des caractéristiques climatiques de la ville de N’Djaména.

Selon MOUCHET et CARNEVALE (1981) et CARNEVALE et al. (1984), les faciès épidémiologiques du paludisme sont :

Zones de forêt dégradée

La transmission est permanente (= Groupe I de Wilson) : paludisme endémique avec une transmission intense et permanente. Il existe des variations saisonnières au niveau de l’intensité de la transmission, mais pas d’interruption, même brève. La transmission est généralement assurée par Anophèle gambiae et An. Funestus. Ce mode de transmission est bien illustré par les zones de forêt dégradée d’Afrique Centrale (Congo, Centrafrique, Cameroun, etc.).

Zones de savanes

Zone à transmission saisonnière longue (= Groupe II de Wilson) : paludisme endémique avec une transmission saisonnière régulière longue pendant la saison des pluies (± 6 mois). La transmission est surtout le fait d’Anophèle gambiae et An. arabiensis pendant les pluies et An. funestus au début de la saison sèche. Ce type de paludisme endémique stable sévit à des degrés variés dans les zones de savanes du Burkina Faso, Nigeria, etc.

Zones de Sahel

Zone à transmission saisonnière courte (= Groupe III de Wilson) : paludisme à transmission annuelle épisodique très courte (2 mois) concentrée (et survenant régulièrement tous les ans) pendant la courte saison des pluies et pratiquement interrompue (ou ne se poursuivant qu’à très faible bruit) pendant la longue saison sèche. La transmission est généralement assurée par Anophèle arabiensis, An. gambiae et An. funestus. Ce type de paludisme

23 Classes d’endémicité de CHRISTOPHERS et al (1936, p46), Classification de WILSON (1949, p141), Classification de KAMPALA (1950, p21), Classification de MAC DONALD (1957, p2), Classification de YAOUNDE (1962, p25) et Faciès du paludisme selon CARNEVALE et al (1984, pp6-29).

instable (en saison sèche) à transmission épisodique sévit dans les zones de Sahel comme le Tchad et de moyenne altitude.

Zones de désert

La transmission est sporadique (= Groupe IV de Wilson) : paludisme instable à transmission sporadique intervenant uniquement à la suite de circonstances particulières (pluies inhabituelles, crues, modifications de l’environnement, etc.) dans des zones où il ne sévit habituellement pas (plateaux de haute altitude, par exemple) ou plus. Le vecteur le plus fréquent est l’Anophèle arabiensis. Mais, l’An. gambiae peut aussi être impliqué. La transmission se traduit alors par des poussées épidémiques qui peuvent survenir dans des oasis sahariennes, dans des zones d’altitude d’Éthiopie, du Kenya (par exemple suite aux fortes pluies liées au phénomène El Niño), etc.

À ces faciès, on peut ajouter deux « situations écologiques particulières » ayant un impact sur la faune anophélienne et la transmission.

Faciès lagunaires ou zones côtières :

La transmission du paludisme et la morbidité palustre dans ce faciès ont été particulièrement étudiées sur les côtes d’Afrique de l’Ouest et de l’Est. La particularité entomologique tient aux préférences écologiques des vecteurs Anophèle melas sur la côte ouest et L’An. merus sur la côte est, dont les stades pré-imaginaux se développent, souvent en abondance, dans les eaux saumâtres. Les anophèles adultes présentent une très forte densité mais une faible infectivité due à une longévité médiocre. L’An. gambiae joue un rôle vecteur important pendant la saison des pluies et la morbidité palustre varie avec la fréquence du vecteur majeur.

Faciès urbains

La transmission est nettement différenciée. Elle est plus faible que dans les zones rurales avoisinantes, plus faible dans les quartiers centraux et anciens que dans les quartiers périphériques récents, et très hétérogène d’un quartier à l’autre. Les anophèles vecteurs sont essentiellement An. gambiae en zone humide, An. arabiensis en zone plus sèche, et, localement, An. funestus. Les habitants des zones urbaines restent sensibles au paludisme et des accès pernicieux sont même observés chez des sujets adultes.

Les faciès de zone de sahel

(= Groupe IV de Wilson) et le faciès urbain sont ceux dont les caractéristiques conviennent avec la connotation spatiale du sujet traité dans ce mémoire. La ville de N’Djaména étant un espace urbain, est situé dans la bande sahélienne

en référence aux domaines climatiques en Afrique. Cette spécification nous permettra de cibler les types des espèces vectorielles du paludisme et en conséquence du rythme de la maladie de façon général.


Questions Fréquemment Posées

Quel est l’impact du climat sur le paludisme à N’Djamena?

Les résultats montrent que le climat n’explique que 52% de l’incidence du paludisme, les autres facteurs étant socio-économiques et environnementaux.

Comment le paludisme s’est-il propagé historiquement?

L’origine de la maladie pourrait remonter à l’origine même de l’homme en Afrique, avant de suivre par coévolution ses migrations vers l’Europe et l’Asie.

Quels sont les vecteurs du paludisme?

L’article présente les vecteurs du paludisme, mais ne fournit pas de détails spécifiques sur ceux-ci dans le contenu fourni.

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