Analyse comparative des boissons aphrodisiaques : Quel impact sur les jeunes de Bukumu?

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🏫 UNIVERSITÉ DE GOMA UNIGOM - FACULTÉ DE MÉDECINE - DEPARTEMENT DE CHIRURGIE
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Docteur en Médecine - 2021-2022
🎓 Auteur·trice·s
KITALYABOSHI NDACHO Eric
KITALYABOSHI NDACHO Eric

L’analyse comparative des boissons aphrodisiaques révèle comment leur consommation croissante, notamment chez les jeunes de moins de 30 ans, transforme les perceptions de la virilité. Quelles stratégies marketing influencent cette tendance et comment impactent-elles la santé des consommateurs ?


CHAPITRE QUATRIEME : DISCUSSION DES RESULTATS

Dans notre étude, plus de la moitié des consommateurs étaient des jeunes âgés de 18 à 28 ans. La dénomination de « stimulante », accentuée par le marketing utilisant des images sportives incitent les jeunes consommateurs à percevoir ces boissons aphrodisiaques comme le moyen d’accéder à un nouveau mode de vie plus excitante, dynamique, plus « fun ».

Ceci expliquerait la prévalence élevée de cette tranche d’âge. Nos résultats étaient en accord avec ceux des autres auteurs [5,6]. La majorité des consommateurs des boissons aphrodisiaques étaient des mariés. Cette prédominance pourrait s’expliquer par le fait que dans la chefferie de Bukumu les gens se marient précocement, n’ayant pas encore une intelligence mature, ce qui pourrait les exposer à des manipulations de tout genre, y compris celle que jouent les médias locaux pour les marketings et la vente de ces boissons aphrodisiaques.

Les chômeurs et les cultivateurs étaient les consommateurs le plus rapportés dans notre étude. Les résultats contraires ont été retrouvés dans l’étude de Faustin BIRINDWA HAMULI à Bukavu où les élèves de l’école secondaire occupaient une place importante dans la consommation de ces boissons aphrodisiaques [7].

Plus d’un tiers des participants étaient de la tribu Kumu. Cette prédominance pourrait s’expliquer par le fait que, la chefferie de Bakumu est habitée majoritairement par les Kumu, d’après les données trouvées auprès des autorités locales.

Dans notre étude, les antécédents de l’hypertension artérielle, de diabète étaient retrouvés chez nos participants avec 37,1% et 9% respectivement.

Selon la littérature, les boissons aphrodisiaques contiennent généralement de grandes quantités de sucre, allant de 21 g à 34 g par once. Le sucre se présente principalement sous la forme de saccharose, de glucose ou de sirop de maïs à haute teneur en fructose. Par conséquent, une consommation élevée de ces boissons aphrodisiaques peut augmenter le risque d’obésité et du diabète de type 2, ceci pourrait expliquer ces taux de diabète retrouvé dans notre étude.

Globalement, nous avons pu relever un certain nombre de reconnaissance vis-à-vis des boissons aphrodisiaques chez la majorité des participants. Tout d’abord, les ingrédients et leur dosage n’étaient pas toujours connus, ensuite leurs effets sur la santé et le pourcentage d’alcool présent dans les boissons aphrodisiaques. Ce constant a également été observé dans l’étude de Yara Barrense-Dias et al en Suisse [9].

Les boissons aphrodisiaques étaient facilement accessibles aux consommateurs à cause de leur prix relativement bas. Nos résultats étaient en accord avec ceux des autres études réalisées en Amérique du Nord et en Australie [11,12].

Moins de ¼ des participants avaient consommé les boissons aphrodisiaques dans le but de traiter la DE et la raison ayant motivé le recours aux boissons aphrodisiaques pour traiter ce symptôme était pour la plupart des participants l’absence d’amélioration clinique sous le traitement médical. Ceci pourrait s’expliquer par la multiplicité des étiologies de cette symptomatologie qui rend difficile la prise en charge médicale.

Plus de la moitié des participants avaient des palpitations cardiaques après la prise de ces boissons aphrodisiaques. Plusieurs études ont montré une augmentation de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle après la consommation des boissons aphrodisiaques. En outre, des manifestations cardiaques importantes telles que des arythmies ventriculaires, une élévation du segment ST et un allongement de l’intervalle QT ont été documentées après une surconsommation des boissons aphrodisiaques. [10]

Enfin nous avons noté que la majorité de nos participants avaient un trouble de l’érection léger selon les résultats obtenus via le Score de IIEF5 qui a été coté à 17.

V. 1. REPARTITION SELON L’AGE

Table des répartitions selon l’âge
AuteursPaysAnnéesPopulation ciblePopulation d’étudeAgePourcentage
Notre étudeRDC/Nord-Kivu2022Hommes vivant dans la chefferie de BukumuPopulation masculine habitant la chefferie de Bukumu18 à 75 ans18-28 ans (66,69%) ; 29-39 ans (17,20%) ; 40-50 ans (12,33%) ; 51-60 ans (1,60%) ; 61-70 ans (1,20%) ; 71-75 ans (0,98%)
RAHOU I Omar Abdelhe q et KEHLI HichamAlgérie2016Tout étudiant actuel à l’université ABOU BEKR BELKAID TLEMCEN de sexe masculin et féminin512 étudiants (199 hommes et 313 femmes) choisis aléatoirement aux différentes facultés de l’Université ABOU BEKR BELKAID TLEMCEN17 à 43 ansJeune adulte (50,69%) ; Adolescent (38,88%) ; Adulte (62,09%)
Lasseny TRAOREMali2017Tous les cas de DE vue en consultation dans le service d’urologie de CHU Gabriel TouréTous les hommes qui viennent consulter le CHU Gabriel Touré41 à 50 ans29%

REPARTITION SELON L’ETAT CIVIL

Table des répartitions selon l’état civil
AuteursPaysAnnéesPopulation ciblePopulation d’étudeAgePourcentage
Notre étudeRDC/N-K2022Hommes vivant dans la chefferie de BukumuPopulation masculine habitant la chefferie de Bukumu18 à 75 ansMariés (74,3%) ; Célibataire (25,7%).
Grand lac libre (David LUPEMBA)RDC/Goma2022Hommes vivants dans la ville de GomaPopulation de sexe masculin habitant à Goma18 à 35 ansPlusieurs jeunes chômeurs.

REPARTITION SELON LA PROFESSION

Table des répartitions selon la profession
AuteursPaysAnnéesPopulation ciblePopulation d’étudeAgePourcentage
Notre étudeRDC/N-K2022Hommes vivant dans la chefferie de BukumuPopulation masculine habitant la chefferie de Bukumu18 à 75 ans
  • Chômeurs et /ou sans emploi (26,1%) ;
  • cultivateurs (20,4%) ;
  • motards et chauffeurs (17,2%) ;
  • élèves et étudiants (16,3%)
Faustin BIRINDWA HAMULIRDC/Sud- Kivu2012les élèves jeunes qui avaient l’âge compris entre 11 et 21 ans inscrit régulièrement dans les écoles secondaires de la commune de Kadutu42 écoles secondaires comprenant dans l’ensemble 30.094 élèves pour l’année scolaire 2012-201311 à 21 ans
  • Eleves du premier degré (33,8%) ;
  • élèves du second degré (66,2%)

REPARTITION SELON LES ANTECEDANTS PERSONNELS MEDICAUX ET CHIRURGICAUX

Table des répartitions selon les antécédents personnels médicaux et chirurgicaux
AuteursPaysAnnéesPopulation ciblePopulation d’étudeAgePourcentage
Notre étudeRDC/Nord- Kivu2022Hommes vivant dans la chefferie de BukumuPopulation masculine habitant la chefferie de Bukumu18 à 75 ans6,9% avaient l’antécédent de diabète, 37% avaient l’antécédent d’HTA, 9% avaient des antécédents chirurgicaux
Olivier Florian CLERCSuisse/Lausanne2011Hommes et femmes qui consomment l’alcoolHommes et femmes qui consomment l’alcool habitant à Lausane35 à 75 ans-Prévalence du Sd métabolique : 24% chez les non buveurs, 19% chez les buveurs à risque élevé et 29% chez les buveurs à risque très élevé ; -Prévalence du diabète : 6% chez les non buveurs, 3,6% chez les buveurs à bas risque et 3,8% chez ceux à risque moyen

REPARTITION SELON LA CONSOMMATION DES BOISSONS APHRODISIAQUES

Table des répartitions selon la consommation des boissons aphrodisiaques
AuteursPaysAnnéesPopulation ciblePopulation d’étudeAgePourcentage
Notre étudeRDC/N-K2022Hommes vivant dans la chefferie de BukumuPopulation masculine habitant la chefferie de Bukumu18 à 75 ansVin strong (64%) ; uzima bora (8,6%) ; vin d’amour (6,1%) ; cacao plaisir (4,5%) ; vin libala (3,7%) ; vin béton (2%) ; asilio power (0,8%) ; vin BL6 (5,7%) ; autres (4,5%)
Lasseny TRAOREMali2017Tous les cas de DE vue en consultation dans le service d’urologie de CHU Gabriel TouréTous les hommes qui viennent consulter le CHU Gabriel Touré41 à 50 ansAlcool (4,16%) ; Cocacola (31,25%) ; Tabac (22,91%)

IV.6. REPARTITION SELON LE MOMENT ET CIRCONSTANCE DE CONSOMMATION DES BOISSONS APHRODISIAQUES

Table des répartitions selon le moment et circonstance de consommation des boissons aphrodisiaques
AuteursPaysAnnéesPopulation ciblePopulation d’étudeAgePourcentage
Notre étudeRDC/Nord- Kivu2022Hommes vivant dans la chefferie de BukumuPopulation masculine habitant la chefferie de Bukumu18 à 75 ansAvant le rapport (71%) ; matin (2%) ; soir (21%) ; après le boulot (6%)
Media 7SUR7.CDRDC/Kinshasa2021Jeunes conducteurs de taxi et étudiantsJeunesse kinoise17 à 45 ansAvant le rapport (63%) ; Accoutumance (24%)

REPARTITION SELON LE BUT RECHERCHE

Table des répartitions selon le but recherché
AuteursPaysAnnéesPopulation ciblePopulation d’étudeAgePourcentage
Notre étudeRDC/Nord- Kivu2022Hommes vivant dans la chefferie de BukumuPopulation masculine habitant la chefferie de Bukumu18 à 75 ansTraiter la DE (14,7%) ; booster la performance sexuelle (60%) ; exigence de la femme (5,3%) ; visée recreative (13,1%) ; autres (6,9%)
Charly KASEREKA/radio VOARDC/Goma2017Jeunes garçons vivant en ville de GomaJeunesse Gomatracienne17 à 35 ansDans sa recherche, il confirme sans donner le pourcentage qu’en consommant les boissons aphrodisiaques, la majorité recherche la performance sexuelle car elles permettent d’avoir l’érection à plusieurs reprises

REPARTITION SELON LES EFFETS INDESIRABLES RESSENTIS PAR LES CONSOMMATEURS

Table des répartitions selon les effets indésirables ressentis par les consommateurs
AuteursPaysAnnéesPopulation ciblePopulation d’étudeAgePourcentage
Notre étudeRDC/Nord- Kivu2022Hommes vivant dans la chefferie de BukumuPopulation masculine habitant la chefferie de Bukumu18 à 75 ansPalpitations cardiaques (56,3%) ; insomnie (33,5%) ; accoutumance (2,9%) ; autres (7,3%)
Le nutritionniste Mutamba Mpoyo Tapoy dans l’émission parole aux auditeurs de la radio okapi réalisée par le journaliste Jody NKASHAMARDC2022Population congolaise en généralePopulation congolaiseNon déterminéEffets : insomnie, gastrite aigue, diabète, impuissance sexuelle et HTA

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Les boissons aphrodisiaques sont de plus en plus consommées par les jeunes de moins de 30ans. Globalement, nous avons pu relever un certain nombre de reconnaissances vis-à-vis des boissons aphrodisiaques chez l’ensemble des participants.

Ensuite les méconnaissances concernaient les effets indésirables ou les risques de la consommation des boissons aphrodisiaques ainsi que le pourcentage d’alcool contenu dans ces boissons aphrodisiaques. Les boissons aphrodisiaques étaient facilement accessibles aux consommateurs à cause de leur prix relativement bas.

La plupart des participants consommaient les boissons aphrodisiaques afin de booster la performance sexuelle et l’échec du traitement médical était le principal motif ayant poussé la majorité de participants souffrant de la dysfonction érectile à faire recours aux boissons aphrodisiaques pour traiter leur symptomatologie.

La consommation des boissons aphrodisiaques n’était pas dénuée de tout risque car elle était source des palpitations cardiaques chez la majorité des consommateurs. Une prise en charge adéquate des personnes souffrant de dysfonction érectile et autres troubles sexuels, une information sur les risques sanitaires qu’entrainent ces boissons aphrodisiaques et un meilleur contrôle du commerce de ces boissons aphrodisiaques seraient des objectifs sensés qui permettraient de changer la tendance.

En plus de ces recommandations, d’autres stratégies de lutte contre la consommation abusive de ces boissons aphrodisiaques, comprennent les changements de politiques visant la vente, l’emballage, le prix et la visibilité des boissons aphrodisiaques. Les recherches futures pourraient examiner la faisabilité de telles interventions.

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Questions Fréquemment Posées

Quelle est la tranche d’âge des principaux consommateurs de boissons aphrodisiaques à Bukumu?

Plus de la moitié des consommateurs étaient des jeunes âgés de 18 à 28 ans.

Quels sont les risques associés à la consommation de boissons aphrodisiaques?

Une consommation élevée de ces boissons aphrodisiaques peut augmenter le risque d’obésité et de diabète de type 2.

Pourquoi les jeunes consomment-ils des boissons aphrodisiaques selon l’étude?

Les jeunes consommateurs perçoivent ces boissons comme un moyen d’accéder à un nouveau mode de vie plus excitant, dynamique et ‘fun’.

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