Les secteurs économiques à Pointe-Noire, comprenant le primaire, le secondaire et le tertiaire, sont analysés dans le contexte des enjeux d’adaptation au changement climatique. L’article propose des stratégies telles que la sensibilisation et la végétalisation pour renforcer la résilience urbaine.
Cadre économique
1. Secteurs d’activités économiques
Les secteurs primaire, secondaire et tertiaire représentent des secteurs d’activités économiques à Pointe-Noire. En effet, le secteur primaire regroupe les activités économiques utilisant directement les matières premières. Il s’agit de l’agriculture et de l’élevage. Ces activités s’exercent dans la zone périphérique de Pointe-Noire.
Le secteur secondaire, quant à lui, rassemble les activités industrielles se pratiquant en zone urbaine et au centre-ville. Enfin, le secteur tertiaire réunit en zone urbaine centrale le commerce, l’administration publique et les services marchands.
La figure 5 désigne la répartition de l’économie de la ville de Pointe-Noire par secteur d’activités. Le secteur secondaire représente un pourcentage élevé soit 47%. Les populations urbaines de Pointe-Noire exercent plus les activités industrielles. Tout ceci fait de la ville, un milieu attractif. La main d’œuvre y est considérable.
Figure 5 : Répartition de l’économie de la ville de Pointe-Noire par secteur d’activités (ONU-HABITAT, 2012) | |
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Secteur | Pourcentage |
Secteur primaire | 12,00% |
Secteur secondaire | 47% |
Secteur tertiaire | 41% |
L’économie de la ville de Pointe-Noire repose sur des activités comme l’exploitation forestière et pétrolière, la pêche, l’agriculture, l’élevage, les activités industrielles et portuaires. Elle est beaucoup liée à l’histoire de la ville. Les activités économiques ont connu une évolution considérable faisant d’elle la principale plateforme du pays.
L’exploitation forestière
À partir des années 1940, les populations de Pointe-Noire exploitaient du bois traditionnellement. Les techniques les plus usuelles sont la carbonisation et la coupe du bois de chauffe. Le bois de chauffe est utilisé à l’échelle familiale. La pression sur cette ressource forestière est faible au cours de cette période. Les habitants fabriquaient du charbon avec le bois du manguier.
Au début des années 1960, plusieurs industries de transformation de bois vont s’installer à Pointe-Noire permettant à la ville de connaitre un essor économique. Parmi ces industries, nous mentionnons la concession Eucalyptus Fibre Congo (EFC). S’étendant sur 68.000 hectares, elle emploie 17.000 personnes. Cette filière bois-forêts a toujours contribué à la richesse de Pointe-Noire (Césaire J. M., 2009, p. 129). Dans la même période, plusieurs sociétés voient le jour comme SIDETRA et PLACONGO.
Cependant, l’exploitation forestière présente des incidences sur l’environnement de Pointe-Noire. La déforestation a contribué à un peu plus du tiers des émissions de gaz carbonique. Elle provoque la diminution de la pluviosité à plus ou moins longue distance de la zone déboisée, la diminution de l’humidité de l’air, l’augmentation de la température de l’air et de la vitesse du vent.
Le Tacon F. (2021, p. 78) montre que la déforestation entraine une augmentation de la température de l’air en surface, une réduction de l’évapotranspiration, une réduction de la formation des nuages, une augmentation de la radiation solaire arrivant au sol et surtout une réduction des précipitations et une augmentation de la teneur de gaz carbonique de l’atmosphère contribuant ainsi à l’accélération du processus climatique.
L’exploitation pétrolière
À la fin des années 1960, l’exploitation pétrolière va supplanter celle du bois. À cet effet, bon nombre de multinationales s’implantent dans la ville de Pointe-Noire. Elle se transforme attirant ainsi nombre des populations. Parmi les firmes pétrolières implantées à Pointe-Noire, nous énumérons Total E&P, Eni, la Société Nationale des Pétroles du Congo (SNPC).
Ces entreprises pétrolières émettent des gaz à effet suite à la combustion des combustibles fossiles. Ces gaz séjournent longtemps dans l’atmosphère. À titre d’exemple, le gaz carbonique peut rester de 50 à 200 ans dans l’atmosphère ; ce qui contribue à l’accélération du processus climatique à Pointe-Noire.
La pêche
En 1940, Pointe-Noire ne représentait qu’une bourgade de pêcheurs de 33.000 habitants principalement constitués des Vilis. Cette activité économique se pratiquait d’une manière traditionnelle dans divers cours d’eau de ce territoire. Les caractéristiques sont l’utilisation de la ligne, des filets. Cette activité se faisait dans l’Océan Atlantique ainsi que dans des lagunes de Mvassa et de Loya.
Les espèces pêchées sont les sardinelles, les requins, les sardinelles, les tilapias, les crevettes et les silures (photo 5).
Photo 5 : Quelques acheteurs des ressources halieutiques (prise de vue, Maketo, 2022)
Le secteur de la pêche maritime joue également un rôle non négligeable. Il est assuré à la fois par des industriels et par des artisans. La production totale annuelle est estimée à moins de 30.000 tonnes. Elle porte principalement sur des espèces pélagiques côtières et déversages, ainsi que sur des crevettes.
Les travaux du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD, 2012, p. 69) montrent que la pêche industrielle est réalisée par environ sept sociétés d’armement dont la Société Congolaise de Pêche (SOCOPEC) et comprend l’exploitation des fonds proches par des bateaux basés à Pointe-Noire (chalutiers-poissonniers, crevettiers et sardiniers). Cette pêche produit par an environ 10.000 tonnes de poissons débarqués frais ou congelés, qui approvisionnent principalement le marché de Pointe-Noire.
L’agriculture
L’agriculture pratiquée dans la ville de Pointe-Noire (photo 6) est de type traditionnel. Elle se caractérise par l’utilisation des outils utilisés sont rudimentaires. Il s’agit essentiellement de la hache, de la houe, de la machette, de la brouette, de la pelle et de la faucille. Tous ces outils exigent un effort musculaire important pour un rendement faible.
Les techniques sont essentiellement archaïques : agriculture sur brûlis, polyculture jachère, écobuage. L’agriculture pratiquée est essentiellement pluviale. Elle est extrêmement sensible aux fluctuations saisonnières et intra-saisonnières des précipitations (Massouangui-Kifouala M., 2021, p. 84). L’espace est réduit. Les cultivateurs sont en majorité des femmes.
Les populations cultivent du maïs, de l’arachide, du taro, de l’igname, du manioc, de la banane plantain, des courges, de l’aubergine, de la tomate et du haricot. Le niveau de production est faible et destiné à l’autoconsommation.
Cependant, l’agriculture contribue aux émissions de gaz à effet de serre. En utilisant les engrais chimiques, les paysans polluent les rivières et nappes souterraines. Parce que ces produits phytosanitaires peuvent ruisseler dans un cours d’eau.
Photo 6 : Quelques cultures maraichères au quartier N’djéno (prise de vue, Maketo, 2022)
L’élevage
La ville de Pointe-Noire couvre une étendue considérable de savanes, offrant d’énormes potentialités en élevage. Cette activité est dite traditionnelle à travers ses aspects. Elle se pratique autour des maisons. Les animaux sont en semi-liberté ou encore en liberté totale. Ils ne sont pas nourris, ni soignés.
Le rendement demeure faible et destiné à l’autoconsommation ainsi qu’aux cérémonies traditionnelles. Les principales espèces animales élevées sont les moutons, les cabris, les chèvres, les canards, les poules, les cochons ainsi que les pigeons.
Les activités industrielles
Pointe-Noire constitue une zone dominée par les activités industrielles. La fonction industrielle de la ville date de la colonisation et demeure un facteur crucial de la croissance urbaine. En effet, elle a tiré profit de l’implantation des sociétés industrielles dans bon nombre de secteurs. Nous citons ainsi des industries extractives, de transformation de bois, chimiques et agro-alimentaires. Mais, ces industries sont peu diversifiées.
Les industries extractives
Les industries extractives sont :
- La Congolaise de Raffinage (CORAF) est une filiale de la Société Nationale des Pétroles du Congo (SNPC). Fondée en décembre 1982, la Coraf produit du gaz butane, du supercarburant, du gasoil, etc. à Pointe-Noire.
- Total Exploration et Production Congo (Total E&P Congo), s’implante au Congo en 1969 exploitant du pétrole brut et du gaz naturel.
- Eni Congo s’est implantée depuis 1968, assurant la production du pétrole et du gaz naturel. Cette firme pétrolière a permis la mise en place de deux centrales à gaz à Pointe-Noire dont celle de N’djéno (50 MW).
Les industries de transformation de bois
Elles transforment le bois en diverses formes.
- La Société Congolaise de Manutention des Bois (SOCOMAB) est une société privée qui détient le monopole de la manutention des bois au Port de Pointe-Noire. Elle a été implantée en 2020.
- La société des Bois et Placages du Congo (BOPLAC) est créée en 1995 et exerce les activités suivantes : exploitation forestière, sciage et déroulage. L’usine est quant à elle implantée à Pointe-Noire. Cette usine est fermée depuis 1999 à cause des difficultés d’approvisionnement en bois en grumes.
- La Transformation des Bois Exotiques du Congo (TRABEC) a été créée en 1990 à Pointe-Noire où se trouvent son siège social et son site industriel. Cette entreprise appartenant à des industriels des bois italiens est l’unique unité industrielle de bois non intégrée à une exploitation forestière. Elle a pour objet le sciage et la production des moulures et des parquets. Elle a fermé ses portes.
- Eucalyptus du Congo (ECO. S.A.) est une société anonyme de droit congolais créée en 1997 sous les cendres de l’ancienne société Unité d’Afforestation Industrielle du Congo (UAIC). Implantée à Pointe-Noire, elle réalise des plantations industrielles dans les savanes sableuses de la région côtière de Pointe-Noire.
Les industries agro-alimentaires
Elles transforment les ressources agricoles en produits alimentaires. Nous pouvons citer :
- La Minoterie Alimentaire de Bétail (MAB) est créée en 1997. Elle devient la Minoterie du Congo (MINOCO) en 2000. Elle est basée sur la transformation de la maïserie et production d’aliments de bétail ;
- La Société du Grand Moulin du Phare (SGMP) fabrique de la farine de blé.
- La Société de Fabrication des Produits Alimentaires (SOFAPRAL) fabrique des vins ;
- La Brasserie du Congo (BRASCO) représente l’industrie fabrication de boissons à Pointe-Noire. Elle est créée en 1952 ;
- L’usine Bayo produit de l’eau minérale et fabrique du jus. Elle est fondée il y a un plus de trente ans.
Autres industries
La ville dispose aussi des industries comme :
- L’Aluminium du Congo (ALUCONGO) est remplacé par Bernabé en 2011. Cette nouvelle société vend et distribue des produits de quincaillerie professionnelle, des équipements industriels et des produits métallurgiques ;
- La Congolaise de Peinture (COPE) fabrique de la peinture, du vernis, de l’enduit mastic, du ciment-colle et du diluant.
Cependant, les industries à Pointe-Noire provoquent l’accélération du processus climatique. Elles induisent diverses pollutions dans cette ville. Les usines polluent les cours d’eau par leurs rejets industriels. Ce qui met en péril les espèces halieutiques et la santé de la population.
Les études menées par Wenclawliak B. (2005, p. 4) montrent les impacts pervers de la pollution de l’air à Pointe-Noire notamment leurs effets sur la santé humaine. Les populations sont exposées à des maladies respiratoires comme l’asthme. Par exemple, dans la ville de Pointe-Noire, les déchets industriels sont déversés directement ou indirectement dans l’Océan Atlantique à partir des rivières Songolo et Tchinouka.
Les activités portuaires
Ville riche et dynamique, Pointe-Noire joue un rôle important dans le tissu économique du pays et de la sous-région. Son activité portuaire en témoigne. 90 % des échanges entre le Congo et ses partenaires commerciaux s’effectuent par voie maritime. Une convention de mise en concession du terminal à containers du PAPN (photo 7) a été signée avec Bolloré Africa Logistics le 23 décembre 2008.
D’un montant de 374 milliards de francs CFA et d’une durée de 27 ans, cette mise en concession s’accompagne d’un plan d’investissements permettant d’améliorer les performances opérationnelles du port. Parallèlement, la création d’un guichet unique maritime (GUMAR) devrait en simplifier les procédures administratives (Césaire J. M., 2009, p. 129). Revêtant un caractère industriel et commercial, le PAPN est le seul port en eaux profondes d’Afrique centrale.
Photo 7 : Vue aérienne du port de Pointe-Noire (prise de vue, Mombo, 2022)
Les activités informelles
Depuis le début des années 1990, l’économie informelle s’est développée en réponse au taux de chômage de sa population. En effet, les activités informelles désignent les processus, les activités et les potentiels qui échappent à tout contrôle des autorités. La route apparait comme le centre de toute activité formelle mais surtout des activités informelles.
Dans ce paysage urbain, les activités qualifiées d’informelles sont diverses : les vendeurs ambulants (fruits et légumes, appareils électroniques, boissons, articles divers, trottoirs), les motos-taxis, les concessions automobiles dans les rues. L’agglomération de Pointe-Noire assure 83 % des recettes budgétaires du Congo-Brazzaville (ONU-HABITAT, 2012, p. 7).
Représentant la principale plate-forme économique du pays, Pointe-Noire est une ville dynamique et très attractive.
Conclusion partielle
Fondée le 11 mai 1922, la ville de Pointe-Noire représente la capitale économique du Congo. Couvrant une superficie de 1.144 km2, cette agglomération se situe au Sud-Ouest Congo. Du point de vue géologique, l’agglomération de Pointe-Noire appartient au bassin côtier avec des roches comme les alluvions, les sables, les marnes, les grés, les calcaires et les argiles bariolées.
Elle s’organise autour des sols ferralitiques. Deux unités orographiques se partagent l’agglomération de Pointe-Noire. Il s’agit de la plaine côtière et d’un rempart de plateaux. Plusieurs cours d’eau drainent cette ville dont la Tchinouka, la Songolo et la Patra. L’Océan Atlantique borde son littoral sur des kilomètres de long.
La ville connait une évolution rapide de sa population liée à l’exode rural, à une forte natalité, à son statut économique et d’importants mouvements migratoires. Ceci occasionne des poussées spatiales considérables dépassant ainsi les limites administratives de la ville. Aussi, s’impose-t-elle comme la capitale économique du Congo. Sa population exerce une multitude d’activités économiques.