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🏫 Université Peleforo GON COULIBALY - Sciences Sociales - Département de Sociologie
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - 2021-2022
🎓 Auteur·trice·s
SATCHI Elie
SATCHI Elie

Les risques au travail saisonnier dans l’industrie cotonnière ivoirienne sont exacerbés par des conditions précaires, comme l’indiquent les témoignages des travailleurs de la CO.I.C à Korhogo. Cette étude qualitative révèle comment ces travailleurs naviguent entre insécurité et nécessité économique.


CHAPITRE 1 :

LE SENS DU TRAVAIL POUR LES TRAVAILLEURS SAISONNIERS AU SEIN DE LA COIC

Un travail comportant des risques

Les difficultés et les risques liés au travail se situent dans tous les secteurs d’activités. Ainsi, en zone industrielle, plus précisément à la COIC, nos enquêtés n’ont pas caché l’existence de ces faits. Partant de ce constat, lors d’un focus groupe, nous leur avons posé la question suivante : Est-ce que vous vous sentez en sécurité sur les lieux du travail ?

Ainsi, l’un des leurs nous a dit : « Non ! Aucune sécurité n’est même pas garantie. Il y a certains qui n’ont pas de casque de sécurité. Lorsqu’on doit reprendre comme ça, il y a la saison qui arrive là…il n’y a même pas de visite médicale » (Opérateur Korhogo 2).

De ce fait, nous avons cherché à savoir leurs équipements de protection et sur combien de temps ils les utilisent.

Risques au travail saisonnier : étude à la CO.I.C

« Chaussures de sécurité, cache-nez, deux complets d’habits qu’on nous donne, avec des gans avec des lunettes et des casques »

« La disponibilité du matériel de travail, l’équipement de travail, c’est à dire que c’est en campagne qu’on nous donne l’équipement de protection. Parce que, quand la campagne finie, nous qui faisons l’intercampagne on peut fait plusieurs mois avec les mêmes équipements de la campagne or généralement ça s’use vite » (mécanicien)

La COIC dispose en son sein un responsable en Qualité Hygiène Sécurité et Environnement (QHSE) et d’un assistant au chef de sécurité. Ceux-ci sont chargés de la sécurité des travailleurs sur les lieux du travail. Ainsi, nous leur avons posé la question suivante : est-ce que ceux qui travaillent en hauteur ont des harnais ?

« Oui, la majorité. On l’utilise beaucoup plus pour ceux qui font le déchargement du coton au niveau du télescope. S’il y-a des travaux à faire en hauteur où le coin est un peu libre, on est obligé de leur donner ça. Mais ce n’est pas pour tous les travaux en hauteur qu’on leur donne.

Parce que si tu as une plate-forme pour bien travailler, on ne peut pas te donner ça ».

Certaines mesures de protections ont été mises en place par la COIC. Mais, le constat est que ces saisonniers sont confrontés à des accidents graves liés aux travails qu’ils exercent.

« Moi j’ai fait un accident grave ici. […]. J’ai fait un accident ici, ils m’ont dit que c’est une côte qui est cassée. C’est-ce que la radio a constaté. On m’a demandé à ce que je parte sur Abidjan pour faire d’autres examens.[…] Ils ont vu que ce n’est pas 01 côte qui est cassée mais c’est 04 côtes qui étaient cassées » (mécanicien machiniste)

Par moment, ils peuvent tomber maladie sur une longue période, ce qui les empêche de travailler alors que leur salaire résulte du nombre d’heure de travail.

« Moi, depuis le mois d’avril je n’ai plus travaillé car je suis tombé malade » (surveillant déchet).

Les saisonniers de la COIC ont 08 heures dans la semaine. Ils ont donc 06 jours de travails et 02 jours de repos mais. Ainsi, l’un d’eux nous disait : « La différence, vous montez deux fois 07 heure vous descendez à 15 heures, deux fois 15 heures vous descendez à 23 heures, deux fois 23 heures vous descendez le matin et deux jours de repos »

De ce fait, nous avons compris que les risques liés à ce travail de saisonnier ne se limitent pas uniquement sur les lieux de travail. A une heure tardive comme 23 heure, nous leur avons demandé s’ils ne rencontraient des obstacles à la décente. Par exemple les rafles menées par les forces de l’ordre ou des agressions perpétrées par des malfaiteurs. Voici l’une des réponses qu’ils nous ont données : « Non ! C’est au niveau des policiers. Ce sont eux qui nous fatiguent. Nous avons besoin d’un petit signe ou d’une carte pour savoir prouver qui tu es. Souvent tu es obligé de donner quelque chose pour pouvoir passer. Beaucoup de nos collègues sont confrontés à cela »

Après avoir parcouru ce chapitre, nous comprenons le sens du travail selon les travailleurs saisonniers de la COIC de Korhogo. Certes, il y a des difficultés et des risques liés à leur travail. Cependant, quelle importance accordent-ils à ce travail ?

Un travail utile

Le travail dans toutes ses formes est pénible. Cependant, peu importe l’activité exercée, il y a un but à atteindre. Le travail est donc un élément capital pour tout individu qui exerce une activité rémunératrice. En effet, il permet aux individus d’être autonome, de créer des liens sociaux, de faire face aux aléas de la vie et de s’affirmer face à une situation quelconque.

Alors, nous avons eu l’opportunité de nous enquérir des bienfaits du travail chez les travailleurs saisonniers de la COIC. Ainsi, l’un de nos enquêtés à Korhogo 3 nous a dit : « J’arrive à faire des dépannages électriques à la maison. C’est un avantage pour moi. »

Bien que ce soit un travail temporaire, travailler en tant que saisonnier à la COIC n’est pas fortuit. Exercer ce qu’on a appris à l’école et mettre en pratique, est un enjeu capital pour le marché de l’emploi.

« Il y-a aussi une formation que tu acquières. Par exemple, moi je suis entré ici en tant que soudeur. J’ai appris à manipuler l’usine et puis je suis devenu mécanicien et il y- a encore d’autres choses que j’ai apprises » (Mécanicien égreneur).

Outre ces formations, ces travailleurs saisonniers obtiennent une prime annuelle de la part de ladite structure.

« Puis on a une prime annuelle de 75.000 francs. Ce n’est pas mauvais » (cariste).

Ce travail saisonnier à la COIC joue un rôle important dans le parcours professionnel de ceux-ci. En exerçant ce travail, ils acquièrent une qualification et une expérience professionnelle qui sont des gains pour des opportunités d’emploi.

« Mon objectif c’était d’acquérir plus d’expérience auprès des professionnels qui sont déjà là. Puis aussi, avec l’expérience, il faut chercher à évoluer plus dans le travail » (mécanicien égreneur).

Avant d’intégrer la COIC, certains saisonniers ont postulé pour un emploi dans plusieurs structures. Ainsi, après entretien d’embauche ou après avoir comparé les différents avantages, ils ont opté pour la COIC.

« J’ai déposé une demande d’emploi dans plusieurs entreprises, il y a d’autres qui m’ont appelé et je suis parti faire des expériences. Après la COIC m’a appelé. Quand j’ai survolé les choses un peu les avantages, j’ai vu qu’ici pouvait m’arrangé » (Cariste Korhogo 1).

Chaque travailleur saisonnier a son intérêt de travailler à la COIC. Bien que ce soit un travail saisonnier comportant des risques, plusieurs avantages ont été décelés. Ainsi, d’une part cela constitue au sens qu’ils accordent au travail. D’autre part, en dépit des conditions difficiles de travail, par ces avantages, nous comprenons leur maintien dans cet emploi précaire.

Nous allons appréhender le chapitre concernant les rapports professionnels de travail des saisonniers de la COIC.

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