Le régime pluviométrique à Pointe-Noire se caractérise par un schéma bimodal, avec des pics de précipitations en mars et octobre. Cette étude met en lumière les implications de ces variations pour l’adaptation de la ville face aux défis climatiques.
Discussion des résultats
Située au Sud-ouest du Congo, l’agglomération de Pointe-Noire appartient au climat tropical humide ou bas congolais. Telle est la conclusion à laquelle étaient parvenus Samba G. (2020, p. 99) et Samba-Kimbata M. J. (1978, p. 260).
Régime pluviométrique
Les résultats obtenus montrent que les précipitations à Pointe-Noire présentent un régime bimodal : on distingue deux maxima et un minima. Les précipitations atteignent leur pic maximum aux mois de Mars et celui d’Octobre. Les mois les moins pluvieux sont ceux de Juin et Juillet, correspondant à la saison non pluvieuse. Les études récentes d’Ibiassi Mahoungou G. (2019, p. 48) aboutissent aux mêmes résultats que les nôtres au sujet du régime pluviométrique de Pointe-Noire. L’auteur soutient que cette agglomération congolaise a un régime bimodal (1960-2019). Une première saison pluviométrique de quatre mois (JFMA) est observée, avec deux maximas pluviométriques en février et mars. Une deuxième saison pluviométrique de deux mois (ND) apparaît avec un maximum pluviométrique en novembre.
Comme la ville de Pointe-Noire, la partie congolaise du Bassin du Congo présente un régime de type bimodal avec une alternance des saisons sèches et humides. À titre illustratif, la station d’Impfondo présente 8 mois humides (d’Avril à Novembre) contre 4 mois secs (de Décembre à Mars). Au niveau de la station de Ouesso, le panorama est différent, car elle a enregistré 6 mois humides (Mai-Juin et Août-Novembre) contre 6 mois secs (Décembre-Avril et Juillet).
On note une première saison pluvieuse de Mai à Juin et une deuxième d’Août à Novembre. Toutefois, la première saison sèche reste très marquée, car elle va de Décembre à Avril et la seconde se situe au mois de Juillet. La station de Makoua présente 6 mois humides et 6 mois secs avec une alternance des saisons. La première saison humide va de Mars à Mai (MAM) et la seconde va de Septembre à Novembre (SON). On note également deux saison sèches : de Décembre à Février (DJF) et de Juin à Août (G. Toli et G. Samba, 2022, p. 185).
Au niveau du Congo, il est indiqué que le régime bimodal prédomine sur l’analyse des régimes pluviométriques du pays. Les maximas s’étalent de mars à mai (MAM) ou de septembre à novembre (SON) et les minima de décembre à février (DJF) ou de juin-à-août (JJA). Au cours de la saison SON, on observe un maximum récurrent à toutes les stations en novembre pour l’ensemble du territoire congolais (Samba G., 2014, pp. 29-30). En Afrique Équatoriale Atlantique (AEA), Les précipitations sont dominées par un régime bimodal caractérisé par un maximum centré sur les mois de mars, avril, mai (MAM) et les mois de septembre, octobre et novembre (Samba G.et Nganga D., 2013, p. 59).
Régime des températures
À Pointe-Noire, les températures présentent un régime bimodal : on observe deux maxima et un minima. Les périodes auxquelles il fait beaucoup chaud sont Janvier-Février-Mars-Avril- Mai et celles d’Octobre-Novembre-Décembre. Les mois auxquels on enregistre un minimum de températures sont Juin-Juillet-Aout-Septembre. Les températures maximales, quant à elles, connaissent leur pic au cours de Janvier jusqu’en Mai et de Novembre à Décembre. Les faibles valeurs thermiques sont celles des mois de Juin-Juillet-Aout-Septembre-Octobre.
Au Sud-Congo, les régimes des températures présentent des variations moins accentuées. La moyenne annuelle varie entre 22° et 25° C. Les températures sont suffisamment élevées, pour permettre le développement de la plupart des cultures tropicales. Les saisons les plus pluvieuses (MAM et SON) sont également les saisons les plus chaudes. Les températures varient par jour entre 29 et 31°C, et peuvent exceptionnellement atteindre 35° voire 37°C, surtout dans la région côtière.
Bien que celle-ci soit bordée par l’Océan Atlantique, elle ne bénéficie pas d’effets régulateurs que devrait jouer l’Océan Atlantique. En effet, l’amplitude thermique annuelle, qui varie entre 4 et 6°C, est plus forte à Pointe-Noire (5,8° C) ; par contre, elle n’est que de 4,9° C à Dolisie et de 4.5° C à Brazzaville.
Pendant la saison froide, les remontées d’eau profonde empêchent l’océan d’être un réservoir de chaleur, pour le continent. On assiste partout, sur l’ensemble du Sud-Congo à une baisse de température, pendant la saison sèche. Mais, ces dernières années, on constate une légère élévation des températures (Nsiloulou M. V. D., 2020, pp. 55-56).
Tendances des précipitations
Tendances des précipitations interannuelles
Les résultats obtenus sur l’évolution du climat (1932-2004) traduisent une tendance à la hausse des précipitations moyennes (saisonnières et interannuelles). Les travaux effectués dans la région de Pointe-Noire par Moukandi N’kaya G. D. (2012, pp. 27-28) ont abouti à ces résultats. Celui-ci conclue à une modification des tendances pluviométriques.
Par ailleurs, dans la partie congolaise du Bassin du Congo, on observe une absence de tendance significative dans la série des précipitations annuelles. La p-value calculée, sur 41 observations et pour chaque station, est largement au-dessus du seuil de signification (0,05). Les précipitations annuelles à Impfondo ont présenté une évolution assez constante avec une tendance non significative. Ici, la p-value calculée (0,69) est supérieure au seuil alpha (0,05) ; ce qui fait que l’hypothèse d’absence tendance dans la série peut être acceptée. Cependant, la tendance linéaire montre une légère tendance à la baisse, mais non significative (Toli G. et Samba G., 2022).
Tendances des précipitations saisonnières
La saison DJF présente des périodes pluviométriques excédentaires et déficitaires. La première période montre une évolution des précipitations à la hausse. Elle inclue les années 1930 jusqu’aux années 1940. La courbe décroit jusqu’en 1956, puis connait une évolution significative jusqu’en 1962. Dès 1962, la courbe baisse jusqu’à la fin des années 1970. Dès le début des années 1980, la tendance pluviométrique est à l’augmentation jusqu’en 2004.
Au Nord-Congo, les précipitations de la saison de MAM connaissent une absence de tendance significative dans la partie congolaise du Bassin du Congo. Étant donné que les valeurs de P (p-value) sont largement supérieures au seuil alpha, l’hypothèse d’une absence de tendance a été retenue. Cependant, on note une absence de tendance significative pour la saison SON. Toutefois, la régression linéaire a identifié d’une part, des tendances légèrement à la baisse dans la plupart des stations se situant au sud (Gamboma et Djambala) et d’autre part, des tendances assez constantes et en nette progression dans les stations du nord notamment Impfondo, Ouesso et Makoua (Toli G. et Samba G., 2022, pp. 186-187).
Au niveau du Congo-Brazzaville, la décennie 1980 est marquée par le début d’un déficit généralisé des pluies. La moyenne mobile montre une évolution pluviométrique à la baisse ces dernières décennies, jusqu’en 2010. Le déficit est bien prononcé au Nord-Congo où il est de l’ordre 10-12%. L’évolution des précipitations interannuelles à la baisse n’est pas systématique dans toutes les stations du pays. Après 1980, la tendance générale est restée à la baisse, même si dans le milieu des années 1990, les précipitations sont marquées par des années excédentaires. Dans l’ensemble, la séquences des années 1940-1970 a été excédentaire dans toutes les stations. Les années 1950 se caractérisent par une pluviométrie excédentaire, donc une décennie humide. Par contre, les années 1970 marquent le début d’un déficit pluviométrique. On observe la baisse de la pluviométrie à partir des années 1980, sur le territoire congolais. On note un décalage d’une décennie au cours de la fin de la décennie 1960 (Samba G., 2020, pp. 133-134).
Tendances des températures
Températures interannuelles
Les températures interannuelles de l’espace urbain de Pointe-Noire connaissent une évolution à la hausse. En effet, celle-ci se caractérise par deux périodes : la première période est marquée par la baisse des températures jusqu’aux années 1980. La seconde période présente la tendance des températures à la hausse jusqu’en 2004. Les températures se situent au-dessus de la moyenne annuelle de 28,3° C.
La figure 18 montre que les températures minimales annuelles à Pointe-Noire connaissent une évolution à la baisse jusqu’aux années 1980. Puis, la tendance thermique devient à la hausse dès le début des années 1980. Cette tendance à la hausse semble aller dans le sens du réchauffement global. Deux tendances de températures s’observent à Pointe-Noire.
Il s’agit des températures minimales et maximales allant de 1932 à 2004. Les travaux réalisés au Sud-Congo par Nsiloulou M. V. D. (2020, pp. 55-56) confirment les résultats que nous avons obtenus.
Au Congo, l’évolution des anomalies de la température moyenne annuelle indique deux périodes sur tout le pays. Les années 1950 et 1960 sont marquées par des anomalies négatives partout au Congo. Les années 1980, quant à elles, sont positives. La décade 1990 est marquée par des anomalies positives significatives. Les températures indiquent une augmentation (significative avec 95 % niveau confidence) dans tout le pays. Généralement, la chaleur semble commencer dans les années 1980 (Samba G. et al., 2008, p. 94).
Températures saisonnières
La saison DJF présente des températures maximales élevées de 1932 à 1950. Elles connaissent une baisse à partir des années 1950, puis évoluent à la hausse jusqu’en 2004. Quant aux températures minimales, on observe une période de hausse des températures de 1932 à 1944 puis de 1995 à 2004. Les températures maximales de la saison MAM sont presque similaires à celles de DJF. Cependant, la différence s’observe entre 1956 à 1980, période à laquelle les températures connaissent une baisse. À partir des années 1980, elles connaissent une tendance à la hausse jusqu’en 2004. Les températures minimales de la saison MAM sont presque similaires à celles de DJF. On observe une augmentation remarquable des températures de 1980 à 2004. Les températures maximales de la saison JJA sont à la hausse au cours de la période de 1932 à 1952. Elles décroissent de 1952 à 1984. Puis, une période de hausse des températures maximales s’observe à partir des années 1980 jusqu’en 2004. De 1932 à 1980, les températures de la saison JJA restent faibles.
À partir de 1986, elles connaissent une hausse dépassant la valeur normale de saison 19° C jusqu’en 2004. Les températures maximales de SON connaissent trois périodes : pendant la première période (1932-1950), les températures restent élevées. La deuxième période allant de 1952 à 1980, se caractérise par une baisse des températures.
Enfin, la troisième période va de 1986 à 2004, est marquée par l’augmentation des températures. Les températures minimales de la saison SON connaissent une baisse considérable allant de 1929 à 1984. Puis, elles présentent une tendance à la hausse de 1984 à 2004.
Les villes de Brazzaville et celle de Pointe-Noire connaissent des températures extrêmes n’ayant pas les mêmes tendances. Les températures minimales présentent une tendance à la hausse. Les températures maximales, quant à elles, accusent une augmentation significative à 95% comme seuil de confiance. Le réchauffement est de 0,030°C par an pour les températures maximales les plus basses (TXn) de l’année contre 0,042°C pour les températures maximales les plus fortes (TXx) au cours de l’année. L’année de rupture entre la première sous-période et la deuxième est fixée en 1972 pour les TXn et en 1977 pour les TXx (Massouangui-Kifouala M. et al., 2021, p. 111).
Conclusion partielle
La connaissance du climat revêt une importance fondamentale notamment dans son fonctionnement. La ville de Pointe-Noire est sous l’influence d’un climat tropical humide. Son un régime pluviométrique est de type bimodal : on observe deux maxima (MAM et SON) et un minima (JJA). Aussi, le régime des températures est bimodal. Comme les précipitations, les températures à Pointe-Noire présentent une tendance à la hausse. L’analyse climatique à Pointe- Noire (1932-2004) s’est faite au pas du temps annuel et saisonnier.