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Développement urbain à Pointe-Noire face aux enjeux climatiques

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🏫 Université Marien Ngouabi - École Normale Supérieure
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - 2021 -2022
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Le développement urbain à Pointe-Noire est confronté à des enjeux climatiques majeurs, nécessitant des mesures d’adaptation telles que la sensibilisation, la construction de digues et la végétalisation urbaine. Cette analyse s’appuie sur des données climatiques, démographiques et économiques pour proposer des solutions durables.


Chapitre 1 :

Présentation de la zone d’étude

La ville de Pointe-Noire (figure 1) est située au Sud-ouest Congo sur la façade atlantique plus précisément entre les latitudes 4° 47′ 36″ Sud et les longitudes 11° 53′ 20″ Est. Grâce aux activités industrielles et à son port, elle représente la principale plate-forme économique du pays. Elle est limitée :

  • Au Nord par la Rivière Rouge ;
  • Au Sud par le village Ndjemo et l’Océan Atlantique ;
  • À l’Est par le département du Kouilou ;
  • À l’Ouest par l’Océan Atlantique.

La ville de Pointe-Noire couvre une superficie d’environ 1.144 km2. Son découpage administratif lui confère six arrondissements. Il s’agit de l’arrondissement 1 Lumumba (19 quartiers), de l’arrondissement 2 Mvoumvou (11 quartiers), de l’arrondissement 3 Tié-Tié (17 quartiers), de l’arrondissement 4 Loandjili (13 quartiers), de l’arrondissement 5 Mongo- Mpoukou (14 quartiers) et de l’arrondissement 6 Ngoyo (10 quartiers).

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Figure 1 : Découpage administratif de la ville de Pointe-Noire par arrondissement

Le présent chapitre porte sur la présentation de cette agglomération du point de vue historique, physique, humain et économique.

Cadre historique

Bien que l’histoire des régions côtières situées entre le Cap Lopez et l’estuaire du Congo, au cours des derniers siècles qui précédèrent l’installation française, soit fort mal connue (Vennetier P., 1968, p. 69), le passé de la ville de Pointe-Noire remonte au XVIe siècle. En effet, les navigateurs Portugais sont à la recherche de la route des Indes.

Ceux-ci découvrent sur la zone côtière de l’Afrique équatoriale une partie de terre s’avançant dans l’Océan Atlantique et terminée par un rocher bitumeux en forme d’éperon. Ils la baptisent « Punta Negra ». Le 13 juillet 1914 est signé un décret autorisant la construction du Chemin de Fer et deux ports dont celui de Pointe-Noire sur le Golfe de Guinée.

Le site de Punta Negra est choisi pour abriter le port en mer. Selon Tsondabeka F. et al. (non daté, p. 62), les compagnies concessionnaires à Loango migrent à Pointe-Noire près du port. Cette option va faciliter l’évacuation des produits vers l’Europe. L’activité commerciale se développe à Pointe-Noire : la Compagnie Propriétaire du Kouilou-Niari (CPKN) et la Compagnie Française du Haut et du Bas-Congo (CFHBC) installent leurs factoreries dans cette ville côtière.

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Photo 1 : Gare centrale du CFCO (prise de vue, Maketo, 2022) Photo 2 : Une des premières locomotives du CFCO (prise de vue, Maketo, 2022)

En 1921, deux chantiers majeurs se profilent à l’horizon : la construction du Chemin de Fer Congo-Océan (CFCO) et du port maritime. Le 11 mai 1922, un décret crée officiellement la ville de Pointe-Noire. Césaire J. M. (2009, p. 128) montre que son premier plan directeur date de 1932. Il prévoit la réalisation des principales infrastructures dont le port, le chemin de fer (photos 1 et 2), l’aéroport, l’hôpital, le village, le terrain militaire, le quartier industriel, l’électrification et le réseau de collecte des eaux de pluies.

En juillet 1922, la construction du chemin de fer est confiée à la Société de Construction des Batignolles (SCB). Finalement, la ligne ferroviaire est inaugurée par le gouverneur Raphael Antonetti le 10 juillet 1934.

L’ouverture au trafic maritime interviendra en 1939. L’achèvement de sa digue intérieure en 1942 accentuera la croissance urbaine. Un premier paquebot accoste dans cette agglomération. Grace à ce port, Pointe-Noire reste le point de départ et d’arrivée du réseau de communication vers l’hinterland et les pays enclavés d’Afrique centrale comme la RDC, la Centrafrique et le Tchad).

De 1950 à 1959, la ville devient la capitale administrative du Moyen-Congo. Elle abrite le siège du gouvernement, du chef du territoire et de l’assemblée territoriale. C’est à Pointe- Noire que fut proclamée la République du Congo le 28 novembre 1958. Les travaux de Tsondabeka F. et al. (non daté, p. 16) montrent que le siège de l’Assemblée territoriale du Moyen-Congo était l’actuelle école paramédicale Joseph Loukabou.

À partir de 1959, la capitale politique congolaise est transférée à Brazzaville. Ayant cessé d’être la capitale, elle garde sa place de première ville économique du pays.

En 1960, la ville connait une croissance démographique considérable. Elle compte plus de 70.000 habitants. C’est bien évidemment le pétrole qui avec l’arrivée des multinationales à la fin des années 1960 a transformé la ville. La production pétrolière va alors supplanter celle du bois ; ce qui fait que l’or noir devienne la première ressource exploitée dans cette agglomération congolaise.

La ville connait un boom économique et démographique de 1970 à 1985. Cette croissance est liée aux découvertes pétrolières et minières. Sous l’impulsion de « Moho-Bilondo », Pointe-Noire connait aujourd’hui un dynamisme qu’elle avait connu en 1996 avec la mise en production du gisement de « N’kossa ».

Dans les années 1990, le Congo a connu des crises provoquant ainsi d’importants flux migratoires vers les villes où il fait bon vivre. L’agglomération de Pointe-Noire est comptée parmi les villes qui ont accueilli des populations congolaises.

Le toponyme Pointe-Noire dérive du nom portugais Punta Negra qui apparait pour la première fois sur une carte de 1848 en référence d’une proéminence rocheuse sombre (mairiedepointe-noire.cg consulté le Jeudi 25 août 2022).

Cadre physique

Le cadre physique renvoie à l’étude de l’environnement urbain de Pointe-Noire du point de vue géologique, pédologique, géomorphologique, de l’hydrographie et de la végétation.

Géologie et pédologie

Du point de vue géologique, l’agglomération de Pointe-Noire appartient au bassin côtier. Les roches de ce bassin se sont formées pendant le Mésozoïque et le Cénozoïque. Il s’agit des alluvions, des sables, des marnes, des grés, des calcaires et des argiles bariolées.

Selon Roques M. (2013, p. 8), les sables proviennent des apports alluvionnaires quaternaires du fleuve Congo plus au Sud. Les études menées par Moukandi N. G. D. (2012, p. 21) montrent que des rares alluvions en bordure de quelques rivières complètent la couverture de ce bassin. Dans ses travaux, Sitou L. (1992, pp. 44-45) montre que les formations argilo-sableuses du Miocène sont surmontées par 150 à 200 m de dépôts de graviers et de sables. Ces dépôts sont cartographiés sous le vocable de « série des cirques » à cause des énormes cavités qui s’y sont creusées. Cette série est constituée par plusieurs couches dont :

  • une couverture gris-jaunâtre à ocre-jaune ;
  • un horizon cuirassé ;
  • une succession de strates d’épaisseur, de couleur et de texture variables.

L’espace urbain de Pointe-Noire s’organise autour des sols ferralitiques. Ceux-ci présentent une forte acidité, de faibles teneurs en matière organique (Nzila J. D., 2013, p. 13). Les sols que l’on rencontre dans cette ville sont essentiellement faits de sables. Les sols influencent peu le climat en ce qu’ils s’échauffent puis cèdent sa chaleur à l’atmosphère.

Relief et hydrographie

La ville de Pointe-Noire (figure 2) présente deux unités orographiques. Il s’agit de la plaine côtière et d’un rempart de plateaux. La plaine côtière borde l’Océan Atlantique sur 150 km de long et 50 km de large. Les altitudes moyennes de cette plaine dépassent rarement 100 m. Les plateaux sont situés dans la zone périphérique de la ville. Ses hauteurs atteignent parfois 100 m d’altitude. Le littoral favorise la pénétration des influences océaniques vers l’intérieur du territoire. Le relief de Pointe-Noire influence peu son climat en raison de sa faible altitude.

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Figure 2 : Carte du relief et de l’hydrographie de la ville de Pointe-Noire

Du point de vue hydrographique, plusieurs cours d’eau drainent la ville de Pointe-Noire. Il s’agit des rivières Tchinouka, Songolo (photo 3) et Patra. La Tchinouka prend sa source vers la plaine de l’aéroport, puis se jette dans la Songolo. La Songolo, quant à elle, prend sa source vers le quartier Voungou. La Patra prend sa source à Ngondji. À cela s’ajoutent des lacs comme Tchimpounga, Ngwambussi, Cayo, Dinga et Tchilenda.

Par ailleurs, nous rencontrons à Pointe-Noire des lagunes Mvassa, Loya et Kufoli. Le réseau hydrographique contribue à une évaporation de la surface des eaux, la condensation et les ascendances génératrices des pluies.

Par ailleurs, l’agglomération de Pointe-Noire s’ouvre sur l’Océan Atlantique, longue de quelques kilomètres formant ainsi sa façade maritime. La ville est constituée de la baie de Pointe-Noire. La côte sauvage offre des possibilités de pêche et d’autres activités économiques. La présence de l’Océan Atlantique joue un rôle déterminant sur cette ville à travers ses courants marins. M. Itsouhou Désiré nous rapporte que « l’Océan Atlantique est la porte ouverte de Pointe-Noire au monde ».

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Photo 3 : Rivière Songolo (prise de vue, Maketo, 2022)

Végétation

Dans la ville de Pointe-Noire, on rencontre des formations végétales comme la forêt du littoral et la savane. La forêt du littoral comprend des lambeaux forestiers en îlots résiduels sur les bas plateaux, une formation semi marécageuse le long des vallées (Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation Technique de la République du Congo, 2007, p. 15). À cela s’ajoute la mangrove qui pousse le long de la baie de Pointe-Noire. Rhizophora Racemosa est le genre de mangrove le plus dominant. L’écosystème de mangrove réduit les inondations et contribue à éviter l’érosion côtière.

La végétation exerce une influence sur le climat parce qu’elle réduit la température de l’air pendant le jour et le refroidissement du sol pendant la nuit. Elle augmente l’évapotranspiration tout en fournissant de l’humidité à l’atmosphère et en accentuant les précipitations.

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