La croissance démographique à Pointe-Noire soulève des défis majeurs face au changement climatique. Cet article propose des stratégies d’adaptation, incluant la sensibilisation, la construction de digues et la végétalisation urbaine, pour renforcer la résilience de la ville.
Cadre humain
Le cadre humain renvoie à l’étude de la croissance démographique et spatiale, l’évolution projetée ainsi que de la structure de la ville de Pointe-Noire.
Croissance démographique et spatiale récente
Depuis les années 1950, la population urbaine de Pointe-Noire connait une évolution considérable. Entre 1954 et 1974, elle est passée de 30000 à 144000 habitants (ONU, 2019). Son taux de croissance démographique est évalué à 4,6 % entre 2007 et 2016 (Keios, 2016). La croissance démographique fait de Pointe-Noire l’une des villes les urbanisées du Congo- Brazzaville (figure 3).
La croissance démographique urbaine présente bon nombre d’origines dont l’exode rural. La ville de Pointe-Noire concentre beaucoup d’emplois salariés et de nombreuses possibilités de gain d’argent. C’est dans cette agglomération que s’offrent les plus grandes possibilités de scolarisation, donc de promotion sociale et économique. Au cours des années 1990, le département du Pool a connu une instabilité causant le déplacement des populations vers des centres urbains dont Pointe-Noire.
En fait, l’exode rural se profile pendant la période de crise politique. Les populations arrivent massivement à Pointe-Noire durant cette période. Ces néo-citadins préfèrent vivre dans des zones périphériques. Ce qui génère des extensions des arrondissements de la ville. On y compte désormais six arrondissements. Le phénomène migratoire explique également la croissance démographique dans cette ville.
À cela s’ajoutent des facteurs comme l’urbanisation anarchique, son statut économique et la présence des voies de communications. Les faits susmentionnés ne suffisent pas pour justifier la croissance démographique de l’agglomération de Pointe-Noire. L’urbanisation non contrôlée (photo 4) s’explique par le fait que les populations occupent des espaces périphériques. Celles- ci construisent leurs habitats de manière désordonnée et selon leurs moyens financiers.
Les normes de l’aménagement et d’urbanisation ne sont pas prises en compte. Ceci occasionne l’extension de la ville de manière anarchique. « La ville est aménagée en raison de l’absence des infrastructures liées à l’aménagement urbain. On observe un manque de canalisation. Les voies sont mal organisées. Étant donné que les égouts manquent, les eaux débordent lorsqu’il pleut dans la ville.
Ce qui conduit à l’inondation des bâtis et à l’érosion. Le quartier Foukou- Soungou connait le phénomène lié à l’inondation » (entretien avec Monsieur Missima Nziengui Nicodème du 09 septembre 2022).
Photo 4 : Urbanisation non contrôlée observée au quartier Louéssi (prise de vue, Maketo, 2022)
La figure 3 montre l’évolution de la population de Pointe-Noire allant de 1950 à 2020. Sa tendance est à la hausse depuis les années 1950.
Figure 3 : Évolution démographique de la ville de Pointe-Noire de 1950 à 2020 (INS, 2020) | |
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1950 | 16000 |
1954 | 30000 |
1958 | 55000 |
1962 | 76000 |
1966 | 94000 |
1970 | 116000 |
1974 | 144000 |
1978 | 189000 |
1982 | 246000 |
1986 | 312000 |
1990 | 363000 |
1994 | 423000 |
1998 | 496000 |
2002 | 585000 |
2006 | 691000 |
2010 | 816000 |
2014 | 964000 |
2018 | 1138000 |
2020 | 1254000 |
La croissance de la population de Pointe-Noire présente son corollaire. Il s’agit de l’extension spatiale de la ville. Sa surface a pratiquement triplé en 30 ans, passant de 5 500 hectares (ha) en 1974 à près de 14 800 ha en 2014. L’extension annuelle est de 300 ha pendant la période allant de 1974 à 2014 (Ministère de la Construction, de l’Urbanisme, de la Ville et du Cadre de Vie, 2016, p. 6). Ceci entraîne un étalement urbain de manière continue.
Évolution démographique future
La conjugaison d’une multitude de facteurs montre que la population urbaine de Pointe-Noire connaitra une croissance démographique considérable dans les années à venir. D’après les dernières perspectives urbaines des Nations-Unies (2019), la ville de Pointe-Noire comptera 1937000 d’habitants en 2035 (figure 4). Son extension géographique se poursuivra et la protection de l’environnement sera de plus en plus difficile à Pointe-Noire. L’agglomération franchira sans tarder ses frontières naturelles.
Figure 4 : Projection de la population urbaine de Pointe-Noire de 2023 à 2035 (ONU, 2019) | |
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2023 | 1254000 |
2024 | 1300000 |
2025 | 1350000 |
2026 | 1400000 |
2027 | 1450000 |
2028 | 1500000 |
2029 | 1550000 |
2030 | 1600000 |
2031 | 1650000 |
2032 | 1700000 |
2033 | 1750000 |
2034 | 1800000 |
2035 | 1937000 |
Répartition de la population
Lors du recensement de 2018, la ville de Pointe-Noire comptait 1.006.611 habitants (INS, 2020, p. 68). Sa densité est de 879,9 habitants par km2. Cette population est inégalement répartie. Parce que les arrondissements présentent des disparités en termes d’habitants et de superficie (tableau 1). Le tableau 2 indique la répartition démographique et spatiale de la ville de Pointe- Noire par arrondissement. Loandjili constitue l’arrondissement le plus peuplé de l’agglomération, suivi de Tié-Tié. Concernant la superficie, Ngoyo vient en premier couvrant 70,309 km2. Il est secondé par Tié-Tié (51,248 km2).
Tableau 2 : Répartition démographique et spatiale de la ville de Pointe-Noire par arrondissement en 2018 | ||
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Arrondissements | Population | Superficie |
Lumumba | 154.025 | 28,012 km2 |
Mvou-Mvou | 123.405 | 5,163 km2 |
Tié-Tié | 362.007 | 51,248 km2 |
Loandjili | 367.174 | 36,738 km2 |
Mongo-Mpoukou | – | 48,483 km2 |
Ngoyo | – | 70,309 km2 |
Source : INS, 2020, p. 68.
Répartition par âge
L’étude sur la répartition par âge nous renseigne sur trois catégories d’âges : les jeunes, les adultes et les vieux. D’une manière générale, la population de la ville de Pointe-Noire présente une proportion des jeunes au détriment des adultes et des vieux. Le pourcentage est évalué à 86,2%. Ce sont des jeunes de moins de moins de 35 ans (Ministère de la Construction, de l’Urbanisme, de la Ville et du Cadre de Vie, 2016, p. 7). La pyramide des âges de la population urbaine de Pointe-Noire présente une base élargie. Cette base dénote une forte proportion des jeunes dans la population. Le corps de la figure représente une population active assez importante. Son sommet est effilé montrant un faible taux des personnes âgées.
Répartition par genre
Dans la ville océane, il y a une forte prédominance des femmes sur les hommes. Cela peut se justifier par le fait que les hommes exercent des travaux intenses, se livrent à la toxicomanie. Ce qui réduit ainsi l’espérance de vie masculine.