Chapitre II :

CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE

Cadre conceptuel et théorique

Dans ce chapitre, nous allons définir et faire une analyse des concepts clés du travail identifiés dans le libellé de notre sujet d’étude et dans nos objectifs de recherche, puis définir un référentiel théorique.

La mobilité résidentielle

Le sens du concept

La mobilité résidentielle est l’une des quatre formes principales de mobilité spatiale à côté de la mobilité quotidienne, de la migration et du voyage. Selon Patrick Rérat (2016), elle s’inscrit dans la longue durée (en comparaison aux formes réversibles que sont la mobilité quotidienne et le voyage). Il s’agit d’un déplacement qui se fait sur une « courte distance ».

Ainsi, ne remet-elle le plus souvent pas en question l’organisation de la vie quotidienne (en termes d’emploi, de lieu fréquenté pour les achats et les loisirs, de lien social, etc.)

Quant à la migration, elle nécessite une longue distance – à travers des frontières nationales (migrations internationales7) mais aussi entre les régions d’un pays (migrations internes ou interrégionales) provoquant une redéfinition des espaces de la vie quotidienne (Rérat, 2016). Aussi, exige-t-elle différentes décisions qui relèvent de la mobilité résidentielle (processus de décision du quartier de résidence, du type de logement).

En ce sens, nous devons admettre la dimension résidentielle de la migration : c’est une composante de la mobilité résidentielle. Voyons à présent les différentes approches se rapportant à la problématique de mobilité résidentielle.

7 Les migrations internationales – c’est-à-dire entre Etats – ne se font pas forcément sur des distances longues. C’est le cas notamment des pays partageant la même frontière comme Haïti et la République Dominicaine. Dans ce cas, on peut parler de mobilité résidentielle transfrontalière (Rérat, 2016).

Les approches liées à la mobilité résidentielle

En effet, dans cette partie nous envisageons de mettre en lumière les approches se portant sur la question de la mobilité résidentielle.

Les perspectives déterministes et humanistes

Pour les premières, les individus n’ont pas un rôle déterminant. Elles soutiennent que leurs déplacements constituent des réponses inévitables étant donné l’environnement qui englobent et dépassent ces mêmes individus.

Quant aux secondes, elles postulent que les acteurs disposent d’une certaine latitude dans leur choix et prennent consciemment une décision, laquelle n’est pas forcément rationnelle d’un point de vue économique. Paul Boyle (1998) s’inscrit dans ces deux perspectives (Rérat, 2016).

Les perspectives macro- et micro-analytiques

Si les approches macro-analytiques considèrent les phénomènes résidentiels agrégés et étudient le contexte dans lequel ils s’insèrent (caractéristiques physiques et socio-économiques des entités spatiales considérées par exemple), celles dites micro-analytiques mettent l’accent sur les individus et étudient les processus de décision, les motivations et aspirations résidentielles, etc.

Cinq grandes approches structurent ce champ de recherche :

L’approche néo-classique

Elle considère l’individu comme économiquement rationnel. Pour Cébula Richard (1979, cité par Rérat, 2016), celui-ci maximise son utilité en fonction des différentiels de salaire, d’aménités, et de coûts et bénéfices des politiques des collectivités locales.

L’approche behavioriste

Developpée notamment par Martin Cadwaller (1992), celle-ci met l’accent sur l’importance des mécanismes socio-psychologiques dans la décision de déménager. Dans cette optique, les individus sont prêts à tolérer un degré d’inconfort mais, une fois un certain niveau de stress franchi, ils cherchent à déménager dans un endroit leur procurant une meilleure qualité de vie.

Ils choisissent entre un nombre limité d’alternatives en fonction d’un seuil minimum de satisfaction. Selon Rérat (2016), l’approche behavioriste s’intéresse à l’environnement subjectif, c’est-à-dire tel qu’il est perçu, et entend identifier des régularités dans les comportements notamment par des enquêtes par questionnaires.

L’approche institutionnelle

Elle n’a pas le statut de théorie établie. En effet, avec Knox Paul et Pinch Steven (2000) elle porte son intérêt aux rôles des managers et des institutions sans pour autant proposer une grille d’interprétation.

Rérat (2016) argue que cette approche « examine les logiques d’actions et les valeurs des intermédiaires présents sur le marché immobilier (constructeurs, agents immobilier, collectivités locales, institutions financières, etc.). Ces acteurs ont en commun l’exercice d’une fonction faisant le lien entre les ressources disponibles (biens immobiliers, terrains, capitaux) et liens potentiels. Ils structurent ainsi l’offre de logements et son accès et peuvent jouer un rôle clé dans les processus de concentration de groupes de population dans certains quartiers ».

L’approche structuraliste

Ce point de vue de Smith Neil (1996) par exemple, insiste sur les contraintes sociales pesant sur les comportements des individus et limitent leur marge de manœuvre. En fait, il appréhende les phénomènes résidentiels suivant un angle structurel (caractéristiques économiques et matérielles d’une société, cadre politique, relations conflictuelles entre classes, etc.).

(Néo-) marxiste, ces théories ont constitué un recours pour certains auteurs afin de de scruter les phénomènes résidentiels au regard de l’organisation du mode de production capitalistes.

L’approche humaniste

Il s’agit d’un courant au sein de la géographie humaine au cours des années 1970 mettant l’accent sur l’action. La méthode qualitative occupe une place importante au sein de cette approche.

Ainsi la description et l’analyse d’expérience individuelles et de caractéristiques telles que les croyances, les sentiments, les valeurs, les émotions des individus ou leur attachement à un contexte territorial (Christie et al. 2008, cité par Rérat, 2016).

Aspirations et comportements de mobilité

Antonio Da Cunha et al. (2007 : 19) a réalisé une importante étude en terrain du Nord dans laquelle ils s’étaient interrogés sur les aspirations et comportement de mobilité. Il importe pour nous de relater ses propos :

La notion d’aspiration désigne généralement un désir activé et orienté vers un but, une finalité, un objet. Les aspirations sont socialement construites. Elles constituent des images ou des représentations d’un objet qui ont pour support des valeurs individuelles ou collectives.

La notion d’aspiration résidentielle va bien au-delà de la demande de logement qui reste un concept économique exprimant un besoin solvable et englobe un ensemble d’attributs physiques et sociaux de l’habitat. Les aspirations à l’origine des comportements de mobilité résidentielle concernent autant les caractéristiques du logement que celles de l’environnement du logement.

À des fins analytiques, nous pouvons classer les aspirations résidentielles en quatre groupes principaux. Celles relatives :

  • au logement : elles concernent les désirs de confort, d’intimité de la vie familiale, de possibilité d’appropriation de l’espace et d’expression d’une personnalité ou d’un statut social ; au-delà du placement financier, la volonté d’accession à la propriété peut être envisagée comme un moyen de réaliser ces aspirations en ce sens que le statut de propriétaire procure actuellement l’usage totale d’un espace et permet une plus grande autonomie et une plus forte sécurité résidentielle ;
  • à la qualité de l’environnement social, c’est-à-dire à la conservation ou au développement d’échanges, de relations sociales positives, de contacts gratifiants avec le voisinage ;
  • à la qualité du cadre de vie : les aspirations à la communication apparaissent souvent à travers la demande d’équipements communs et d’espaces publics de qualité ; l’accessibilité aux équipements de proximité et aux transports est un élément important de la satisfaction résidentielle ; la situation du logement par rapport aux équipements et services de toutes sortes définit le potentiel socio-économique d’une résidence ;
  • à la qualité de l’environnement naturel : elle peut être évaluée par la somme des influences positives ou négatives procurées par la résidence (bruits, pollution atmosphérique, proximité de la nature, etc.) ; elle semble jouer un rôle important dans le phénomène de dispersion de l’habitat.

Dans notre étude, l’une des questions de recherche se focalise sur le cadre de vie des habitants de Canaan. Nous nous ne limitons pas aux considérations d’Antonio Da Cunha et al. (2007) en rapport au cadre de vie.

Cela dit, nous avons pris en compte dans le cadre de vie : les caractéristiques de l’environnement, de l’espace bâti, des aménagements et des équipements urbains (univ-lyon2.fr, 2021). En fait, le cadre de vie se réfère à l’espace du quotidien des habitants.

Pour citer ce mémoire et trouver toutes ses pages
Université 🏫: Université d'État d'Haïti - École normale supérieure - Département des Sciences Sociales/Géographie
Auteur·trice·s 🎓:

Wilguens PHARIUS
Année de soutenance 📅: En vue de l’obtention du Diplôme d’Etudes Normales en Sciences Sociales/Géographie - 2021
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