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L’histoire de la colonisation de l’Afrique

L’histoire de la colonisation de l’Afrique

Section2 : L’histoire de la colonisation de l’Afrique

Entre novembre 1884 et février 1885, un congrès international a eu lieu en Allemagne : la conférence de Berlin. A cette réunion, les grandes puissances européennes se partagent l’Afrique, et ce sera le début de l’ère de la colonisation de l’Afrique.

A la fin des années « 50 » le colonialisme a basculé victime de confirmation du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et c’est l’ère des indépendances qui s’ouvre.

Cependant, ces Etats après les indépendances seront marqués par des caractéristiques propres résultantes de la colonisation. Pour ce faire, cette section s’appesantira sur trois axes : la colonisation de l’Afrique, les indépendances et les caractéristiques des Etats postcoloniaux.

§1 La colonisation de l’Afrique

A la fin du 19e siècle, les européens ont déjà exploré la majeure partie de l’Afrique. Ils ont dressé les cartes des fleuves, de lacs, des montagnes et ont multiplié les contacts avec les populations locale.

De retour dans leur pays, les explorateurs ont décrit les abondantes richesses naturelles du continent. Très vite, exploration et commerce ne suffisent plus aux européens. Ils veulent prendre le contrôle des territoires et des lucratifs marchés africains. 69

En novembre 1884 et février 1885, un congrès international a lieu en Allemagne : la conférence de Berlin, durant cette réunion, les grandes puissances européennes se répartissent les territoires africains. Trente ans plus tard, l’Afrique est presque entièrement colonisée.

En effet, « la colonisation peut se concevoir » Comme une situation économique peu avancé dont le développement économique, politique et social est soumis à l’ensemble de rapports de dépendance dans lesquels elle se trouve obligatoirement engagée avec une ou plusieurs sociétés économiques avancées. 70

Bien que les puissances européennes, voulant justifier la colonisation, aient eu pour mission avouée l’apport de la civilisation aux peuples d’Afrique, le but profond de leurs démarches et actions était la recherche des intérêts économiques pour la métropole. 71 D’où, le paradoxe entre l’acte de Berlin et l’esprit de Berlin.

1. 2. 1L’acte de Berlin

La conférence de Berlin faut-il le rappeler, s’est tenu du 15 novembre 1884 au 26 février 1885 au palais du chancelier allemand Bismarck dans la Wilhelmstrasse à Berlin, sur convocation de deux puissances allemande et française.

Les représentants de quatorze pays européens et des Etats Unis ont pris part à cette rencontre qui avait pour ordre du jour « la liberté du commerce dans le bassin et les embouchures du Congo ». Trois points ont été abordés pour aboutir à d’importantes résolutions. 72

  • a. Le premier point portait sur la liberté du commerce dans le « bassin et les embouchures du Congo», il a été retenu l’idée de la création d’un « bassin conventionnelle » plus étendue que le bassin géographique du fleuve et constituant une zone de liberté commerciale aussi large que possible.
  • b. Le deuxième point était relatif à la liberté de commerce et de navigation sur le fleuve Niger, des grandes querelles des souverainetés surgissent autour du Niger supérieur et du Bas Niger. Pour résorber ces querelles, le compris qui a été trouvé a consisté à ériger sur la zone litigieuse l’Etat indépendant du Congo, placé sous la souveraineté d’une association internationale.
  • c. Le troisième point était basé sur les « nouvelles acquisitions », il était question de détermination des modalités des futures conquêtes.

Il sera avoué dans l’acte de Berlin la mission civilisatrice de l’Afrique, c’est à dire que les puissances colonisatrices devaient apporter à leurs colonies la civilisation. Malheureusement l’esprit de l’acte révélait d’autres missions parfaitement éloignées de l’acte Berlin.

69 Internet : http// : herodote. net/XIXe siècle-synthé

70 Dumont, R. cité par KADONY, N. K. , « L’Afrique malade des ses impuissances en Relations internationales. Quel avenir au IIIe millénaire ? » In Cahier CONGOLAIS d’Etudes Politiques et Sociales, N°23, Juin 2000, p. 198. 71 KADONY, N. K. , art. cit. , p. 128

72 SECK, Y. C. , op. cit. , p. 21

1. 2. 2. L’esprit de Berlin

C’est à Berlin que pour la première fois de son histoire, l’Afrique est sortie des cabinets des ministères de la Marine et/ou de la colonie pour être à l’ordre du jour d’une conférence internationale. Pourquoi cette brutale apparition du continent noir dans « la grande politique étrangère » des nations européennes ?

L’Europe vient de découvrir en Afrique un continent fabuleux comme l’Amérique et l’Australie suite à la découverte des diamants de l’Afrique du sud, des gisements de Kimberly et du merveilleux confluent de l’organe, du Vaal et de l’Harts.

Cette période coïncide avec la dépression économique des années 1870 en Europe qui aiguise l’impatience de la bourgeoise européenne à conquérir de nouveaux marchés et débouchés dans l’Afrique non encore exploitée. 73 Cette Afrique que DUMONT considérait comme « un immense continent couvert des forêts, avec des sauvages que les européens devaient évangéliser ». 74

En cette même période, la ruée des puissances colonisatrices sur l’Afrique crée une situation conflictuelle à l’embouchure du fleuve Congo du fait du très grand enjeu stratégique et économique que représentait cette région.

Aucun prétexte ne pouvait être meilleur que cette situation conflictuelle pour convoquer une conférence au cours de laquelle les appétits coloniaux et économiques allaient se protéger le « gâteau africain ».

73 SECK, . C. , op. cit. , p. 22

74 DUMONT, R. et Marie, F. M. , op. cit. , p. 13

La conférence de Berlin est d’autant plus cynique qu’on fond, elle s’est essentiellement consacrée au partage de l’Afrique et n’a effectué le sujet censé l’avoir inspirée que pour la forme. C’est ainsi que la question de la traite des esclaves et celle relative au grands idéaux humanitaires ont été à peine débattues. 75

Après toutes ces occupations par les colons, ces pays ont commencé à un moment donné à accéder à leurs indépendances, devenant aussi libres et souverains. A ce titre, l’ancien maitre quitte le territoire et laisse libre et souverain le peuple autre fois occupé dominé, exploité. 76

§2 Les indépendances des pays Africains

La plupart des pays africains sauf Ethiopie, le Liberia et la Siéra Leone sont issus de la décolonisation et leurs frontières sont issues de la création de territoires coloniaux découlant de l’acte de Berlin en 1884-1885.

Si l’Egypte acquiert son indépendance en 1922, il faut attendre les années qui suivent la seconde guerre mondiale pour voir en Afrique du Nord, celles de la Libye1951, du Maroc 3 Mars et 7 Avril 1956, de la Tunisie 20mai1956 et Au sud du Sahara, le soudan est le premier pays a proclamé la sienne1956.

Toute fois, c’est celle du Ghana1957, pays encré au cœur du continent, qui soulève l’enthousiasme et l’espoir en raison des idées panafricaines de son leader, kwame Nkrumah.

Vient ensuite en avant première1958, celle de la Guinée Conakry, avec le « nom » de Sékou Touré. Elle correspond à l’octroi de l’autonomie interne à la plupart des autres territoires français sauf Djibouti et les Comores qui accèdent à leur tour à l’indépendance en 1960. 77

Jusqu’en 1964, c’est au tour des colonies britanniques qui ne sont pas habitées par une forte minorité blanche désireuse de conserver le pouvoir à tout prix. Les autres situés en Afrique australe, ne deviendront réellement indépendantes aux yeux de la majorité noire qu’après l’acquisition de l’égalité des droits « one man, one vote.

L’histoire de la colonisation de l’Afrique

En 1975, une autre vague d’indépendance touche les pays lusophones, engagés depuis longtemps dans des guérillas meurtrières, les quels bénéficieront de l’éclatement d’une révolution en métropole révolution des OEILLETS causées en partie pour le maintien de l’ordre colonial.

75 SECK, Y. C. , op. cit. p. 23

76 NSABUA, T. J. , Nouveau Etats en Relations Internationales, syllabus, Deuxième Licence, R. I, UNILU, 2013, p. 8

77 NANTET, B. , Dictionnaire de l’Afrique, Paris, Ed. LA ROUSSE, 200, p. 169

Si l’Espagne accorde sur le tard1968, l’indépendance à la Guinée équatoriale, celle du Sahara occidentale1975 reste le grand échec des décolonisations. 1993 fut proclamée l’accession à l’indépendance de l’Erythrée qui avait été annexée par son voisin l’Ethiopie en 1962. 78

Le tableau ci-dessous reprend de manier claire et précis les pays postcoloniaux africains, leur date d’accession à l’indépendance et, le président en exercice au moment de l’accession du pays à la souveraineté nationale et internationale.

Repertoire des pays post-coloniaux africains

TABLEAU : Répertoire des pays postcoloniaux africains, date d’indépendance et premier président.

No Nom du pays Date accession à

independence

Premier president en

exercise

1 AFRIQUE DU SUD 11 mars 1994 Nelson Mandela
2 ANGOLA 11 novembre 1975 Angostinho Neto
3 BENIN 1er Aout 1960 Hubert Maga
4 BOTSWANA 30 Septembre 1966 Sevetse Khama
5 BURKINA FASO 5 Aout 1960 Maurice Yameoge
6 BURUNDI 1er juillet 1962 Ntare V
7 CAMEROUN 1er janvier 1960 Ahmadou Ahidge
8 CAP-VERT 5 juillet 1975 Aristide Perira
9 CENTRAFRIQUE 13 Aout 1960 Barthelemy Boganda
10 COMORES 22 decenbre 1974 Ahmed Abdallah
11 CONGO-BRAZZAVILLE 15 Aout 1960 Fulbert Youlou
12 CONGO-KINSHASA 30 juin 1960 Joseph Kasavubu
13 COTE D’IVOIRE 7 Aout 1960 Houphouet Boigny
14 DJIBOUTI 27 juin977 Hassan Gouled
15 ERYTHREE 24 Mai 1993 Issayas Afewanki
16 ETHIOPIE Toujours independante Haile seta ssie Ier
17 GABON 17 Aout 1960 Leon Mba
18 GAMBIE 18 fevrier 1965 Daouda Jawara
19 GHANA 8 mars 1957 Kwame Nkruma
20 GUINEE-BISSAU 24 septembre 1974 Louis Gabral
21 GUINEE-CONAKRY 2 octobre 1958 Sekou Toure

78 IBIDEM

22 GUINEE-EQUATORIALE 12 octobre 1968 Macias Nguema
23 KENYA 12 decembre 1963 Jomo kenyata
24 LESOTHO 4 octobre 1966 Kamuzu Banda
25 LIBERIA Toujours independent Philibert Tsiranana
26 MADAGADCAR 26 juin 1960 Philibert Tsiranana
27 MALAWI 6 juillet 1964 Kamuzu Banda
28 MALI 20 juin 1960 Modibo Keita
29 MAURICE iles 12 mars 1968 Sir See wooagur Ramgoohm
30 MAURITANIE 28 novembre 1960 Mokhar ould daddah
31 MAUZAMBIQUE 25 juin 1975 Samora Machel
32 NAMIBIE 21 mars 1990 Sam Nujoma
33 NIGER 3 Aout 1960 Diori Hamani
34 NIGERIA 1 octobre 1960 Namou Azikiwe
35 OUGANDA 9 octobre 1962 Mutesa II
36 RWANDA 1 juillet 1962 Gregoire Kay banda
37 SAO TOME ET PRINCIPE 12 juillet 1975 Manuel Pinto dacosta
38 SEYCHELLES 26 juin 1976 James Mancham
39 SIERRA LONE 27 avril 1961 Sir Milton Margai
40 SOMALIE 1er juillet 1960 Syad Barre
41 SENEGAL 4 avril 1960 Leopold sedar Sengor
42 SOUDAN 1er janvier 1956 Ismail al-azhari
43 SWAZILAND 8 septembre 1968 Sobhuza II
44 TANZANIE 9 decembre 1961 Julius Nyerere
45 TCHAD 11 Aout 1960 Tombalbaye
46 TOGO 27 avril 1960 Syluanus Dymria
47 ZAMBIE 24 octobre 1964 Kenneth Kaunda
48 ZIMBABWE 18 avril 1980 Robert Mugabe

* L’Afrique du sud, Ethiopie, Liberia n’ont pas connu la colonisation.

79 SOURCE : dictionnaire de l’Afrique, Paris, Ed. LAROUSSE, 2008, P. 169-170.

La lecture du tableau susmentionnée conduit à dégager comme le propose le professeur Nsabua la thèse selon laquelle, les luttes pour l’indépendance des pays africains se sont effectuées en « quatre étapes »80 :

  1. La période de 1956 à 1957 : indépendance par les moyens pacifiques ;
  2. La période de 1960 à 1968 : indépendance négociée table ronde,…
  3. La période de 1974 à 1975 : indépendance par la lutte armée cas de colonie portugaise, « par exemple : l’Angola, la Guinée Bissau,. . »
  4. La période de 1990 à 1993 : l’indépendance par les élections. « par exemple, l’Erythrée et la Zambie ».

Quiconque s’engage à lutter pour une cause, doit savoir qu’il y a toujours quelque chose à gagner ou à perdre81. L’Afrique après avoir lutté longtemps pour son indépendance politique, a fini par arracher sa liberté par des mécanismes aussi divers que nous venons de voir.

80NSABUA, T. J. , op. cit. , p. 12

81 Peter BONJIE cité par KALUMBA, M. , La problématique de la démocratie importée en Afrique post bipolaire, Travail de Fin de Cycle, FSSPA,2001,p. 21

Cependant, les Etats postcoloniaux africains ont gardé certaines habitudes coloniales dans leurs modes de vie après les indépendances. Ce pourquoi nous proposons de relever au point suivant les caractéristiques de ces Etats.

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