1.3 De vraies oppositions entre les offres de formations en finance des Grandes Ecoles et des Universités ?
Avant de conclure cette partie récapitulative des offres de formations financières en France, il paraît nécessaire de s’interroger sur l’opposition communément faite entre Grandes Ecoles et Universités.
En effet, si comme nous le rappelle Monsieur Hervé Crès, Directeur d’HEC, les universités pouvaient autrefois se féliciter d’avoir les meilleurs chercheurs – et par conséquent les meilleurs professeurs sur le plan académique – alors que les écoles mettaient en avant leur capacité à répondre aux besoins des entreprises avec des formations opérationnelles et des équipes enseignantes de professionnels, cette opposition existe-t-elle toujours de manière aussi tranchée ?
1.3.1 Les liens avec l’entreprise
La première raison pour laquelle Grandes Ecoles et Universités sont communément renvoyées dos à dos est en effet leur rapport au monde de l’entreprise. Les écoles seraient plus à même de former des cadres prêts au monde de l’entreprise et les universités diplômeraient des étudiants plus avancés sur le plan théorique mais mal adaptés au monde du travail, et ce pour deux raisons principales :
1.3.1.1 Les équipes enseignantes
Les professeurs chercheurs, académiciens de haut niveau, enseigneraient dans les universités tandis que les écoles verraient la grande majorité de leurs cours dispensés par des professionnels issus de l’Entreprise.
Pourtant, tous les responsables de programmes que j’ai contactés, en école et en université, m’ont indiqué des répartitions à parts égales ou 60/40 entre chercheurs et professionnels au sein de leurs programmes, même si la proportion de professionnels est plus forte dans les mastères professionnels d’HEC (deux tiers) et de l’ESC Lille (80%). Bien sûr les masters à finalité recherche des universités sont en général presque exclusivement menés par des professeurs chercheurs.
Finalement, sur les professeurs d’écoles qui nous ont répondu la moitié sont des chercheurs, alors que la proportion est de 70% pour les enseignants en université.
Mais si les universités cherchent à se rapprocher du monde de l’entreprise, les écoles essayent également de renforcer leur niveau en recherche. C’est ainsi que l’ESC Lille a un laboratoire de recherche commun avec l’université Lille II, et que la majeure QEF a été créée en partenariat avec l’Ecole Polytechnique à HEC dans l’espoir d’y voir naître des vocations de chercheurs.
1.3.1.2 Les stages
Au delà de recevoir des enseignements enrichis par l’expérience concrète d’un salarié, le meilleur moyen de s’adapter au monde du travail est de s’y trouver confronté pendant ses études lors des stages obligatoires.
Et il est vrai qu’un étudiant en Ecole de Commerce devra réaliser pour valider son cursus au moins une petite année de stage (40 semaines minimum à HEC par exemple, 12 mois à l’EM Lyon). Or dans les Universités, les Masters à finalité professionnelle n’imposent le plus souvent que des stages de trois ou six mois minimum ; et il est rarement question de stages durant les années de Licence.
Même si des diplômes en alternance et en apprentissage sont proposés, un étudiant ayant réalisé l’intégralité de son cursus en université qui n’aurait pas fait ces choix peut donc conclure ses études à Bac+5 et souhaiter démarrer sa vie active avec six mois d’expérience en entreprise seulement, ce qui n’est pas possible dans les écoles de commerce.
1.3.2 L’ouverture sur l’international
1.3.2.1 Programmes d’échanges
Si le reproche d’une ouverture sur l’international trop restreinte a souvent été faite aux universités, le programme Erasmus a eu 20 ans en 2007 et donne à toujours plus d’étudiants l’opportunité d’étudier à l’étranger.
D’autant plus que les universités développent également des partenariats supplémentaires avec les établissements étrangers hors Union Européenne, comme par exemple celle de Nice avec le Brésil, le Canada ou encore l’Algérie. Les étudiants qui le désirent et dont les dossiers sont assez méritants pour être acceptés peuvent donc partir plusieurs mois à l’étranger, qu’ils soient issus d’écoles ou d’universités.
1.3.2.2 Cours anglophones
La comparaison est toutefois favorable aux écoles de commerce en ce qui concerne les cours de finance enseignés en anglais. La plupart des premières écoles du classement de l’Express en proposent en effet une grande variété, même si elles rencontrent toujours des difficultés pour attirer des professeurs de finance étrangers, qui obtiennent dans d’autres pays des rémunérations très compétitives ; mais le nombre croissant d’étudiants étrangers et l’aspect fortement international des carrières en finance les incitent à proposer de nombreux électifs à la fois en anglais et en français.
Certains cursus, comme à l’ISC ou à l’Edhec qui inaugure en 2008 à Nice la filière Financial Economics, sont même exclusivement anglophones.
Même si des programmes proposant des cours en anglais existent également dans le monde universitaire (en particulier à Paris I ou à Dauphine, dont le Master 203 comporte un tiers de cours anglophones ; le Master « Banque Finance Assurance » de Caen comporte en outre 10% de cours de finance en anglais), ces opportunités restent marginales puisque la majorité des responsables de Masters interrogés ont indiqué que leurs diplômes ne comportaient pas d’enseignements bilingues, ce qui est confirmé par les sites internet d’une majorité d’universités.
1.4 Les classements
Il est donc clair que la frontière entre universités et écoles est bien moins nette qu’autrefois. Les deux types de formations sont d’ailleurs indifféremment représentés dans les meilleurs programmes français.
Devant, on l’a vu, le nombre et la diversité des programmes de formation en finance, qui peut être particulièrement déroutant pour un jeune étudiant soucieux de faire le meilleur choix pour son avenir, se sont en effet développés plusieurs classements par spécialité. Le cabinet de conseil en orientation SMBG distingue en ce qui concerne la finance trois catégories différentes :
BANQUE – FINANCE
1 – | ESCP-EAP | MS Finance |
2 – | Université Paris 1 – Pant
Sorbonne |
héon Master Professionnel Banque Finance |
3 – | Université Paris Dauphin | e Magistère Banque – Finance – Assurance |
4 – | Groupe ESC Toulouse | MS Expert en Banque et Ingénierie Financière |
5 – | Université Paris 1 – Pant
Sorbonne |
héon Magistère Finance |
6 – | Université Panthéon-Ass | as (Paris II) Master 2 Techniques financières et bancaires |
7 – | INSEEC | Banque et Assurance |
8 – | Université René Descarte | s (Paris 5) Master 2 professionnel Banque Finance |
9 | Université Lumière – Lyon 2 | Master Finance – Spécialité Professionnelle Banque |
10 | Université Panthéon-Assas (Paris II) | Magistère Banque Finance |
FINANCE DE MARCHE ET GESTION DE PORTEFEUILLE
1 – Université Paris-Dauphine Master 203 – Marchés financiers, marchés de matières premières et gestion des risques
2 – HEC MS Finance Internationale
3 – ESLSCA 3ème cycle Trading – Finance et Négoce International
4 – CERAM Business School MS Finance de marché, Innovations et Technologies
5 – ESSEC MS Techniques Financières
6 – Université Paris Dauphine Master 2 Gestion d’Actifs7- IAE Gustave Eiffel – Université Paris 12 Master Gestion de portefeuille
8 – Reims Management School MS Analyse Financière Internationale
9 – Université Paris-Dauphine Master 272 Ingénierie économique
10 – INSEEC Salles de Marché, métiers Trading et Gestion d’Actifs
INGENIERIE FINANCIERE ET HAUT DE BILAN
1 – Université Paris Dauphine Master 225 – Finance d’Entreprise et Ingénierie Financière
2 – EM LYON MS Ingénierie financière
3 – ESCP-EAP MS Finance
4 – Sciences Po Master Finance et Stratégie
5 – Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne Master, Spécialité « Ingénierie Financière et stratégie Fiscale »
6 – Groupe ESC Toulouse Master Expert en Banque et Ingénierie Financière
7- Université Panthéon-ASSAS (Paris II) Master 2 Finance
8 – International University of Monaco Master’s in Finance – Financial Engineering
9 – Groupe ESC Lille MS Analyse Financière Internationale
10 – ISC Paris MBA Finance, trésorerie, ingénierie financière