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Projets de développement en Afrique et l’analytique des données

Cet article explore les projets de développement en Afrique, mettant en lumière leur importance pour la lutte contre la pauvreté et l’amélioration des conditions de vie. Découvrez comment l’analytique des données est essentielle pour la prise de décision dans les projets de développement en Afrique, un sujet crucial pour l’avenir du continent.

Chapitre I :

CONCEPTS GÉNÉRAUX SUR LA SÉCURITÉ INFORMATIQUE

Ce chapitre se focalise sur la problématique de l’utilisation de l’analytique des données pour soutenir la prise de décision dans les projets de développement en Afrique. A cet effet, nous examinerons d’abord le contexte africain des projets de développement pour en identifier les enjeux en matière de prise de décision.

Ensuite, nous exposerons la problématique de la recherche, son cadre et son contexte. Enfin, nous présenterons les motivations de cette étude ainsi que les questions de recherche et les objectifs associés.

Les projets de développement dans un contexte africain

Les projets de développement trouvent leurs racines dans la période qui a suivi la Deuxième Guerre mondiale. Une époque marquée par le désir des nations victorieuses de reconstruire leurs économies et d’assurer la stabilité mondiale (Aubert, 2014). Cette période a vu naître des organisations internationales, telles que les Nations Unies (NU), qui ont œuvré pour favoriser la coopération mondiale en matière de développement.

Ainsi, dans le but de combattre la pauvreté, d’améliorer la santé et l’éducation, et de favoriser le progrès social et économique des pays en développement, le concept d’aide au développement appelé également aide publique au développement (APD) a vu le jour (Severino & Charnoz, 2005).

L’aide publique au développement et les projets prioritaires en Afrique

L’aide publique au développement (APD), telle que définie par le Comité d’aide au développement (CAD) de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), se réfère à l’aide fournie par les pays développés dans un objectif explicite de promotion du développement économique et d’amélioration des conditions de vie dans les pays à revenu faible et moyen5.

Projets de développement en Afrique et l’analytique des données

Cette forme d’aide a joué un rôle essentiel dans la mise en œuvre d’initiatives visant à renforcer les infrastructures et à impulser le changement au profit des populations les plus vulnérables. C’est ainsi que les projets de développement sont apparus dans le but de susciter des transformations significatives au niveau de ces pays en développement (Hirschman, 1967).

En Afrique, l’APD est apparue dans les années 60 sous la forme d’une aide étrangère destinée aux nations nouvellement indépendantes du continent. Cette période a été marquée par l’émergence, en Afrique, de l’idée de développement, caractérisée par la prolifération

Les normes du financement du développement. (s. d.). OCDE. Consulté en juin 2023, à l’adresse https://www.oecd.org/fr/cad/financementpourledeveloppementdurable/normes-financement-developpement/ continue d’ONG d’aide au développement6. L’objectif sous-jacent était de faciliter l’accès des populations défavorisées, souvent concentrées en milieu rural, au processus de développement afin de répondre à leurs besoins essentiels, notamment en matière de santé, d’alimentation et d’éducation7.

90,000
80,000
70,000
60,000
50,000
40,000
30,000
20,000
10,000
0
1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 2030
Année
APD net en millions USD

Depuis les années 1970, le montant d’aide publique au développement (APD) octroyé à l’Afrique adopte une tendance à la hausse. En effet, une analyse des évolutions historiques, géographiques et sectorielles des flux d’aide dans le monde a révélé que le continent africain a été le premier bénéficiaire de l’APD au cours des 50 années qui ont suivi les vagues d’indépendance consécutive de ses pays8. En 2020, cette situation demeurait inchangée.

Selon les statistiques de l’OCDE9, le continent africain a reçu 78.3 milliards de dollars en APD en 2020. Cette somme représente le montant le plus élevé jamais reçu par l’Afrique en matière d’APD et marque une augmentation de 24 % par rapport au montant reçu en 2019.

7 8,283
63 ,119 +24%

Figure 1. Evolution de l’APD en Afrique de 1960 à 2020 (OCDE.Stat, 2021)

Au fil des années, les projets de développement en Afrique, financés par l’APD, ont pris différentes formes. L’Union Européenne en identifie principalement deux types10:

  1. les projets à produits valorisables, visant à accroître l’offre de biens et de services mesurables en termes monétaires ;
  2. les projets à produits non valorisables dont l’offre ne peut être immédiatement évaluée en terme monétaire.

Assogba, Y. (1991). Les ONG et le développement en Afrique ou la face cachée de la lune. Nouvelles pratiques sociales, 4(1), 39‑49. https://doi.org/10.7202/301115ar
Idem
Seillan, A. (2010). Bénéficiaires de l’aide publique au développement (APD). Afrique contemporaine, 236(4), 126‑127. https://doi.org/10.3917/afco.236.0126
OCDE. (s. d.). Versements d’aide (APD) vers les pays et régions [CAD]. Consulté en juin 2023, à l’adresse https://stats.oecd.org/Index.aspx?DataSetCode=TABLE2A
Financement, aides et subventions | Union européenne. (s. d.). Union Européenne. Consulté en juin 2023, à l’adresse https://european-union.europa.eu/live-work-study/funding-grants-subsidies_fr

La première catégorie regroupe les projets de développement liés à l’agriculture, à l’industrie ainsi que les initiatives commerciales et structurantes (eau, électricité, télécommunications, infrastructures commerciales, services financiers, etc.). En revanche, la deuxième catégorie rassemble les projets à caractère social tels que ceux liés à la santé, à l’éducation, à la formation professionnelle, etc. Selon Seillan (2010), la deuxième catégorie (les projets à produits non valorisables) est celle qui a su attirer le plus de fonds en Afrique. En effet, depuis 2009, l’APD en Afrique s’oriente de plus en plus vers le secteur social, en lien avec les objectifs du millénaire pour le développement, au détriment des secteurs productifs et des infrastructures économiques.

Selon le rapport annuel 2022 du Groupe de la Banque Africaine de Développement (BAD)11, l’amélioration de la qualité de vie des populations africaines fait partie des cinq priorités premières de la BAD en matière d’opérations. Les projets qui ont été implémentés en ce sens en 2022 ont permis à 12.3 millions de personnes d’avoir un accès nouveau ou amélioré à l’eau et à l’assainissement. Ils ont également permis à 340,000 personnes d’être formées, et à 60,000 personnes de bénéficier d’un meilleur accès à l’éducation. La majorité de ces projets rentrent dans le portefeuille social de la BAD, secteur classé parmi les sept (7) ayant recueilli le plus de financements en 2022. La Banque mondiale s’inscrit également dans cette même dynamique. En effet, avec plus de 600 projets financés en Afrique à hauteur de plus de 10 milliards de dollars, les objectifs visés tournent autour de la lutte contre la malnutrition, l’augmentation de la productivité agricole, l’accroissement de la résilience au changement climatique, le renforcement des États fragiles et la promotion d’une éducation de qualité12.

Ainsi, dans ce contexte où les besoins sociaux en Afrique sont grandissants avec une augmentation continue du nombre de pauvres depuis 199013, il est indéniable que ces initiatives de développement revêtent une importance cruciale pour la transformation socio-économique et la résolution des défis majeurs auxquels les pays de ce continent, notamment les pays de l’Afrique subsaharienne, sont confrontés.

African Development Bank. (26 juillet 2023). Rapport annuel 2022 du Groupe de la Banque africaine de développement. Banque africaine de développement – Faire la différence; African Development Bank Group. https://www.afdb.org/fr/documents/rapport-annuel-2022-du-groupe-de-la-banque-africaine-de-developpement-faits-saillants

La Banque mondiale en Afrique. (s. d.). World Bank. Consulté en juin 2023, à l’adresse https://www.banquemondiale.org/fr/region/afr

Wadhwa, D. (19 septembre 2018,). L’extrême pauvreté continue de progresser en Afrique subsaharienne. Blog de données de la Banque mondiale. https://blogs.worldbank.org/fr/opendata/l-extreme-pauvrete-continue-de-progresser-en-afrique-subsaharienne

La nécessité et l’importance des projets de développement en Afrique

La mise en place des projets de développement vise à contribuer au changement d’une situation jugée insatisfaisante ou problématique par une portion significative de la population, en une situation considérée comme satisfaisante (Roegiers, 2007). Dans cette perspective, de nombreuses situations sont perçues comme insatisfaisantes en Afrique. En effet, selon le Rapport 2022 sur la pauvreté et la prospérité partagée (PSPR 2022) de la Banque mondiale, l’Afrique subsaharienne abrite depuis 2015 plus de la moitié des personnes extrêmement pauvres14 du monde. Avec un rythme de réduction de la pauvreté très lent, le taux d’extrême pauvreté dans cette région n’a diminué annuellement que de 0.43 % depuis 2010, soit moins de la moitié de la moyenne mondiale estimée à 0.93 % pour cette même période. Ainsi, si des plans d’urgence d’éradication de la pauvreté ne sont pas mis en place, cette région sera le foyer, en 2050, de près de 90 % des personnes les plus pauvres de la planète15.

Bien que ces situations restent très inquiétantes, des progrès ont quand même été observés, ceci grâce à la mise en œuvre de plusieurs projets de développement sur le continent. Selon le African poverty report – Poverty in a raising Africa publié par la Banque mondiale en 2016, les projets de développement implémentés en Afrique depuis 1995 ont contribué à une diminution de 6 % de la prévalence de la malnutrition chronique chez les enfants de moins de cinq ans, à un accroissement de six ans de l’espérance de vie et à une augmentation de 4 % du taux d’alphabétisation chez les adultes.

Des efforts importants sont encore à faire quant à la qualité de l’instruction qui est souvent très médiocre et au taux d’alphabétisation qui est de plus de 40 % chez les adultes. Ces dernières données montrent l’urgence et la nécessité pour une amélioration continue de la situation en Afrique dans le domaine du développement16.

En guise de réponse à ces situations délicates, plusieurs initiatives dites projets durables ont vu le jour afin de contribuer au développement économique, social et environnemental de l’Afrique.

C’est le cas du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) dont les quatre objectifs principaux sont l’éradication de la pauvreté, la promotion d’une croissance et d’un développement durables, l’intégration de l’Afrique dans l’économie mondiale et l’accélération de l’autonomisation des femmes17. Sa mission consiste à faciliter et coordonner le développement de programmes et de projets à l’échelle du continent, à mobiliser des ressources et à engager la communauté mondiale, les communautés.

Selon la Banque mondiale, une personne est en situation d’extrême pauvreté si celle-ci vit sous le seuil de la pauvreté extrême, c’est-à-dire avec moins de 1.90 dollar par jour.

Yoshida, N., & Wu, H. (23 décembre 2022). Les défis à relever pour accélérer le rythme de réduction de la pauvreté. Chronique de l’ONU. . http://www.un.org/fr/chronique-onu/les-défis-à-relever-pour-accélérer-le- rythme-de-réduction-de-la-pauvreté

Beegle, K., Christiaensen, L., Dabalen, A., & Gaddis, I. (2016). Poverty in a Rising Africa. The World Bank. https://doi.org/10.1596/978-1-4648-0723-7

African Union Development Agency. (s. d.). NEPAD in Brief. AUDA-NEPAD. Consulté en juillet 2023, à l’adresse https://www.nepad.org/publication/nepad-brief

A côté du NEPAD, on retrouve le projet de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF). Selon le rapport The African Continental Free Trade Area : Economic and Distributional Effects publié par la Banque mondiale en juillet 2020, la ZLECAF offre une opportunité réelle aux nations impliquées de favoriser la croissance, de diminuer la pauvreté et de promouvoir l’inclusion économique entre elles. En effet, d’ici 2035, la ZLECAF pourrait permettre aux pays africains de faire sortir plus de 30 millions de personnes de l’extrême pauvreté et accroître le revenu de 68 millions d’autres individus vivant avec moins de 5.50 dollars par jour. Cette initiative pourrait également contribuer à une augmentation des revenus du continent africain de 450 milliards de dollars, soit une croissance de 7 %, et à un ajout de 76 milliards de dollars aux revenus du reste du monde. Cette dynamique conduirait alors à une réduction de 12 millions du nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté en Afrique de l’Ouest18.

Ces projets dits durables sont très prometteurs et ne sauraient être réalisés sans un plan de financement adapté. Selon le rapport Dynamique de développement en Afrique publié par l’OCDE en 2023, le continent africain, pour réaliser ses objectifs de développement durable (ODD), doit mobiliser un financement supplémentaire de 1.6 billion de dollars d’ici 2030, ce qui équivaut à environ 194 milliards de dollars par an19. Il est donc clair que l’Afrique a besoin plus que jamais des projets durables et également des investissements durables pour assurer son développement et atteindre les ODD.

Toutefois, pour combler ces déficits, les gouvernements africains et leurs partenaires doivent améliorer l’information destinée aux investisseurs (OCDE, 2023). De même, les agences de promotion des investissements et les régulateurs devraient fournir davantage d’informations détaillées et actualisées, dans des formats harmonisés et faciles d’accès. Ce qui malheureusement n’est pas le cas, notamment avec des Instituts Nationaux de Statistique (INS) qui ne peuvent même pas dresser une cartographie de la vulnérabilité de leurs pays respectifs, ni fournir des données de qualité pour orienter les financements et l’implémentation des projets (Banque mondiale, 2016).

Ainsi, considérant le fait que l’Afrique constitue un point de convergence et de concentration de l’aide internationale au développement (Bierschenk, 1991), il est donc plus que nécessaire de se pencher sur la problématique des données pour soutenir la prise de décision dans le domaine du développement sur ce territoire.

Maliszewska, M., & Ruta, M. (2020). The African Continental Free Trade Area: Economic and Distributional Effects. The World Bank. https://doi.org/10.1016/978-1-4648-1559-1

Commission de l’Union africaine & OCDE. (2023). Dynamiques du développement en Afrique 2023 : Investir dans le développement durable (Dynamiques du développement en Afrique). OECD. https://doi.org/10.1787/b0920649-fr

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