Les 3 types des mutilations génitales féminines MGF
3. La typologie des mutilations génitales féminines (MGF)
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a, en 1998, décrit de manière large les mutilations sexuelles féminines dans une brochure du même nom, portant le sous- titre : « aperçu du problème ».
De manière générale, elle a identifié que la chirurgie génitale, tant traditionnelle que moderne, est pratiquée dans différentes sociétés pour toute une série de raisons médicales, esthétiques, physiologiques ou sociales.
Le terme de mutilations sexuelles féminines, tel qu’il est employé ici, vise uniquement les actes chirurgicaux consistant en une excision rituelle, qui est pratiquée pour des raisons exclusivement culturelles et traditionnelles sur des fillettes ou des jeunes femmes, souvent sans leur consentement ou sans qu’elles en comprennent les conséquences (p.1).
Dans cette partie du mémoire, nous nous baserons fondamentalement sur une revue de littérature sur les MGF (Mutilations Génitales Féminines) au Mali par Diallo, sociologue, effectuée en 1997 (sauf pour les illustrations), car il s’agit d’un état des lieux spécifiquement malien.
Nous nous baserons aussi sur la revue de l’OMS, déjà citée, qui donne une image plus vaste du thème que Diallo.
Selon l’OMS, on entend par MGF « toutes les interventions aboutissant à l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou toute autre mutilation des organes génitaux féminins qui sont pratiquées pour des raisons culturelles ou autres et non à des fins thérapeutique » (page 6).
Il existe trois types des mutilations génitales féminines recensées :
Type I: Excision du prépuce, avec ou sans excision partielle ou totale du clitoris
Type II : Excision du clitoris, avec excision partielle ou totale des petites lèvres
Les formes pratiquées le plus couramment au Mali sont des MGF (Mutilations Génitales Féminines) de type I et II avec des taux respectifs de 52% (clitoridectomie) et 47% (excision); le type III (cf. ci dessous) représente moins de 1% au Mali mais il n’est cependant pas à négliger, vu la violence de la mutilation.
• Excision partielle ou totale des organes génitaux externes
• Infibulation: suture/rétrécissement de l’orifice vaginal
Type III : L’excision ne correspond pas à la circoncision du prépuce mais du gland !!!
Les illustrations sont tirées de : Organisation Internationale des Migrants, 2007, 24 janvier.
L’infibulation est l’ablation partielle ou totale du clitoris, des petites et des grandes lèvres avec suture de l’orifice vaginal. Elle est pratiquée principalement en Somalie, en Erythrée, au Soudan et en Ethiopie.
D’autres types d’infibulations
Selon l’OMS il existe encore un type IV :
Diverses pratiques non classées telle que la ponction, le percement ou l’incision du clitoris et/ou des lèvres, l’étirement du clitoris et/ou des lèvres, la cautérisation par brûlure du clitoris et des tissus environnants, la scarification des tissus entourant l’orifice vaginal (« angurya ») ou l’incision du vagin (« gishiri »),.
L’introduction de substances ou herbes corrosives dans le vagin pour provoquer un saignement ou pour le resserrer et toute autre pratique entrant dans la définition des mutilations sexuelles féminines citée plus haut (p. 7).
4. La prévalence des MGF au Mali : données générales
La prévalence se définit par le taux d’incidence de cas étudiés par rapport à la totalité de la population de référence.
Selon Diallo (1997), les statistiques sur les MGF au Mali sont délicates à interpréter car elles peuvent être le résultat de simples estimations ou encore d’enquêtes n’ayant pas pris en compte l’ensemble des couches sociales du pays.
Il en découle qu’il y a certainement une sous-estimation de la prévalence des MGF (Mutilations Génitales Féminines) au nord et une surestimation de la pratique de l’infibulation.
Selon les données de Diallo, qui, notons-le datent de 1996, en l’absence d’études récentes, « le niveau de prévalence générale est de 94% pour les femmes de 15 à 49 ans » (p.5).
Grâce aux différentes campagnes menées contre les MGF, ces chiffres pourraient être revus à la baisse, particulièrement pour les moins de 15 ans.
« Le taux de prévalence des MGF semble varier entre ville (90%) et campagne (96%) ; cependant, cette différence peut être due au niveau particulièrement bas de la pratique dans les communes de Tombouctou et Gao » (Diallo, 1997, p. 6).
Le tableau de la page suivante, tiré de l’étude de l’OMS (p. 12) illustre les prévalences des 28 pays concernés par les différents types de MGF (Mutilations Génitales Féminines).
Comme nous le voyons, le Mali occupe la 4ème place, après Djibouti (98%), la Somalie (98%) et l’Egypte (97%).
Estimations actuelles de la prévalence des mutilations sexuelles féminines
Pays | Population
féminine a) |
Prévalence b) | Nombre |
Bénin | 2 730 000 | 50 | 1 365 000 |
Burkina-Faso | 5 224 000 | 70 | 3 656 000 |
Cameroun | 6 684 000 | 20 | 1 336 800 |
Côte d’Ivoire | 7 089 000 | 43 | 3 048 270 |
Djibouti | 254 000 | 98 | 248 920 |
Egypte | 28 769 000 | 97 | 27 905 930 |
Erythrée | 1 777 000 | 90 | 1 599 300 |
Ethiopie | 29 087 000 | 85 | 24 723 950 |
Gambie | 496 000 | 80 | 396 800 |
Ghana | 8 784 000 | 30 | 2 635 200 |
Guinée | 3 333 000 | 60 | 1 999 800 |
Guinée-Bissau | 545 000 | 50 | 272 500 |
Kenya | 13 935 000 | 50 | 6 967 500 |
Libéria | 1 504 000 | 60 | 902 400 |
Mali | 5 485 000 | 94 | 5 155 000 |
Mauritanie | 1 181 000 | 25 | 295 250 |
Niger | 4 606 000 | 20 | 921 200 |
Nigeria | 64 003 000 | 40 | 25 601 200 |
Ouganda | 10 261 000 | 5 | 513 050 |
République centrafricaine | 1 767 000 | 43 | 759 810 |
République démocratique du Congo | 22 158 000 | 5 | 1 107 000 |
République -Unie de Tanzanie | 15 520 000 | 10 | 1 552 000 |
Sénégal | 4 190 000 | 20 | 838 000 |
Sierra Leone | 2 408 000 | 90 | 2 167 000 |
Somalie | 5 137 000 | 98 | 5 034 000 |
Soudan | 14 400 000 | 89 | 12 816 000 |
Tchad | 3 220 000 | 60 | 1 932 000 |
Togo | 2 089 000 | 50 | 1 044 500 |
a) Les femmes dans le monde. New York, NY, Nations Unies, 1995.
b) Prévalence estimée en pourcentage.
La carte géographique de l’Afrique (ci-dessous) nous montre les pays les plus concernés par les différents types de mutilations génitales féminines.
FGM prevalence among women aged 15-49
(Tiré de : Female Genital Mutilation (FGM), OMS http://www.who.int/reproductive-health/fgm/prevalence.htm)
—- La prévalence des MGF au Mali par groupes socioculturels
Selon Diallo (1997),
Les MGF sont presque universelles parmi les ethnies d’origine Mandingue (les Malinké, Bambara et Sarakolé) et Halpulaar (les Fulani, Toucouleur et Khassonké).
A l’inverse, certains groupes ethniques (les Dogons, Bwa ou Bobo et les Sénoufo) n’épousent pas la pratique dans leur totalité pour des raisons d’ordre culturel ou religieux (les protestants en particulier).
Le plus bas niveau d’incidence de la pratique est enregistré parmi les Sonraï (48%) et les Tamasheq (17%), au nord du Mali.
Les Arabes, Maures et Berbères du nord du pays sont aussi très peu touchés par les MGF (Mutilations Génitales Féminines).
Les MGF (Mutilations Génitales Féminines) semblent s’accommoder à toutes les religions existant dans le pays : elles sont pratiquées aussi bien par les musulmans (94%), les chrétiens (85%) que les animistes (88%) (p.6).
5. Le niveau d’instruction et les MGF
Le niveau d’instruction semble avoir une légère influence sur la prévalence de l’excision, celle-ci variant d’un minimum de 87% chez les femmes de niveau secondaire ou plus à un maximum de 92% chez celles qui n’ont pas d’instruction (Ministère de la santé du Mali : Cellule de Planification et Statistiques, 2007, 23 février, p. 222).
6. L’âge au moment de l’excision
A présent, l’excision n’est plus considérée comme un rite initiatique de passage entre l’enfance et l’adolescence.
Généralement, « l’âge médian de l’excision est actuellement de 6,7 ans pour les femmes âgées de 30 à 34 ans et de 4,3 ans pour celles de 15 à 19 ans.
La moitié des femmes de Bamako est déjà excisée à son premier anniversaire, comparé à l’âge médian de 6 ans pour les autres centres urbains » (Diallo, 1997, p. 7).
D’autres résultats font apparaître quelques variations dans l’âge de l’excision.
Selon le milieu de résidence, on constate qu’en milieu rural, l’excision est pratiquée plus tard qu’en milieu urbain (56% contre 74% avant 5 ans).
De plus, près de deux femmes sur cinq du milieu rural (39%) ont déclaré avoir été excisées entre 5 à 14 ans contre seulement 21% en milieu urbain. A Bamako, 79% des femmes ont été excisées avant 5 ans alors que dans les autres villes, cette proportion est de 61%.
Sur le plan géographique, on constate que c’est dans les régions de Kayes et Mopti que la proportion des femmes excisées avant 5 ans est plus élevée (respectivement 85% et 67%).
A l’opposé, c’est dans la région de Sikasso que l’excision se pratique le plus tardivement (49% des femmes excisées entre 5 et 14 ans).
(Ministère de la santé du Mali : Cellule de Planification et Statistiques, 2007, 23 février, p. 224).