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Disparité des systèmes de santé – ICH et pays en développement

Disparité des systèmes de santé – ICH et pays en développement

2ème partie : ICH et pays en développement

Nous avons vu dans la première partie que les normes ICH, par la qualité des parties participantes et par la spécificité du processus d’harmonisation, constituent avec les autres référentiels internationaux le système normatif de l’enregistrement des médicaments dans le monde.

Mais si le rôle d’ICH d’assurer la qualité, l’efficacité et la sécurité des médicaments est bien mis en évidence, son rôle et sa place dans un schéma d’efficience spécifique pour les pays en développement ne sont pas clairs.

Que peut-on proposer comme schéma d’efficience pour les pays en développement ?

Et quelle est la place d’ICH dans ce schéma d’efficience ?

L’efficience est un principe hybride qui touche à la fois les concepts d’efficacité et d’économie de moyens.

C’est un rapport entre le coût et l’efficacité incluant les effets thérapeutiques désirés et les risques pour une qualité donnée.

Le principe d’efficience est différent de l’efficacité.

« Par efficacité on entend la capacité d’une structure de soins, ou d’une thérapie à produire l’effet attendu d’elle. L’efficience prend en compte simultanément l’efficacité et le coût d’une action de santé. » (1)

Pour cette deuxième partie notre travail sera centré sur la construction d’un schéma d’efficience pour les pays en développement et sur la place des normes ICH dans ce schéma.

Avant de connaître la place d’ICH dans le schéma d’efficience nous allons faire un état des lieux de la situation sanitaire et pharmaceutique des pays ICH et des pays non membres.
Chapitre1

La disparité sanitaire et PHARMACEUTIQUE ENTRE LES PAYS ICH ET LES PAYS NON MEMBRES

La situation sanitaire et pharmaceutique des pays dans le monde est différente, un écart considérable entre les niveaux de santé des pays riches et des pays pauvres existe et ne cesse de se creuser tous les jours.

I- La disparité des systèmes de santé

I-1 Comparaison d’indicateurs de santé entre pays ICH et d’autres pays non membres

Pour avoir une vision générale de cette situation, nous avons choisi de comparer des indicateurs de santé dans 14 pays différents : des pays ICH (USA, Japon, France et Canada) et des pays non-ICH choisis arbitrairement comprenant des pays développés (Australie), des pays en développement (Chine, Pakistan, Inde, Egypte, Pologne) et des pays peu développés (Bénin, Lesotho, Nigeria).

Les indicateurs de santé sont des facteurs qui, seuls ou en association, tentent d’expliquer l’état de santé des individus composant une population.

Ces déterminants, variables selon les groupes de population, induisent des caractéristiques sanitaires spécifiques.

Nous prendrons pour cette comparaison les indicateurs suivants :

L’espérance de vie à la naissance (ou durée moyenne de vie) est la moyenne des âges au décès d’une génération (ensemble des personnes nées la même année) ou encore du nombre moyen d’années qu’un nouveau-né de cette génération a vécu.

Le taux de mortalité infantile est le rapport entre le nombre total de décès entre 0 et 364 jours révolus de vie et le nombre de naissances vivantes pour une période donnée.

L’organisation du système de soin : il se détermine par la quantité, la qualité, l’organisation, l’accès et la nature des soins sans oublier les rapports engagés entre la population et la distribution des soins de santé.

Le système de soins n’est qu’un des moyens destiné à maintenir et améliorer l’état de santé d’une population.

Pour notre comparaison, nous prendrons deux indicateurs essentiels dans un système de soin les dépenses de santé par habitant et la participation de l’Etat dans ces dépenses.[28]

Pays Espérance de vie de la totalité de la population Mortalité infantile par 1000 Dépenses de santé par habitant et par an en $ Participation de l’Etat dans les dépenses de la santé %
Australie 80 6 2213 72,4
Bénin 52,1 154,5 27 50
Brésil 68,7 43,5 631 40,8
Canada 79,3 5,5 2534 72
Chine 71,2 37 205 36,6
Egypte 66,5 45 138 46,1
France 79,3 4,5 2335 76
Inde 60,8 93,5 71 17,8
Japon 81,4 4,5 2009 76,7
Lesotho 40 151 100 82,3
Nigeria 51,6 155,5 20 20,8
Pakistan 61,3 110 76 22,9
Pologne 74 8,5 578 69,7
USA 77 8 4499 44,3

Tableau 2indicateurs de santé dans 14 pays. Données OMS 2001

Ce tableau montre bien que la situation sanitaire est totalement différente entre les 14 pays et dépend essentiellement du niveau de développement de celui-ci.

Ainsi, on vit plus longtemps dans les pays riches (jusqu’à 81 ans au Japon), et moins longtemps dans les pays peu développés (40 ans au Lesotho).

Espérance de vie dans les 14 pays, données OMS 2001

Figure 2 Espérance de vie dans les 14 pays, données OMS 2001[28]

Les taux de mortalité infantile peuvent atteindre 155 ‰ (Nigeria, Bénin), contre moins de 5 ‰ en France et au Japon.

Figure 3 Mortalité infantile par 1000, données OMS 2001[28]

Les faibles niveaux de vie, la malnutrition, les catastrophes naturelles, la rareté des aménagements en matière d’adduction d’eau ou de propreté publique sont autant de facteurs qui se conjuguent pour favoriser épidémies et maladies.

Le paludisme fait au moins un million de victimes chaque année et atteint 500 millions de personnes. La tuberculose provoque chaque année la mort de 2 millions de personnes, dont 95% des pays en développement.

Le sida frappe l’Afrique de plein fouet, il tue chaque année plus de 2 millions faisant plus de dix fois plus de victimes que les guerres et les conflits armés.

La baisse constante des ressources budgétaires et publiques allouées à la santé explique l’accès extrêmement inégalitaire aux soins et aux infrastructures médicales, l’absence de politique de prévention, la privatisation de la médecine et le coût élevé des médicaments.

Figure 4Dépenses de santé par habitant et par an en $, données OMS 2000 [28]

Les indicateurs de santé mettent en évidence de profonds déséquilibres en matière de couverture médicale, d’accès aux soins, entre pays riches et pays pauvres.[29]

En 2000, l’OMS a publié une estimation du niveau global de résultat du système de santé dans le monde en utilisant des indices allant de 0 à 100.

Figure 5 Niveau global du système de santé, indice OMS 1997 [30]

Cette carte montre une disparité des systèmes de santé dans les différentes régions du globe. Dans les pays en développement et surtout les plus pauvres (rouge sur la carte) de très nombreux patients, soufrant de maladies curables, n’ont pas les moyens financiers pour se soigner.

I-2 Un autre aspect de la disparité sanitaire : les facteurs de risque

Au delà de la différence de niveau de santé entre les différents pays, il y a une spécificité de la « culture de la maladie », ainsi, les facteurs de risque de mortalité ne sont pas les mêmes d’une région à une autre.

Pour mettre en évidence cette spécificité nous allons faire une comparaison entre 3 continents (Europe, Amérique et Afrique).[31]

Figure 6  Disparité des facteurs de risque dans 3 continents: Afrique, Europe et Amérique, données OMS 2001.

Ce graphique met en évidence l’existence de deux types de facteurs de risque, d’une part les facteurs spécifiques à l’Afrique : amaigrissement, déficits (fer, vit A, zinc) et les risques liés à la sexualité et d’autre part les facteurs spécifiques à l’Europe et à l’Amérique qui sont la pression artérielle, le cholestérol, le surpoids, le tabac et l’alcool.

On peut résumer la situation en définissant deux types de facteurs de risque : en Afrique le type « pas assez » : on ne mange pas assez (amaigrissement, déficits) et on ne respecte pas assez l’hygiène de vie (risques sexuels, eau et hygiène) et alors que celui de l’Europe est le type « trop » : on mange trop (surpoids, cholestérol, hypertension artérielle) on boit et on fume trop (alcool, tabac).

Cette disparité socio-sanitaire entraîne avec elle un déséquilibre du marché mondial du médicament.

Ainsi, la disponibilité d’un médicament pour traiter une maladie n’est pas liée au nombre de malades dans le monde mais est surtout liée, recherche de profit oblige, à l’existence d’un large marché solvable.

RUPPRECHT F [27].

Cette théorie de « no market, no product » (pas de marché, pas de produit), est en faveur des pays où la consommation des médicaments est élevée.

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