<\/span><\/h2>\nADN<\/strong> : Acide d\u00e9soxyribonucl\u00e9ique<\/p>\nAIBEF<\/strong> : Agence ivoirienne pour le Bien-\u00eatre familial<\/p>\nAIFUP<\/strong> : L\u2019Association ivoirienne pour la Formation universitaire et professionnelle<\/p>\nAMP <\/strong>: Assistance m\u00e9dicale \u00e0 la Procr\u00e9ation<\/p>\nCCNE<\/strong>: Comit\u00e9 consultatif national d\u2019\u00e9thique<\/p>\nCEMB <\/strong>: Centre d\u2019\u00c9thique m\u00e9dicale et Bio\u00e9thique<\/p>\nCIB<\/strong> : Comit\u00e9 international de Bio\u00e9thique<\/p>\nCIGB<\/strong> : Comit\u00e9 intergouvernemental de Bio\u00e9thique<\/p>\nCIOMS<\/strong> : Conseil des Organisations internationales des sciences m\u00e9dicales<\/p>\nCPCCA<\/strong> : Code de proc\u00e9dure civile commerciale et administrative<\/p>\nCRIE<\/strong> : Centre de Recherches interactives et d\u2019Expertise<\/p>\nCSA<\/strong> : Cellules Souches Adultes<\/p>\nCSE<\/strong> : Cellules Souches embryonnaires<\/p>\nD&C<\/strong> : Dilatation et Curetage<\/p>\nDress<\/strong> : Direction des \u00c9tudes et Statistiques du minist\u00e8re de la Sant\u00e9<\/p>\nDPN<\/strong> : Diagnostic pr\u00e9natal<\/p>\nDPI<\/strong> : Diagnostic pr\u00e9implantatoire<\/p>\nFIV<\/strong> : F\u00e9condation in<\/em> vitro<\/em><\/em><\/p>\nFIV-D<\/strong> : F\u00e9condation in<\/em> vitro <\/em>avec Donneur<\/p>\nFIVETE <\/strong>: F\u00e9condation in vitro <\/em>et transfert d\u2019embryon<\/p>\nIAC <\/strong>: Ins\u00e9mination artificielle avec sperme du conjoint<\/p>\nIAD<\/strong> : Ins\u00e9mination artificielle avec sperme du donneur<\/p>\nICSI<\/strong> : Micro injection Intra-cytoplasmique des spermatozo\u00efdes dans les ovocytes<\/p>\nIMSI<\/strong> : Intra Cytoplasmic Morphologically Selected Sperm Injection<\/p>\nIPPF<\/strong> : International Planned Parenthood Federation,<\/p>\nIVG<\/strong> : Interruption volontaire de Grossesse<\/p>\nJORCI<\/strong> : Journal officiel de la R\u00e9publique de C\u00f4te d\u2019Ivoire<\/p>\nJORF<\/strong> : Journal officiel de la R\u00e9publique de France<\/p>\nOMS <\/strong>: Organisation mondiale de la Sant\u00e9<\/p>\nPMA <\/strong>: Procr\u00e9ation m\u00e9dicalement assist\u00e9e<\/p>\nRRJ<\/strong> : Revue de la recherche juridique<\/p>\nUNESCO<\/strong> : Organisation des Nations Unies pour l\u2019\u00e9ducation, la science et la culture<\/p>\n<\/span>Est-ce qu’un f\u0153tus est une personne juridique ?<\/strong><\/em><\/span><\/h4>\n<\/span>Sommaire<\/span><\/h4>\nINTRODUCTION1
\nPREMI\u00c8RE PARTIE : UNE NATURE JURIDIQUE IND\u00c9CELABLE DE L\u2019EMBRYON HUMAIN EN DROIT IVOIRIEN10
\nCHAPITRE I : UNE QUALIFICATION CIRCONSTANCI\u00c9E11
\nSection I : L\u2019influence des droits patrimoniaux sur la qualification de l\u2019embryon humain12
\nSection II : La pr\u00e9sentation des diff\u00e9rentes cat\u00e9gories de la summa divisio23
\nCHAPITRE II : L\u2019ATTRIBUTION D\u2019UNE QUALIFICATION MITIG\u00c9E A L\u2019EMBRYON HUMAIN PAR LA SCIENCE38
\nSection I : L\u2019appr\u00e9ciation de la nature juridique de \u00ab personne humaine potentielle \u00bb de l\u2019embryon humain39
\nSection II : Le r\u00e9sultat du manque de consensus : l\u2019instrumentalisation de l\u2019embryon humain52
\nDEUXI\u00c8ME PARTIE : LA PROTECTION DE L\u2019EMBRYON HUMAIN EN DROIT IVOIRIEN : ENTRE R\u00c9ALIT\u00c9 ET UTOPIE67
\nCHAPITRE I : UNE PROTECTION R\u00c9ELLE AU REGARD DES MESURES CONCR\u00c8TES PRISES68
\nSection I : La r\u00e9pression p\u00e9nale des atteintes port\u00e9es \u00e0 l\u2019embryon humain69
\nSection II : Des recommandations \u00e9quivoques de la bio\u00e9thique pour la survie de l\u2019embryon humain78
\nCHAPITRE II : UNE PROTECTION UTOPIQUE EN RAISON DU MANQUE DE R\u00c9SULTATS PROBANTS
\nSection I : Le manque de suivi de l\u2019effectivit\u00e9 des normes \u00e9dict\u00e9es en droit p\u00e9nal93
\nSection II : La pr\u00e9sence de failles dans les recommandations de la bio\u00e9thique103
\nCONCLUSION111<\/p>\n
<\/span>Introduction<\/span><\/h3>\n\u00ab\u2009Rien ne vaut, parce qu\u2019il est d\u2019un prix infini, un \u00eatre d\u2019esprit<\/em>\u2009\u00bb1<\/sup>. Cette citation attire l\u2019attention sur le caract\u00e8re sacr\u00e9 de la vie, en particulier celle de l\u2019humain. En effet, ce dernier est dou\u00e9 de certaines capacit\u00e9s qui permettent de le diff\u00e9rencier des esp\u00e8ces animales et v\u00e9g\u00e9tales qui sont sous sa domination.<\/p>\nOn en d\u00e9duit, qu\u2019il n\u2019y a pas de comparaison possible entre tous les bienfaits que peuvent procurer des d\u00e9couvertes scientifiques quelconques et la vie d\u2019un \u00eatre dot\u00e9 d\u2019aptitudes particuli\u00e8res. Aucun avantage, quelle qu\u2019en soit son utilit\u00e9 ne devrait surpasser l\u2019\u00eatre d\u2019esprit en n\u00e9cessitant le sacrifice de ce dernier. Cette citation marque de ce fait le grand int\u00e9r\u00eat port\u00e9 \u00e0 la vie, et ce, d\u00e8s son commencement. Ce qui sous-entend que l\u2019embryon humain y tienne une place de choix.<\/p>\n
Cependant, lorsqu\u2019il s\u2019est agi d\u2019adopter une attitude vis-\u00e0-vis de l\u2019embryon humain, on a constat\u00e9 un manque d\u2019unanimit\u00e9 \u00e9manant de plusieurs sciences, en particulier du droit civil. Ce sont ces circonstances qui ont conduit \u00e0 s\u2019interroger sur la nature juridique de l\u2019embryon humain en droit ivoirien. En effet, le droit civil est \u00e9tabli sur la base de fondements que constitue la summa<\/em> divisio<\/em>. Il s\u2019agit d\u2019une classification bipartite fond\u00e9e sur l\u2019observation de la nature et qui a donn\u00e9 lieu \u00e0 la classe des personnes et \u00e0 celle des choses. Ces deux cat\u00e9gories sont \u00e0 l\u2019oppos\u00e9 l\u2019une de l\u2019autre dans la mesure o\u00f9 les choses apparaissent comme des objets destin\u00e9s \u00e0 assouvir les d\u00e9sirs de l\u2019homme.<\/p>\nDu grec embruon<\/em>, de en<\/em> (dans) et de bruein<\/em> (croitre), qui croit \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur, qui se d\u00e9veloppe au-dedans2<\/sup> , l\u2019embryon humain d\u00e9signe \u00ab\u2009le<\/em> produit<\/em> de<\/em> la<\/em> conception<\/em> humaine<\/em> pendant<\/em> les<\/em> trois<\/em> premiers mois de la vie ut\u00e9rine, c\u2019est \u00e0 partir du quatri\u00e8me mois que l\u2019embryon devient f\u0153tus<\/em> en raison de l\u2019apparition <\/em>des caract\u00e8res sp\u00e9cifiques de l\u2019esp\u00e8ce humaine <\/em>\u00bb 3<\/sup>. Faire allusion au statut juridique de l\u2019embryon humain revient \u00e0 chercher \u00e0 l\u2019ins\u00e9rer dans l\u2019une des cat\u00e9gories juridiques pr\u00e9existantes du droit afin de parvenir \u00e0 trouver son r\u00e9gime juridique. Cette t\u00e2che qui semble ais\u00e9e \u00e0 premi\u00e8re vue s\u2019av\u00e8re en r\u00e9alit\u00e9 tr\u00e8s d\u00e9licate au point de cr\u00e9er des dissensions entre doctrinaires4<\/sup>. Ce qui semble plonger certains \u00c9tats dans l\u2019impasse, y compris la C\u00f4te d\u2019Ivoire.<\/p>\n1<\/sup> BRUAIRE Claude, \u00ab R\u00e9flexions d\u2019un philosophe \u00bb, dans Des<\/em> motifs<\/em> d\u2019esp\u00e9rer<\/em> ?<\/em> La<\/em> procr\u00e9ation<\/em> artificielle,<\/em> coll. dirig\u00e9 par E. Hirsch, Paris, Cerf, 1986, p. 76, cit\u00e9 par R. ANDORNO, La<\/em> distinction<\/em> juridique<\/em> entre<\/em> les<\/em> personnes<\/em> et<\/em> les<\/em> choses<\/em> \u00e0 l\u2019\u00e9preuve<\/em> des<\/em> procr\u00e9ations<\/em> artificielles<\/em>, Th\u00e8se, Universit\u00e9 Paris XII, L.G.D.J., 1996, p. 110.<\/p>\n2<\/sup> G\u00e9rard Cornu, op.<\/em> cit<\/em>., <\/em>p. 344.<\/p>\n3<\/sup> Thierry Debard, lexique des termes juridiques<\/em>, sous la dir. de Serge Guinchard, \u00e9d. Dalloz, 2012, p. 356. 4<\/sup> On peut citer de mani\u00e8re non exhaustive, Andorno, Aude-Bertrand Mirkovic, M\u00e9meteau G\u00e9rard, Claire Neirinck, M. Labb\u00e9e, Singer.<\/p><\/blockquote>\nL\u2019embryon humain appartient \u00e0 la cat\u00e9gorie des hommes en tant qu\u2019un \u00eatre humain. Si l\u2019Homme est commun\u00e9ment appel\u00e9 \u00ab\u2009personne<\/em>\u2009\u00bb dans le langage courant, c\u2019est-\u00e0-dire \u00ab\u2009un<\/em> individu de l\u2019esp\u00e8ce humaine sans distinction de sexe<\/em>\u2009\u00bb, il n\u2019en va pas de m\u00eame en droit. La notion de \u00ab\u2009personne<\/em>\u2009\u00bb va de pair avec la personnalit\u00e9 juridique. Celle-ci se d\u00e9finit comme \u00e9tant, l\u2019aptitude \u00e0 \u00eatre titulaire de droits et assujetti \u00e0 des obligations qui appartient, \u00e0 toutes les personnes physiques et dans des conditions diff\u00e9rentes aux personnes morales5<\/sup>.<\/p>\nEn droit, la personne semble ne pas pouvoir \u00eatre d\u00e9finie car elle est difficile \u00e0 cerner et demeure en constante \u00e9volution. Il est possible de se faire une id\u00e9e de cette notion lorsqu\u2019elle est appr\u00e9hend\u00e9e comme d\u00e9signant un \u00ab\u2009\u00eat<\/em>re qui jouit de la personnalit\u00e9 juridique<\/em>\u2009\u00bb 6<\/sup>. La personne morale faisant office de groupement dot\u00e9, sous certaines conditions, d\u2019une personnalit\u00e9 juridique plus ou moins compl\u00e8te.<\/p>\nPlus pr\u00e9cis\u00e9ment, elle d\u00e9signe un sujet de droit fictif7<\/sup> qui, sous l\u2019aptitude commune \u00e0 \u00eatre sujet de droit et d\u2019obligation, est soumis \u00e0 un r\u00e9gime variable, notamment selon qu\u2019il s\u2019agit d\u2019une personne morale de droit priv\u00e9 (association, soci\u00e9t\u00e9, groupement d\u2019int\u00e9r\u00eat \u00e9conomique, syndicat) ou d\u2019une personne morale de droit public (\u00e9tat, d\u00e9partement, commune)8<\/sup>. Il est \u00e0 souligner que la personne physique est au c\u0153ur du droit, raison pour laquelle celui-ci r\u00e9git les diff\u00e9rentes \u00e9tapes de son existence.<\/p>\nToutefois des divergences subsistent en ce qui concerne le commencement de la vie, en particulier l\u2019animation de l\u2019\u00eatre. Selon les biologistes, la vie prend forme \u00e0 la conception. Celle- ci consiste en la fusion d\u2019un spermatozo\u00efde et d\u2019un ovule donnant lieu \u00e0 l\u2019apparition de cellules qui au fur et \u00e0 mesure de leur d\u00e9veloppement changent d\u2019appellation. Ainsi passe-t-on du zygote9<\/sup> \u00e0 la morula qui un tr\u00e8s jeune embryon dont le nombre de cellules est de huit \u00e0 trente- deux, puis au blastocyste qui constitue une cellule d\u2019un embryon form\u00e9 par les premi\u00e8res divisions d\u2019une cellule-\u0153uf, pour parvenir \u00e0 l\u2019embryon et par la suite au f\u0153tus. Cet avis des biologistes est remis en cause par des doctrinaires et des religieux.<\/p>\nIl s\u2019av\u00e8re que, le droit ne prend en principe en compte que la naissance pour attribuer la personnalit\u00e9 juridique. Exceptionnellement, l\u2019enfant con\u00e7u peut en b\u00e9n\u00e9ficier bien avant sa naissance en application de l\u2019adage \u00ab infans<\/em> conceptus<\/em> \u00bb. Le droit ne s\u2019int\u00e9resse \u00e0 l\u2019embryon que lorsque celui-ci \u00e0 un int\u00e9r\u00eat, notamment en mati\u00e8re de succession, donation ou legs ou encore en cas de litige sur sa filiation10<\/sup>. Il en est de m\u00eame lorsqu\u2019il s\u2019agit de d\u00e9terminer la p\u00e9riode dite p\u00e9riode l\u00e9gale de conception qui s\u2019\u00e9tend de la p\u00e9riode allant du 180e<\/sup> jour au 300e<\/sup> jour avant la naissance.<\/p>\n5<\/sup> G\u00e9rard Cornu, Vocabulaire<\/em> juridique,<\/em> \u00e9d. PUF, 2004, p. 666.<\/p>\n6<\/sup> Ibid.<\/em> p. 667.<\/p>\n7<\/sup> Il est question de la th\u00e9orie de la fiction et non de celle de la r\u00e9alit\u00e9.<\/p>\n8<\/sup>. G\u00e9rard Cornu, Ibid.<\/em> p. 667.<\/p>\n9<\/sup> Le zygote, cellule unique se divise en plusieurs autres cellules. Une premi\u00e8re division \u00e0 30 heures est appel\u00e9e blastom\u00e8re. Une deuxi\u00e8me division apr\u00e8s 20 heures est appel\u00e9e segmentation. Arriv\u00e9 \u00e0 12-16 blastom\u00e8res (en 60 heures), nous avons la p\u00e9riode dite morula. Jusqu’\u00e0 32-64 blastom\u00e8res nous avons une distinction entre trophoblaste ext\u00e9rieur et n\u0153ud embrional (blastocyste). F. ALESSANDRO, \u00ab identit\u00e9 et statut de l\u2019embryon humain \u00bb,<\/em> Revue de bio\u00e9thique<\/em> et d\u00e9but<\/em> de<\/em> la<\/em> vie- r\u00e9gulation<\/em> des<\/em> naissances<\/em> et<\/em> diagnostic pr\u00e9natal<\/em>, p. 2.<\/p><\/blockquote>\nL\u2019embryon humain est-il un sujet de droit en droit ivoirien ? Si oui, il devrait b\u00e9n\u00e9ficier de tous les avantages li\u00e9s \u00e0 sa nature. La diff\u00e9rence de traitement dont il fait l\u2019objet laisse perplexe. Le fait qu\u2019il se d\u00e9veloppe dans le sein de sa m\u00e8re semble \u00eatre une raison suffisante pour lui d\u00e9nier certains droits, dont celui relatif \u00e0 la vie. En quoi r\u00e9side donc l\u2019int\u00e9r\u00eat des droits subjectifs qu\u2019il peut acqu\u00e9rir avant la naissance\u2009? Puisqu\u2019il ne pourra en jouir qu\u2019\u00e0 certaines conditions.<\/p>\n
L\u2019int\u00e9r\u00eat th\u00e9orique de ce sujet r\u00e9side dans le fait que la question du statut juridique de l\u2019embryon humain demeure d\u2019actualit\u00e9. Cette question se r\u00e9v\u00e8le tellement \u00e9pineuse qu\u2019on en vient \u00e0 vouloir bouleverser les fondements du droit civil par la cr\u00e9ation de nouvelles cat\u00e9gories de personne. Il existe une floraison d\u2019opinions sur le statut juridique de l\u2019embryon humain. Ces diff\u00e9rentes appr\u00e9hensions de cet \u00eatre suscitent une grande curiosit\u00e9.<\/p>\n
Quant \u00e0 l\u2019int\u00e9r\u00eat pratique, il ressort de l\u2019\u00e9laboration par la C\u00f4te d\u2019Ivoire d\u2019un avant-projet de loi sur la sant\u00e9 sexuelle et reproductive. Il y est fait mention de diverses r\u00e8glementations, dont celles relatives aux nouvelles techniques de procr\u00e9ation m\u00e9dicalement assist\u00e9e. Celles-ci ont pour centre d\u2019attention l\u2019embryon humain. Le l\u00e9gislateur ivoirien a tenu \u00e0 se prononcer sur le devenir de cet \u00eatre tout en essayant d\u2019\u00eatre en phase avec ses r\u00e9alit\u00e9s.<\/p>\n
Il est primordial de s\u2019appesantir sur ces nouvelles r\u00e9solutions afin d\u2019en pr\u00e9senter les failles et faire des propositions en vue d\u2019encourager le l\u00e9gislateur \u00e0 reconsid\u00e9rer dans la mesure du possible certains aspects de la loi \u00e0 venir.<\/p>\n
Quelles sont les raisons pour lesquelles en droit ivoirien, bien qu\u2019on ait donn\u00e9 l\u2019impression d\u2019avoir pris parti dans ce d\u00e9bat \u00e0 travers certaines lois, notamment en droit p\u00e9nal, la position adopt\u00e9e n\u2019en est pas moins clairement d\u00e9finie\u2009? En outre, la question de l\u2019embryon in vitro<\/em> relance davantage le d\u00e9bat. Autant de raisons qui \u00e9veillent la curiosit\u00e9 et incitent \u00e0 prendre part au d\u00e9bat pour comprendre les motivations des diff\u00e9rentes parties et y apporter des \u00e9claircissements.<\/p>\nIl est \u00e9vident que m\u00eame si durant les premi\u00e8res semaines de sa vie, l\u2019embryon est un \u00eatre vuln\u00e9rable, il n\u2019en demeure pas moins qu\u2019il est porteur d\u2019une vie naissante en raison de son d\u00e9veloppement intrins\u00e8que en tant qu\u2019individu. Comment se fait-il qu\u2019un processus qui a pour aboutissement la naissance d\u2019un enfant soit pris en consid\u00e9ration qu\u2019\u00e0 son terme pour l\u2019attribution de la personnalit\u00e9 juridique ? \u00c0 quoi bon chercher \u00e0 prot\u00e9ger l\u2019embryon si l\u2019on n\u2019est pas \u00e0 mesure de l\u2019ins\u00e9rer dans l\u2019une des cat\u00e9gories de la summa<\/em> divisio<\/em>\u2009? Le fait de lui accorder la personnalit\u00e9 juridique devrait sembler \u00e9vident.<\/p>\n10<\/sup> \u00c0 cet effet, voir le d\u00e9cret n\u00b0 64-478 du 8 d\u00e9cembre 1964, fixant la date de prise d’effet des lois concernant le nom, l’\u00e9tat civil, le mariage, le divorce et la s\u00e9paration de corps, la paternit\u00e9 et la filiation, l’adoption, les successions, les donations entre vifs et les testaments. Il s\u2019agit de la loi n0<\/sup> 64-381 du 7 octobre 1964.<\/p><\/blockquote>\nPourquoi le droit en g\u00e9n\u00e9ral et le l\u00e9gislateur en particulier sont-ils r\u00e9ticents \u00e0 lui reconnaitre cette personnalit\u00e9\u2009? Les int\u00e9r\u00eats en pr\u00e9sence, pr\u00e9cis\u00e9ment \u00e9conomiques sont-ils sur\u00e9valu\u00e9s au d\u00e9triment de la vie de l\u2019embryon humain ?<\/p>\n
On s\u2019aper\u00e7oit que l\u2019embryon humain ne b\u00e9n\u00e9ficie pas \u00e0 proprement parler d\u2019un statut car on fait r\u00e9f\u00e9rence \u00e0 lui de mani\u00e8re ponctuelle sans le qualifier. C\u2019est ce qui justifie le fait qu\u2019il soit au centre des d\u00e9bats et fasse figure de personne pour certains et de chose pour d\u2019autres. \u00c0 c\u00f4t\u00e9 de l\u2019embryon con\u00e7u in utero <\/em>c\u2019est-\u00e0-dire dans l\u2019organe de gestation de la femme qu\u2019est l\u2019ut\u00e9rus, figure l\u2019embryon in vitro<\/em>, con\u00e7u en dehors d\u2019un organisme vivant pr\u00e9cis\u00e9ment en laboratoire. Ce dernier est au nom du progr\u00e8s scientifique, sujet \u00e0 de nombreuses manipulations qui ne font que remettre davantage en cause les principes s\u2019attachant \u00e0 la qualit\u00e9 d\u2019humain.<\/p>\nCet \u00e9tat de fait a n\u00e9cessit\u00e9 l\u2019intervention de la bio\u00e9thique11<\/sup> qui est cette science qui vise donc \u00e0 relever l\u2019int\u00e9r\u00eat moral dans le domaine de la recherche m\u00e9dicale puisque touchant \u00e0 la vie. Son r\u00f4le consiste \u00e0 faire des recommandations en vue d\u2019une prise de conscience pour la valorisation de la vie humaine. Celle-ci passe par l\u2019octroi d\u2019un grand respect \u00e0 l\u2019\u00eatre humain. Par cons\u00e9quent, aux \u00eatres les plus fragiles dont la protection s\u2019av\u00e8re plus que n\u00e9cessaire, \u00e0 savoir l\u2019embryon humain.<\/p>\nOn comprend donc ais\u00e9ment le fait que les lois de bio\u00e9thique, assorties de sanctions p\u00e9nales, s\u2019inscrivent dans le cadre du respect du corps humain, l\u2019\u00e9tude g\u00e9n\u00e9tique de la personne, le don et l\u2019utilisation des \u00e9l\u00e9ments et produits du corps humain, l\u2019assistance m\u00e9dicale \u00e0 la procr\u00e9ation, la recherche biom\u00e9dicale sur une personne aux fins th\u00e9rapeutiques ou scientifiques, les diagnostics pr\u00e9natal et pr\u00e9implantatoire12<\/sup>.<\/p>\nLa C\u00f4te d\u2019Ivoire n\u2019a pas voulu rester en marge de tous ces changements, surtout que les avanc\u00e9es de la science ne laissent personne indiff\u00e9rente et touchent tous les \u00c9tats d\u00e9sireux de faire des prouesses dans le domaine de la m\u00e9decine et plus pr\u00e9cis\u00e9ment au niveau du d\u00e9veloppement de nouvelles techniques de procr\u00e9ation. Pour ce faire, elle a tenu \u00e0 prendre part \u00e0 l\u2019\u00e9laboration des avis et recommandations du Comit\u00e9 international de Bio\u00e9thique de l\u2019UNESCO13<\/sup> (CIB) dont elle est membre. \u00c0 cet effet, une commission nationale de l\u2019organisation charg\u00e9e de la bio\u00e9thique a vu le jour dans le pays et tient une chaire au sein de l\u2019Universit\u00e9 Alassane OUATTARA, ex-universit\u00e9 de Bouak\u00e9.<\/p>\n11<\/sup> \u00c9tymologiquement le terme bio\u00e9thique est compos\u00e9 de bio et \u00e9thique. Du grec, bios<\/em> qui signifie vie et d\u2019ethikos,<\/em> ethos <\/em>qui signifie moral, et qui attrait aux m\u0153urs. La bio\u00e9thique est une analyse des questions \u00e9thiques soulev\u00e9es par les sciences de la vie, les technologies et leurs applications, la m\u00e9decine et les politiques de sant\u00e9. C\u2019est une r\u00e9flexion qui prend en compte tous les champs affect\u00e9s par les avanc\u00e9es scientifiques touchant les \u00eatres humains dans leurs dimensions sociales, juridiques et environnementales.<\/p>\n