2.2- Généralités sur le lombricompostage

2.2.1- Définition

Selon Sierra et al. (2011), le lombricompostage est une méthode écologique de valorisation des déchets biodégradables par leur transformation en amendement organique (« lombricompost3 ») et en engrais liquide (« lombrithé4 »), effectuée par des vers de compost.

Contrairement au compostage, qui doit se pratiquer en plein air, le lombricompostage peut être réalisé à l’intérieur, en appartement (Sierra et al., 2011).

2.2.2- Fonctionnement du lombricompostage

Le lombricompostage est la copie à petite échelle de la décomposition des matières organiques dans les forêts par les microfaunes du sol, exercée par l’intermédiaire de l’homme afin d’obtenir de l’engrais organique appelé « lombricompost » utilisé pour les cultures (Razafimaharov, 2011).

2.2.2.1- Choix des vers de compost

Les vers de terre représentent jusqu’à 70 % de la biomasse du sol (Byambas et al., 2017).

Les travaux de Bouché (1971) et de Lavelle (1981) cités par Vauthier (2012), ont permis de regrouper les différentes espèces de vers en trois catégories principales : les espèces épigées, anéciques et endogées.

⇒ Les épigés

Sont des espèces qui vivent dans les premiers centimètres du sol, au niveau de la litière et dans les matières organiques en décomposition.

Ils sont généralement de petite taille (inférieure à 10 cm), pigmentés (couleur foncée rouge à brun) pour se protéger des rayons du soleil.

Ils ont une durée de vie relativement courte mais ont un taux de reproduction élevé et les jeunes deviennent adultes en peu de temps (de 1 à 2 mois).

Certaines espèces épigées comme Eisenia foetida (en zone tempérée) ou Eudrilus Eugenia (en zone tropicale) sont parfois utilisées pour produire du lombricompost.

⇒ Les anéciques

Creusent des galeries verticales, d’environ 1m de profondeur qui sont connectées à la surface du sol. Seule leur tête est pigmentée (rouge à noir).

Ils prélèvent la matière organique à la surface du sol, l’enfouissent dans leur galerie, la laisse se décomposer sous l’action des microorganismes avant de l’ingérer avec du sol.

Ils rejettent leurs déjections soit à la surface du sol, à l’ouverture de leur galerie, soit dans leur galerie où elles tapissent leur paroi.

⇒ Les endogés

Vivent en permanence dans le sol.

Ils se déplacent dans le sol en creusant des galeries et en ingérant la terre dont ils assimilent une partie de la matière organique qu’elle contient.

Ils sont généralement dépigmentés n’ayant pas à se protéger des rayons lumineux, sont majoritairement de couleur rose pâle et créent une structure grumeleuse qui joue un rôle sur la rétention et l’infiltration de l’eau dans le sol (Pérès et al., 2011).

La figure 6 présente les trois grandes catégories écologiques des vers de terre.

Positionnement dans le profil du sol, de trois catégories écologiques de vers de terre

Figure 6 : Positionnement dans le profil du sol, de trois catégories écologiques de vers de terre

Source : www.supagro.fr/ress-pepites/OrganismesduSol/co/c_VDTcategorieecologiques%20

La technique du lombricompostage nécessite l’utilisation des vers de surface encore appelés les vers épigés.

Les vers épigés présentent un intérêt pour la valorisation des déchets organiques car ils agissent en surface et se nourrissent directement de matière organique et de végétaux en décomposition.

Ils sont présents dans la majorité des écosystèmes terrestres, principalement en régions tempérées et tropicales.

Généralement, plusieurs espèces de vers épigés sont utilisées conjointement, il s’agit de Eisenia foetida (Eisenia andrei), Eisenia hortensis, Lumbricus rubellus, Eudrilus Eugenia et Perionyx excavatus (Amic et Dalmasso, 2013; Byambas et al., 2017).

La figure 7 présente quelques espèces épigées appropriées.

Quelques exemples d’espèces épigées appropriées

Figure 7 : Quelques exemples d’espèces épigées appropriées

Source : Google (2018)

L’espèce Eudrilus Eugenia a été rencontrée en Afrique plus particulièrement au Ghana, au Nigéria, au Gabon et au Cameroun (Oboh et al., 2007; James et Divina, 2012).

C’est un vers qui sort généralement la nuit d’où le nom de ver nocturne africain (Brown et al., 2013).

La lombriculture d’Eudrilus Eugenia a été réalisée dans ces pays, excepté au Gabon (James et Divina, 2012).

Eudrilus Eugenia joue un rôle économique relativement important en aviculture (Francis et al., 2003) et dans la pêche sportive (Morin, 1999).

Il est souvent utilisé dans le processus de lombricompostage dans les pays tropicaux et subtropicaux.

Il présente un intérêt pour la valorisation des déchets organiques dans ces zones (Vijaya et al., 2012) et se caractérise par un corps cylindrique allongé constitué d’anneaux successifs (Pérès et al., 2011). Une population peut doubler en 60 jours (Chaoui, 2010).

Contrairement aux gros vers de terre participant à l’aération du sol via le creusement de galeries, les vers à compost se situent dans la couche supérieure du sol, riche en matière organique, au niveau des amas de feuilles mortes, de compost ou de fumier.

La figure 8 présente une espèce de vers épigés nécessaires pour le lombricompostage.

spèce de vers épigés nécessaires pour le lombricompostage

Figure 8 : Espèce de vers épigés nécessaires pour le lombricompostage

Source : Sierra et al. (2011)

Le lombricompostage est une technique utilisant un processus naturel et écologique, consistant à placer dans un récipient (le lombricomposteur), des vers de terre qui se nourrissent des déchets organiques que nous leur apportons régulièrement lors de la cuisson des repas.

Ces vers de terre peuvent consommer 75 % de leurs poids corporel par jour, soit 0,15 g de matière organique en décomposition pour un individu de 0,2 g. Ils ont besoin d’oxygène et d’eau, qu’ils échangent par la peau (Chaoui, 2010).

Une quantité de 1,5 kg de vers de terre consomme environ l’équivalent de 30 jours de déchets d’un ménage de 2 personnes (3ℓ/jour) sur une période d’un mois (Chaoui, 2010). Après une phase de digestion, ils rejetteront une matière dépourvue d’odeur, de la consistance d ‘un terreau appelée lombricompost (Chaoui, 2010).

2.2.2.2-Préférences alimentaires

Idéalement, les aliments qu’ingèrent les vers de terre devraient avoir un ratio carbone-azote (C/N) de 25/1 et un pH se situant entre 6,5 et 8 (proche du pH neutre).

L’alimentation idéale des vers de terre se compose de matières :

  • poreuses, qui laissent passer l’oxygène;
  • chaudes (25 °C) : les vers peuvent survivre à des températures comprises entre 15 et 25 °C, ils ne sont pas actifs à des températures fraiches et ils meurent lorsque le point de congélation est atteint;
  • humides, mais non trempées : un taux d’humidité de 75 % est idéal (les vers de terre fuient les matières détrempées);
  • pas trop denses : densité inférieure à 640 kg/m3;
  • non salées : taux de salinité inférieur à 0,5 % (un taux plus élevé est trop toxique);
  • exemptes de toxines comme des médicaments vermifuges, des détergents, des pesticides et des tanins.

Pour que le lombricomposteur fonctionne bien et que le compost soit bien équilibré, il faut diversifier les apports en mélangeant les déchets de cuisine (humides et riches en azote) avec les matières sèches (riches en carbone) chaque fois que l’on nourrit les vers de terre.

De la matière carbonée doit être ajoutée à chaque nouvel apport de biodéchets dans les proportions suivantes : environ un tiers de matière carbonée pour deux tiers de matière azotée (Amorce, 2018).

Le tableau 2 présente les meilleurs aliments à mettre dans un lombricomposteur.

Tableau 2 : Déchets à mettre dans le lombricomposteur

Déchets de cuisine autorisésMatière sèche en petits morceaux
-épluchures de fruit (banane)

-épluchures et restes de légumes (salade),

-marc de café avec filtre papier,

-petits restes de pain, pâtes et riz cuits (sans sauce)

-sachets de thé,

-miettes de pain,

-coquilles d’œufs broyés.

-boite d’œufs en carton,

-rouleaux de papier toilette,

-essuie-tout,

-papier journal noir et blanc.

Source : (Amorce, 2018).

L’ajout régulier de matière carbonée est indispensable pour contrôler l’humidité, aérer le tas et apporter les fibres indispensables aux vers (Amorce, 2018).

Les vers n’ont pas de dents ! Plus les déchets seront coupés en petits morceaux, plus la décomposition sera rapide.

Eviter d’ajouter les restes de repas avec sauce ou graisse, viande, poisson, produits laitiers, ail, oignon, tontes de gazon et agrumes (orange, citron jaune, citron vert, mandarine, pamplemousse).

En plus du fait de ralentir le processus de décomposition, ces produits peuvent être mauvais pour les vers épigés, en changeant radicalement leur température ou en présentant de hautes teneurs de substances acides (Amorce, 2018).

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3 Lombricompost : produit obtenu par la fermentation de déchets organiques en présence d’oxygène. C’est un amendement organique permettant d’améliorer la fertilité du sol.

4 Lombrithé : également appelé jus de vers, thé de vers, infusion de vers ou de compost. Ce liquide est particulièrement riche en nutriments et est utilisé comme engrais après dilution.

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