Lombricompostage des déchets à la ville de Yaoundé

République du cameroun

Paix – Travail – Patrie

Département du Génie Rural Mémoire de fin d’études

En vue de l’obtention du diplôme de Master d’Ingénieur

Spécialisé en Eau, Assainissement et Déchets Première promotion

Mise au point d’un kit autonome de lombricompostage des déchets domestiques fermentescibles pour la valorisation des ordures ménagères dans l’arrondissement de Yaoundé 2 : cas de Mbankolo

Présentée et soutenue publiquement le 06 Août 2019 par:

KENYO TIWA Mado Sandrine

Devant le jury composé de :

Examinateur : Dr. Martel Jacques

Président: Dr. Fantong Wilson

Rapporteur : Dr. Talla André

Année académique

2018-2019

Dédicace et Remerciement

Résumé

Dans la plupart des villes du Cameroun en général et des quartiers de Yaoundé en particulier, la situation est marquée par une mauvaise gestion des déchets ménagers avec un taux de couverture d’assainissement très faible et une dégradation des terres cultivables, induisant une insécurité alimentaire.

Ce phénomène est caractérisé par la présence des dépôts sauvages d’ordures proches des concessions (maisons d’habitations), le long de la route, en bordure des cours d’eau et la création des décharges illégales par les riverains.

La présente étude a pour objectif général de contribuer à l’amélioration des conditions de vie de la population camerounaise, par proposition d’un prototype autonome rentable de lombricompostage.

Sur la base des résultats antérieurs de la quantité moyenne de déchets produits dans la ville de Yaoundé selon la littérature, pour un ménage de cinq (5) personnes, 1003,1 kg/an de déchets domestiques fermentescibles nous ont permis d’estimer le potentiel d’engrais biologique productible à 91,47 kg/an.

La méthode de conception utilisée pour le prototype est l’analyse de la valeur qui repose sur quatre caractéristiques fondamentales; à savoir l’analyse fonctionnelle, le plan de travail, le groupe de travail et l’analyse économique globale.

Cette analyse de la valeur a permis de concevoir un lombricomposteur parfaitement adapté aux besoins de son utilisateur et ce, au coût le plus faible. Ce dispositif est en acier galvanisé.

Il est dimensionné pour une durée de vie de 15 ans, à partir de 56 kg de déchets fermentescibles stockés pendant 30 jours pour une durée de maturation de 90 jours.

Ce kit novateur permettrait à chaque ménage d’obtenir un engrais biologique de bonne qualité et gratuit, afin d’augmenter la productivité agricole. Une étude de rentabilité a été faite en fixant le kilogramme du compost à hauteur de 400 F CFA, un investissement initial de 88 400 F CFA et un taux d’actualisation de 10 %.

Le Cash-Flow actualisé cumulé de 167 413 F CFA nous a permis d’obtenir une Valeur Actuelle Nette positive de 79 013 F CFA, un indice de profitabilité de 1, 89 supérieur à 1, un Taux de rendement interne de 29, 083 % et un temps de retour sur investissement d’environ 3 ans 8 mois.

Mots-clés : assainissement, déchets ménagers, agents pathogènes, lombricompostage, compost, tri sélectif, analyse de la valeur, lombricomposteur, étude de rentabilité.

Abstract

In most cities in Cameroon in general, and in Yaoundé neighborhoods in particular, situation is marked by poor household waste management with a very low sanitation coverage rate and a deterioration of arable land, leading to food insecurity.

This phenomenon is characterized by the presence of garbage dumps near concessions (houses), along the road, along watercourses and the creation of illegal landfills by residents.

The general objective of this study is to contribute to improving the living conditions of the Cameroonian population by proposing a cost-effective autonomous prototype of vermicomposting.

Based on the previous results of the average amount of waste produced in the city of Yaoundé according to the literature, for a household of five (5) people, 1003.1 kg / year of fermentable domestic waste allowed us to estimate the potential of organic fertilizer producible at 91.47 kg / year.

The design method used for the prototype is the value analysis, which is based on four fundamental characteristics; namely functional analysis, work plan, working group and overall economic analysis.

This value analysis made it possible to design a vermicomposter perfectly adapted to the needs of its user and this, at the lowest cost.

This device is made of galvanized steel. It is sized for a life of 15 years, from 56 kg of fermentable waste stored for 30 days for a maturation period of 90 days. This innovative kit would allow each household to obtain good quality, free organic fertilizer to increase agricultural productivity.

A profitability study was made by fixing the kilogram of compost at 400 F CFA, an initial investment of 88 400 F CFA and a discount rate of 10 %.

The cumulative discounted cash flow of 167 413 F CFA enabled us to obtain a positive Net Present Value of 79 013 F CFA, a profitability index of 1. 89 greater than 1, an internal rate of return of 29.083 % and a payback time of about 3 years 8 months.

Keywords: sanitation, household waste, pathogens, vermicomposting, compost, sorting, value analysis, vermicomposter, business case.

Sommaire

Introduction générale 1

Chapitre 1 : Environnement de l’étude et problématique sur les déchets 4

1.1- Localisation du site d’étude 5

1.1.1- Situation géographique 5

1.1.2- Relief 5

1.1.3- Sols 7

1.1.4- Climat favorable à la décomposition des ordures ménagères 8

1.1.5-Hydrographie 9

1.1.6-Végétation 9

1.2-Problématique générale sur les déchets 10

Chapitre 2 : Généralités sur les déchets domestiques et le lombricompostage 12

2.1-Généralités sur les déchets domestiques 13

2.1.1-Définition du concept déchets domestiques 13

2.1.2-Typologie des déchets domestiques 13

2.1.3- Classification des déchets domestiques en fonction du processus de traitement 16

2.1.4-Récupération et valorisation des déchets domestiques 17

2.1.5-Composition des déchets produits par les ménages afin d’évaluer les possibilités de valorisation 19

2.1.6-Impacts de l’enfouissement des déchets organiques 20

2.2-Généralités sur le lombricompostage 21

2.2.1-Définition 21

2.2.2-Fonctionnement du lombricompostage 21

2.2.3-Principe du lombricompostage 26

2.2.4-Paramètres du lombricompostage 28

2.2.5-Méthode d’alimentation des lombrics 32

2.2.6-Différence entre le lombricompost et le compost 33

2.2.7-Intérêt du lombricompostage 33

Chapitre 3 : Etat des lieux de la gestion des déchets solides ménagers au quartier mbankolo 35

3.1-Matériel utilisé 36

3.2- Méthodologie de collecte des données 36

3.2.1- Recherche documentaire 36

3.2.2- Recherche cartographique 37

3.2.3- Phase de collecte des données sur le terrain 37

3.3- Système classique de gestion durable des déchets domestiques 37

3.3.1- Pré-collecte des déchets 37

3.3.2- Collecte des déchets 38

3.3.3- Transport des déchets 38

3.3.4- Traitement des déchets 38

3.4- Gestion des déchets solides sur le site 39

3.4.1- État des lieux 39

3.4.2-Estimation du potentiel de déchets domestiques fermentescibles 44

3.4.3-Estimation du potentiel d’engrais biologique productible 48

Chapitre 4 : Approche méthodologique de conception et de dimensionnement d’un prototype de kit autonome de lombricompostage des déchets domestiques biodégradables 53

4.1- Méthodes de conception 54

4.1.1-Étude comparative des méthodes de conception 54

4.1.2- Choix de la méthode de conception 55

4.2- Présentation de l’analyse de la valeur 56

4.2.1- Historique 56

4.2.2- Champs d’application 56

4.2.3- Définition 56

4.2.4-Étapes de l’analyse de la valeur 57

4.3- Conception 58

4.3.1- Cahier des charges 58

4.3.2- Mise en œuvre de la méthodologie de l’analyse de la valeur 58

4.4-Approche méthodologique de dimensionnement du système 72

4.4.1- Dimensionnement des cellules 73

4.4.2-Dimensionnement géométrique du kit 73

4.5-Choix des matériaux 77

4.5.1-Cas des deux bacs supérieurs, du bac inférieur et du couvercle 77

4.5.2- Cas du robinet 81

4.5.3- Cas des accessoires de fixation 81

Chapitre 5 : Proposition d’un kit autonome prototype de lombricompostage des ordures ménagères et étude de rentabilité

5.1- Dimensionnement des éléments constitutifs du kit mobile 84

5.1.1- Nombre de cellules 84

5.1.2- Géométrie du kit 84

5.2- Assemblage du kit 87

5.3- Devis estimatif 92

5.3.1- Coût du matériel de fabrication du lombricomposteur en acier galvanisé 92

5.3.2- Main d’œuvre 92

5.3.3- Coût des accessoires du lombricomposteur en acier galvanisé 92

5.3.4- Coût global 93

5.4- Étude de rentabilité 93

5.4.1- Concept général de la rentabilité et du caractère de l’investissement 93

5.4.2- Caractéristiques du projet d’investissement 94

5.4.3- Évaluation de la rentabilité économique et financière du projet 94

5.4.4- Calcul et interprétation des critères de rentabilité 97

Conclusion générale et perspectives 102

Conclusion générale

Liste des sigles et abréviations

2D Deux dimensions

3D Trois dimensions

ADEME Agence pour le Développement, l’Environnement et la Maîtrise de l’Energie

AFNOR Association Française de Normalisation

AV Analyse de la Valeur

C/N Rapport Carbone organique sur Azote total du sol

CAY2 Commune d’Arrondissement de Yaoundé 2

CEENEMA Centre National d’Etudes et d’Expérimentation du Machinisme Agricole

CF Cash-Flow

CIPRE Centre International pour la Promotion de la Récupération

D3E Déchets d’Equipements Electriques et Electroniques

DEA Diplôme d’Etude Approfondie

DRA Délai de Récupération Actualisé

ENSP Ecole Nationale Supérieure Polytechnique

ENSTP Ecole Nationale Supérieure des Travaux Publics

EPI Equipement de Protection Individuel

FAST Functional Analyse System

FC Fonction Contrainte

Fe Fer

FOCARFE Fondation Camerounaise d’Actions Rationnalisées et de Formation sur l’Environnement

FP Fonction Principale

GPS Geographic Positioning System

HT Hors Taxe

HYSACAM Hygiène et Salubrité du Cameroun

i Taux d’actualisation

I0 Capital investi

IEPF Institut de l’Energie et de l’Environnement pour la Francophonie

INC Institut National de Cartographie

MB Matière Brute

Moy. Moyenne

MS Matière sèche

ONG Organisation Non Gouvernementale

PE PolyEthylène

PET PolyEthylène Téréphtalate

PGCD Plus Grand Commun Diviseur

pH potentiel d’Hydrogène

PP Polypropylène

QGIS Quantum Geographic Information System

QQOQCP Quoi ? Qui ? Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ?

SICA Société Industrielle du Cameroun

SIPLAST Société Industrielle de Plastique

SNGDC Stratégie Nationale de Gestion des Déchets au Cameroun

SOCAVER Société Camerounaise de Verrerie

SOFAMAC Société de Fabrication de Matériaux de Construction

T température

TRI Taux de Rendement Interne

VAN Valeur Actuelle Nette

Zn Zinc

Liste des figures

Figure 1 : Situation géographique du quartier Mbankolo dans l’arrondissement de Yaoundé 2 5

Figure 2 : Quelques exemples de cultures vivrières pratiquées à Mbankolo 6

Figure 3 : Image d’un papayer à Mbankolo 7

Figure 4 : Diagramme ombrothermique de Yaoundé 8

Figure 5 : Site d’enfouissement des ordures ménagères 20

Figure 6 : Positionnement dans le profil du sol, de trois catégories écologiques de vers de terre 22

Figure 7 : Quelques exemples d’espèces épigées appropriées 23

Figure 8 : Espèce de vers épigés nécessaires pour le lombricompostage 24

Figure 9 : Turricules des vers de terre ou lombricompost 26

Figure 10 : Dispositif de récupération du lombrithé 28

Figure 11 : Domaines de température du vers de terre 29

Figure 12 : Quelques modèles de lombricomposteurs 31

Figure 13 : Vue intérieure d’un lombricomposteur avec ses différentes parties 32

Figure 14 : Bacs en plastique de 360 ℓ débordant d’ordures ménagères au quartier Mbankolo 40

Figure 15 : Conteneur de 9 m3 remplis d’ordures ménagères au quartier Mbankolo 41

Figure 16 : Tournée de collecte d’un conteneur de 16 m3 rempli d’ordures ménagères par les agents de collecte au quartier Mbankolo

Figure 17 : Dépôt sauvage d’ordures ménagères près d’un cours d’eau à l’intérieur du quartier Mbankolo 42

Figure 18 : Emplacement des conteneurs et des bacs en plastique de collecte des 43

Figure 19 : Schéma du bilan matière annuel de compostage des déchets domestiques fermentescibles 49

Figure 20 : Bilan matière annuel de compostage des déchets domestiques fermentescibles 51

Figure 21 : Étapes de l’analyse de la valeur 57

Figure 22 : Diagramme « Bête à cornes » pour la mise en place d’un kit autonome de lombricompostage des déchets organiques domestiques 61

Figure 23 : Diagramme « Pieuvre » pour un lombricomposteur individuel en acier galvanisé 63

Figure 24 : Histogramme ordonné de la hiérarchisation des fonctions de service 66

Figure 25 : Diagramme FAST pour un lombricomposteur individuel des déchets fermentescibles

Figure 26 : Diagramme de Pareto des fonctions de service 72

Figure 27 : Schéma du kit avec ses parties : (a) en plan et (b) en élévation. 74

Figure 28 : Protection par effet barrière (a-b) 78

Figure 29 : Protection galvanique 79

Figure 30 : Schéma du kit avec ses dimensions et parties: (a) en plan et (b) en élévation 86

Figure 31 : Base d’une cellule perforée de 6 à 8 mm de diamètre à intervalles de 2 cm 87

Figure 32 : Rendu en 2D du lombricomposteur en acier galvanisé 89

Figure 33 : Vue en perspective du lombricomposteur en acier galvanisé 90

Figure 34 : Vue éclatée du lombricomposteur en acier galvanisé 91

Liste des tableaux

Tableau 1 : Composition des déchets ménagers dans la ville de Yaoundé en 1995 et 2011 19

Tableau 2 : Déchets à mettre dans le lombricomposteur 25

Tableau 3 : Atouts et limites du lombricompostage 30

Tableau 4 : Quantité de déchets produits en fonction du tissu urbain 44

Tableau 5 : Composition des déchets ménagers dans la ville 45

Tableau 6 : Nombre de jours en fonction du mois pour l’année 2019 46

Tableau 7 : Nombre de jours en fonction des saisons 46

Tableau 8 : Étapes de calcul du potentiel de déchets domestiques fermentescibles 48

Tableau 9 : Étapes de calcul du potentiel d’engrais biologique productible 51

Tableau 10 : Méthodes de conception : avantages et inconvénients 55

Tableau 11: Information pour un kit d’assainissement solide des déchets domestiques fermentescibles 59

Tableau 12 : Validation du besoin pour un kit d’assainissement solide des déchets ménagers 62

Tableau 13 : Formulation des fonctions de service du lombricomposteur 64

Tableau 14 : Hiérarchisation des fonctions de service selon leur poids (importance en pourcentage) 65

Tableau 15 : Série galvanique des métaux et des alliages (électrode hydrogène) 80

Tableau 16 : Résultat de calcul du nombre de cellules 84

Tableau 17 : Résultat du calcul de la production totale d’ordures ménagères 84

Tableau 18 : Dimensions géométriques du kit 85

Tableau 19 : Devis estimatif du matériel de réalisation du lombricomposteur en acier galvanisé . 92 Tableau 20 : Devis estimatif des accessoires du kit 92

Tableau 21 : Prix de vente annuel de l’engrais 97

Tableau 22 : Résultat du calcul des Cash-Flows 97

Tableau 23 : Résultat de calcul des Cash-Flows Actualisés et Cash-Flows Actualisés cumulés 98

Tableau 24 : Résultat du calcul de la VAN 98

Tableau 25 : Résultat de calcul de l’indice de profitabilité du projet 99

Tableau 26 : Résultat du calcul de la VAN en fonction de chaque taux d’actualisation fixé 99

Tableau 27 : Résultat de calcul du DRA 100

Tableau 28 : Récapitulation des paramètres de choix de l’investissement 100

Introduction générale

Les pays en développement font face à une urbanisation galopante depuis plusieurs décennies.

Cette densification des villes, s’accompagne notamment d’une augmentation importante de la production des déchets; alors que les infrastructures et les services sociaux nécessaires à une vie urbaine saine n’évoluent pas au même rythme (Thonard et al., 2005; IEPF, 2011).

Selon la banque mondiale (2012), à l’heure actuelle, plus de la moitié de la population mondiale n’a pas accès à un service d’enlèvement des déchets ménagers et environ 4 milliards de personnes utilisent des décharges illégales ou non réglementées, qui accueillent plus de 40 % des détritus produits dans le monde.

Ceci indique l’existence d’un vrai défi à relever par les gouvernements, au cours des années à venir.

Diabagate (2009) confirme que « l’un des problèmes majeurs sur le continent africain demeure celui des déchets ménagers et l’urbanisation non maîtrisée ». La problématique des déchets urbains est vue par les profanes comme une banalité.

Alors que l’on s’aperçoit chaque jour que, les ordures nous submergent dans nos rues et nos habitations et qu’elles constituent un fléau quotidien dangereux pour la santé, auquel il faut trouver une solution dans l’immédiat.

D’après Ngnikam et Tanawa (2006), les composantes organiques qui représentent plus de 80 % des ordures ménagères se retrouvent en grande majorité dans la nature.

Pourtant, bien gérés, ces déchets biodégradables constituent une importante matière première pour la fabrication des engrais naturels; ainsi qu’une source d’énergie renouvelable, appréciable dans un contexte de pauvreté et de réchauffement climatique.

Cependant, au Cameroun, les modes de gestion varient beaucoup d’une ville à l’autre : gestion publique totale, partenariat public privé, implication du tissu associatif dans la chaîne de collecte. Or, les modèles réussis sont très rares pour le moment, car la quasi-totalité des villes camerounaises connaissent les mêmes difficultés pour la gestion de leurs déchets municipaux.

D’où, un partage clair des rôles, responsabilités et ressources entre les acteurs des trois (3) niveaux; central, régional et municipal, est essentiel (IEPF, 2011).

Fort de ce qui précède, la vulgarisation d’un kit autonome de lombricompostage est une réponse au double objectif, de dépollution et de protection de l’environnement. Ce qui justifie la présente étude, dont l’objectif général est de contribuer à l’amélioration des conditions de vie de la population camerounaise, par proposition d’un prototype autonome rentable de lombricompostage dont l’un des effets immédiats sera l’impact positif sur la productivité agricole.

Le présent travail, consiste à concevoir et dimensionner ledit kit, à partir de l’estimation respective du potentiel des déchets domestiques fermentescibles et du potentiel d’engrais biologique productible du quartier Mbankolo dans la ville de Yaoundé.

Ce mémoire est subdivisé en 5 (cinq) chapitres dont :

  • → le premier chapitre, qui présente la zone d’étude et fait ressortir la problématique générale sur les déchets dans ladite zone,
  • → le deuxième chapitre quant à lui, traite des généralités sur les déchets domestiques et le lombricompostage,
  • → le troisième chapitre fait l’état des lieux de la gestion des déchets solides ménagers au quartier Mbankolo,
  • → le quatrième chapitre établit une approche méthodologique de conception et de dimensionnement d’un kit autonome de lombricompostage,
  • → le cinquième chapitre qui traite d’un cas pratique de la gestion des ordures ménagères biodégradables au quartier Mbankolo à Yaoundé, propose un prototype rentable d’un kit autonome de lombricompostage.

Chaque chapitre est encadré par une introduction et une conclusion. À la fin des cinq chapitres, sont également listées les références bibliographiques, précédées d’une conclusion générale et des perspectives.

Chapitre 1 : Environnement de l’étude et problématique sur les déchets

Ce chapitre présente la situation géographique de la zone d’étude, décrit ses composantes environnementales que sont les milieux biophysique et humain et enfin expose la problématique générale sur les déchets.

1.1- Localisation du site d’étude

1.1.1- Situation géographique

Mbankolo est un quartier de la ville de Yaoundé situé dans la commune d’Arrondissement de Yaoundé 2 comme l’illustre la figure 1.

Situation géographique du quartier Mbankolo dans l'arrondissement de Yaoundé 2 Source : Google et INC

Figure 1 : Situation géographique du quartier Mbankolo dans l’arrondissement de Yaoundé 2 Source : Google et INC (2018)

Ce quartier occupe une superficie de 4,895 km2 avec une population estimée en 2018 à 8 438 habitants. Ses coordonnées géographiques sont : latitude comprise entre 3°53‛30‛‛et 3°54‛30‛‛ Nord; longitude comprise entre 11°28‛30‛‛ et 11°29‛30‛‛Est; avec une altitude de 1096 m qui est celle du mont Mbankolo.

1.1.2- Relief

Mbankolo présente un relief très accidenté.

Les routes et les bâtiments se développent principalement sur les hauteurs des différentes collines, tandis que les bas-fonds marécageux laissent place à de l’agriculture vivrière, à la végétation et à de nombreux petits cours d’eau.

Ces bas-fonds sont caractérisés par le non-respect des normes d’urbanisme et un manque d’assainissement; ce qui constitue par conséquent les principaux foyers de pollution de la localité (Pegui, 2012).

L’agriculture est l’une des principales activités économiques des populations résidant dans le quartier Mbankolo. Elle intègre les cultures vivrières et les cultures pérennes.

Les cultures vivrières portent sur la banane plantain, le macabo, le maïs, le manioc et la canne à sucre. La figure 2 présente quelques images de cultures vivrières pratiquées par la population de Mbankolo.

Lombricompostage des déchets Yaoundé - Banane plantain

Lombricompostage des déchets Yaoundé - Pieds de macaboMaïs en pleine croissance

(a) Banane plantain(b) Pieds de macabo(c) Maïs en pleine croissance
Lombricompostage des déchets Yaoundé - Pieds de maniocKLombricompostage des déchets Yaoundé - Pieds de canne à sucre
(d) Pieds de manioc(e) Pieds de canne à sucre

Figure 2 : Quelques exemples de cultures vivrières pratiquées à Mbankolo

Ces cultures vivrières se pratiquent toute l’année due à la présence de grands bas-fonds fertiles.

Les cultures pérennes concernent la culture des arbres fruitiers tels que le papayer dont l’image est présentée à la figure 3.

Kit autonome de lombricompostage des déchets - Image d'un papayer à Mbankolo

Figure 3 : Image d’un papayer à Mbankolo

Sur la base des données collectées sur le terrain, il ressort que l’agriculture occupe près de 70 % de la commune et nourrit près de 95 % de la population totale.

1.1.3- Sols

Deux catégories de sols sont observées à Mbankolo: les sols hydromorphes et les sols ferralitiques.

• Les sols hydromorphes

Ils se trouvent dans tous les bas-fonds et vallées; ils sont généralement riches en matières organiques mais aussi à d’autres types de cultures (horticulture, arboriculture).

Grâce aux dépôts alluviaux, ils présentent un potentiel agricole important qui nécessitent des aménagements pour améliorer le drainage (Dauvergne, 2011). Ces sols hydromorphes retiennent jusqu’à 45 g d’eau pour 100 g de terrain.

Par ailleurs, ce sont des exutoires où sont drainés les déchets provenant des sommets; ils présentent ainsi un gros risque d’insalubrité, et sont d’ailleurs impropres à l’implantation des ménages.

• Les sols ferralitiques :

Ce sont des sols faiblement perméables et favorisant le ruissellement; ils sont difficiles à travailler et sont constitués des zones de fortes pentes (supérieures à 20 %) posant le problème de l’instabilité de terrain (Olemba Olemba, 2011; Dauvergne, 2011).

Ils ont de bonnes propriétés physiques grâce au drainage interne et a une bonne capacité de rétention d’eau mais sont très pauvres en éléments minéraux. Parfois, ces sols ont évolué en cuirasses latéritiques qui ne permettent pas la mise en culture.

Sur les sommets supérieurs à 800 m d’altitude, la roche affleure le plus souvent et le sol est alors pratiquement inexistant. L’épaisseur du sol augmente lorsque l’on se rapproche du bas de la pente (Dauvergne, 2011). Ces zones de fortes pentes sont l’objet d’une érosion de grande ampleur qui se transforme souvent en de véritables glissements de terrain tout en causant des inondations.

Ces mouvements de terrain se sont aggravés par l’action humaine qui, décapant le couvert végétal, accroît le ruissellement diffus et le risque d’insalubrité (Olemba Olemba, 2011).

L’action de ce relief très contrasté est amplifiée par un climat très pluvieux et un réseau hydrographique dense (Olemba Olemba, 2011).

1.1.4- Climat

Le climat de Yaoundé 2, plus précisément celui du quartier Mbankolo est très pluvieux et bénéficie d’un climat équatorial avec deux saisons de pluies et deux saisons sèches dont l’alternance au fil des temps s’est fortement perturbée (Olemba Olemba, 2011; Pegui, 2012).

D’après la figure 4 citée par Boulaud (2014), la petite saison de pluies va de mi-mars à mi-juin avec des précipitations maximales de 200 mm par mois et la grande saison de pluies va de mi-août à mi-novembre, avec des précipitations plus fortes atteignant presque 300 mm par mois.

Entre ces périodes de pluies, s’intercalent des saisons sèches, dites aussi « petite » allant de mi-juin à mi-août et « grande » se situant entre mi-novembre et mi-mars où les précipitations sont très faibles (moins de 150 mm par mois) et les températures un peu plus élevées (Boulaud, 2014).

Diagramme ombrothermique de Yaoundé

Figure 4 : Diagramme ombrothermique de Yaoundé Source : Boulaud, (2014)

Par ailleurs, les mois de décembre, janvier, février et juillet sont strictement secs et les mois de septembre, octobre, avril et mai sont strictement humides (Sotamenou, 2010).

Qualifiée de bimodale, la pluviosité de Yaoundé enregistre en moyenne 1291 mm de précipitation par an. Les températures varient de 18 °C à 28 °C en saisons humides et de 16 °C à 31 °C en saisons sèche, et la température moyenne est alors comprise entre 17 °C et 30 °C (Olemba Olemba, 2011).

En fait, les périodes humides sont les plus insalubres dans la mesure où elles correspondent généralement aux périodes de récolte (les marchés étant inondés de fruits et légumes) et de fortes consommations dues aux températures basses (Sotamenou, 2010). En plus, pendant ces périodes, la densité des déchets ménagers augmente et ceux-ci pèsent plus lourds (Sotamenou, 2010).

L’action combinée et permanente de la chaleur (jusqu’à 22, 2 °C en saison de pluie) et de l’humidité (70-80 % en saison sèche) sur les ordures, entrainent une décomposition rapide de ces dernières qui dégagent des odeurs fortes, attirent de nombreux animaux et insectes (rats, souris, chats, chiens, cafards, moustiques et mouches) susceptibles de contaminer les humains (Dauvergne, 2011).

Ce qui fait que le climat de Yaoundé 2 est favorable à la décomposition des ordures ménagères (Dauvergne, 2011).

1.1.5-Hydrographie

La ville de Yaoundé en général, a un réseau hydrographique dense à structure dendritique. Le principal cours d’eau présent ici est le Mfoundi.

Appelé Mintsa à sa source, le Mfoundi prend sa source sur le flanc du mont Fébé, et coule d’abord d’Ouest en Est suivant le relief (Olemba Olemba, 2011).

Pour ce qui est de l’arrondissement de Yaoundé 2, les principaux cours d’eau qui le traversent sont : l’Abiergué, l’Afemé, le Meva’a, l’Akoo, le Doube et le Mfoundi. Ces cours d’eau sont illustrés sur la figure 1.

L’arrondissement de Yaoundé 2 est alors une cité très arrosée et abondamment drainée, dans laquelle on note une densification des habitations sur les pentes, dans les fonds des vallées, et le long des rivières.

La viabilisation d’un tel milieu naturel requière un énorme investissement économique tant des pouvoirs publics que des populations.

Mais les fluctuations de la conjoncture économique du Cameroun n’ont pas facilité la maîtrise et l’aménagement efficace de ce site très contraignant (Olemba Olemba, 2011).

1.1.6-Végétation

Au niveau de la végétation, les abords de la ville de Yaoundé sont couverts par une forêt dense semi-décidue, marquée par des espèces arborescentes caractéristiques que sont les sterculiacées et les celtis.

A cette flore, s’ajoutent Termalia superba (Limba) et les pennisetum purpurem (Sissongo). Les zones hydromorphes sont dominées par les raphias et des pandanus candela (Letouzey, 1985).

Les principales cultures pratiquées dans l’arrondissement de Yaoundé 2 sont : le maïs, la banane, l’arachide et le haricot.

Mbankolo se caractérise par l’étroitesse des parcelles et des maisons (qui peuvent se confondre bien souvent), une desserte se faisant essentiellement par des sentiers, des bas-fonds malsains entièrement occupés et un assainissement individuel (Olemba Olemba, 2011).

On est donc à la limite de la saturation d’un espace caractérisé par la promiscuité et l’insalubrité (Olemba Olemba, 2011).

Les bas-fonds et les reliefs inconstructibles constituent 30 % de l’espace, ce qui laisse une place importante pour une activité agricole (Dauvergne, 2011).

1.2-Problématique générale sur les déchets

Yaoundé, dans le centre du Cameroun, est une ville où la gestion des ordures ménagères est particulièrement problématique. Construite sur des collines, certains quartiers de la ville sont difficiles d’y accéder par les véhicules en charge du ramassage des ordures.

Il n’est donc pas rare d’y croiser les déchets en attente d’être ramassés.

Cette observation a été faite à Mbankolo qui est l’un de ses quartiers où les ordures sont gérées de manière traditionnelle (incinération à ciel ouvert et enfouissement non contrôlé); ce qui augmente la pollution de l’air, des eaux souterraines et la prolifération des maladies dues à la présence des

agents pathogènes.

L’environnement du cadre de vie du site est malsain et la population est constamment malade.

Pourtant, ces ordures ménagères constituent une mine d’or qui ne demande qu’à être exploitée. Bien que « très polluantes, elles peuvent se révéler comme de véritables matières premières », et permettre par exemple de produire un engrais 100 % biologique par lombricompostage.

Comment réutiliser ces déchets tout en protégeant l’environnement ? Il est important de changer de paradigme et de considérer les détritus non plus comme des matériaux sans aucune valeur, mais comme une ressource à valoriser.

En fait, pour réduire les maladies infectieuses et parasitaires causées par un environnement insalubre, lutter contre les émissions de gaz à effet de serre, augmenter la productivité agricole par l’utilisation du compost et améliorer la qualité de l’air et des eaux souterraines, il faut évoluer vers des nouvelles technologies de gestion écologique des déchets telle que la technologie de lombricompostage des ordures ménagères.

L’idée de la création et de la mise en place d’une entité de fabrique d’engrais biologique productible est venue après avoir fait des recherches.

Un constat a été fait, ce type d’engrais écologique est encore méconnu au Cameroun. Cette pratique est beaucoup plus développée en Asie et en Europe, mais encore embryonnaire en Afrique.

En vue de participer à l’essor économique, ce projet serait avantageux à plus d’un titre car il vise à améliorer les conditions de vie des populations par la valorisation des ordures ménagères biodégradables en compost; tout en fournissant un produit alternatif au compost, qui est économique car, il est sans odeur, permet de réduire le volume de déchets de nos poubelles et permet aux plantes de résister aux maladies et à la sécheresse.

Dans le souci de valoriser nos ressources (biodéchets des ménages), qui sont considérés comme des ordures, il est possible d’utiliser ces éléments pour produire soi-même un engrais biologique de bonne qualité et à moindre cout, qui est bénéfique pour l’environnement et les ménages, sans oublier également l’apport économique auquel il contribuera.

Etant donné de la cherté des engrais chimiques sur le marché du Cameroun et de la lutte contre les maladies transmissibles à l’origine des déchets, la production du lombricompost et du lombrithé aurait un très bon impact environnemental, écologique et économique en vue de faire face aux difficultés d’assainissement et contribué au développement du pays.

Une brève description des généralités sur les déchets domestiques et le lombricompostage est présentée au chapitre 2.

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