Titre II. L’analyse des normes du droit international de l’environnement relatives à la protection de la biodiversité du lac Tanganyika
Conscient de l’importance que représentent les ressources halieutiques du lac Tanganyika sur le plan économique et de la sécurité alimentaire, en particulier parmi les couches de la population les plus vulnérables au niveau socio-économique, la tendance des protecteurs de la nature est de demander l’élaboration de lois et règlements spécifiques pour sa protection efficace.
Cependant comme pour de nombreuses questions environnementales on ne peut pas se contenter de mesures spécifiques pour gérer la biodiversité. Les lois et règlements devraient tenir compte de nombreux aspects. Pour le cas du lac Tanganyika de nombreux textes et institutions sont présents pour s’assurer de la protection de ses ressources halieutiques mais cela n’empêche pas que le lac subisse des détériorations progressives.

Chapitre 1 : Analyse critique de la mise en œuvre des normes de protection de la biodiversité du lac Tanganyika

Section 1 : Les atteintes à l’environnement du lac

§1. La pollution

Bien que le bassin du lac Tanganyika n’est pas vraiment aussi industrialisé ni aussi pollué que les autres parties de l’Afrique sub-Saharienne, la pollution constitue une menace pour le lac Tanganyika.
Les causes de la pollution du lac Tanganyika sont essentiellement le déversement direct des effluents industriels et domestiques, liquides et solides. Des études qui ont été menées par le Projet Biodiversité du lac Tanganyika montrent que les principales sources de pollution du lac proviennent des effluents que les installations classées rejettent ou sont susceptibles de rejeter dans le lac.

A. Les installations classées

Par installations classées, il faut entendre les usines ou manufactures, ateliers, dépôts, chantiers, carrières et d’une manière générale, les installations de toute nature, exploitées ou détenues par toute personne physique ou morale, publique ou privée, qui présentent ou peuvent présenter des dangers ou des désagréments importants pour la santé, la sécurité, la salubrité publique, l’agriculture, la pêche, la conservation du patrimoine culturel, la commodité du voisinage et la préservation de l’environnement.
La définition des installations classées englobe un très large champ d’activités (activités industrielles, commerciales ou de services potentiellement polluants) mais celles-ci sont définies précisément dans la nomenclature des installations classées. C’est donc la nomenclature qui fixe le régime applicable. L’ouverture des installations classées doit être soumise à une réglementation précise qui exige une étude d’impact environnemental au préalable et leur fonctionnement doit faire l’objet d’un contrôle assorti de sanctions en cas de non respect des exigences prévues par les textes applicables en la matière et la remise en état du site après la cessation des activités.

B. Les eaux usées

Les eaux usées sont toutes les eaux à évacuer des zones bâties. Il s’agit des eaux usées provenant des ménages, de l’artisanat et de l’industrie. Dans un sens plus restreint, les eaux usées sont celles qui, en raison de leur nature, de leur qualité ou de leur provenance, doivent être déversées ou rejetées dans un cours d’eau, dans le lac ou dans la mer.
En d’autres termes, il s’agit des eaux qui, compte tenu du danger de pollution qu’elles représentent, ne peuvent être directement rejetées dans la nature sans conséquences nocives.
Par exemple, les eaux usées d’origine domestique sont chargées de matières en suspension, de matières organiques et d’azote ou de phosphore ; les eaux usées des industries agro-alimentaires ont une charge organique élevée. La grande quantité des eaux sont collectées et rejetées directement dans les rivières sans le moindre traitement et aboutissent ainsi au lac Tanganyika avec toute leur charge toxique et polluante.
Pour le moment, seul le Burundi, qui a la plus grande densité de population et le plus grand nombre d’industries dans le bassin, pose la plus grande menace de pollution. Bujumbura abrite une variété d’industries et de sources de pollution potentielle sur plusieurs kilomètres de la côte. Les dépôts de carburant, le port de Kigoma et les installations de production électrique, la pêche industrielle de Mpulungu, ainsi que les usines de traitement du coton et du sucre de la R.D. Congo sont d’autres cas de pollution industrielle potentielle.

C. Les pesticides

Les pesticides sont toutes substances ou association de substances qui sont destinées à repousser, détruire ou combattre les ravageurs et les espèces indésirables causant des dommages ou se montrant autrement nuisibles durant la production, la transformation, le stockage, le transport ou la commercialisation des denrées alimentaires, des produits agricoles, des bois et des produits ligneux.
A mesure que la population du bassin du lac Tanganyika continue à augmenter, nous pouvons nous attendre à ce que la pollution industrielle et ménagère augmentera en conséquence dans le futur si rien n’est fait.

D. La navigation

Les pratiques et les risques accidentels pouvant causer la pollution des eaux du lac Tanganyika s’articule sur deux volets principaux : les transports lacustres et les installations portuaires.
La pollution chronique causée par le transport lacustre est une pollution liée aux pratiques et usages de la navigation. Il a été constaté que pour tous les bateaux de la flotte nationale, le système d’évacuation des déchets solides, des produits de nettoyage et des déchets domestiques (eaux usées et déchets de cuisine) est le même. C’est l’évacuation directe dans le lac. Après le nettoyage des calles, les produits sont stockés sur le pont et jetés dans le lac au large. De même, les eaux usées et les autres déchets sont directement évacués dans le lac sans traitement préalable.

§2. La sédimentation

Une autre forme de pollution affectant le lac Tanganyika est la pollution par sédiments.
La sédimentation se définit comme un dépôt de sédiments. Les sédiments étant : des dépôts qui se forment dans un liquide où des substances sont en suspension ou encore des dépôts meubles laissés par les eaux, le vent et les autres agents d’érosion… »
L’augmentation de la déforestation dans le bassin versant et l’érosion conséquente a causé un accroissement de matières en suspension entrant dans le lac par les cours d’eau. L’augmentation de la sédimentation peut avoir un profond effet négatif sur la biodiversité en altérant les habitats (notamment le changement des substrats rocheux en substrats mixtes ou sablonneux) et en interrompant la production primaire et les trames alimentaires, causant par-là vers une réduction de la diversité des espèces.
L’augmentation des taux de sédimentation se manifeste dans le lac par les habitats rocheux inondés de sédiments, qui sont courants le long de la côte Burundaise, et les deltas de rivières en progradation, tel que le delta de la rivière Rusizi. Le delta de la rivière Rusizi est le principal affluent du bassin nord et semble avoir augmenté ses annexes dans un ordre de croissant au cours de ces dernières années.

§3. La pêche

L’excès de pêche ainsi que la pêche avec des engins destructifs est une autre importante menace à la biodiversité du lac Tanganyika. Les activités de pêche au lac Tanganyika sont notamment : la pêche commerciale exercée par les pêcheurs tant industriels qu’artisanaux, la pêche de subsistance, ainsi que le prélèvement de poissons d’ornement pour exportation.
Chacun des pays riverains du lac Tanganyika abrite une ou plusieurs compagnies qui exportent les poissons d’ornement vers des marchés Européens, Américains et Japonais. Une variété de poissons, surtout des cichlidés, sont ciblés par les plongeurs et les nageurs au masque et tuba, et sont capturés vivants et exportés aux adeptes d’aquariums à l’étranger. Bien que l’impact de la pêche des poissons d’ornement n’ait pas été étudié, les effets sur la population et la structure de la communauté pourraient être considérables précisément à cause de la nature du travail, qui consiste à viser les espèces rares et exotiques et d’en prélever le plus possible à cause de la haute mortalité qui survient pendant leur expédition.

§4. Le changement climatique

Des études faites par des scientifiques montre que le lac Tanganyika est devenu plus chaud, de plus en plus stratifié et par conséquent moins productif. Le réchauffement affecte les populations de poissons dont dépendent des millions d’individus.
Les températures de l’eau du lac ont augmenté de 0,9°C et cette croissance a été accompagnée d’une chute du volume d’algues. La plupart des études sur le changement climatique se concentrent plutôt sur les températures atmosphériques mais de plus en plus de scientifiques étudient ses effets sur les océans, les mers et les lacs, qui absorbent tous de grandes quantités de chaleur.
Ce réchauffement climatique est dû à la croissance des émissions des gaz à effet de serre provoquait par les industries des quatre pays riverains et d’autres pays qui polluent l’environnement.

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