Quand l’anxiété majore la douleur postopératoire

L’infirmier de chirurgie pédiatrique a-t-il un rôle à jouer dans la gestion de l’anxiété préopératoire ?

Institut de Formation en Soins Infirmiers

Centre Hospitalier Le Mans (CHM)

Unité d’enseignement 5.6 S6

Initiation à la démarche de recherche

Quand l'anxiété majore la douleur postopératoireQuand l’anxiété majore la douleur postopératoire

Brisack Marie

Directeur de mémoire :

Laurent LAMARGOT

COMPETENCE 8

Promotion 2014-2017

Remerciements

Je tiens à remercier Laurent Lamargot. Ses conseils, sa disponibilité, mais aussi sa gaieté et son soutien ont été précieux dans l’élaboration de ce travail de fin d’études. Merci.

Je souhaite remercier également les infirmières que j’ai rencontrées au cours des entretiens, pour m’avoir accordé de leur temps et avoir partagé avec moi leur expérience et leur attrait pour la pédiatrie.

Aussi, je remercie le jury qui évaluera mon travail.

Enfin, je pense à ma famille et à mes amis.

Je les remercie infiniment pour tout leur soutien, et leurs encouragements.

Résumé

Quand l’anxiété majore la douleur postopératoire

Durant ma troisième année de formation en soins infirmiers, j’ai vécu, lors d’un stage effectué au bloc opératoire pédiatrique, une situation qui m’a marquée…

Au point, aujourd’hui de constituer le point de départ de ce mémoire.

Cela a été pour moi le premier contact auprès de l’enfant hospitalisé. L’angoisse, manifestée notamment par les jeunes enfants à leur arrivée au sein du bloc opératoire, m’a interpellée en tant qu’étudiante, mais surtout en tant que future soignante.

Quelles sont les conséquences de cette anxiété préopératoire sur le petit-enfant ? L’infirmier de chirurgie pédiatrique a-t-il un rôle à jouer dans la gestion de celle-ci ?

De mon questionnement s’en ai suivi l’établissement de la problématique suivante « En quoi l’expérience de l’infirmier, auprès d’un petit-enfant anxieux et de ses parents, en service de chirurgie pédiatrique, influe sur la perception de la douleur postopératoire induite par l’amygdalectomie ? ».

Pour tenter d’apporter des réponses à cette question, j’ai choisi d’employer une méthodologie de recherche de type qualitative. J’ai ainsi mené trois entretiens semi-directifs auprès de professionnels infirmiers.

Les résultats de nos échanges montre qu’un lien significatif existe entre le niveau d’anxiété préopératoire manifesté par le petit-enfant et les scores de douleur postopératoire exprimés.

Par ailleurs, il ressort également que l’expérience de l’infirmier, tant auprès de l’enfant et que de ses parents, permet de limiter l’anxiété préopératoire du petit, grâce, notamment, à la mise en place d’approches psychologiques et l’attitude de l’infirmier dans la communication.

Par ailleurs, il s’avère que la prise en charge de l’anxiété préopératoire présente bien des avantages pour l’enfant. Ainsi, l’anxiété mérite d’être plus considérée et ses moyens d’évaluation, plus répandus.

Mots clés : petit-enfant ; anxiété préopératoire ; douleur postopératoire ; expérience infirmière ; approches psychologiques

Introduction

La douleur est une expérience subjective et un phénomène perceptif complexe.

En effet, il est aujourd’hui établi que l’intensité ressentie de la douleur peut extrêmement varier d’un individu à l’autre, et ce, sous l’influence de divers facteurs.

Ainsi, la perception de la douleur ne dépend pas seulement des caractéristiques physiques propres à la stimulation douloureuse… L’état affectif et cognitif du sujet joue un rôle important dans la régulation de celle-ci.

Ce thème éveille en moi un intérêt particulier. Effectivement, la prise en charge de la douleur est une priorité dans notre métier de soignant et les moyens, dont nous disposons, sont nombreux pour la combattre.

C’est pourquoi, en tant que future professionnelle de santé, je trouve intéressant de centrer mon travail de fin d’études en lien avec ce phénomène, auquel nous sommes si souvent confrontés.

Le travail de recherche qu’implique ce mémoire me permettra d’explorer ce sujet plus en profondeur, et, de tirer des apprentissages utiles pour ma pratique future.

Je débuterai donc ce mémoire en exposant ma situation d’appel et le questionnement de départ. De ces derniers, s’en suivra l’élaboration de la question de départ de ce travail.

La recherche d’éléments théoriques à propos des différents concepts, composant cette question, est nécessaire à la maîtrise de mon sujet mais aussi pour la suite de ce travail. Je développerai, ainsi, ces références dans le cadre théorique.

Ensuite, j’argumenterai mes choix quant à la méthodologie de recherche adoptée dans le cadre de l’exploration de la question. Puis, je présenterai les résultats obtenus de ma recherche.

Avant de finir, dans la discussion, par confronter ceux-ci aux recherches précédemment réalisées, ce qui fera alors émerger une question de recherche.

Sommaire

1. Introduction 1
2. Situation d’appel et questionnement de départ 2
2.1 Récit de la situation d’appel 2
2.2 Questionnement de départ 3
3. Cadre théorique 5
3.1 Les caractéristiques du petit-enfant 5
3.1.1 Le développement de l’enfant 5
3.1.2 Le développement du petit-enfant 5
3.1.2.1 Le développement psycho-affectif du petit-enfant 6
3.1.2.1.1 Le stade oral (de 0 à 2 ans) 6
3.1.2.1.2 Le stade anal (de 2 à 4 ans) 6
3.1.2.1.3 Le stade phallique (de 4 à 7 ans) 7
3.1.2.2 Le développement psychomoteur et cognitif du petit-enfant 8
3.1.3 La psychologie d’un petit-enfant hospitalisé en chirurgie 8
3.2 L’infirmier 9
3.2.1 La définition et le rôle d’un infirmier 9
3.2.2 L’infirmier en service de chirurgie pédiatrique 10
3.2.2.1 La préparation préopératoire du petit-enfant par l’infirmier 10
3.2.2.1 Le rôle de l’infirmier auprès des parents 11
3.2.3 L’expérience infirmière 11
3.3 La douleur postopératoire 13
3.3.1 La définition de la douleur postopératoire et ses caractéristiques 13
3.3.2 L’amygdalectomie et la douleur postopératoire induite chez le petit-enfant 14
3.3.2.1 Les réactions et les croyances du petit-enfant face à la douleur 15
3.3.3 Les échelles d’évaluation de la douleur postopératoire 15
3.3.3.1 Les échelles de douleur auto-évaluatives 16
3.3.3.2 Les échelles de douleur hétéro-évaluatives 16
3.4 L’anxiété préopératoire du petit-enfant 17
3.4.1 L’impact de l’anxiété préopératoire sur le petit-enfant 17
3.4.2 L’évaluation de l’anxiété préopératoire 18
3.4.3 Les moyens de prévention et de gestion de l’anxiété préopératoire 19
3.4.3.1 L’approche pharmacologique 19
3.4.3.2 L’approche psychologique 19
4. Méthodologie de la recherche 22
4.1 Présentation de l’outil du recueil de données 22
4.2 Présentation de la population cible 22
4.3 Déroulement des entretiens 23
4.4 Critique de la méthodologie de recherche 23
5. Analyse des entretiens et résultats 24
5.1 Le niveau de compétences de l’infirmier en service de chirurgie pédiatrique 24
5.1.1 Le niveau de compétences de l’infirmier peu expérimenté 24
5.1.2 Le niveau de compétences résultant de l’expérience de l’infirmier 24
5.1.3 Les facteurs influençant le développement du niveau de compétences 25
5.2 Les caractéristiques de l’anxiété préopératoire du petit-enfant 26
5.2.1 Les signes d’anxiété préopératoire manifestés par le petit-enfant 26
5.2.2 Les situations anxiogènes pour le petit-enfant hospitalisé en chirurgie 26
5.2.3 Les facteurs limitant l’anxiété préopératoire du petit-enfant 27
5.3 Le rôle et la place des parents dans la prise en soin du petit-enfant hospitalisé en chirurgie pédiatrique 30
5.4 La prise en soin de la douleur postopératoire par l’infirmier en service de chirurgie pédiatrique 31
5.5 Les caractéristiques de la douleur postopératoire induite par l’amygdalectomie chez le petit enfant 32
5.5.1 La perception de la douleur chez le petit-enfant 32
5.5.2 Les facteurs pouvant majorer les scores de douleur postopératoire 32
6. Discussion 34
6.1 Quel lien entre la douleur postopératoire exprimée et le niveau d’anxiété préopératoire manifesté chez un petit-enfant ? 34
6.1.1 L’amygdalectomie, une intervention pas si anodine 34
6.1.2 Les facteurs psychologiques susceptibles de majorer les scores de douleur postopératoire 36
6.2 L’expérience de l’infirmier auprès du petit-enfant anxieux et de ses parents 37
6.2.1 L’expérience infirmière, synonyme de maîtrise et de qualité des soins 38
6.2.2 Les compétences de l’infirmier expérimenté dans la prévention et la gestion de l’anxiété préopératoire du petit-enfant 39
7. Conclusion

2. Situation d’appel et questionnement de départ

La situation présentée ci-dessous se déroule à l’entrée du semestre cinq. Etant alors en 3ème année de formation en soins infirmiers, j’ai effectué un stage au bloc opératoire gynécologique et pédiatrique.

Il s’agit du bloc Aliénor, rattaché au Centre Hospitalier du Mans (CHM).

2.1. Récit de la situation d’appel

Durant cette période de stage, j’ai passé une première semaine à l’accueil du bloc opératoire. Il s’agit notamment de l’endroit où les patients attendent avant d’entrer en salle d’intervention.

Régulièrement, plusieurs femmes et enfants y patientent dans le même temps.

L’infirmière diplômée d’état (IDE), présente dans cette salle, veille à l’identitovigilance et s’entretient avec les patients dans le but de contrôler la complétude de leur dossier médical afin que ceux-ci puissent entrer en salle d’intervention.

C’est également l’endroit où l’infirmière pose les voies veineuses périphériques auxquelles sont adaptées les perfusions de chlorure de sodium, utiles notamment pour l’anesthésie en salle.

A ce poste, j’ai ainsi pu observer la prise en charge de nombreux enfants. La majorité d’entre eux étaient hospitalisés pour subir des opérations telles que des amygdalectomies, des adénoïdectomies (ablation des végétations) ou bien encore des avulsions dentaires.

Généralement, leur prise en charge débute à leur arrivée dans le sas, aussi appelé « salle de permutation ».

Cette salle sépare l’accueil et l’enceinte du bloc opératoire du couloir extérieur au bloc, et permet le transfert des patients du lit dans lequel ceux-ci sont transportés depuis le service, à un brancard de transfert appartenant exclusivement au bloc.

Tout ceci se justifie par la volonté d’instaurer une asepsie progressive de l’extérieur du bloc jusqu’à la table d’opération. En effet, les enfants sont dans leur lit, descendus du service et accompagnés par les brancardiers.

Les parents, ne pouvant pas entrer dans l’enceinte, expliquent à leur enfant qu’ils le retrouveront tout-de-suite après l’intervention, lui disent au-revoir et attendent généralement à l’extérieur pour rencontrer le médecin anesthésiste.

De là, l’IDE demande aux enfants de revêtir, en complément de leur blouse de bloc opératoire, une charlotte et des « chaussons », puis de monter sur le brancard de transfert pour les diriger vers l’accueil.

A leur arrivée, ils semblent, la plupart du temps, surpris, voire impressionnés par la tenue portée par les professionnels du bloc opératoire et ne sont pas tous ravis d’entrer dans un endroit qui leur est généralement inconnu.

En effet, j’ai pu constater en accompagnant ces enfants que, malgré leur jeune âge, certains étaient « tout-sourire », ne semblaient pas souffrir ou bien avoir la moindre anxiété quant à l’opération…

Alors que d’autres, à l’inverse, étaient inconsolables, inquiets et ne supportaient pas d’être séparés de leurs parents.

Lorsque cela arrivait, le recours aux tablettes interactives ou encore aux jouets, disponibles à l’accueil, suffisait parfois à capter leur attention et les apaiser. La distraction par le jeu permettait de les tranquilliser pendant un certain temps.

C’est pourquoi ces tablettes sont systématiquement données par le service de chirurgie pédiatrique aux enfants afin qu’ils puissent en être accompagnés à chaque « étape » de la prise en charge opératoire (descente du service vers le bloc opératoire, salle de permutation, accueil, salle d’opération, salle de réveil…).

Néanmoins, cela n’était pas toujours suffisant et plusieurs jeunes enfants n’étaient pas faciles à tranquilliser.

Par ailleurs, de mon côté, je pense que le fait de ne pas avoir eu l’occasion de beaucoup côtoyer les enfants, tant dans ma vie personnelle que professionnelle, a participé au fait que je ne sois pas très sûre de moi dans mes prises en charge auprès d’eux.

En effet, j’éprouvais une certaine appréhension lorsqu’il s’agissait de les rassurer ou de leur expliquer les raisons de leur présence au bloc opératoire ainsi que les différents soins que nous allions leur faire, par crainte de ne pas trouver les mots « adéquats » et d’ainsi majorer leur angoisse.

J’essayais pourtant de m’inspirer de ce que mettait en œuvre l’IDE d’accueil, en termes d’approche et d’attitude, mais ne parvenais pas à être complètement satisfaite de moi lorsque je tentais à mon tour de le reproduire.

Puis, quelques temps après, en discutant avec une jeune femme qui attendait d’entrer en salle d’intervention : j’ai été interpellée.

Un petit enfant, d’environ trois ans, venait d’arriver, agité et en sanglots. Nous observions les infirmières, postées dans sa salle d’intervention, tenter de le rasséréner.

Voir un enfant dans un tel état d’angoisse a provoqué une sorte de gêne et même d’impuissance chez moi…

Quelques instants plus tard, la patiente m’a dit : « Oh les miens, ça va, ils n’ont pas eu trop peur lorsqu’il a fallu qu’ils se fassent opérer des amygdales.

Je pense que c’est parce que mon mari et moi leur avons bien expliqué… Du coup, ils étaient en confiance avec les professionnels et n’ont pas trop souffert, lors de la séparation et puis après l’opération. ».

2.2. Questionnement de départ

Après avoir vécu et analysé cette situation, de nombreuses questions se sont présentées à moi puisqu’en tant que future professionnelle, il me parait important d’être capable de s’adapter à tout type de patient, et ainsi aux enfants.

En effet, je me demande si l’expérience de l’infirmier peut influer, de façon méliorative, sur la prise de charge d’un enfant angoissé et sur sa capacité à créer avec lui une relation de confiance, dans un contexte de soin.

J’ai des difficultés à imaginer que les compétences de l’IDE ne s’acquièrent pas au cours de l’expérience professionnelle et que, au contraire, le seul fait d’avoir une « bonne approche » avec les enfants suffise à faire la différence pour aboutir à une prise en charge de qualité.

Par ailleurs, je me questionne sur le ressenti de l’enfant hospitalisé depuis le service de chirurgie pédiatrique jusqu’au bloc opératoire.

Si certains ne semblent pas être angoissés, je pense avoir perçu cette angoisse chez bon nombre d’enfants.

A quoi pourrait être liée cette angoisse ? Existe-t-il un moyen, autre que la perception subjective, pour évaluer cette angoisse de manière fiable ?

Cette dernière peut-elle avoir des répercussions sur la perception de la douleur postopératoire de l’enfant ? Peut-elle être amplifiée ?

Et, tout simplement, peut-on déjà considérer cette angoisse comme une douleur ?

La douleur ne peut-elle être que physique ?

J’entends par physique le fait d’être provoquée par une « sensation ». Est-ce qu’elle ne pourrait pas également être morale ?

D’autre part, quelles sont les techniques misent en place par les infirmiers pour évaluer et prendre en charge l’angoisse, l’anxiété des enfants ? Est-ce que tous les soignants y ont recours ?

Ces techniques sont-elles « invariables » ou bien s’adaptent-elles aux enfants rencontrés, tenant compte de leur âge ou bien leur comportement ?

De plus, par rapport aux dires de la patiente avec qui j’ai pu dialoguer : est-ce qu’un enfant qui aura reçu des explications, qui aura été informé des soins allant lui être appliqués, sera moins anxieux ?

Je me demande encore quel rôle jouent les parents dans cette prise en charge de l’anxiété.

Les infirmiers incluent-ils les parents dans cette démarche ? Aussi, est-ce que parfois le fait de rassurer les parents, pouvant être inquiets eux-aussi, peut apaiser l’enfant ?

A partir de toutes ces interrogations se construit ma question de départ :

« En quoi l’expérience de l’infirmier, auprès d’un petit-enfant anxieux et de ses parents, en service de chirurgie pédiatrique, influe sur la perception de la douleur postopératoire induite par l’amygdalectomie ? »

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Quand l'anxiété majore la douleur postopératoire
Université 🏫: Institut de Formation en Soins Infirmiers - Centre Hospitalier Le Mans (CHM)
Auteur·trice·s 🎓:
Brisack Marie

Brisack Marie
Année de soutenance 📅: Unité d’enseignement 5.6 S6 - Initiation à la démarche de recherche - Promotion 2014-2017
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