L’infirmier et la gestion de l’anxiété du petit-enfant

L’infirmier et la gestion de l’anxiété du petit-enfant

6.2.2 Les compétences de l’infirmier expérimenté dans la prévention et la gestion de l’anxiété préopératoire du petit-enfant

Nous l’avons vu, les conditions psychologiques, dans lesquelles se trouve le petit-enfant, ont un impact sur la façon dont il perçoit la douleur postopératoire.

Pour limiter l’impact de l’anxiété préopératoire sur cette douleur, les résultats obtenus montrent que la compréhension de l’enfant concernant les raisons de son hospitalisation et le déroulement de celle-ci, sa participation, ainsi que la collaboration avec ses parents et l’accueil sécurisant, sont recherchés par les infirmières.

Les éléments de cette préparation sont capitaux chez le petit- enfant, et lui permettent de « dédramatiser un peu l’opération », pour reprendre les propos de Léa.

Ces résultats sont en accord avec ceux de Wanquet-Thibault (2015) et de Pédiadol (2014). Ceux-ci affirment, de plus, que plus l’enfant est informé et préparé, en amont, moins celui-ci est inquiet le jour de l’intervention.

Il s’agit d’un point, également, abordé par les soignantes.

En effet, elles jugent que le premier temps de cette préparation doit avoir lieu lors dès les consultations chirurgicales et anesthésiques, et suggèrent même, dans ce contexte, que cette préparation soit pluridisciplinaire.

L’on peut rappeler le discours de Laurence, à ce sujet :

« L’appréhension des enfants dépend de comment ils ont été préparés. C’est pour ça, je pense que c’est là déjà que l’anesthésiste doit vachement lui expliquer, le briffer… ».

Par ailleurs, toujours dans l’objectif de prévenir et de gérer cette anxiété, il apparaît que les moyens à disposition de l’infirmier sont nombreux.

Ceux-ci peuvent être médicamenteux, psychologiques, ou bien dépendent directement des parents ou de l’infirmier.

Les résultats montrent que les compétences de ce dernier, développées au cours de son expérience, sont déterminantes et facilitent, entre autre, la création d’une relation de confiance avec l’enfant.

Cela confirme les propos de Formarier (2007), et de Wanquet-Thibault (2015).

Effectivement, le premier précise que les attitudes relationnelles s’acquièrent au cours de l’expérience, ou encore, grâce au suivi de formations continues, plus que par la transmission directe d’une infirmière experte à une collègue moins expérimentée, comme cela se fait pour une grande partie de l’apprentissage des infirmières.

De plus, le deuxième confirme que l’enfant comprend, par les actions ciblées que l’infirmier met en place, que ce dernier attache de l’importance à sa compréhension et qu’il l’assiste dans sa crainte.

Cette démarche a ainsi un effet réducteur de l’anxiété.

Néanmoins, il apparaît que cette confiance n’est pas donnée et que celle-ci, pour se construire, s’appuie sur différents éléments de la communication.

Dans leurs échanges avec l’enfant, nous pouvons noter que les infirmières ont recours à la communication verbale, non-verbale et paraverbale.

Dans leur communication verbale, celles- ci adoptent des propos rassurants, choisis et adaptés à l’enfant.

Dans leur communication non- verbale, elles sont vigilantes à leur posture vis-à-vis de l’enfant, ou à l’assurance qu’elles renvoient à celui-ci et à ses parents.

Elles essaient de se rendre disponibles physiquement, mais aussi psychologiquement, en mettant de côté la charge de travail ou leurs préoccupations personnelles, et s’impliquent dans la prise en charge, en étant, tant que possible, le professionnel « référent » durant son hospitalisation.

Leur communication paraverbale, qui se rapporte à leur manière de s’exprimer (volume de la voix, le rythme des mots etc) a, également, été mise en avant pendant les entretiens, lorsqu’elles me décrivaient la façon dont elles dialoguaient avec le petit.

Il est, ici, intéressant de noter que leurs dires concordent parfaitement avec les écrits de Galy (2015).

En effet, celui-ci va même jusqu’à décrire cette façon de communiquer comme une « communication thérapeutique », plus adaptée aux besoins du patient, qui reconsidère la relation soignant-soigné actuelle.

Les résultats suggèrent également que développement des connaissances de l’infirmier, déterminent l’application de ses différentes approches psychologiques, dans le cadre de la gestion de l’anxiété de l’enfant.

La distraction par des moyens simples est privilégiée à l’hypnose, par exemple, surement car celle-ci nécessite, entre autre, une formation préalable.

Il apparait qu’elle n’est pas directement abordée par les infirmières, bien que celles-ci jugent cette méthode tout à fait adaptée pour réduire l’anxiété préopératoire.

Par ailleurs, les résultats sont prometteurs quant à la diminution de l’anxiété et le maintien de la sécurité affective, induits par l’utilisation de la tablette tactile.

Cependant, Cano (2016) nous informe qu’une étude est en cours concernant les effets de la tablette sur l’enfant, car nous ne possédons aucune donnée objective à ce sujet.

Il apparaît néanmoins que celle-ci permet de rassurer, mais aussi de faire participer l’enfant à sa prise en charge par le détournement de son attention grâce au jeu.

Par exemple, « le premier jeu a lieu lors de la prise de tension ; l’enfant va gonfler un ballon pendant que le brassard [du tensiomètre] gonfle. Cette agression va être transformée en acte positif car l’enfant, en gonflant ce ballon gagne des points. » (Cano, 2016, p.45).

Il apparait, à plusieurs reprises dans les résultats, que l’apport des formations représente pour l’infirmier un facteur important dans le développement de son expérience, et de ses compétences.

Ainsi, ces réflexions m’ont permis d’élaborer une nouvelle question de recherche :

« En quoi la formation de l’infirmier, auprès d’un petit-enfant anxieux et de ses parents, en service de chirurgie pédiatrique, influe sur la perception de la douleur postopératoire induite par l’amygdalectomie ? »

7. Conclusion

Ce travail de fin d’étude avait pour objectif de déterminer en quoi l’expérience de l’infirmier, auprès d’un petit-enfant anxieux et de ses parents, influençait la perception de la douleur postopératoire induite par l’amygdalectomie, dans un service de chirurgie pédiatrique.

En confrontant mes recherches théoriques avec les résultats obtenus au travers des entretiens réalisés, auprès des professionnelles, il apparait que l’infirmier tient un rôle majeur dans la prévention et la réduction de l’anxiété préopératoire, notamment chez les jeunes enfants.

Sa démarche consiste, en effet, à mettre l’enfant dans les conditions les plus favorables, le jour de l’intervention.

Son attitude dans la communication à l’enfant se révèle avoir un impact important sur la création d’un lien de confiance avec ce dernier, et l’instauration d’un climat sécurisant dès l’accueil.

De plus, l’expérience, que celui-ci développe au cours de sa carrière, s’accompagne, incontestablement, du développement de ses compétences et de la qualité des soins qu’il prodigue.

Il est apparait alors que celui-ci acquiert davantage d’aisance, quant au fait de rassurer l’enfant et sa famille.

Nous avons pu noter, par ailleurs, que son niveau de compétences, mais aussi de formation, déterminent le choix de l’application de ses différentes approches psychologiques, visant à limiter le niveau d’anxiété préopératoire du petit.

Or, il s’avère aujourd’hui que gérer l’anxiété préopératoire aux moyens d’approches psychologiques présentent de nombreux avantages.

En plus de diminuer les scores de douleur postopératoire et les besoins en antalgiques de l’enfant, ces approches permettent de reconsidérer l’utilisation des prémédications médicamenteuses avant l’opération et de diminuer le traumatisme psychique induit par l’hospitalisation, encore trop souvent sous-estimé.

Ainsi, l’anxiété préopératoire mérite d’être considérée par les soignants, et reconnue comme un phénomène pouvant avoir des conséquences lourdes sur les suites opératoires.

Enfin, cette réflexion sur la prise en charge de l’anxiété préopératoire et son impact m’a beaucoup apportée en tant que future soignante.

Effectivement, les recherches réalisées m’ont permis d’enrichir mes connaissances au sujet de la pédiatrie, mais aussi de développer mon esprit d’analyse.

Les enseignements tirés de la réalisation de ce travail de mémoire sont nombreux, et m’accompagneront dans ma pratique future sans nul doute.

Bibliographie et annexes

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Quand l'anxiété majore la douleur postopératoire
Université 🏫: Institut de Formation en Soins Infirmiers - Centre Hospitalier Le Mans (CHM)
Auteur·trice·s 🎓:
Brisack Marie

Brisack Marie
Année de soutenance 📅: Unité d’enseignement 5.6 S6 - Initiation à la démarche de recherche - Promotion 2014-2028
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