Les jeux genrés dans les commerces (catalogues de jeux et jouets)

I. Etat des lieux des jeux genrés ou véhiculant des stéréotypes de genre
Mon premier questionnement s’est porté sur les jeux genrés. Tout d’abord comment reconnait-on un jeu genré ? Il n’existe pas de label pour dire que tel ou tel jeu est genré.
Les critères ne sont pas universels.
Pour cette recherche, j’ai fait ma propre définition d’un jeu genré, à savoir un jeu qui véhicule des stéréotypes de genre dans la société dans laquelle je vis : en France en 2019. Un jeu genré est un jeu qui véhicule des valeurs et des représentations des rôles féminins et masculins stéréotypés.
J’ai tout d’abord étudié l’évolution des représentations dans les jeux depuis les années 1980 dans les catalogues de jeux et jouets comparée au ressenti des individus sur ces jeux.
Puis j’ai constaté l’aménagement, le fond de jeux et les postures professionnelles face aux jeux genrés dans 3 ludothèques.

Méthodologie de recherche

Entretiens de recherche :

J’ai organisé 2 entretiens, l’un avec Stéphanie Rubi, Maîtresse de conférences en sciences de l’éducation et responsable de la formation DUGAL ayant travaillé sur la question du genre et l’autre avec Dominique Dumeste, ludothécaire et coordinatrice de la ludothèque Ludambule ayant fait son mémoire de DUGAL en 2002 sur les jeux et le genre; porteuse de projets pour permettre l’égalité femmes/hommes par le jeu.
L’entretien avec Stéphanie Rubi a eu lieu en décembre 2018 à l’IUT Bordeaux Montaigne et portait sur le genre chez les enfants et l’évolution des jeux genrés.
La prise de contact a été facile puisque Stéphanie Rubi est la responsable de la formation, je lui ai formulé ma demande par mail avec le sujet de notre discussion et la date proposée.
En amont de cet entretien, je m’étais déjà renseignée sur la construction du genre chez les enfants et les données existantes sur les jouets et jeux genrés. J’avais préparé une question d’ouverture sur le sujet puis j’ai réagi au cours de la discussion, au fur et à mesure de mes questionnements.
Cet entretien m’a permis d’avoir une vision plus récente de la construction de genre et l’éducation différenciée des filles et des garçons que celle que j’avais jusqu’alors grâce à mes lectures.
L’entretien avec Dominique Dumeste a eu lieu en janvier 2019 lors de mon stage à Ludambule et portait sur les actions mises en place par la structure pour permettre plus d’égalité de genre. Il était convenu lors de mon stage que Dominique Dumeste m’accorderait un temps d’entretien.
Elle savait qu’on parlerait du genre et de l’égalité des sexes au sein de la ludothèque.
Vue l’évolution de mes questionnements, j’étais à la recherche d’actions et d’exemples mis en place dans une ludothèque pour lutter contre les stéréotypes que j’avais pointés plus tôt.
Dominique Dumeste est coordinatrice de Ludambule depuis 15 ans et est très impliquée auprès de l’ALF PACA, notamment sur la question de l’égalité.
J’avais préparé une question large et j’ai ensuite réagi aux anecdotes que me racontait Dominique.

Observations ethnographiques :

J’ai pu faire des observations dans 3 lieux différents, mes deux lieux de stage : la ludothèque municipale de Guérande et Ludambule (Gap) et dans la structure où je suis salariée l’Ah Toupie (Charente).
Les observations à Guérande et à l’Ah Toupie on eu lieu en début d’année scolaire (entre octobre et décembre 2018) et à Ludambule lors de mon stage fin janvier, début février 2019.
Lorsque je voyais ou entendais une situation pouvant mettre en jeu des stéréotypes, je commençais à noter ce que je voyais et entendais.
Lors de mon stage à Guérande, ma question de recherche portait sur la posture des ludothécaires face à ces stéréotypes, j’ai donc cherché à observer des situations mettant en jeu la ludothécaire face à un public dans une situation véhiculant des stéréotypes et je n’en ai pas observé beaucoup.
A l’Ah Toupie, ma question avait évolué et j’avais mis à disposition les déguisements de chevaliers et princesses afin d’observer les réactions et comportements des adultes et des enfants.
Je n’avais pas vu la situation que m’a décrite l’éducatrice (situation 2) mais la discussion avec elle et son positionnement m’ont semblé intéressants.
J’ai pu faire de plus nombreuses observations à Ludambule d’une part car ma question de recherche avait évolué et que j’étais maintenant à la recherche, non seulement de situations stéréotypées mais aussi d’actions et postures pouvant contrer ces stéréotypes et d’autre part car j’ai participé à de nombreuses animations avec des publics et des professionnel·le·s différents.

Ressources publiques préexistantes:

En cherchant sur l’INSEE et la CAF je n’ai rien trouvé sur les jeux genrés ou les jeux et le genre chez les enfants.
J’ai découvert tardivement les rapports suivants : « Lutter contre les stéréotypes filles-garçons » (Naves, & Wisnia-Weill, 2014). Commissariat général à la stratégie et à la prospective.
Rapport d’information du Sénat fait au nom de la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes sur l’importance des jouets dans la construction de l’égalité entre filles et garçons (Jouanno & Courteau, 2014)
Ces rapports sont en grande partie tournés vers l’éducation, l’école et lieux d’accueil de la petite enfance en collectivité.
Comme il est précisé dans le second rapport, ces lieux n’ont pas la même définition du jeu qu’en ludothèque, où l’on pratique le jeu libre.
L’approche n’est donc pas la même puisque les propositions faites dans les rapports concernent majoritairement une intervention des adultes dans le choix des jeux des enfants.

Outil mis en place : le questionnaire

J’ai souhaité avoir un aperçu de l’influence de la vente des jeux sur les familles, le ressenti des personnes lorsqu’elles étaient enfant sur les jeux qui leur étaient proposés et à quel point le genre pouvait être un critère d’empêchement ou d’obligation de jeu.
Pour cela, j’ai écrit des questions ainsi qu’un texte de présentation qui ne laissaient pas apparaître mon objet de recherche, à savoir le genre.
J’ai ensuite partagé ce questionnaire sur les réseaux sociaux (Twitter, Facebook), par mail et il a été relayé ensuite.
Je voulais toucher un large public afin d’avoir des points de vues différents (hommes, femmes, jeunes et plus âgés, …). Le questionnaire a été mis en ligne le 28 novembre 2018 et a été clôturé le 31 décembre 2018 avec 204 réponses.

A. Dans les commerces

Pour me rendre compte de l’évolution des jeux genrés depuis 30 ans, j’ai étudié des catalogues de jeux et jouets de grande surface et des catalogues spécialisés en observant plusieurs critères. Tout d’abord le nom des rubriques dans le catalogue, j’ai observé si les mots “filles” et “garçons” apparaissaient ; puis la proportion de pages colorées en rose et bleu qui sont respectivement associées dans notre culture aux filles et aux garçons et enfin j’ai observé les jeux et jouets associés à chaque catégorie.
Avant 1990, il ne semble pas y avoir de séparation entre les jeux et jouets pour les filles et les garçons. Les jeux présentés ne véhiculent pas ou peu de stéréotypes de genre.
Cela peut être lié à la présence moins systématique de photos pour présenter les jeux.
En effet, dans les années 1980, les jeux et jouets dans les catalogues des grandes surfaces ne sont pas mis en scène avec des enfants.
Cependant, le peu de jeux stéréotypés reprennent les rôles sexués des adultes et notamment de la femme dans la société, associée aux missions de soin, de la domesticité.
Par exemple, dans le catalogue d’Auchan de Noël 1985 qui contient 24 pages, seule une est stéréotypée, elle s’intitule “comme maman” et présente des jouets représentants les tâches quotidiennes (poussettes, machine à coudre, …) associées aux femmes tandis que l’univers plus masculin est intitulé “je suis le maître de l’univers” et présente des véhicules, des dinosaures et les jeux d’extérieur. Dès 1988, la proportion de pages roses augmente et on retrouve les mêmes jouets de la vie quotidienne et de la domesticité tandis que les pages “masculines” sont moins évidentes à compter
puisqu’elles représentent le reste du panel des jeux et jouets, en mettant l’accent sur les véhicules.
Cependant, on trouve des garçons en photos avec les peluches.
Concernant les catalogues spécifiques de marque, l’évolution est semblable à celle observée en grande surface.
Prenons l’exemple de Lego, avant 1992 il n’y a pas de distinction entre les cibles filles et garçons.
A partir de 1992, la séparation apparaît via une catégorie rose et une gamme “paradisa” destinée aux filles prenant deux pages du catalogue qui en contient 24 et qui, par conséquent, oriente le reste du catalogue pour les garçons en présentant les véhicules et les scènes d’aventure.
En 1995 s’ajoute la gamme “belleville” vendue pour les filles, visible sur une page rose du catalogue constitué de 24 pages.
Ce produit confirme la séparation des genres.
De nos jours, la gamme “belleville” n’est plus produite mais la séparation des genres et les stéréotypes sont installés. Les pages roses ont un texte qui les accompagne assez explicite: “s’amuser entre amies” (Noël 2018) et les noms d’univers sont aussi différents selon les cibles.
On trouve l’univers “city life” dans les pages roses, dans les pages bleues on peut trouver “city action” (Noël 2017).
Comme dans les catalogues de grande surface, les univers de vie quotidienne, de domesticité et de soin sont dans les pages roses et on retrouve les véhicules, les chevaliers, les dragons et héros (pompiers pirates, …) dans les pages bleues.
En 2019, sur leur site internet, Playmobil présente aussi des univers stéréotypés même si les mots “filles” ou “garçons” n’apparaissent pas, le rose et le bleu sont présents et les personnages masculins et féminins sont plus ou moins présents selon les univers.
Dans tous les univers sportifs et d’action, les figurines représentent des personnages masculins; ces univers sont présentés par des garçons sur les photos; de même pour les univers de pirates, chevaliers, de l’espace, de la vie sauvage, des agents secrets et les scènes historiques.
Cependant, dans ces derniers, les personnages féminins sont présents dans les familles historiques.
Les univers marqués comme féminins (couleur rose ou pastel) sont très souvent liés aux princesses, au soin, aux fées et aux poupées.
Comme dans les catalogues de grande surface et de Lego, Playmobil perpétue la séparation entre la domesticité, la douceur associée au féminin et l’action, l’extérieur associé au masculin.
Les jeux genrés dans les commerces (catalogues de jeux et jouets) Les jeux genrés dans les commerces (catalogues de jeux et jouets)
Un exemple illustre parfaitement ceci : les skateurs Playmobil. La skateuse porte un casque et semble immobile tandis que le skateur ne porte pas de casque et est en mouvement.
Pour conclure, depuis l’apparition de la séparation des cibles marketing en deux : filles d’un côté et garçons de l’autre, les normes de la société s’appliquent à ce milieu. On retrouve donc le masculin comme la norme et le féminin à la marge. Non seulement il existe des différences mais aussi une hiérarchie entre les genres.
Pour avoir une idée de l’influence de la séparation des genres dans les jeux et jouets j’ai créé un questionnaire à destination du grand public afin de recueillir le souvenir du jeu qui a marqué l’enfance des gens. (Questionnaire et résultats en annexe).
Plus de 200 personnes ont répondu et les réponses sont en accord avec ce qui est dit plus haut et montrent bien la différence des jeux entre filles et garçons. Sur 204 réponses, 50 viennent d’hommes et 154 de femmes. 4.4% des personnes ayant répondu ont moins de 15 ans, 5.4% ont entre 16 et 20 ans, 82.8% ont entre 20 et 50 ans et 7.4% ont plus de 50 ans.
On retrouve dans les réponses données les jeux stéréotypés pour chacun des genres. D’un côté, les filles ont retenu de leur enfance les Barbies (à 16.9%), les poupées et peluches (à 11.7%) et les playmobil (à 11.7%) ainsi que les Lego (à 4.5%) mais pas n’importe quel Lego: les belleville, les “legos pour filles” comme le dit l’une des questionnée.
D’un autre côté, les garçons semblent retenir principalement les Lego (à 34%).
Les jeux de règles quant à eux semblent avoir retenu l’attention des deux genres mais les exemples cités ne sont pas si identiques (autant le monopoly apparaît dans les deux catégories, autant “Destin” n’est cité que chez les filles).
Concernant les jeux que l’on ne retrouve que chez l’un des genres, les jeux “créatifs” (dessin, …) ne sont cités que chez les filles.
Les catégories de jeux et jouets stéréotypés des magasins se retrouvent donc dans les pratiques des familles: les univers de soin, de la domesticité pour les filles et l’action, la construction pour les garçons.
Dans ce questionnaire, j’ai aussi posé la question du jeu qui les avait marqué dans leur enfance lorsqu’ils/elles étaient en collectivité (à l’école, au centre de loisirs, en colonie de vacances, ….) et j’ai été surprise des réponses.
J’ai obtenu les mêmes réponses que ce soit de la part des filles ou celle des garçons.
La majorité a retenu les jeux d’extérieur (jeux de cour ou grands jeux) à 67.8% chez les filles et à 62% chez les garçons, puis arrivent les jeux de règles en deuxième position dont la moitié des réponses était “Les loups garous de thiercelieux”.
Cependant, j’ai aussi posé la question des interdits de jeux. Y a-t-il eu des interdits ou des contraintes de jeux, sachant que rien ne pouvait faire comprendre que je travaillais sur le genre et donc les réponses n’ont pas été orientées sur ce thème.
Sur les 204 réponses, 12 m’ont interpellée. Ces 12 réponses viennent de femmes qui ont été contraintes de jouer à des jeux dont elles n’avaient pas envie ou interdites de jouer à certains jeux à cause de leur genre.
Ces interdits ou orientations de jeu sont émis par les parents dans 7 cas, par les professeur·e·s dans 4 situations. Dans le dernier cas c’est la petite fille elle-même qui s’est interdit des jeux.
Dans la plupart des situations, il n’y pas d’interdit clair et net mais, comme le dit une des interrogé·e·s “pas encouragé à le faire pour des questions de ne pas coller au genre habituel (je pense au skateboard par exemple, j’en voulais un mais je n’osais pas demander car “c’est pour les garçons”)”.
On note ici l’intériorisation des normes de genre, l’enfant n’ose même pas demander car elle sait que ce n’est pas socialement attendu qu’une fille fasse du skateboard.
Dans une autre situation, c’est par les objets offerts que le message passe, à la question “est-ce qu’on t’a fortement dirigé vers un jeu en particulier, si oui, qui et pourquoi?”, une femme répond : “Toute ma famille (parents, grands-parents) en m’offrant des Barbie” et cette réponse est revenue à plusieurs reprises.

B erlix, professeur dans Asterix et Obelix, le combat des chefs
B erlix, professeur dans Asterix et Obelix, le combat des chefs

« L‟enfant en vient donc à aimer ce qu’il a le droit ou la possibilité de posséder, à apprécier les jouets qui peuvent être siens, et à rejeter les jouets qui ne font pas partie de son champ d‟appropriation. » Contre les jeux sexistes.
Du côté de l’école, les professionnel·le·s formé·e·s à l’enfance font-ils mentir les stéréotypes ? L’école est-elle un lieu neutre où les enfants jouent à ce dont ils ont envie, peu importe leur genre ?
Selon les réponses au questionnaire, il semble encore y avoir un petit paquet d’irréductibles professeur·e·s qui résistent encore et toujours à la lutte contre les stéréotypes.
Et la vie n’est pas facile pour les générations d’enfants de ces écoles.
En témoigne la réponse d’une femme à la question “est-ce qu’on t’a déjà interdit de jouer à un jeu en particulier, si oui qui et pourquoi ?” : “Les instits car je voulais jouer avec les garçons aux billes” ou une autre qui dit “En primaire, quand les garçons jouaient au foot ou autre jeu de ballon dans la cour, on était souvent exclues par eux.
Les filles jouaient à l’élastique ou aux princesses dans un coin et les garçons jouaient au foot dans la majorité de la cour”.
On peut noter ici deux problèmes : premièrement le positionnement des professeur·e·s en interdisant certains jeux selon le genre de l’enfant et deuxièmement, le phénomène d’occupation de l’espace plus important par les garçons que les filles, comme le disent Christian Baudelot et Roger Establet dans leur ouvrage Allez les filles ! :
“Dans les jeux spontanés des cours de récréation, on voit combien les leçons ont été entendues : côté garçons, le jeu consiste le plus souvent à consommer, en suivant un minimum de règles, le maximum d‟espace et de volume sonore, avec un maximum de partenaires; côté filles, l‟occupation économe de l‟espace par un nombre restreint de partenaires s‟effectue sous un maximum de règles.” Allez les filles !
Afin d’avoir une vision des jeux genrés et de l’influence de la séparation des jeux et jouets chez les plus jeunes, j’ai interrogé les enfants du CLAS (Contrat Local d’Accompagnement à la Scolarité) de Chazelles le 10 janvier 2019 (voir Annexe).
Les enfants ont entre 6 et 10 ans, ils sont 6 filles et 7 garçons, la question posée est la suivante : “c’est quoi la différence pour toi entre un jeu de fille et un jeu de garçon, si il y en a une ?”.
Trois d’entre eux ont répondu qu’il n’y avait pas de différence, ils/elles ont tou·te·s 10 ans.  Pour les autres, il y a une différence qui est plus ou moins claire.
Quand on leur demande, les enfants répondent “les filles elles font des jeux de filles, les garçons ils font des jeux de garçons” mais la plupart sont d’accord pour dire que les filles peuvent jouer avec les jeux de garçons et les garçons avec les jeux de filles.
Oui mais du coup …. C’est quoi un jeu de fille ? C’est quoi un jeu de garçon ? “Plutôt la poupée pour les filles et les garçons c’est les jeux vidéos et les voitures” (fille de 8 ans), “les jeux de filles c’est les poupées, la maman et le papa et les garçons c’est les jeux de voiture de course, les jeux vidéos” (fille de 6 ans), “les filles je sais pas, les garçons on joue au foot, au rugby” (garçon de 6 ans), “les filles font de la danse mais les garçons ne veulent pas faire de la danse” (fille de 7 ans), “un jeu de fille c’est un truc où il faut dessiner des habits, des sacs …mais les garçons peuvent jouer aussi mais pas forcément avec les mêmes motifs.
Pour les garçons c’est le foot, le hand mais les filles peuvent jouer aussi” (garçon de 9 ans), “Que pour les filles il y a les poupées et que pour les garçons les voitures” (garçon de 9 ans).
En résumé, on retrouve les mêmes jeux et jouets que dans les catalogues : le soin, le “care” pour les filles et le sport, l’action pour les garçons.
Les jeux sont donc bien genrés, ils sont identifiés et assignés à un genre même si les enfants semblent reconnaître que chacun peut jouer avec le jeu qu’il veut.
Mais dans la réalité du jeu, ça se passe comment ? Les enfants sont-ils vraiment libres de jouer avec ce qu’ils veulent quand depuis leur naissance et même avant, on les range dans l’une des deux catégories et que le monde extérieur leur fait comprendre qu’ils feraient mieux de se contenter de ce qui leur est assigné, qu’il y a transgression quand un petit garçon met une robe ou qu’une fille joue aux chevaliers.
“[l‟enfant] voit bien les réactions des copains, des copines et puis il a bien vu à la télévision, en allant au magasin de jeux et jouets et le couloir bleu et le couloir rose, il a pas besoin de lire les panneaux garçon/fille pour comprendre qu’il y a une sorte de lecture binaire qui partage un sexe et l‟autre et qui surtout dit qu’il y a bien deux frontières différentes. […]” S.Rubi
Il existe donc bel et bien cette séparation et cette intériorisation des normes et des stéréotypes dans les jeux et les jouets depuis des années mais il existe aussi, à l’image de la société, une hiérarchie parmi les genres.
“Parce que le genre c‟est non seulement la séparation des sexes mais c‟est aussi une organisation hiérarchisée des sexes qui dit qu’il y en a un qui vaut plus que l‟autre. […] on va avoir une forme de neutralisation mais neutralisation du masculin pas de neutralisation du féminin, le féminin étant toujours ramené à des choses subalternes”. S.Rubi
En assignant tous les jouets et jeux représentants les soins domestiques, l’intérieur, le soin et l’esthétique aux filles et la conquête, l’agir sur la matière, l’environnement et le corps aux garçons, est-ce la société qui crée les jeux et les jouets à son image ou les jeux et jouets qui créent une société à leur image ?
En ne changeant pas les représentations véhiculées par les jeux et jouets mais aussi par toute la culture enfantine notamment les livres pour enfants et les œuvres audiovisuelles, les enfants se construisent selon ces représentations et construisent la société selon cette image.

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